1857 rayage des canons

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Message  Conservateur Sam 19 Déc 2020, 19:11

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21 avril 1857
Note pour Monsieur le Maréchal
Les notes que l’on a remises à Monsieur le Maréchal, les 6 et 11 mars dernier contenaient l’exposition des travaux de la commission de recherches instituée à l’école de tir de Vincennes, et différentes propositions relatives au rayage des armes, ordonné par l’Empereur.
On a l’honneur de résumer ici, pour le soumettre à l’approbation de Monsieur le Maréchal, les diverses mesures qui sont la conséquence des propositions antérieures.
1/ ne pas répéter, pour les armes existantes, les expériences faites autrefois sur les pas progressifs et réserver cette étude qui trouvera sa place dans les recherches relatives aux armes de petit calibre.
2/ adopter la rayure uniforme d’une profondeur d’environ 0,2 mm.
3/ faire exécuter la rayure des armes exclusivement dans les manufactures impériales d’armes et mener l’opération de manière à avoir 250 000 fusils rayés à la fin de la première année de travail.
4/ faire exécuter en même temps le raccourcissement du canon des fusils d’infanterie.
5/ restreindre l’emploi des baïonnettes allongées aux fusils que l’on fabriquera et aux recharges et conserver la baïonnette actuelle sur les fusils existants.
6/ ne pas mettre de hausse mobile sur les fusils que l’on rayera ; calculer la hausse fixe de manière à avoir un but en blanc convenable avec la cartouche désigné ci-après ; fixer à 600 mètres la distance maximum de tir du fusil.
7/ charger la Commission de recherches de Vincennes de trouver une balle sans culot, ne dépassant pas 32 grammes dont la trajectoire soit aussi tendue que possible et qui satisfasse à la condition de donner encore de bons résultats à 600 m
8/ charger le comité de l’artillerie de rédiger une instruction pour les manufactures d’armes afin de guider ces établissements dans les diverses opérations qu’ils vont avoir à exécuter.
 
21 avril 1857
Note pour Monsieur le Maréchal
Le 6 mars dernier on exposait dans une note remise à Monsieur le Maréchal  les résultats des recherches de la commission de Vincennes sur une balle destinée aux armes rayées, et on lui annonçait que l’on était prêt à faire rayer les fusils dès que l’Empereur aurait fait connaître ses intentions définitives.
Le 10 mars l’Empereur ayant pris connaissance de cette note a formulé ainsi qu’il suit ses intentions :
« Rayer autant d’armes, par an, que les établissements ordinaires le permettent
La question principale étant d’avoir de bonnes armes pour le service et pouvant tirer la même balle, il est inutile et trop couteux de s’occuper de raccourcir les fusils et d’allonger les baïonnettes.
Le fusil d’infanterie n’aura pas de hausse mobile. La balle ne pèsera pas plus de 32 grammes. La portée de 600 m doit être le maximum d’étendue de tir pour le fusil d’infanterie ».
Sa Majesté ajoutait qu’elle attachait une certaine importance (avant de commencer l’opération générale) à comparer deux fusils de même calibre et avec la même balle dont l’un serait rayé suivant le mode adopté et l’autre aurait un pas beaucoup plus serré à la bouche qu’au tonnerre ».
Avant de prescrire les mesures d’exécution on croit devoir présenter quelques observations à Monsieur le Maréchal sur le raccourcissement des fusils et les essais d’une rayure à pas progressif.
Lorsque la commission présidée par SE Mr le Maréchal Duc de Malakoff, a émis l’avis qu’il était avantageux pour l’armée de raccourcir le fusil d’infanterie à la taille du fusil de voltigeur, elle a basé son opinion, non seulement sur ce que la longueur du fusil d’infanterie en rend le maniement incommode pour la plupart de nos soldats, mais surtout sur ce fait d’expérience que pour le tir des balles oblongues, les fusils rayés de voltigeur étaient supérieurs aux fusils rayés d’infanterie.
Ce raccourcissement qui n’avait qu’une importance secondaire, dans le cas où l’on conservait le canon lisse, en prend donc une beaucoup plus grande si l’on raye le canon, et l’on pensait que cette considération, qui avait donné lieu à la proposition primitive, était aussi celle qui avait décidé SM à adopter, le 28 janvier dernier, les conclusions du rapport de la commission. Si l’Empereur renonce complètement au raccourcissement des fusils d’infanterie existants, il est certain qu’il y aurait économie, mais si cette opération devait être seulement remise à une époque plus éloignée, on se créerait un surcroit de dépense puisque le travail du raccourcissement pouvant marcher de front avec celui du rayage, et sans le retarder en quoi que ce soit, on n’aurait pas à supporter deux fois les frais de déplacement des armes ou des ouvriers.
Quant à l’allongement de la baïonnette, la commission n’en faisait qu’une question tout à fait secondaire et elle regardait le fusil de voltigeur avec la baïonnette actuelle comme ayant une longueur suffisante. On ne pourrait songer à remplacer toutes les baïonnettes sur les fusils existants à cause de la dépense considérable qui en résulterait. Aussi, la question d’allongement de la baïonnette a-t-elle été interprétée comme se rapportant aux armes à fabriquer ou aux pièces de rechange.
Les expériences que SM indique sans le but de constater l’avantage ou le désavantage des pas progressifs ont déjà été exécutées à plusieurs fois et n’ont pas conduit à des résultats satisfaisants. Le fusil de rempart Modèle 1831 était rayé d’après ce système que l’on a abandonné plus tard. Tout porte à croire qu’il n’offre pas d’avantages avec les grands calibres, tels que sont ceux des fusils actuels, et l’on pense que les essais de cette nature devraient plutôt porter sur les armes de petit calibre qui sont ou qui seront à l’étude.
Si les observations que l’on vient de présenter étaient accueillies, l’ensemble des mesures à prendre pour réaliser les désirs de l’Empereur pouvait se résumer ainsi :
1/ Ne pas répéter, pour les armes existantes, les expériences faites autrefois sur les pas progressifs et réserver cette étude, qui trouvera sa place dans les recherches relatives aux armes de petit calibre
2/ adopter la rayure uniforme et d’une profondeur d’environ 0,2 mm
3/ faire exécuter la rayure des armes exclusivement dans les MA et mener l’opération de manière à avoir 250 000 fusils rayés à la fin de la première année de travail
4/ 5/ 6/ 7/ 8/comme note ci-dessus.
Signé le général de division, directeur De Bressolles.
(annotation en marge : j’approuve les conclusions du rapport Napoléon 26 avril 1857)
 
11 mars 1857
Note pour le Maréchal
Avant de donner suite à la décision de l’Empereur relative à la rayure des fusils d’infanterie, on croit devoir soumettre à Monsieur le Maréchal, quelques observations :
SM désire qu’on raye autant d’armes par an, que les établissements le permettent.
Img 7882, 7883, 7884 et 7885 (déjà résumés dans la première note)
Signé De Bressolles
 
6 mars 1857
Note pour le Maréchal
Le 20 janvier dernier on a soumis au maréchal le résumé des travaux exécutés dans les mois d’octobre, novembre et décembre par la commission de recherches instituée à Vincennes, pour déterminer une balle évidées qui convienne à toutes les armes.
On va poursuivre ici l’analyse des essais de janvier et février.
En janvier, la commission a continué à étudier la forme des évidements et leurs dimensions, l’influence de la cannelure, la hauteur des balles, etc. le 29 janvier on lui prescrivit d’étudier le tir de ses meilleures balles dans des calibres de 18, 18.1, 18.2 et 18.3  afin de reconnaître si ces balles conservaient encore de la justesse lorsque le calibre des armes augmentaient par suite du service dans les limites de tolérance.
Cette question était d’autant plus importante à résoudre que le plus grand nombre des fusils à rayer ont le calibre de 18 mm au moins et devraient pouvoir tirer la balle que l’on adoptera.
La commission procéda à ces essais, dans la première quinzaine de février et dès lors, elle reconnut que les balles marchaient mal avec les calibres de 18 mm et au dessus.
Elle eut l’idée de ménager une fente dans les bords de la balle et cette simple modification changea de suite notablement le tir. Les balles marchèrent bien dans tous les calibres jusqu’à 18.3 mm mais on reconnut qu’il était nécessaire d’étudier les dimensions de la fente afin de régulariser le forcement.
Dans ces essais, on avait employé des fusils à rayure progressive comme sont les carabines et fusils rayés actuels, et des fusils à rayure uniforme d’une profondeur de 0,25 mm seulement. Ces derniers ont semblé préférables pour le tir des balles évidées.
Le 17 février, d’après les ordres de l’Empereur, on prescrivit à la commission de contrôler les résultats obtenus par le commandant Minié avec une balle à culot de 17,2 mm tirée dans le mousqueton d’artillerie de 17,6 mm et ensuite dans les divers calibres jusqu’à celui de 18,4 mm. Mr Minié annonçait que la balle à culot était seule susceptible d’être tirée dans des calibres aussi variés.
Les premiers essais, faits par la commission, sur la balle à culot, présentée à l’Empereur par Minié, durent être abandonnés parce que cette balle ayant un calibre plus fort que celui qui avait été annoncé, n’entrait pas dans le mousqueton d’artillerie. Minié a remis à la commission, successivement, deux autres balles dont la forme différait sensiblement de celle dont le tir avait été prescrit et la commission s’inspirant plutôt de l’esprit que de la lettre qu’elle avait reçu, a exécuté les tirs avec ces projectiles.
Le tir à 600 mètres avec les différentes armes, variant de 17,6 à 18,4  de calibre, a été très satisfaisant, mais pour les carabines et les fusils de la Garde, on a du employer des hausses beaucoup plus fortes que les hausses actuelles des armes à tige.
La commission reconnaît donc que, sauf les inconvénients inhérents au culot, les balles essayées peuvent convenir dans les calibres variant de 17,6 à 18,4. Mais à cause de ces inconvénients, elle a redoublé d’ardeur dans la recherche d’une balle évidée sans culot et est arrivée à trouver une balle qui donne aussi de très bons résultats avec des trajectoires plus tendues que celles de la balle à culot.
La commission insiste sur les avantages que présentent les canons à rayures uniformes de 0,2 mm et tous les essais faits depuis quelques temps, semblent en effet prouver que cette rayure est la plus convenable pour le tir des balles expansives.
En résumé, la commission se croit en mesure d’affirmer que, sauf des recherches de détail, la question qui lui a été soumise peut être considérée comme résolue et que l’n peut dès à présent, rayer les armes des calibres de 17,6 à 18,4 au pas de 2 mètres, avec des rayures uniformes de 0,2 mm de profondeur.
Le temps nécessaire au travail de la rayure serait plus que suffisant à la détermination définitive de la balle.
Déjà, dans la prévision de ce résultat on a saisi le comité de l’artillerie de l’examen des mesures d’exécution pour le rayage des canons et le raccourcissement des fusils de grenadiers et d’infanterie qui doivent être ramenés à la longueur des fusils de voltigeurs.
On pourra donc, dès que le Maréchal aura fait connaître les intentions de l’Empereur, lui présenter les diverses propositions relatives à la formation des ateliers, à l’ordre dans lequel le travail pourra être exécuté, au crédit qui sera nécessaire etc.
Mais afin d’asseoir ces propositions sur des bases certaines, il est indispensable de connaître :
1/ si l’Empereur veut que l’on commence immédiatement la rayure des canons dans les conditions ci-dessus énoncées
2/ combien SM désire avoir d’armes rayées dans le délai d’un an ? si l’effectif de l’armée n’est pas changé d’ici à l’année prochaine, l’artillerie peut s’engager à armer toute l’infanterie de fusils rayés dans le délai d’une année à partir du commencement de l’opération, et cela, en employant seulement les ouvriers des MA, c’est-à-dire dans les meilleures conditions d’exécution.
Les produits des ateliers pouvant s’accroitre mensuellement, jusqu’à un chiffre fort élevé, on rayerait la 2e année, un nombre de canons considérable destiné aux approvisionnements.
Dans le cas où l’Empereur ne se contenterait pas de cette proposition, il serait à désirer qu’il voulut bien faire connaître le chiffre des armes qui devraient être rayées dans le délai d’un an et l’on chercherait alors en dehors des MA, les ressources exceptionnelles que pourraient offrir le pays ; mais on prie Monsieur le Maréchal de faire observer à SM, que ce second mode ne pouvant être employé sans amener quelque perturbation dans nos établissements et devant nuire à la perfection du travail, l’emploi ne pourrait en être justifié que par des considérations d’un ordre élevé qui l’emporteraient sur celles que l’on vient de présenter.
Paris, 6 mars 1857
Le général de division, directeur De Bressolles.
(note ne marge : je serais d’avis de mettre 2 ans à l’opération de rayer 500 000 fusils. On pourrait d’ailleurs attendre encore un peu et laisser la commission dire son dernier mot.)
 
Note de l’Empereur (10 mars 1857)
Je voudrais qu’on rayât autant d’armes par an que les établissements ordinaires le permettent soit 400 000 par (350 000).
La question principale étant d’avoir de bonnes armes pour le service et pouvant tirer la même balle, je crois inutile et trop couteux de s’occuper de raccourcir les fusils et d’allonger les baïonnettes.
Je tiens toujours à ce que le fusil d’infanterie n’ait point de hausse mobile et à ce que la balle ne pèse pas plus de 32 grammes.  La portée de 600 m doit être le maximum d’étendue de tir pour le fusil d’infanterie
Une expérience pour la rayure des canons d’infanterie à laquelle j’attache une certaine importance serait (avant de commencer l’opération générale) de comparer deux fusils de même calibre et avec la même balle dont l’un serait rayé suivant le mode adopté et l’autre aurait un pas beaucoup plus serré à la bouche qu’au tonnerre.
 
Minute de la lettre écrite par le président du Comité au Ministre le 11 février 1857
Par DM du 3 février courant, vous m’avez adressé des instructions et des pièces relatives à la rayure des canons et au raccourcissement du fusil d’infanterie. VE a en même temps prescrit au comité de s’occuper de l’allongement de la baïonnette, de faire établir des baïonnettes de longueurs convenables au DC et de proposer à cet égard les essais qu’il semblerait utile d’entreprendre.
Le DC ne possède pas les ressources nécessaires pour ce genre de fabrication. Il serait plus économique, plus expéditif et plus sûr de s’adresser aux MA.
Comme il ne suffit pas de rechercher l’influence que peut avoir sur la justesse du tir l’allongement de la baïonnette, mais qu’il faut encore étudier les effets de cette modification dans le maniement des armes dans les diverses circonstances du service, je vous prie de bien vouloir mettre en commande 30 baïonnettes de 51 cm de longueur dans chacune des 4 MA, en recommandant aux directeurs :
1/ de conserver la pointe à la distance actuelle de l’axe de la douille
2/ de donner plus de raideur possible à la lame
3/ de n’augmenter le poids que du strict nécessaire.
Il y aura sans doute quelques différences entre les produits des 4 établissements, ce qui permettra de faire un choix entre eux et de donner la préférence au modèle qui semblera le meilleur.
Lorsque les baïonnettes auront été fabriquées, elles devront être envoyées à Paris, garnies de fourreaux, puis, si Mr le Maréchal approuvait cette proposition, elles seraient données à une compagnie d’infanterie à Vincennes, et l’on procéderait alors aux expériences de tir, de maniement d’armes, etc suivant un programme qui aurait été au préalable soumis à la sanction de VE.
 
Rapport à l’Empereur
Paris, le 28 janvier 1857
J’approuve le rapport dans les conclusions suivantes :
1 : un seul modèle, le fusil de voltigeurs
2 : point de hausse mobile
3 : allonger la baïonnette
4 : rayer les canons
Signé Napoléon (28 janvier 1857)
 
Sire,
Pendant toutes les guerres de l’Empire, les régiments d’infanterie fûrent armés de deux fusils de longueur différente, l’un dit fusil d’infanterie, l’autre dit fusil de Voltigeur.
Le premier servait aux Grenadiers et aux fusiliers, le 2e était porté par les Voltigeurs. Plus tard, le fusil de Voltigeur fut donné aux régiments légers, dont les compagnies de carabiniers conservèrent le fusil d’infanterie.
Cette diversité d’armement dans un même régiment subsista jusqu’au 19 juillet 1839, une décision de ce jour, ramena l’uniformité en prescrivant l’emploi du fusil d’infanterie pour tous les régiments d’infanterie de ligne, l’emploi du fusil de voltigeur pour tous les régiments d’infanterie légère.
L’armement n’a pas varié depuis cette époque, et les 75 premiers régiments d’infanterie actuels, ont le fusil d’infanterie, tandis que les 25 derniers ont conservé le fusil de Voltigeur qu’ils avaient reçu comme régiments légers.
Depuis l’établissement du premier modèle de fusil de voltigeur, la longueur du canon de cette arme est restée la même. Il n’en est pas ainsi du canon de fusil d’infanterie qui, en 1822, fut raccourci de 5,4 centimètres (2 pouces). La baïonnette, après plusieurs allongements, est restée définitivement à la longueur de 46 cm de sorte qu’aujourd’hui, la longueur totale du fusil d’infanterie, avec baïonnette est de 1m935 ; celle du fusil de Voltigeur est de 1m881. Différence 5,4 cm (2 pouces).
Lorsque parut le décret du 24 octobre 1854, qui transformait les régiments légers en régiments de ligne, il eut été naturel d’enlever à ces corps le fusil de voltigeur afin de les armer comme les 75 premiers régiments, mais en présence d’un approvisionnement de plus de 260 000 fusils de voltigeur, représentant plus de 10 millions de francs, il fut admis que l’uniformité devait le céder à la question d’économie et qu’l était impossible de laisser sans emploi un approvisionnement aussi considérable.
Tels furent les motifs qui me décidèrent à conserver la diversité d’armement entre les 75 premiers régiments d’infanterie de ligne et les 25 derniers.
Mais si les approvisionnements ne permettent pas d’établir l’uniformité par l’adoption du fusil d’infanterie pour toutes les troupes à pied, ils ne s’opposeraient pas à ce qu’on l’obtint par l’adoption générale du fusil de voltigeur, puisque l’opération de raccourcir le fusil d’infanterie de 5,4 centimètres (2 pouces) est très praticable, et même exécuté journellement en MA, lorsqu’on transforme les fusils à silex du Mle 1816 en fusils à percussion.
Le fusil rayé de voltigeur étant plus maniable que le fusil d’infanterie et donnant, lorsqu’il est rayé, des résultats de tir généralement supérieurs à ceux qui sont obtenus avec le fusil d’infanterie rayé, une seule objection pourrait être faite contre l’adoption générale de cette arme, c’est l’influence de sa longueur dans l’exécution des feux, sur trois rangs, et dans les combats à la baïonnette.
Mr le général président du Comité de l’artillerie pensait que cette objection était levée par l’expérience même du passé, et que, si VM donnait suite à son projet de faire rayer les armes de l’infanterie, il fallait profiter de l’occasion pour raccourcir le fusil d’infanterie à la longueur du fusil de voltigeur.
VM dans sa sollicitude pour ce qui intéresse l’armement de nos troupes, a jugé que l’on ne saurait trop approfondir la question, et , pour l’éclairer, une commission spéciale a été chargée d’examiner les avantages et les inconvénients du fusil de Voltigeur.
La présidence de cette commission a été donnée au Maréchal Duc de Malakoff.
Les membres ont été choisis parmi les présidents de comité et les généraux ayant servi en Orient et en Algérie. Son opinion me paraît donc présenter celle de toute l’armée. Elle est exprimée dans le PV de séance et dans le rapport que je mets sous les yeux de VM et dont voici les conclusions :
« Le fusil de Voltigeur (dont la longueur totale, avec la baïonnette de 0m460 est de 1m881) peut être adopté avec avantage pour toute l’infanterie, si l’Empereur donne l’ordre de faire rayer les canons neufs actuels ».
la restriction contenue dans la fin de cet avis, est basée sur ce que la commission ne regarde pas, comme indispensable, le rétablissement de l’uniformité de longueur du fusil dans toute l’infanterie mais considère cette uniformité comme une amélioration désirable et que l’on ne doit pas négliger, dès que l’occasion se présentera de toucher aux armes actuelles.
Bien que la plupart des membres de la commission ait été d’avis que la longueur de la baïonnette actuelle est suffisante, tous, cependant, se sont réunis pour exprimer le vœu que l’on fit des essais afin de reconnaître si l’on pouvait, sans inconvénients, pour le tir et pour la fabrication, augmenter la longueur de cette pièce d’environ 5 centimètres afin de compenser la diminution que l’on ferait subit au canon.
La commission traitant à fond la question d’uniformité de fusil, pour toute l’infanterie, s’est préoccupée de l’armement des grenadiers et voltigeurs de la garde. Elle pense que le fusil des grenadiers devrait être ramené à la longueur du fusil de voltigeur comme dans la ligne. Le PV de séance, ci-joint, contient le résumé de la discussion qui a produit cette conviction chez les membres de la commission.
Après avoir exposé à VM le résultat du travail de la commission, il me reste à lui faire connaître les moyens d’exécution dans le cas où elle donnerait son approbation à la mesure proposée.
Si la rayure est exécutée sur les fusils de 1842 et 1853 seulement, le nombre des armes à raccourcir sera d’environ 320 000. Il sera de 360 000 si l’on raccourcit les fusils des Grenadiers de la Garde. La dépense sera de 0fr75 environ par arme et de 240 000 à 270 000 francs pour la totalité.
Si l’intention de VM est de faire mettre des hausses mobiles sur les fusils que l’on rayera, l’envoi des armes en MA sera obligatoire et ces établissements feront le raccourcissement. (note en marge : Je ne veux pas de hausses mobiles, Napoléon 28 janvier 1857) Si au contraire on doit rayer sans mettre de hausse mobile, l’opération pourra peut être se faire dans les magasins par des escouades d’ouvriers armuriers. Ce sera à étudier lorsque le moment sera venu.
Si VM approuve les conclusions du rapport de la commission, qui me paraissent justifiées par l’expérience de la guerre, et si elle adopte le fusil de voltigeur pour les grenadiers de la garde, il y aurait lieu d’arrêter dès à présent la fabrication du fusil d’infanterie et de grenadier de la garde dans les MA.
Le vœu de la commission relatif à l’allongement de la baïonnette serait soumis à l’examen du comité afin d’y donner suite, s’il est possible.
Dans une note que VM m’a remise le 3 décembre dernier, elle exprimait deux désirs :
1/ L’adoption en principe d’une arme de petit calibre
2/ comme transition, l’amélioration du système actuel, soit par l’adoption générale de la balle Nessler, en conservant les canons lisses, soit par l’adoption d’une seule balle pour l’infanterie en rayant les canons.
VM voudra bien ne pas perdre de vue que toutes les propositions précédentes sont basées sur la suppression de l’adoption d’une seule balle pour l’infanterie, en rayant les canons ; si, comme système de transition, on se contentait de la balle Nessler pour canons lisses, il n’y aurait pas à toucher à l’armement actuel de l’infanterie de ligne, et il faudrait seulement arrêter en MA la fabrication des fusils d’infanterie.
7896, 97 et suivantes 7905
 
11 février 1857
Président Comité au Ministre :
Par DM du 3 février courant, vous m’avez adressé les instructions les pièces relatives à la rayure du canon et au raccourcissement du fusil d’infanterie. VE a en même temps prescrit au Comité de l’action de s’occuper de l’allongement de la baïonnette, de faire établir des baïonnettes de longueur convenable au DC, et de proposer à cet égard les essais qu’il semblerait utile d’entreprendre.
Le DC ne possède pas les ressources nécessaires pour ce genre de fabrication. Il serait plus économique, plus expéditif et plus sûr de s’adresser aux MA.
Comme il ne suffit pas de rechercher l’influence que peut avoir sur la justesse du tir l’allongement de la baïonnette, mais qu’il faut encore étudier les effets de cette modification dans le maniement des armes et dans les diverses circonstances du service, je vous prie de faire mettre en commande 30 baïonnettes de 51 cm de longueur dans chacune des 4 MA en recommandant aux directeurs :
1/ de conserver la pointe à la distance actuelle de l’axe de la douille
2/ de donner plus de raideur possible à la lame
3/ de n’augmenter le poids que du strict nécessaire.
Il y aura sans doutes quelques différences entre les produits, ce qui permettra un choix entre eux et de donner la préférence au modèle qui semblera le meilleur…
 
7 janvier 1857
Rapport au ministre (Comité) :
Par DM du 28 décembre 1856, le ministre a chargé une commission d’examiner s’il y a lieu, ainsi que le lui a proposé le général de Lahitte, d’adopter pour toute l’infanterie le fusil de voltigeur dont sont armés les 25 derniers régiments. SE a désigné pour faire partie de cette commission :
Président Maréchal de France Duc de Malakoff
Membres :
Général de division Comte de Schramm (président comité de l’infanterie)
Général de division Vicomte de Lahitte (président comité artillerie)
Général de division Regnaud de St Jean (commandant en chef la GI)
Général de division Comte de la Rue (président des comités d’Etat Major et de gendarmerie)
Général de division de Mac Mahon
Général de division Ukrich (commandant 4e Division d’infanterie à Paris).
Le chef d’escadron d’artillerie René (secrétaire).
Dans sa lettre du 28 décembre dernier au duc de Malakoff, le ministre annonce que son but en créant la commission est de se mettre à même d’éclairer l’Empereur sur la question. Des études antérieures ne laissent aucun doute sur la supériorité du fusil de voltigeur dans le tir et dans le maniement, mais ne présentera-t-il pas des inconvénients dans le combat rapproché et dans l’exécution des feux sur trois rangs ? tel est le point à éclaircir par la commission.
La proposition soumise à l’examen de la commission a été inspirée à son auteur par les circonstances. Il a pensé que si l’Empereur se décidait à faire rayer les fusils neufs des calibres de 17,8 et de 18 mm, l’occasion serait favorable pour faire disparaître l’irrégularité qui existe dans l’armement des 100 régiments d’infanterie.
La commission reconnaît qu’en effet il n’y a plus de motifs pour laisser subsister deux fusils différents dans l’infanterie, puisque tous les régiments se recrutent exactement de la même manière et sont appelés à faire le même service de guerre.
Des considérations étrangères à ce service peuvent seules justifier le maintien de deux fusils de longueur différente. L’économie, la nécessité de ne pas laisser sans emploi un approvisionnement considérable sont des raisons suffisantes pour que, dans l’état actuel des choses, on conserve aux anciens régiments légers le fusil de voltigeur, et aux 75 premiers régiments le fusil d’infanterie, ainsi que l’avait fixé la décision du 19 juillet 1839, mais on ne doit pas laisser échapper la première occasion qui se présentera de ramener l’uniformité dans l’armement.
Ce principe posé, la commission a examiné si le fusil de voltigeur dont la longueur du canon est inférieure de 0m054 à celle du canon de fusil d’infanterie, pourrait sans inconvénient devenir l’armement uniforme de l’infanterie. Si l’on porte ses regards sur le passé, on voit que depuis 1804, les fusils de voltigeurs  ont été employés dans les armées. Spécialement affectés aux voltigeurs, à une certaine époque, ils constituèrent plus tard l’armement des régiments entiers. De 1839 jusqu’à nos jours, 25 régiments armés de ce fusil ont participé à toutes les campagnes, à tous les faits de guerre qui ont eu lieu, sans qu’une seule plainte se soit élevée contre le défaut de longueur de l’arme. On doit donc en conclure que, ni dans le combat rapproché, ni dans l’exécution des feux sur trois rangs, il ne s’est présenté d’inconvénients. D’un autre côté les soldats d’infanterie qui sont en général de petite taille, ont de la peine à charger le fusil d’infanterie sans chasser la crosse en arrière, ce qui produit dans les rangs une désunion qu’on remarque à un moindre degré dans les compagnies armées de fusil de voltigeur, de sorte que l’avantage de longueur du fusil d’infanterie, pour les feux sur trois rangs, se trouve presque annihilé. Il résulte en outre du texte même de la lettre du ministre et de divers rapports soumis à la commission que, dans les expériences faites sur les fusils rayés, le fusil de voltigeur a toujours eu une supériorité de justesse sur celui d’infanterie.
La cause de cette supériorité réside-t-elle dans l’arme même ou tient-elle seulement ainsi qu’on est disposé à le penser, à la facilité de maniement par les hommes de petite taille ? la commission n’a pas cru devoir s’en préoccuper, le fait est acquis et par conséquent, dans le cas de l’adoption des armes rayées pour toute l’armée, il y aurait avantage à choisir pour armement uniforme le fusil de voltigeur.
Cependant la commission ne s’est pas dissimulée que dans les guerres que nos armées ont eu à soutenir depuis 40 ans, nos régiments n’ont pas eu à résister à de grands chocs de cavalerie et qu’ils ont eu rarement à exécuter des charges en ligne à la baïonnette. C’est surtout dans ces occasions que la longueur de l’arme peut avoir de l’importance. Si donc, sans enlever au fusil de voltigeur la supériorité de tir qui lui est acquise actuellement, on pouvait allonger sa baïonnette d’environ 5 cm, on aurait levé toute objection, puisque la longueur de l’arme deviendrait égale à celle du fusil d’infanterie.
En conséquence, la commission à l’unanimité émet l’avis :
Le fusil de voltigeur (dont la longueur totale avec la baïonnette de 46 cm est de 1m881) peut être adopté avec avantage pour toute l’infanterie. Si l’Empereur donne l’ordre de faire rayer les canons neufs actuels.
Conclusions adoptées par l’Empereur le 28 janvier 1857.
 
En 1804, quand Napoléon 1er créa dans les régiments d’infanterie une compagnie de voltigeurs pour chaque bataillon, il décida que ces troupes d’élite, composées d’hommes de petite taille, recevraient pour armement le fusil d’artillerie ou de dragons de l’An 9 de cette époque cette arme prit le nom de fusil de voltigeur ; mais on ne tarda pas à reconnaître les complications et les difficultés qu’occasionnait dans la comptabilité de l’armement, le défaut d’unité pour les armes du même régiment. En effet à chaque mutation ou passage d’un homme des compagnies du centre dans une compagnie de voltigeur et vice versa, l’arme devait être changée. Pour obvier à cet inconvénient un arrêté ministériel décida en 1839 que les régiments d’infanterie légère seraient uniquement armés du fusil de voltigeurs et les régiments de la ligne du fusil d’infanterie. Cette mesure ramenait l’unité d’armement dans chaque régiment mais elle établissait une différence dans l’armement de deux corps qui avaient le même recrutement, la même instruction, le même service et qui n’étaient différenciés que par l’appellation et l’uniforme. Aujourd’hui que le décret du 24 octobre 1854 a fait disparaître cette légère différence il paraît urgent de s’occuper de cette question et d’étudier s’il n’y aurait pas convenance et utilité à ramener l’uniformité dans l’armement des 100 régiments d’infanterie.
Une circonstance heureuse se présenta pour faciliter le retour à ce grand principe de l’unité, base du système d’artillerie dont l’Empereur vient de doter la France.
Les armes rayées, dites armes de précision, sont déjà dans les mains des régiments de la garde, des bataillons de chasseurs, des zouaves et de l’artillerie ; tout porte à croire que ces armes seront données prochainement à toutes les troupes. Or quand on consulte les rapports faits sur les expériences qui ont eu lieu sur le tir des armes rayées, on reconnaît que le fusil de voltigeur a toujours eu la supériorité sur le fusil d’infanterie, aussi la question de ramener le fusil d’infanterie rayé à la longueur du fusil de voltigeur a-t-elle été souvent agitée, et toujours l’opinion lui a été favorable.
En 1847, dans une commission dont j’avais l’honneur d’être membre et présidée par le général Shramm, l’opinion fut unanime pour demander que la longueur du canon du fusil de voltigeur fut adoptée pour tous les fusils rayés.
Au moment où l’Empereur exprime le désir de voir le fusil rayé dans les mains de toute l’infanterie, où nos MA en 1855 et 1856 n’ont fabriqué que des fusils rayés à la veille sans doute de faire rayer les 402 000 fusils Mle 1842 et 1853 que nous avons en magasin, il est urgent de prendre une décision et je propose au Ministre de faire examiner par une commission spéciale cette importante question.
Signé de Lahitte.

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Message  Conservateur Sam 19 Déc 2020, 19:12

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Rapport à l’Empereur
Paris, le 28 janvier 1857
J’approuve le rapport dans les conclusions suivantes :
1 : un seul modèle, le fusil de voltigeurs
2 : point de hausse mobile
3 : allonger la baïonnette
4 : rayer les canons
Signé Napoléon (28 janvier 1857)
 
Sire,
Pendant toutes les guerres de l’Empire, les régiments d’infanterie fûrent armés de deux fusils de longueur différente, l’un dit fusil d’infanterie, l’autre dit fusil de Voltigeur.
Le premier servait aux Grenadiers et aux fusiliers, le 2e était porté par les Voltigeurs. Plus tard, le fusil de Voltigeur fut donné aux régiments légers, dont les compagnies de carabiniers conservèrent le fusil d’infanterie.
Cette diversité d’armement dans un même régiment subsista jusqu’au 19 juillet 1839, une décision de ce jour, ramena l’uniformité en prescrivant l’emploi du fusil d’infanterie pour tous les régiments d’infanterie de ligne, l’emploi du fusil de voltigeur pour tous les régiments d’infanterie légère.
L’armement n’a pas varié depuis cette époque, et les 75 premiers régiments d’infanterie actuels, ont le fusil d’infanterie, tandis que les 25 derniers ont conservé le fusil de Voltigeur qu’ils avaient reçu comme régiments légers.
Depuis l’établissement du premier modèle de fusil de voltigeur, la longueur du canon de cette arme est restée la même. Il n’en est pas ainsi du canon de fusil d’infanterie qui, en 1822, fut raccourci de 5,4 centimètres (2 pouces). La baïonnette, après plusieurs allongements, est restée définitivement à la longueur de 46 cm de sorte qu’aujourd’hui, la longueur totale du fusil d’infanterie, avec baïonnette est de 1m935 ; celle du fusil de Voltigeur est de 1m881. Différence 5,4 cm (2 pouces).
Lorsque parut le décret du 24 octobre 1854, qui transformait les régiments légers en régiments de ligne, il eut été naturel d’enlever à ces corps le fusil de voltigeur afin de les armer comme les 75 premiers régiments, mais en présence d’un approvisionnement de plus de 260 000 fusils de voltigeur, représentant plus de 10 millions de francs, il fut admis que l’uniformité devait le céder à la question d’économie et qu’l était impossible de laisser sans emploi un approvisionnement aussi considérable.
Tels furent les motifs qui me décidèrent à conserver la diversité d’armement entre les 75 premiers régiments d’infanterie de ligne et les 25 derniers.
Mais si les approvisionnements ne permettent pas d’établir l’uniformité par l’adoption du fusil d’infanterie pour toutes les troupes à pied, ils ne s’opposeraient pas à ce qu’on l’obtint par l’adoption générale du fusil de voltigeur, puisque l’opération de raccourcir le fusil d’infanterie de 5,4 centimètres (2 pouces) est très praticable, et même exécuté journellement en MA, lorsqu’on transforme les fusils à silex du Mle 1816 en fusils à percussion.
Le fusil rayé de voltigeur étant plus maniable que le fusil d’infanterie et donnant, lorsqu’il est rayé, des résultats de tir généralement supérieurs à ceux qui sont obtenus avec le fusil d’infanterie rayé, une seule objection pourrait être faite contre l’adoption générale de cette arme, c’est l’influence de sa longueur dans l’exécution des feux, sur trois rangs, et dans les combats à la baïonnette.
Mr le général président du Comité de l’artillerie pensait que cette objection était levée par l’expérience même du passé, et que, si VM donnait suite à son projet de faire rayer les armes de l’infanterie, il fallait profiter de l’occasion pour raccourcir le fusil d’infanterie à la longueur du fusil de voltigeur.
VM dans sa sollicitude pour ce qui intéresse l’armement de nos troupes, a jugé que l’on ne saurait trop approfondir la question, et , pour l’éclairer, une commission spéciale a été chargée d’examiner les avantages et les inconvénients du fusil de Voltigeur.
La présidence de cette commission a été donnée au Maréchal Duc de Malakoff.
Les membres ont été choisis parmi les présidents de comité et les généraux ayant servi en Orient et en Algérie. Son opinion me paraît donc présenter celle de toute l’armée. Elle est exprimée dans le PV de séance et dans le rapport que je mets sous les yeux de VM et dont voici les conclusions :
« Le fusil de Voltigeur (dont la longueur totale, avec la baïonnette de 0m460 est de 1m881) peut être adopté avec avantage pour toute l’infanterie, si l’Empereur donne l’ordre de faire rayer les canons neufs actuels ».
la restriction contenue dans la fin de cet avis, est basée sur ce que la commission ne regarde pas, comme indispensable, le rétablissement de l’uniformité de longueur du fusil dans toute l’infanterie mais considère cette uniformité comme une amélioration désirable et que l’on ne doit pas négliger, dès que l’occasion se présentera de toucher aux armes actuelles.
Bien que la plupart des membres de la commission ait été d’avis que la longueur de la baïonnette actuelle est suffisante, tous, cependant, se sont réunis pour exprimer le vœu que l’on fit des essais afin de reconnaître si l’on pouvait, sans inconvénients, pour le tir et pour la fabrication, augmenter la longueur de cette pièce d’environ 5 centimètres afin de compenser la diminution que l’on ferait subit au canon.
La commission traitant à fond la question d’uniformité de fusil, pour toute l’infanterie, s’est préoccupée de l’armement des grenadiers et voltigeurs de la garde. Elle pense que le fusil des grenadiers devrait être ramené à la longueur du fusil de voltigeur comme dans la ligne. Le PV de séance, ci-joint, contient le résumé de la discussion qui a produit cette conviction chez les membres de la commission.
Après avoir exposé à VM le résultat du travail de la commission, il me reste à lui faire connaître les moyens d’exécution dans le cas où elle donnerait son approbation à la mesure proposée.
Si la rayure est exécutée sur les fusils de 1842 et 1853 seulement, le nombre des armes à raccourcir sera d’environ 320 000. Il sera de 360 000 si l’on raccourcit les fusils des Grenadiers de la Garde. La dépense sera de 0fr75 environ par arme et de 240 000 à 270 000 francs pour la totalité.
Si l’intention de VM est de faire mettre des hausses mobiles sur les fusils que l’on rayera, l’envoi des armes en MA sera obligatoire et ces établissements feront le raccourcissement. (note en marge : Je ne veux pas de hausses mobiles, Napoléon 28 janvier 1857) Si au contraire on doit rayer sans mettre de hausse mobile, l’opération pourra peut être se faire dans les magasins par des escouades d’ouvriers armuriers. Ce sera à étudier lorsque le moment sera venu.
Si VM approuve les conclusions du rapport de la commission, qui me paraissent justifiées par l’expérience de la guerre, et si elle adopte le fusil de voltigeur pour les grenadiers de la garde, il y aurait lieu d’arrêter dès à présent la fabrication du fusil d’infanterie et de grenadier de la garde dans les MA.
Le vœu de la commission relatif à l’allongement de la baïonnette serait soumis à l’examen du comité afin d’y donner suite, s’il est possible.
Dans une note que VM m’a remise le 3 décembre dernier, elle exprimait deux désirs :
1/ L’adoption en principe d’une arme de petit calibre
2/ comme transition, l’amélioration du système actuel, soit par l’adoption générale de la balle Nessler, en conservant les canons lisses, soit par l’adoption d’une seule balle pour l’infanterie en rayant les canons.
VM voudra bien ne pas perdre de vue que toutes les propositions précédentes sont basées sur la suppression de l’adoption d’une seule balle pour l’infanterie, en rayant les canons ; si, comme système de transition, on se contentait de la balle Nessler pour canons lisses, il n’y aurait pas à toucher à l’armement actuel de l’infanterie de ligne, et il faudrait seulement arrêter en MA la fabrication des fusils d’infanterie.
7896, 97 et suivantes 7905
 
11 février 1857
Président Comité au Ministre :
Par DM du 3 février courant, vous m’avez adressé les instructions les pièces relatives à la rayure du canon et au raccourcissement du fusil d’infanterie. VE a en même temps prescrit au Comité de l’action de s’occuper de l’allongement de la baïonnette, de faire établir des baïonnettes de longueur convenable au DC, et de proposer à cet égard les essais qu’il semblerait utile d’entreprendre.
Le DC ne possède pas les ressources nécessaires pour ce genre de fabrication. Il serait plus économique, plus expéditif et plus sûr de s’adresser aux MA.
Comme il ne suffit pas de rechercher l’influence que peut avoir sur la justesse du tir l’allongement de la baïonnette, mais qu’il faut encore étudier les effets de cette modification dans le maniement des armes et dans les diverses circonstances du service, je vous prie de faire mettre en commande 30 baïonnettes de 51 cm de longueur dans chacune des 4 MA en recommandant aux directeurs :
1/ de conserver la pointe à la distance actuelle de l’axe de la douille
2/ de donner plus de raideur possible à la lame
3/ de n’augmenter le poids que du strict nécessaire.
Il y aura sans doutes quelques différences entre les produits, ce qui permettra un choix entre eux et de donner la préférence au modèle qui semblera le meilleur…
 
7 janvier 1857
Rapport au ministre (Comité) :
Par DM du 28 décembre 1856, le ministre a chargé une commission d’examiner s’il y a lieu, ainsi que le lui a proposé le général de Lahitte, d’adopter pour toute l’infanterie le fusil de voltigeur dont sont armés les 25 derniers régiments. SE a désigné pour faire partie de cette commission :
Président Maréchal de France Duc de Malakoff
Membres :
Général de division Comte de Schramm (président comité de l’infanterie)
Général de division Vicomte de Lahitte (président comité artillerie)
Général de division Regnaud de St Jean (commandant en chef la GI)
Général de division Comte de la Rue (président des comités d’Etat Major et de gendarmerie)
Général de division de Mac Mahon
Général de division Ukrich (commandant 4e Division d’infanterie à Paris).
Le chef d’escadron d’artillerie René (secrétaire).
Dans sa lettre du 28 décembre dernier au duc de Malakoff, le ministre annonce que son but en créant la commission est de se mettre à même d’éclairer l’Empereur sur la question. Des études antérieures ne laissent aucun doute sur la supériorité du fusil de voltigeur dans le tir et dans le maniement, mais ne présentera-t-il pas des inconvénients dans le combat rapproché et dans l’exécution des feux sur trois rangs ? tel est le point à éclaircir par la commission.
La proposition soumise à l’examen de la commission a été inspirée à son auteur par les circonstances. Il a pensé que si l’Empereur se décidait à faire rayer les fusils neufs des calibres de 17,8 et de 18 mm, l’occasion serait favorable pour faire disparaître l’irrégularité qui existe dans l’armement des 100 régiments d’infanterie.
La commission reconnaît qu’en effet il n’y a plus de motifs pour laisser subsister deux fusils différents dans l’infanterie, puisque tous les régiments se recrutent exactement de la même manière et sont appelés à faire le même service de guerre.
Des considérations étrangères à ce service peuvent seules justifier le maintien de deux fusils de longueur différente. L’économie, la nécessité de ne pas laisser sans emploi un approvisionnement considérable sont des raisons suffisantes pour que, dans l’état actuel des choses, on conserve aux anciens régiments légers le fusil de voltigeur, et aux 75 premiers régiments le fusil d’infanterie, ainsi que l’avait fixé la décision du 19 juillet 1839, mais on ne doit pas laisser échapper la première occasion qui se présentera de ramener l’uniformité dans l’armement.
Ce principe posé, la commission a examiné si le fusil de voltigeur dont la longueur du canon est inférieure de 0m054 à celle du canon de fusil d’infanterie, pourrait sans inconvénient devenir l’armement uniforme de l’infanterie. Si l’on porte ses regards sur le passé, on voit que depuis 1804, les fusils de voltigeurs  ont été employés dans les armées. Spécialement affectés aux voltigeurs, à une certaine époque, ils constituèrent plus tard l’armement des régiments entiers. De 1839 jusqu’à nos jours, 25 régiments armés de ce fusil ont participé à toutes les campagnes, à tous les faits de guerre qui ont eu lieu, sans qu’une seule plainte se soit élevée contre le défaut de longueur de l’arme. On doit donc en conclure que, ni dans le combat rapproché, ni dans l’exécution des feux sur trois rangs, il ne s’est présenté d’inconvénients. D’un autre côté les soldats d’infanterie qui sont en général de petite taille, ont de la peine à charger le fusil d’infanterie sans chasser la crosse en arrière, ce qui produit dans les rangs une désunion qu’on remarque à un moindre degré dans les compagnies armées de fusil de voltigeur, de sorte que l’avantage de longueur du fusil d’infanterie, pour les feux sur trois rangs, se trouve presque annihilé. Il résulte en outre du texte même de la lettre du ministre et de divers rapports soumis à la commission que, dans les expériences faites sur les fusils rayés, le fusil de voltigeur a toujours eu une supériorité de justesse sur celui d’infanterie.
La cause de cette supériorité réside-t-elle dans l’arme même ou tient-elle seulement ainsi qu’on est disposé à le penser, à la facilité de maniement par les hommes de petite taille ? la commission n’a pas cru devoir s’en préoccuper, le fait est acquis et par conséquent, dans le cas de l’adoption des armes rayées pour toute l’armée, il y aurait avantage à choisir pour armement uniforme le fusil de voltigeur.
Cependant la commission ne s’est pas dissimulée que dans les guerres que nos armées ont eu à soutenir depuis 40 ans, nos régiments n’ont pas eu à résister à de grands chocs de cavalerie et qu’ils ont eu rarement à exécuter des charges en ligne à la baïonnette. C’est surtout dans ces occasions que la longueur de l’arme peut avoir de l’importance. Si donc, sans enlever au fusil de voltigeur la supériorité de tir qui lui est acquise actuellement, on pouvait allonger sa baïonnette d’environ 5 cm, on aurait levé toute objection, puisque la longueur de l’arme deviendrait égale à celle du fusil d’infanterie.
En conséquence, la commission à l’unanimité émet l’avis :
Le fusil de voltigeur (dont la longueur totale avec la baïonnette de 46 cm est de 1m881) peut être adopté avec avantage pour toute l’infanterie. Si l’Empereur donne l’ordre de faire rayer les canons neufs actuels.
Conclusions adoptées par l’Empereur le 28 janvier 1857.
 
En 1804, quand Napoléon 1er créa dans les régiments d’infanterie une compagnie de voltigeurs pour chaque bataillon, il décida que ces troupes d’élite, composées d’hommes de petite taille, recevraient pour armement le fusil d’artillerie ou de dragons de l’An 9 de cette époque cette arme prit le nom de fusil de voltigeur ; mais on ne tarda pas à reconnaître les complications et les difficultés qu’occasionnait dans la comptabilité de l’armement, le défaut d’unité pour les armes du même régiment. En effet à chaque mutation ou passage d’un homme des compagnies du centre dans une compagnie de voltigeur et vice versa, l’arme devait être changée. Pour obvier à cet inconvénient un arrêté ministériel décida en 1839 que les régiments d’infanterie légère seraient uniquement armés du fusil de voltigeurs et les régiments de la ligne du fusil d’infanterie. Cette mesure ramenait l’unité d’armement dans chaque régiment mais elle établissait une différence dans l’armement de deux corps qui avaient le même recrutement, la même instruction, le même service et qui n’étaient différenciés que par l’appellation et l’uniforme. Aujourd’hui que le décret du 24 octobre 1854 a fait disparaître cette légère différence il paraît urgent de s’occuper de cette question et d’étudier s’il n’y aurait pas convenance et utilité à ramener l’uniformité dans l’armement des 100 régiments d’infanterie.
Une circonstance heureuse se présenta pour faciliter le retour à ce grand principe de l’unité, base du système d’artillerie dont l’Empereur vient de doter la France.
Les armes rayées, dites armes de précision, sont déjà dans les mains des régiments de la garde, des bataillons de chasseurs, des zouaves et de l’artillerie ; tout porte à croire que ces armes seront données prochainement à toutes les troupes. Or quand on consulte les rapports faits sur les expériences qui ont eu lieu sur le tir des armes rayées, on reconnaît que le fusil de voltigeur a toujours eu la supériorité sur le fusil d’infanterie, aussi la question de ramener le fusil d’infanterie rayé à la longueur du fusil de voltigeur a-t-elle été souvent agitée, et toujours l’opinion lui a été favorable.
En 1847, dans une commission dont j’avais l’honneur d’être membre et présidée par le général Shramm, l’opinion fut unanime pour demander que la longueur du canon du fusil de voltigeur fut adoptée pour tous les fusils rayés.
Au moment où l’Empereur exprime le désir de voir le fusil rayé dans les mains de toute l’infanterie, où nos MA en 1855 et 1856 n’ont fabriqué que des fusils rayés à la veille sans doute de faire rayer les 402 000 fusils Mle 1842 et 1853 que nous avons en magasin, il est urgent de prendre une décision et je propose au Ministre de faire examiner par une commission spéciale cette importante question.
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