MAT 49/54 SB

Fallait pas me pousser. Tant pis pour vous! En ce qui concerne l'armement de la Police, c'est un peu le gros bazar, étant donné que la plupart des polices étaient, depuis la Révolution jusqu'à l'occup' (et création d'une police étatisée généralisée), des polices municipales. Les maires les pourvoyaient comme ils le voulaient ou pouvaient. D'ailleurs, dans les toutes petites communes, ces policiers avaient pour nom... gardes-champêtres.
Mais bon, l'influence de la Police parisienne était prépondérante, ses effectifs représentant à eux seuls plus que toutes les autres polices. On peut dire que pour la police en civil, la "sûreté générale", héritière des Vidocq, cabinet noir et autre police des mouches, pas d'armes (ni blanche ni à feu) jusqu'à la veille de la première guerre mondiale. On y reviendra plus tard.
La police en tenue qui semble avoir démarré vers 1829-1830, et pour autant que l'on s'aventure à généraliser à partir des éléments épars connus, est armée jusqu'à la guerre de 1870 uniquement d'armes blanches : sauf exception, canne le jour, épée ou sabre la nuit. L'effondrement du 2nd empire va apporter pas mal de changements. Les sergents de ville, bien mouillés avec le régime défunt, sont licenciés. Il sont remplacés par des "gardiens de la Paix", recrutés parmi d'anciens militaires et ... dépourvus de toute arme! Ils se montreront d'une nullité insigne en matière de Police. Les anciens sergents de ville qui l'acceptent peuvent reprendre du service. Peu de temps après, on arme cette police comme un corps d'infanterie. Si l'iconographie officielle montre cette police équipée du Chassepot, les collections du musée de la Police montrent plutôt des "Enfield-Snider". A moins qu'il s'agisse là de restes de la police purement communarde. Le bataillon des gardiens de la Paix monte à l'assaut en janvier 1871 dans les environs de Clamart et, apparemment, s'y bat bien. Puis il se replie sur Versailles.
Passée la répression de la commune, Thiers publie un texte concernant l'armement de la Police parisienne. Lequel est plutôt lourd : revolvers de modèles non précisés pour chacun (les collections du musée de la police ont néanmoins conservé un Remington New model Army et un Starr SA), chassepot pour les gardiens de la Paix, épée ou sabre pour les gradés et officiers. Dans les faits, l'ordre une fois rétabli, les fusils resteront au râtelier et l'armement sera constitué essentiellement du sabre-baïonnette Chassepot et de revolvers, pas toujours portés, dont l'Armée ne veut pas. En 1889 (je parle toujours de la police parisienne, encore une fois les autres polices faisaient en fonction de leurs moyens, en général faibles), les Chassepot sont remplacés par des Gras. En 1899, l'armée cède, non sans difficulté, des revolver 1873. Ainsi, un rapport de 1905, lors d'une énième querelle entre l'armée et le préfecture, précise que la police parisienne dispose de 6 441 fusils, 7 000 revolvers et 8 241 sabres baïonnette.
En 1912-1913, la bande à Bonnot défraie la chronique. On achète en catastrophe 250 browning 1900 pour la police "en civil", jusqu'ici désarmée (d'où la pratique assidue (?) de la canne et de la boxe française) et 1 000 revolvers de modèles non précisés pour la police "en uniforme".
Après la guerre 14, noël!, les 92 et les Ruby font irruption dans la police parisienne et les polices qui ont été étatisées (1851 pour Lyon, 1908 pour Marseille, 1918 pour Toulon et La Seyne). Nouvelles querelles avec l'armée et achat, dans les années 30, d'Unique mod 17 et MAB modèle D. La "Police d'Etat" a été étendue à de nombreuses villes et surtout à la Seine et Marne et à la Seine et Oise. Ces armes mises en service vont recevoir un marquage "Police d'Etat" très visible. Toujours au rang des marquages, mais en revanche sans que l'on puisse dater précisément la chose, les armes de la PJ verront ces lettres frappées sur l'arme et celles de la police parisienne recevront les lettres "PP" suivies d'un numéro de série qui doublera celui éventuellement pré-existant.
Au début de la guerre, ces polices recevront quelques armes en 8 mm Lebel, par priorité des armes longues à 3 coups.
Au lendemain de la guerre, on met en service nombre d'armes capturées sur les allemands ou fournies par les alliés : Cet énoncé ne saurait être exhaustif : Unique 17, MAB D, Radom VIS 35, Walther PP, Walther PPK, P08, P38, Mauser HSC, Colt 1911 A1. Pour les armes d'épaule, STEN, Lanchester, US 17, Enfield N°4, Mauser 98, UDM 42. A noter également des armes qui n'ont jamais été mises dans les commissariat mais conservées à la Préfecture du fait de leur inadaptation patente aux missions de Police : FG 42 (si, si), MP43, Stg 44.
On notera l'arrivée en force des mousquetons 1892 M16.
Puis vint le tour des PM MAS 38, Manufrance Le français(!), re-P38, walther-manurhin PP et PPK, Browning 1910 et 1922, MAT 49-54.
Un peu plus tard, Unique Mod C, RR 51, différents Smith & wesson (le plus répandu et de loin étant le modèle 10 et, loin derrière, le modèle 12), MAT 49 "normale", Gevarm D4, Manufrance Rapid, Unique Mikros. Il y a eu également des Ruger (speed six?).
Enfin, Manurhin MR73 (dont certains en 9 mm para), Manurhin RMR, Manurhin F1 et X1, Ruger SP 101, Ruger AMD 5,56, Beretta M12S, Beretta 92 F et PA MAS G1. MAS 36/51. Divers SIG Sauer. Fusil à pompe Beretta à crosse pliante (le modèle m'échappe).
Puis vint le plastique (mais pas pour tout le monde) : Glock 19 et 26 essentiellement, puis remplacement, sauf pour certains services très spécialisés, de tous ces modèle par le SIG P2022. Les F1, tout au moins certains, sont revendus sur le marché civil (par Frankonia? me souviens plus).

Bon, voilà, c'est fait de mémoire, d'après ce qu'on a pu me dire pour l'essentiel il y à plus de dix ans. Je suis sûr qu'il y a des erreurs. N'hésitez pas, signalez-les.

:bravo: Bel exposé

un plaisir à lire !

Bravo !
Mais tu m'excuseras je l'espère de "ramener la couverture à moi"....
Se pourrait il que les 250 Browning's 1900 achetés en 12-13 aient reçu un marquage spécifique...et serait il possible que ce marquage fut une grenade
Désolé de "pirater"......
Marc.

Bijoux66 a écrit: :bravo: Bel exposé

On en redemande.

Idem :armataz2:
j'ai appris beaucoup de chose qui m'etait inconnue

alain67 a écrit:

Alamas a écrit:
Mince, dire que j'étais parti pour n'écrire que dix lignes, je me suis un peu emporté.

Change rien, tu peux remettre 100 lignes c'est toujours un régal.
Cdt, Alain

Comme quoi j'ai bien fait, et je confirme :bounce:
Cdt, Alain

Closdelif : Sur l'exemplaire de 1900 que j'ai pu voir, je n'ai pas remarqué de grenade. Mais maintenant, je n'ai pas eu le loisir de l'examiner très longtemps ou sous toutes les coutures. Le seul marquage qui m'a sauté aux yeux par rapport à un 1900 normal était les deux lettres "PJ" frappées, du côté gauche me semble-t-il, soit sur la glissière, soit sur la carcasse, je ne me souviens plus très bien. La grenade n'est pas vraiment un emblème de la Police. Ne serait-ce pas un marquage de banc d'épreuve? Je vais essayer de voir dans mes vieux Gun digest si je trouve quelque chose sur les poinçons d'épreuve belges en-dehors du classique "ELG" et du perron à colonne.
Ah oui, maintenant, toutes les armes de poing (d'épaule?) sont frappées "propriété de l'Etat" et reçoivent, Glock compris si mes renseignements sont bons, un numéro de série spécifique (s'agit-il des lettres PN comme pour les SIG P2022?).

Merci de te pencher sur ce cas....
Non...cet exemplaire n'a que cette grenade , mal frappée, en plus de ses marquages normaux FN et Belges.....

Bon, il y a bien un poinçon belge avec un motif de grenade, sauf que... il est appliqué sur les armes étrangères et n'existait pas avant les années 20! (maintenant je m'en souviens, je l'ai vu sur des armes américaines passées par la Belgique). Un poinçon espagnol à motif de grenade existe aussi, sauf qu'il est encore ultérieur. Le poinçon belge est le plus proche de celui en photo. Mais on s'explique mal sa présence. Je vais mettre un lien avec un site sur les poinçons de Liège tout ce qu'il y a d'intéressant, même si c'est un peu en-dehors du thème du site : http://mallorquina.pagesperso-orange.fr/source/page2.htm
Alors, Gendarmerie Royale Belge? Encore un coup du poinçonneur de Lilas?

Il me semble avoir lu quelque part, qu'il existe un musée de la PJ ou PP à PARIS, dont l'ouverture est "confidentielle"; quelqu'un en sait plus?

Alamas a écrit:Bon, il y a bien un poinçon belge avec un motif de grenade, sauf que... il est appliqué sur les armes étrangères et n'existait pas avant les années 20! (maintenant je m'en souviens, je l'ai vu sur des armes américaines passées par la Belgique). Un poinçon espagnol à motif de grenade existe aussi, sauf qu'il est encore ultérieur. Le poinçon belge est le plus proche de celui en photo. Mais on s'explique mal sa présence. Je vais mettre un lien avec un site sur les poinçons de Liège tout ce qu'il y a d'intéressant, même si c'est un peu en-dehors du thème du site : http://mallorquina.pagesperso-orange.fr/source/page2.htm
Alors, Gendarmerie Royale Belge? Encore un coup du poinçonneur de Lilas?

Je commence à me demander si cela n'est pas, bêtement, le cas....

L 'ouverture ...de comptes en Suisse ?

Il y a bien un musée et des archives de la police parisienne... totalement ouverts au public. Simplement, occupant une partie du commissariat du 5ème arrondissement, rue de la montagne Sainte Geneviève, il faut oser pousser la porte du dit commissariat et demander l'accès au musée à l'accueil. On peut y voir dans la partie exposition permanente, entre autres, des armes d'Apaches, dont un os de mouton (voir le mystère de la chambre jaune) ... et qui a servi! ou encore un gilet "pare-balles" (en lames d'acier!) de la belle époque. Parmi les trucs qui font froid dans le dos, le périscope du docteur Petiot qui lui permettait, tout en donnant ses consultations dans son bureau, de surveiller l'agonie de ses victimes enfermées dans la cave. Le célèbre carnet où Landru notait ses dépenses avec la fameuse mention "deux billets de train aller, un seul retour". Il y a régulièrement des expositions sur tel ou tel thème. En 2004, anniversaire de la libération oblige, on pouvait y voir le PP (ou PPK?) de Von Choltitz, un FG 42, les fameux "Cocktail molotov" (bouteille vide) du père Curie. Il y a quelques temps, il y a eu une expo sur la vie à Paris pendant 14-18 avec évocation des permissionnaires à travers, entre autres, diverses pièces d'équipement et d'armement.

Alamas a écrit:
Encore un coup du poinçonneur de Lilas?

Je viens de m'apercevoir que mon jeu de mots facile sur la chanson de Gainsbourg pourrait passer pour une allusion désobligeante (et bien involontaire) à l'égard d'un commerçant installé aux Lilas et dont je n'ai eu qu'à me louer. Qu'on se le dise, ce n'est absolument pas le cas.

Je te rassure, pour ma part je n'y avais vu que l'allusion à quelque fanatique isolé du poinçonnage solitaire et atypique sur les armes qui lui passeraient entre les mains.....est ce possible

Marc.

J'avoue mon impuissance à comprendre la signification ou ce qui a motivé ce poinçon. Et le lien indiqué ne vous met pas en mesure de dater votre arme.

Ben oui....je connaissais cette gamme de poinçons et ce site.....mais nous n'en sortons pas plus "instruits"
Ce n'est pas grave d'ailleurs....c'est juste la curiosité qui me motive....
Merci d'avoir mis tes compétences au service de tous !
Marc.