La MAT, de l'armistice de 1940 aux années 1960
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La MAT, de l'armistice de 1940 aux années 1960
Pas de gros scoop dans cette partie, divers fascicules et articles sur la MAT 49 ou le P.M. Gnome & Rhone R5 ayant largement puisé dans le livre d'Yves CAYRE.
L'armistice du 22 juin 1940 signé, la MAT, comme toutes les usines fabriquant de l'armement situées en zone libre, est placée sous la surveillance étroite des commissions d'armistice. Aucune production d'arme ne peut se faire sans leur accord, qui n'est donné qu'au compte-goutte, après d'âpres et longues négociations et jamais sans contrepartie. On va essayer de ne pas produire directement pour les allemands ou les italiens, mais le distinguo fait est souvent spécieux.
Ainsi au printemps 42, la MAT obtient-elle l'autorisation de fabriquer 750 canons de 20 mm Hispano-Suiza pour l'armée de l'air de Vichy. Mais elle doit dans le même temps livrer 228 canons de 25 CA à la Roumanie, alliée indéniable de l'Allemagne, et quand bien même il s'agirait d'exécuter un marché d'avant-guerre.
Les premiers matériels sont présentés à la recette en octobre 1942.
Evidemment, après le 11 novembre 1942 et l'envahissement de la zone libre, tout change. Dès le 12 novembre, il est ordonné l'arrêt de la fabrication des canons de 20 mm, mais la poursuite de ceux de 25 CA pour les roumains.
En février 1943, les allemands procèdent à l'enlèvement de 229 machines outil. La MAT, ou ce qu'il en reste, passe sous le contrôle de la DWM.
La nouvelle direction allemande commence à reconvertir la production à son profit à partir d'avril-mai 1943. A partir de septembre 1943 et jusqu'à mai 1944 des collections de pièces pour FA 3 (du diable si je sais ce que c'est, l'armement allemand n'est pas vraiment mon domaine, si quelqu'un peut éclairer notre lanterne). Aucune pièce ne sera jamais utilisable, les vérificateurs étant notoirement insuffisants. 500 boîtes de culasse de MG 131 seront également usinées entre janvier et mai 1944.
Les 7 et 8 juin 1944, les maquisards s'emparent de la plus grande partie de Tulle. La garnison allemande, acculée, appelle à son secours une colonne d'une division ss qui reprend le contrôle de la ville dans la journée du 8. 19 garde-voie sont sommairement fusillés et le 9, des otages au nombre de 99 sont pendus en une macabre mise en scène. Plus de 600 hommes sont déplacés en vue de leur déportation, 149 le seront effectivement, dont 101 ne reviendront pas.
Sous la menace des troupes allemandes, les ouvriers restant de la MAT sont embarqués avec matières premières et machines dans un train qui démarre le 11 juin en direction d'Epernay. Ils n'y arriveront que le 18. Sur place, les allemands tentent d'organiser une nouvelle manufacture dans les caves à champagne. Le froid et l'humidité qui y règnent ont tôt fait de rendre malades nombre d'ouvriers et de tout faire rouiller. Finalement, les allemands s'enfuient devance l'avance américaine sans que rien n'ait jamais été fabriqué. Les ouvriers sont de retour à Tulle avec certaines des machines dès le 20 septembre, mais le déménagement et la remise en état durera jusque fin février 1945.
Il importe de remettre en route le plus vite possible une production d'armement, pour l'armée française.
En effet, dès novembre 1944, les commandes tombent : 8 000 collections de P.M. Gnome & Rhone, 7 000 collections de pièces de FM 24/29 (dont 2 canons dans chaque), 80 canons de 25 CA et 203 canons de 20 mm.
Et de fait, on se remet bien au travail :
Canons de FM 24/29 :
novembre 44 : 900
décembre 44 : 1950
janvier 1945 : 1950
février 1945 : 1700
mars 1945 : 3300
avril 1945 : 4800 (la commande originelle est alors réalisée)
mai 1945 : 5400
juin 1945 : 4500
juillet 1945 : 4000
août 1945 : 3500
septembre 1945 : 3000
octobre 1945 : 2000
novembre 1945 : 3000
Collections de pièce pour P.M. Gnome & Rhone R5 :
Novembre 1944 : 1000
décembre 1944 : 2000
janvier 1945 : 3000
Février 1945 : 2000 et la fabrication est arrêtée.
Pour le mois d'octobre 1945, la production de canons de MAS 36 se chiffre à 16 000 unités.
Par ailleurs, comme pour la MAS et la MAC, la MAT se met à produire à partir de 1948 des fusils de chasse pour remplacer ceux confisqués aux particuliers par les allemands.
Il y a d'abord un hammerless dont il a été produit 9 677 exemplaires en calibre 16 et 6 126 exemplaires en calibre 12.
Ensuite vient une très prosaïque transformation de fusils Gras en fusils de chasse : 1 975 en calibre 16, 1 477 en calibre 12, 1 052 en calibre 20 et 54 en calibre 24.
A la suite d'une protestation des armuriers civils, il est mis fin à cette fabrication en juin 1950.
Le PM modèle 1949 sera le chant du cygne de la MAT en matière d'armement léger puisqu'elle se spécialisera par la suite dans l'armement de calibre moyen (canons de 20 mm...)
Si vous lisez le hors-série de la Gazette sur la MAT 49 et le livre de Jean HUON sur les PM français, vous serez bien plus complet qu'en ayant lu le livre d'Yves Cayre, mis à part peut être qui a fait quoi dans l'élaboration du P.M.
Quelques notes que j'ai prises dans l'ouvrage d'Yves Cayre, comme ça vous saurez d'où ça sort quand vous le verrez ailleurs :
C'est l'atelier d'études de la MAT qui fabrique les cent premiers PM envoyés en Indochine (pour tests?)
En décembre 1948, la DEFA ordonne à la MAT d'envisager la fabrication de 5000 armes par mois. Le pistolet mitrailleur modèle 1949 est officiellement adopté en juin 1949 et en octobre de la même année, les disposition pour honorer les 5000 armes mensuelles sont prises.
On nous précise que le canon est rayé par olivage.
En janvier 1950, 50 armes sont présentées à l'atelier d'expérience technique de Versailles. En mai 1950, modification du cube.
Au 1er semestre 1952, la MAT produit 4600 PM par mois (soit 55 200 sur l'année si ce rythme est conservé).
Productions annuelles connues :
1953 : 63 000
1954 : 52 000
1955 : 60 000
1956 : 85 000
L'odre est alors donné de porter la production à 10 000 par mois, également pour 1957 (soit 120 000 pour l'année, effectifs ou pas?)
Et je reprends texto, entre guillemets, une phrase de la page 266 : "Il se construisit 700 000 PM MAT 49 à la manufacture."
Rien sur la fin réelle de la production (1964 selon les bonnes crèmeries), la production du PM 49 M54 ou de la variante SB.
Voilà, vous en savez maintenant au moins autant que moi sur la MAT à cette période.
Prochain épisode, mais dans la section armes à percussion, la production de la MAT de 1840 à 1867. C'est inhabituellement précis, au point que je me demande si cette partie n'aurait pas été inspirée par l'ouvrage du capitaine Languepin.
L'armistice du 22 juin 1940 signé, la MAT, comme toutes les usines fabriquant de l'armement situées en zone libre, est placée sous la surveillance étroite des commissions d'armistice. Aucune production d'arme ne peut se faire sans leur accord, qui n'est donné qu'au compte-goutte, après d'âpres et longues négociations et jamais sans contrepartie. On va essayer de ne pas produire directement pour les allemands ou les italiens, mais le distinguo fait est souvent spécieux.
Ainsi au printemps 42, la MAT obtient-elle l'autorisation de fabriquer 750 canons de 20 mm Hispano-Suiza pour l'armée de l'air de Vichy. Mais elle doit dans le même temps livrer 228 canons de 25 CA à la Roumanie, alliée indéniable de l'Allemagne, et quand bien même il s'agirait d'exécuter un marché d'avant-guerre.
Les premiers matériels sont présentés à la recette en octobre 1942.
Evidemment, après le 11 novembre 1942 et l'envahissement de la zone libre, tout change. Dès le 12 novembre, il est ordonné l'arrêt de la fabrication des canons de 20 mm, mais la poursuite de ceux de 25 CA pour les roumains.
En février 1943, les allemands procèdent à l'enlèvement de 229 machines outil. La MAT, ou ce qu'il en reste, passe sous le contrôle de la DWM.
La nouvelle direction allemande commence à reconvertir la production à son profit à partir d'avril-mai 1943. A partir de septembre 1943 et jusqu'à mai 1944 des collections de pièces pour FA 3 (du diable si je sais ce que c'est, l'armement allemand n'est pas vraiment mon domaine, si quelqu'un peut éclairer notre lanterne). Aucune pièce ne sera jamais utilisable, les vérificateurs étant notoirement insuffisants. 500 boîtes de culasse de MG 131 seront également usinées entre janvier et mai 1944.
Les 7 et 8 juin 1944, les maquisards s'emparent de la plus grande partie de Tulle. La garnison allemande, acculée, appelle à son secours une colonne d'une division ss qui reprend le contrôle de la ville dans la journée du 8. 19 garde-voie sont sommairement fusillés et le 9, des otages au nombre de 99 sont pendus en une macabre mise en scène. Plus de 600 hommes sont déplacés en vue de leur déportation, 149 le seront effectivement, dont 101 ne reviendront pas.
Sous la menace des troupes allemandes, les ouvriers restant de la MAT sont embarqués avec matières premières et machines dans un train qui démarre le 11 juin en direction d'Epernay. Ils n'y arriveront que le 18. Sur place, les allemands tentent d'organiser une nouvelle manufacture dans les caves à champagne. Le froid et l'humidité qui y règnent ont tôt fait de rendre malades nombre d'ouvriers et de tout faire rouiller. Finalement, les allemands s'enfuient devance l'avance américaine sans que rien n'ait jamais été fabriqué. Les ouvriers sont de retour à Tulle avec certaines des machines dès le 20 septembre, mais le déménagement et la remise en état durera jusque fin février 1945.
Il importe de remettre en route le plus vite possible une production d'armement, pour l'armée française.
En effet, dès novembre 1944, les commandes tombent : 8 000 collections de P.M. Gnome & Rhone, 7 000 collections de pièces de FM 24/29 (dont 2 canons dans chaque), 80 canons de 25 CA et 203 canons de 20 mm.
Et de fait, on se remet bien au travail :
Canons de FM 24/29 :
novembre 44 : 900
décembre 44 : 1950
janvier 1945 : 1950
février 1945 : 1700
mars 1945 : 3300
avril 1945 : 4800 (la commande originelle est alors réalisée)
mai 1945 : 5400
juin 1945 : 4500
juillet 1945 : 4000
août 1945 : 3500
septembre 1945 : 3000
octobre 1945 : 2000
novembre 1945 : 3000
Collections de pièce pour P.M. Gnome & Rhone R5 :
Novembre 1944 : 1000
décembre 1944 : 2000
janvier 1945 : 3000
Février 1945 : 2000 et la fabrication est arrêtée.
Pour le mois d'octobre 1945, la production de canons de MAS 36 se chiffre à 16 000 unités.
Par ailleurs, comme pour la MAS et la MAC, la MAT se met à produire à partir de 1948 des fusils de chasse pour remplacer ceux confisqués aux particuliers par les allemands.
Il y a d'abord un hammerless dont il a été produit 9 677 exemplaires en calibre 16 et 6 126 exemplaires en calibre 12.
Ensuite vient une très prosaïque transformation de fusils Gras en fusils de chasse : 1 975 en calibre 16, 1 477 en calibre 12, 1 052 en calibre 20 et 54 en calibre 24.
A la suite d'une protestation des armuriers civils, il est mis fin à cette fabrication en juin 1950.
Le PM modèle 1949 sera le chant du cygne de la MAT en matière d'armement léger puisqu'elle se spécialisera par la suite dans l'armement de calibre moyen (canons de 20 mm...)
Si vous lisez le hors-série de la Gazette sur la MAT 49 et le livre de Jean HUON sur les PM français, vous serez bien plus complet qu'en ayant lu le livre d'Yves Cayre, mis à part peut être qui a fait quoi dans l'élaboration du P.M.
Quelques notes que j'ai prises dans l'ouvrage d'Yves Cayre, comme ça vous saurez d'où ça sort quand vous le verrez ailleurs :
C'est l'atelier d'études de la MAT qui fabrique les cent premiers PM envoyés en Indochine (pour tests?)
En décembre 1948, la DEFA ordonne à la MAT d'envisager la fabrication de 5000 armes par mois. Le pistolet mitrailleur modèle 1949 est officiellement adopté en juin 1949 et en octobre de la même année, les disposition pour honorer les 5000 armes mensuelles sont prises.
On nous précise que le canon est rayé par olivage.
En janvier 1950, 50 armes sont présentées à l'atelier d'expérience technique de Versailles. En mai 1950, modification du cube.
Au 1er semestre 1952, la MAT produit 4600 PM par mois (soit 55 200 sur l'année si ce rythme est conservé).
Productions annuelles connues :
1953 : 63 000
1954 : 52 000
1955 : 60 000
1956 : 85 000
L'odre est alors donné de porter la production à 10 000 par mois, également pour 1957 (soit 120 000 pour l'année, effectifs ou pas?)
Et je reprends texto, entre guillemets, une phrase de la page 266 : "Il se construisit 700 000 PM MAT 49 à la manufacture."
Rien sur la fin réelle de la production (1964 selon les bonnes crèmeries), la production du PM 49 M54 ou de la variante SB.
Voilà, vous en savez maintenant au moins autant que moi sur la MAT à cette période.
Prochain épisode, mais dans la section armes à percussion, la production de la MAT de 1840 à 1867. C'est inhabituellement précis, au point que je me demande si cette partie n'aurait pas été inspirée par l'ouvrage du capitaine Languepin.
Dernière édition par Alamas le Lun 29 Oct 2012, 23:39, édité 1 fois
Invité- Invité
mat
Bonjour,
sujet très interressant ...
Merci
sujet très interressant ...
Merci
Natthan- Membre averti
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Age : 46
Date d'inscription : 16/06/2010
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