Peabody vs Remington
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Peabody vs Remington
Bonsoir,
Ces deux armes d'origine US ont été semble-t'il importées assez vite en Europe, d'abord avec une cartouche RF (Spencer) dès 1867/68 puis avec une cartouche CF.
1e question : peut-on dire que l'une soit supérieure à l'autre, avec une même munition ?
2e question : il semble que l'Espagne se soit d'abord intéressé au Peabody (je pense aux armes rachetées par la France en 1870/71) avant d'opter pour le Remington. Est-ce vraiment le cas à votre connaissance ? Ou faut-il considérer le Peabody espagnol plutôt comme une arme d'essai et le Remington comme une arme réglementaire ?
Merci d'avance pour vos avis éclairés.
Bonne soirée
Tiama
Ces deux armes d'origine US ont été semble-t'il importées assez vite en Europe, d'abord avec une cartouche RF (Spencer) dès 1867/68 puis avec une cartouche CF.
1e question : peut-on dire que l'une soit supérieure à l'autre, avec une même munition ?
2e question : il semble que l'Espagne se soit d'abord intéressé au Peabody (je pense aux armes rachetées par la France en 1870/71) avant d'opter pour le Remington. Est-ce vraiment le cas à votre connaissance ? Ou faut-il considérer le Peabody espagnol plutôt comme une arme d'essai et le Remington comme une arme réglementaire ?
Merci d'avance pour vos avis éclairés.
Bonne soirée
Tiama
Tiama- Membre
- Nombre de messages : 13
Age : 70
Localisation : Dauphiné
Date d'inscription : 10/03/2015
Re: Peabody vs Remington
La question est complexe...
Une analyse de la répartition des forces montre que le système Peabody serait intrinsèquement plus robuste que le Rolling-Block, à métaux identiques. Mais avec les cartouches RF de l'époque tous les deux sont très largement suffisants.
La percussion annulaire exigeant des culots minces, les cartouches ne peuvent être puissantes ; elle est cependant quasi-imposée vers 1866/67 car la percussion centrale est encore balbutiante. D'autant que les USA ont mis en vente une grande quantité de machines de production de cartouches RF, surplus de la guerre de Sécession ; plusieurs états ont même acheté ces machines avant d'adopter le fusil...
Par ailleurs, la plupart des clients ont deux arrières pensées :
1) appliquer le nouveau système en conversion sur des anciennes armes. Il est donc utile de reprendre un maximum de pièces anciennes, et à ce titre le Peabody est gagnant car il reprend l'ancienne platine (ce n'est pas encore le Peabody-Martini à percuteur intégré). Mais si le R-B impose de reconstruire la platine, il faut bien admettre que celle-ci est d'une simplicité inégalable.
2) à défaut d'une conception nationale, pouvoir fabriquer la nouvelle arme dans les arsenaux nationaux. Là, je ne sais ce qu'il en est des Peabody, mais les Remington sont à l'évidence perdants : malgré leur simplicité apparente ils exigent une précision alors hors de portée des arsenaux européens. Les essais de fabrication autrichiens et la série anglaise de fusils pontificaux n'ont pas été concluants ; seuls les frères Nagant paraissent avoir été capables de tenir les tolérances requises. Les fabrications nationales de Rolling-block ont certes ensuite été satisfaisantes, mais toujours à l'aide de machines-outils achetées aux USA, plus semble t-il des outils spéciaux Remington.
En 66 / 67 Remington est d'ailleurs un "outsider" et les principaux protagonistes sont surtout Spencer et Peabody. Le premier véritable contrat étranger de Remington est le Danemark, qui avait pourtant initialement opté pour le Peabody. Quoiqu'impressionné par les essais autrichiens fin 1866 du Rolling-Block, si Remington a finalement obtenu la commande c'est parce-que "Providence Tools" ne pouvait la satisfaire dans les délais requis...
Les essais espagnols de 1868 mettaient en concurrence Chassepot, Peabody et Remington. Ce dernier avait alors déjà conquis ses lettres de noblesse, ayant beaucoup impressionné à l'Exposition Universelle de 1867 et déjà adopté par tous les états scandinaves. Mais si ces essais se sont conclus par une commande de 10 000 Rolling-Block ce ne fut pas une adoption explicite.
D'autres essais eurent lieu, toujours suivis d'une commande de R-B, mais sans pour autant d'adoption officielle. Laquelle ne remonterait qu'à 1873, alors que des dizaines de milliers d'armes avaient déjà été reçues de Remington et que leur fabrication à Oviedo tournait à plein régime.
La supériorité du Remington semble plutôt s'être fait jour sur le terrain : une fois que ce mécanisme très précis est fabriqué, il le reste durablement. Peu de pièces, dont les 3 principales quasi-indestructibles en service courant ; les autres pièces, certes très robustes et peu nombreuses, sont faciles à changer, rafistoler ou refaire en entier.
Le mécanisme du Peabody n'est guère plus simple, et il faut y ajouter une platine à l'ancienne, certes bien au point mais composée de nombreux petits éléments fragiles. L'Espagne a ensuite testé le Martini-Henry, mais si celui-ci est plus compact que le Peabody il est intérieurement bien plus compliqué que Peabody et Remington réunis...
Une analyse de la répartition des forces montre que le système Peabody serait intrinsèquement plus robuste que le Rolling-Block, à métaux identiques. Mais avec les cartouches RF de l'époque tous les deux sont très largement suffisants.
La percussion annulaire exigeant des culots minces, les cartouches ne peuvent être puissantes ; elle est cependant quasi-imposée vers 1866/67 car la percussion centrale est encore balbutiante. D'autant que les USA ont mis en vente une grande quantité de machines de production de cartouches RF, surplus de la guerre de Sécession ; plusieurs états ont même acheté ces machines avant d'adopter le fusil...
Par ailleurs, la plupart des clients ont deux arrières pensées :
1) appliquer le nouveau système en conversion sur des anciennes armes. Il est donc utile de reprendre un maximum de pièces anciennes, et à ce titre le Peabody est gagnant car il reprend l'ancienne platine (ce n'est pas encore le Peabody-Martini à percuteur intégré). Mais si le R-B impose de reconstruire la platine, il faut bien admettre que celle-ci est d'une simplicité inégalable.
2) à défaut d'une conception nationale, pouvoir fabriquer la nouvelle arme dans les arsenaux nationaux. Là, je ne sais ce qu'il en est des Peabody, mais les Remington sont à l'évidence perdants : malgré leur simplicité apparente ils exigent une précision alors hors de portée des arsenaux européens. Les essais de fabrication autrichiens et la série anglaise de fusils pontificaux n'ont pas été concluants ; seuls les frères Nagant paraissent avoir été capables de tenir les tolérances requises. Les fabrications nationales de Rolling-block ont certes ensuite été satisfaisantes, mais toujours à l'aide de machines-outils achetées aux USA, plus semble t-il des outils spéciaux Remington.
En 66 / 67 Remington est d'ailleurs un "outsider" et les principaux protagonistes sont surtout Spencer et Peabody. Le premier véritable contrat étranger de Remington est le Danemark, qui avait pourtant initialement opté pour le Peabody. Quoiqu'impressionné par les essais autrichiens fin 1866 du Rolling-Block, si Remington a finalement obtenu la commande c'est parce-que "Providence Tools" ne pouvait la satisfaire dans les délais requis...
Les essais espagnols de 1868 mettaient en concurrence Chassepot, Peabody et Remington. Ce dernier avait alors déjà conquis ses lettres de noblesse, ayant beaucoup impressionné à l'Exposition Universelle de 1867 et déjà adopté par tous les états scandinaves. Mais si ces essais se sont conclus par une commande de 10 000 Rolling-Block ce ne fut pas une adoption explicite.
D'autres essais eurent lieu, toujours suivis d'une commande de R-B, mais sans pour autant d'adoption officielle. Laquelle ne remonterait qu'à 1873, alors que des dizaines de milliers d'armes avaient déjà été reçues de Remington et que leur fabrication à Oviedo tournait à plein régime.
La supériorité du Remington semble plutôt s'être fait jour sur le terrain : une fois que ce mécanisme très précis est fabriqué, il le reste durablement. Peu de pièces, dont les 3 principales quasi-indestructibles en service courant ; les autres pièces, certes très robustes et peu nombreuses, sont faciles à changer, rafistoler ou refaire en entier.
Le mécanisme du Peabody n'est guère plus simple, et il faut y ajouter une platine à l'ancienne, certes bien au point mais composée de nombreux petits éléments fragiles. L'Espagne a ensuite testé le Martini-Henry, mais si celui-ci est plus compact que le Peabody il est intérieurement bien plus compliqué que Peabody et Remington réunis...
Re: Peabody vs Remington
Merci beaucoup pour votre réponse détaillée.
Bonne soirée
Tiama
Bonne soirée
Tiama
Tiama- Membre
- Nombre de messages : 13
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Localisation : Dauphiné
Date d'inscription : 10/03/2015
Re: Peabody vs Remington
Si tu t'intéresse aux Peabody Américains j'ai rédigé un article sur eux (non publié sur le site), disponible par Mail (par MP)
Cordialement
lolo13
Cordialement
lolo13
lolo13- Membre confirmé
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Age : 61
Date d'inscription : 05/06/2009
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