Un système méconnu : le Mont Storm

Au hasard de mes pérégrinations sur internet, j'ai découvert un système qui m'était inconnu.
Le brevet Mont Storm.

Dans les années 1860, moult essais ont été menés pour améliorer le chargement des armes à feu.
Notamment, le chargement pas la culasse, plutôt que l'hérétique (mécaniquement parlant) et lent chargement par la bouche.

William Montgomery Storm, né le 2 août 1826 à New York, fait partie de ses inventeurs.
Il déposa le brevet d'une conversion à bloc basculant plutôt originale.
Le bloc basculant, plutôt que de servir de culasse classique (comme sur un Snider ou un Trapdoor), sert ici de chambre.
Cette conversion sera principalement testée sur Enfield Pattern 1853, et Springfield M1861.
Le calibre reste celui d'origine et utilise une cartouche papier.

(Toutes les photos proviennent du forum "British Militaria Forum") 
L'Enfield short rifle Pattern 1856 converti ressemble fortement au modèle d'origine


En vue rapprochée, on remarque la discrète conversion



Le bloc ouvert.




Un insert cylindrique prend place dans le bloc. 
Son rôle principal était d'éviter les crachements de gaz grâce à sa lèvre qui rentrait dans le canon.


Insert en place


La chambre aveugle du bloc, sans l'insert.


Un tenon cylindrique mobile en fond de boitier empêche l'ouverture du bloc, sauf quand le chien est à l'armé.




La balle (B) protubère du bloc et à la fermeture du bloc (A), elle pénètre dans l'entrée du canon.
La mise à feu de la poudre (F) est classique par capsule (D).
On voit le tenon de sécurité (C)



Le système Mont Storm, adapté sur Mousquet Springfield M1863 (photo Gunboards.com)

Un Enfield "système Mont Storm" a été réglementaire au Japon en 1871 :
https://collegehillarsenal.com/Extremely-Rare-Japanese-Boshin-War-Era-Meiji-Registered-Mont-Storm-Enfield-Rifle

Le modèle US sur base Springfield ne sera jamais adopté par l'US Ordnance qui lui a préféré le système Allin à cartouche métallique.

La chambre mobile "inversée" fait un peu penser aux Kammerlader et autres Lund et Landmark suédois...

On y rentre donc la cartouche avec la balle dirigée vers le tireur… il faut reconnaître que c’est original…

La fixation de la charnière sur le bloc est intéressante.
Ça fait un peu bricolage mais c'est bien pensé, et soigneusement réalisé.

Baccardi a écrit:On y rentre donc la cartouche avec la balle dirigée vers le tireur… il faut reconnaître que c’est original…

Certes, mais guère plus que de charger le fusil avec la tête presque au dessus de la bouche.

Verchère a écrit:

Baccardi a écrit:On y rentre donc la cartouche avec la balle dirigée vers le tireur… il faut reconnaître que c’est original…

Certes, mais guère plus que de charger le fusil avec la tête presque au dessus de la bouche.

Oui, c'est pas pire, et c'est surtout beaucoup plus rapide 

Un autre avantage : vu que c'est une cartouche entièrement combustible, pas de risque de raté à l'extraction (comme ça a été le cas des Springfield Trapdoor à Little Big Horn). 
Le système, à son époque, était finalement plutôt efficace, tout en recyclant les mousquets à chargement par la bouche.

Merci pour cette présentation François. La doc que je possède en fait mention épisodiquement mais pas de manière aussi détaillée.

Nicomidway a écrit:Merci pour cette présentation François. La doc que je possède en fait mention épisodiquement mais pas de manière aussi détaillée.

En plus, un excellent choix de photos, qui montrent bien comment c'est fait et comment ça fonctionne (et ça c'est assez rare).

On se demande seulement comment tient la douille mobile, si quelque chose l'empêche de tomber quand on ouvre la culasse, mais si elle reste assez facile à enlever pour nettoyer.

Le principe fut utilisé sur plusieurs systèmes, par exemple le Sharps : c'est une question de différenciel de pression, qui plaque l'élément mobile contre le côté opposé de l'entrefer. Mais l'étanchéité réelle repose sur la parfaite complémentarité des surfaces de contact, donc elle est sujette à l'encrassement et surtout à l'usure.
On a finalement abandonné ces systèmes qui, tant pour les armes légères que pour les pièces d'artillerie, ne restaient pas étanches bien longtemps.
L'étui métallique (éventuellement très court pour les grosses pièces d'artillerie, réduit à un simple culot obturateur) fut la solution définitive, mais d'excellents résultats étaient déjà obtenus avec des obturateurs élastiques (Chassepot) ou plastiques (De Bange).

Ce dernier (obturateur De Bange) présentant l'avantage d'être auto-moulant et auto-cicatrisant. Je crois qu'il était encore utilisé sur des 155 montés sur châssis AMX 13.
Mais pas assez miniaturisable pour une arme légère (du moins je n'ai pas réussi à dessiner un truc qui paraisse assez robuste pour quitter le pas de tir ; par contre, dans un petit canon de 48 mm c'était facile à faire et incroyablement fiable).