Revolver mod. 1882, série privée

La Waffenfabrik de Berne avait reçu mandat de produire le petit revolver 1882 en calibre 7,5mm pour l'armée et en parallèle avait le droit de produire des modèles privés qui étaient absolument identiques. Seule différence lors des épreuves, les poinçons sont légèrement différents.

Par privés, il faut comprendre également des polices cantonales, des services pénitentiaires, les gardes-frontières et des personnes privées.

Comme souvent (toujours), on ne dispose pas de documentation concernant le nombre d'armes produites, mais on admet que la WF a dû produire "quelques milliers" d'exemplaires privés, reconnaissables immédiatement au P précédant le numéro de série, numéro indépendant des numéros de série pour les armes destinées à l'armée.

Je viens d'en dénicher un qui porte le numéro 303, qui en fait donc une arme de la première série. Et elle est intéressante puisqu'elle contient tous les défauts qui seront ensuite corrigés !

Le modèle Privé est dessous, en compagnie d'un revolver d'ordonnance au-dessus.

Les plus fins observateurs auront vus que l'entretoise du modèle privé (donc de tous les revolvers des premières séries) est fine, moins de 3mm. Celui du haut en a une à près de 3.5mm et les dernières séries auront des entretoises de plus de 4mm



(à suivre)

La deuxième modification concerne le canon.
Sur les modèles anciens, le canon octogonal va jusqu'à la carcasse.
On peut observer aussi les différents poinçons, la série privée ne comportant pas de croix fédérale, mais les poinçons des contrôleurs ainsi qu'une "précision marketing" WF Bern.



Ensuite, un épaulement cylindrique de 2-3mm a été ajouté, et ce dès le modèle militaire numéro 1500



(à suivre)

La suite, la suite ...

Autre modification invisible, la sécurité. Sur les modèles anciens, il est possible de faire fonctionner le chien avec la détente, même si la portière de charge est rabattue (ouverte). Conséquence, il a avait un risque de faire partir un coup alors qu'on était occupé à charger. J'ai testé, le modèle Privé "bénéficie" de ce défaut. Par la suite, l'ouverture de la portière empêche toute pression sur la détente.(édité suite à la très juste intervention de flydive ci-dessous) l'action du chien en cas de pression sur la détente, pression nécessaire pour faire tourner le barillet lorsqu'on charge et décharge l'arme. 


Puis une autre, qui concerne l'adjonction d'une plaque de culasse. Il s'agit d'une plaquette d'acier trempé, posée à queue d'aronde par la droite de la carcasse et assurée par une vis. Cette plaque était remplaçable et permettait d'éviter la détérioration de la partie sollicité de l'arme comprise entre le percuteur et le culot de la cartouche.

D'abord les photos du modèle militaire AVEC la plaque de culasse et la vis d'assurage. La petite vis se trouve juste sous la mire.



La plaque de culasse est cette petite pièce à gauche sur la photo, percée par un trou pour laisser passer le percuteur




Et voici le modèle Privé, absence de vis




Et surtout, facilement "visible", l'absence de culasse





Non documentée, j'ai aussi découvert que le guidon est réglable en dérive sur le modèle Privé

Une jolie petite arme fort riche en enseignements pour le collectionneur. Vu les "défauts" dont elle souffre, pas sûr que je prenne le risque de tirer avec, d'autant que son propriétaire n'avait pas dû lui faire voir le stand bien souvent... il suffit de voir la différence des plaquettes de crosse entre celle d'un revolver qui a craché et un qui a été caché...

Jolie pièce que voilà, et des plus intéressantes sur le plan "évolution historique du 1882.

Bravo

Peut-être un peu mieux démontrer l'absence et la présence de la petite culasse.

Absence



Présence

Un Privé, privé de tout    mais cela en fait un modèle très intéressant 

Cette "plaque de tir" remplaçable remédie à un défaut chronique des armes de l'époque, et dont le revolver Mle 1873 français souffrait gravement. Mais sur les revolvers, elle ne me semble pas courante...

Baccardi a écrit:Autre modification invisible, la sécurité. Sur les modèles anciens, il est possible de faire fonctionner le chien avec la détente, même si la portière de charge est rabattue (ouverte). Conséquence, il a avait un risque de faire partir un coup alors qu'on était occupé à charger. J'ai testé, le modèle Privé "bénéficie" de ce défaut. Par la suite, l'ouverture de la portière empêche toute pression sur la détente.

L’ouverture de la portière n'empêche pas la pression sur la détente.
La pression sur détente fait tourner le tambour mais le chien reste bloqué.

Bonjour,

Je suis étonné des plaquettes bois sur un 1ère série, le mien les à en "bakélite ?"

flydive a écrit:

Baccardi a écrit:Autre modification invisible, la sécurité. Sur les modèles anciens, il est possible de faire fonctionner le chien avec la détente, même si la portière de charge est rabattue (ouverte). Conséquence, il a avait un risque de faire partir un coup alors qu'on était occupé à charger. J'ai testé, le modèle Privé "bénéficie" de ce défaut. Par la suite, l'ouverture de la portière empêche toute pression sur la détente.

L’ouverture de la portière n'empêche pas la pression sur la détente.
La pression sur détente fait tourner le tambour mais le chien reste bloqué.

Tu as raison, merci ! 
Je vais m'éditer !

Claude J a écrit:Bonjour,

Je suis étonné des plaquettes bois sur un 1ère série, le mien les à en "bakélite ?"

Assez d'accord... je ne suis pas en mesure de dire si les séries privées les ont eu en bakélite ou immédiatement en bois... je le reconnais...

Bonjour,

Mon exemplaire, avec un n° P 9000, possède bien des plaquettes de crosse en bakélite noire avec la croix suisse. Il en est de même pour les 181 exemplaires acquis en 1886 par le Canton de Vaud pour sa gendarmerie et portant la mention VAUD à gauche, devant le barillet. Le mien est dans les n° P 440.
Cordialement.

Cartouche

Verchère a écrit:Cette "plaque de tir" remplaçable remédie à un défaut chronique des armes de l'époque, et dont le revolver Mle 1873 français souffrait gravement. Mais sur les revolvers, elle ne me semble pas courante...

Dispositif différent mais pièce remplaçable également sur certains Webley