Refaire des filetages avce un peigne
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Refaire des filetages avce un peigne
Refaire des filetages anciens avec un peigne
J’ai restauré ces temps ci un colt 1851 ancien sur lequel il y avait pas mal de boulot de rebouchage sur d’énormes piqures dans le canon. Pour planer et polir le canon hexagonal sur le marbre j’ai dû démonter le grain d’orge qui est vissé dans un trou borgne.
Pour le démontage je n’ai pu le faire qu’avec une pince électronique, en serrant le plus bas possible … mais ça a abîmé le gain d’orge en laiton… et le remonter ainsi ça l’aurait encore abîmé un peu plus .
Restait la solution de refaire au tour ce grain d’orge, mais je ne possédais pas la bonne filière , je n’ai que des pas métriques. Avec le gabarit j’ai pu voir que le pas Whitworth était de 48 filets au pouce pour un diamètre de 2,8
J’ai pas mal discuté par MP de filetages avec l’ami Verchère , et comme cela fait un petit moment que je souhaitais fabriquer des peignes pour usiner des vis anciennes sur le tour…ça été l’occasion de m’y lancer.
Verchère avait parlé de ces peignes à fileter ici :
https://www.tircollection.com/t40177p25-kits-de-visserie-lebel-berthier-chassepot-gras#556893
Le futur peigne sera fait dans un petit rondin en acier HSS de 5mm de diamètre, j’ai d’abord forgé l’acier pour aplatir l’extrémité ( en forme de tournevis ) Sur l’extrémité qui fait moins de 2mm d’épaisseur , j’ai tracé l’emplacement des futures dents du peigne : C’est assez simple , il suffit de passer du marqueur indélébile et de « tirer » le gabarit whitworth pour marquer d’un coup sur l’encre bleue les 7 ou 8 traits avec le bon écartement.
Ensuite il faut couper au burin en suivant ces traits guides : le burin est un V meulé à 60°
Les coupes sont faites en 3 ou 4 passes et je me suis arrêté lorsque les arêtes supérieures se sont rejointes . Je ne me suis pas embêté j’ai coupé des dents perpendiculaires au bord, en donnant un léger angle- égal à la pente du filetage) l’outil aurait certainement été plus efficace… mais des sillons à 90° fonctionnent aussi ….
J’ai meulé les côtés pour attaquer sur une arête sur chaque bord.
Une fois le peigne meulé je l'ai trempé :
Les filetages sont faits sur le tour après avoir tourné le diamètre extérieur de 2,8
Il y a un petit tour de main à prendre présenter le peigne sur l’équateur et le glisser vers le mandrin. Pour glisser bien parallèle je positionne un barreau rectangulaire qui sert de support, un peu comme sur un tour à bois.
Après deux ou 3 passes légères les sillons deviennent assez profonds pour guider le peigne qui va avancer seul une fois qu’on l’engage dans les sillons déjà creusés. Là il faut tourner assez doucement ( 200 ou 300 Tr/mn) car le peigne avance assez vite et il faut le dégager en bout de course.
et voici le premier essai sur une tige en acier
Je n’ai pas trouvé d’exemple d’usinage au peigne sur de l’acier , mais vous en avez un ici sur le bois , c’est le même principe à 8’ 40 ‘’du début:
Une fois le filetage usiné et testé , j’ai ébauché le grain d’orge , en laissant environ 1 mm au centre .
Une fois le grain vissé à fond , le « tourillon » se casse et avec la dremel j’ai arasé et poli l’extrémité du grain d’orge ;
Et voilà , les organes de visée neufs sont en place ;;; la gravure est terminée et je vais pouvoir attaquer le bronzage et le jaspage
Conclusion , l’usinage des filets au peigne est assez simple et rapide . Le plus délicat c’est de couper au burin des sillons parallèles , mais si on est patient c’est largement à la portée de l’amateur …et cela ouvre des tas de possibilités pour la réfection de vis anciennes avec des pas exotiques . Je vais pouvoir le tester dans quelques sur une paire de pistolets anglais avec platines à silex dont les vis ne sont même pas en Whitworth ; mais avec un pas réalisé par l'armurier du 19e... le peigne à fileter va servir
J’ai restauré ces temps ci un colt 1851 ancien sur lequel il y avait pas mal de boulot de rebouchage sur d’énormes piqures dans le canon. Pour planer et polir le canon hexagonal sur le marbre j’ai dû démonter le grain d’orge qui est vissé dans un trou borgne.
Pour le démontage je n’ai pu le faire qu’avec une pince électronique, en serrant le plus bas possible … mais ça a abîmé le gain d’orge en laiton… et le remonter ainsi ça l’aurait encore abîmé un peu plus .
Restait la solution de refaire au tour ce grain d’orge, mais je ne possédais pas la bonne filière , je n’ai que des pas métriques. Avec le gabarit j’ai pu voir que le pas Whitworth était de 48 filets au pouce pour un diamètre de 2,8
J’ai pas mal discuté par MP de filetages avec l’ami Verchère , et comme cela fait un petit moment que je souhaitais fabriquer des peignes pour usiner des vis anciennes sur le tour…ça été l’occasion de m’y lancer.
Verchère avait parlé de ces peignes à fileter ici :
https://www.tircollection.com/t40177p25-kits-de-visserie-lebel-berthier-chassepot-gras#556893
Le futur peigne sera fait dans un petit rondin en acier HSS de 5mm de diamètre, j’ai d’abord forgé l’acier pour aplatir l’extrémité ( en forme de tournevis ) Sur l’extrémité qui fait moins de 2mm d’épaisseur , j’ai tracé l’emplacement des futures dents du peigne : C’est assez simple , il suffit de passer du marqueur indélébile et de « tirer » le gabarit whitworth pour marquer d’un coup sur l’encre bleue les 7 ou 8 traits avec le bon écartement.
Ensuite il faut couper au burin en suivant ces traits guides : le burin est un V meulé à 60°
Les coupes sont faites en 3 ou 4 passes et je me suis arrêté lorsque les arêtes supérieures se sont rejointes . Je ne me suis pas embêté j’ai coupé des dents perpendiculaires au bord, en donnant un léger angle- égal à la pente du filetage) l’outil aurait certainement été plus efficace… mais des sillons à 90° fonctionnent aussi ….
J’ai meulé les côtés pour attaquer sur une arête sur chaque bord.
Une fois le peigne meulé je l'ai trempé :
Les filetages sont faits sur le tour après avoir tourné le diamètre extérieur de 2,8
Il y a un petit tour de main à prendre présenter le peigne sur l’équateur et le glisser vers le mandrin. Pour glisser bien parallèle je positionne un barreau rectangulaire qui sert de support, un peu comme sur un tour à bois.
Après deux ou 3 passes légères les sillons deviennent assez profonds pour guider le peigne qui va avancer seul une fois qu’on l’engage dans les sillons déjà creusés. Là il faut tourner assez doucement ( 200 ou 300 Tr/mn) car le peigne avance assez vite et il faut le dégager en bout de course.
et voici le premier essai sur une tige en acier
Je n’ai pas trouvé d’exemple d’usinage au peigne sur de l’acier , mais vous en avez un ici sur le bois , c’est le même principe à 8’ 40 ‘’du début:
Une fois le filetage usiné et testé , j’ai ébauché le grain d’orge , en laissant environ 1 mm au centre .
Une fois le grain vissé à fond , le « tourillon » se casse et avec la dremel j’ai arasé et poli l’extrémité du grain d’orge ;
Et voilà , les organes de visée neufs sont en place ;;; la gravure est terminée et je vais pouvoir attaquer le bronzage et le jaspage
Conclusion , l’usinage des filets au peigne est assez simple et rapide . Le plus délicat c’est de couper au burin des sillons parallèles , mais si on est patient c’est largement à la portée de l’amateur …et cela ouvre des tas de possibilités pour la réfection de vis anciennes avec des pas exotiques . Je vais pouvoir le tester dans quelques sur une paire de pistolets anglais avec platines à silex dont les vis ne sont même pas en Whitworth ; mais avec un pas réalisé par l'armurier du 19e... le peigne à fileter va servir
Dernière édition par jean santos le Mar 25 Mai 2021, 17:47, édité 2 fois
jean santos- Membre confirmé
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
il vas falloir que j'essaie ta technique .
dgil01- Pilier du forum
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
Je garde le post en favoris ,
pmh- Membre expert
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
J'adore l'inscription "justice immanente".
C'est parfait à l'endroit ou elle se trouve
Merci également pour le partage de la technique.
C'est toujours un plaisir de lire ce genre de post.
C'est parfait à l'endroit ou elle se trouve
Merci également pour le partage de la technique.
C'est toujours un plaisir de lire ce genre de post.
jeanmi67- Futur pilier
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Date d'inscription : 10/01/2019
Re: Refaire des filetages avce un peigne
jeanmi67 a écrit:J'adore l'inscription "justice immanente".
C'est parfait à l'endroit ou elle se trouve
Merci également pour le partage de la technique.
C'est toujours un plaisir de lire ce genre de post.
par contre.... "... simple et rapide..." à condition quand même de jouer en ligue supérieure
"Laudamus veteres sed nostris utimur annis "
Baccardi- Administrateur
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
Merci Digil01 et pmh, content que ça vous plaise
@ JeanMi ,: merci Moi aussi j'ai bien aimé ce nom que son propriétaire lui a donné deux semaines après qu'on ait dessiné le projet de gravure...
Je ne savais pas trop où le graver et comme ce n'est pas trop long j'ai pu le caser là
Il y a quelques mois j'avais vu dans le même style sur la bouche d'un 1911: "Smile and Wait for Flash" comme on trouve sur les cabines de Photomaton Là je venais de revoir Django Unchained et du coup j'ai trouvé que la place allait bien . Dans le reste des gravures il y a d'ailleurs des évocations de l'esclavage ... mais je ne veux pas trop spoiler , dès que j'aurai fini le bronzage je vous ferai une présentation détaillée de "Justice Immanente"
@ JeanMi ,: merci Moi aussi j'ai bien aimé ce nom que son propriétaire lui a donné deux semaines après qu'on ait dessiné le projet de gravure...
Je ne savais pas trop où le graver et comme ce n'est pas trop long j'ai pu le caser là
Il y a quelques mois j'avais vu dans le même style sur la bouche d'un 1911: "Smile and Wait for Flash" comme on trouve sur les cabines de Photomaton Là je venais de revoir Django Unchained et du coup j'ai trouvé que la place allait bien . Dans le reste des gravures il y a d'ailleurs des évocations de l'esclavage ... mais je ne veux pas trop spoiler , dès que j'aurai fini le bronzage je vous ferai une présentation détaillée de "Justice Immanente"
jean santos- Membre confirmé
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
Je pense que "imminente" convient mieux
Claude J- Membre expert
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
si le tireur est précis la mort sera sans doute imminente et peut dans certains cas accélérer la Justice immanente qui n'est pas toujours aussi rapide qu'on le voudraitClaude J a écrit:Je pense que "imminente" convient mieux
Là ç’est bien immanent qu son propriétaire voulait,,,,, Mais il m'arrive parfois de graver des coquilles
@Baccardi, merci pour la division , mais il y a ici pas mal de monde qui joue en 1ére
jean santos- Membre confirmé
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
jean santos a écrit:Merci Digil01 et pmh, content que ça vous plaise
@ JeanMi ,: merci Moi aussi j'ai bien aimé ce nom que son propriétaire lui a donné deux semaines après qu'on ait dessiné le projet de gravure...
Je ne savais pas trop où le graver et comme ce n'est pas trop long j'ai pu le caser là
Il y a quelques mois j'avais vu dans le même style sur la bouche d'un 1911: "Smile and Wait for Flash" comme on trouve sur les cabines de Photomaton Là je venais de revoir Django Unchained et du coup j'ai trouvé que la place allait bien . Dans le reste des gravures il y a d'ailleurs des évocations de l'esclavage ... mais je ne veux pas trop spoiler , dès que j'aurai fini le bronzage je vous ferai une présentation détaillée de "Justice Immanente"
Bonjour ,
j'adore la technique et les explications , tout devient facile avec toi .
Par contre j'espère que l'attente pour voir "Justice Immanente" ne sera pas trop longue .
J'en bave d'avance.
«Si vous voulez une sécurité totale, allez en prison. Là, vous êtes nourri, habillé, soigné et ainsi de suite. La seule chose qui manque ... c'est la liberté.
- Président Dwight D. Eisenhower-
eric38- Pilier du forum
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Date d'inscription : 24/05/2015
Re: Refaire des filetages avce un peigne
Joli travail en effet, mais juste histoire de critiquer un peu : etait ce vraiment necessaire ?
En effet, sur un aussi petit objet, qui ne demande qu'a etre bloqué en place (on ne va pas le demonter tous les jours) et qui plus est en laiton, je pense qu'un filletage ISO a 0.5mm aurait convenu tout aussi bien... quitte a forcer un peu les filets (meme pas certain sur une si faible longueur en prise), la difference de 0.029mm entre les dents serait passee inapercue !
En effet, sur un aussi petit objet, qui ne demande qu'a etre bloqué en place (on ne va pas le demonter tous les jours) et qui plus est en laiton, je pense qu'un filletage ISO a 0.5mm aurait convenu tout aussi bien... quitte a forcer un peu les filets (meme pas certain sur une si faible longueur en prise), la difference de 0.029mm entre les dents serait passee inapercue !
Re: Refaire des filetages avce un peigne
Tu as entièrement raison Poudreverte J’avais fait le test avec une vis M3 après lui avoir enlevé deux dixièmes et elle se vissait bien . Mais comme son propriètaire est très exigeant je ne sais pas s'il aurait accepté ce "bricolage"poudreverte a écrit:Joli travail en effet, mais juste histoire de critiquer un peu : etait ce vraiment necessaire ?
En effet, sur un aussi petit objet, qui ne demande qu'a etre bloqué en place (on ne va pas le demonter tous les jours) et qui plus est en laiton, je pense qu'un filletage ISO a 0.5mm aurait convenu tout aussi bien... quitte a forcer un peu les filets (meme pas certain sur une si faible longueur en prise), la difference de 0.029mm entre les dents serait passee inapercue !
D'ailleurs je lui rendrai le grain d'orge d'origine( même abîmé) des fois qu'il veuille enlever le mien et le remonter
Là j'ai "perdu" une matinée pour tester la méthode des peignes et voir si cela fonctionnait ( et je voulais aussi faire l'essai pour Verchère qui a passé des heures à m'écrire des mails sur les tarauds et les filières )
Comme j'ai vu que ça fonctionnait pour des pas très fins comme le 46filets au pouce , je pense que pour des pas plus gros faire un peigne sera encore plus simple ( par exemple l'axe du chien qui fait 24 filets/pouce) Mais là il faudra soigner l'angle de l'outil pour tailler les dents à 55° et certainement donner une légère pente aux dents du peigne pour mieux suivre la pente des filets.
La prochain essai va être de faire un taraud : fileter avec un peigne un rondin en HSS recuit , puis le rendre un peu conique et tailler axialement deux rainures pour faire des bords d'attaque et enfin le tremper... ça permettra de faire des taraudages avec pas "exotiques"
jean santos- Membre confirmé
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Date d'inscription : 10/02/2019
Re: Refaire des filetages avce un peigne
Merci Eric ,eric38 a écrit:
Par contre j'espère que l'attente pour voir "Justice Immanente" ne sera pas trop longue .
J'en bave d'avance.
ça va être un peu plus long que prévu, finalement comme le confinement est fini je vais monter une semaine à la truite...je bronzerai au retour et je dois aussi argenter le pontet et l'armature de la crosse et jasper le chien, le levier et la carcasse ... pour retrouver toutes les finitions d'origine . C'est un peu long , je crois que si on n'avait pas été confinés je n'aurais jamais attaqué un projet aussi complexe .
En attendant voici quelques photos"dans le blanc"
Il y a quelques animaux éxotiques , iguanes, colibris huppés et papillons tropicaux et des fleurs tropicales :
De chaque côté du canon entre la clavette et l'axe du levier de chargement il y des scènes avec des forts du 18e S.
Il a fallu conserver la scène de la bataille navale d'origine sur le barillet , pour préserver la gravure d'Ormsby je n'ai pas pu poncer aussi loin qu'il aurait fallu pour enlever toutes les piqures, j'ai bien aimé restaurer ce barillet et régraver les frégates du Texas et les canonnières à vapeur mexicaines de la bataille de Campeche Sur l'autre côté j'ai gravé la bataille pour la prise du fort Fleur d'Epée en 1794
jean santos- Membre confirmé
- Nombre de messages : 283
Age : 71
Date d'inscription : 10/02/2019
Re: Refaire des filetages avce un peigne
Chapeau !
Ceux qui filètent avec ce genre d'outil ne paraissent pas nombreux, et ceux qui fabriquent eux-mêmes l'outil, encore moins.
J'avoue que je n'y croyais qu'à moitié : filets du peigne non inclinés, une vis si petite qu'on la voit à peine...
Mais un peigne unique c'est tellement plus simple que 3 ou 4 peignes parfaitement positionnés dans un cadre pour former une vraie filière !
Va falloir que j'essaie aussi.
Si tu veux en faire d'autres, et surtout avec des pas extraterrestres (ni pouce ni métrique), tu peux faire le traçage et même l'ébauche au tour. Soit des stries juxtaposées sur un rondin, pour scier dedans une languette à fixer au bout d'un manche (ce qui n'est peut-être pas commode).
Soit comme ils faisaient les peignes pour filière radiale :
Une barre porte-grain, comme pour l'alésage ou le creusement de gorges de circlips intérieurs, mais cylindrique et prise dans le mandrin (ou entre pointes) au lieu d'être fixée sur le porte-outils. C'est alors la pièce (le peigne), qu'on serre à bonne hauteur sur la tourelle. Ils obtenaient des stries inclinées en faisant avancer le chariot avec la vis-mère, mais si tu arrives à fileter avec des stries à 90° tu peux faire les stries l'une après l'autre, fortement ébauchées (voire finies), en les décalant à la manivelle, ce qui permet n'importe quel pas (et une très grande précision, si tu places un comparateur en longitudinal).
J'ai numérisé l'article décrivant ça ("La Machine Moderne", mai 1910) et peux te l'envoyer.
Pour le taraud j'ai aussi quelque chose sur la fabrication de tarauds-machine de décolletage (dans une documentation de tour automatique des années 1930) : acier STUB, une seule goujure ! On peut guère faire plus simple...
Si ça t'intéresse, je te le numérise.
Ceux qui filètent avec ce genre d'outil ne paraissent pas nombreux, et ceux qui fabriquent eux-mêmes l'outil, encore moins.
J'avoue que je n'y croyais qu'à moitié : filets du peigne non inclinés, une vis si petite qu'on la voit à peine...
Mais un peigne unique c'est tellement plus simple que 3 ou 4 peignes parfaitement positionnés dans un cadre pour former une vraie filière !
Va falloir que j'essaie aussi.
Si tu veux en faire d'autres, et surtout avec des pas extraterrestres (ni pouce ni métrique), tu peux faire le traçage et même l'ébauche au tour. Soit des stries juxtaposées sur un rondin, pour scier dedans une languette à fixer au bout d'un manche (ce qui n'est peut-être pas commode).
Soit comme ils faisaient les peignes pour filière radiale :
Une barre porte-grain, comme pour l'alésage ou le creusement de gorges de circlips intérieurs, mais cylindrique et prise dans le mandrin (ou entre pointes) au lieu d'être fixée sur le porte-outils. C'est alors la pièce (le peigne), qu'on serre à bonne hauteur sur la tourelle. Ils obtenaient des stries inclinées en faisant avancer le chariot avec la vis-mère, mais si tu arrives à fileter avec des stries à 90° tu peux faire les stries l'une après l'autre, fortement ébauchées (voire finies), en les décalant à la manivelle, ce qui permet n'importe quel pas (et une très grande précision, si tu places un comparateur en longitudinal).
J'ai numérisé l'article décrivant ça ("La Machine Moderne", mai 1910) et peux te l'envoyer.
Pour le taraud j'ai aussi quelque chose sur la fabrication de tarauds-machine de décolletage (dans une documentation de tour automatique des années 1930) : acier STUB, une seule goujure ! On peut guère faire plus simple...
Si ça t'intéresse, je te le numérise.
Dans le genre << Refaire des filetages avce un peigne >> ? On doit alors t'entendre jurer de bien loin !jean santos a écrit:... Mais il m'arrive parfois de graver des coquilles ...
Petite collection de documents anciens et récents : http://p.lacour.malvaux.free.fr/Arquebuses.htm
Re: Refaire des filetages avce un peigne
Merci Verchère, Je savais que la simplicité de la méthode te plairait Essaie de te fabriquer un peigne métrique et teste-le sur ton tour, tu vas voir comme c'est simple
J'avais en effet pensé à la méthode que tu évoques pour faire des gorges parallèles au tour. Je vais le tester pour mon prochain peigne, là (à condition d'avoir le bon angle sur l'outil ) on doit avoir une bonne précision
Après il reste tout de même beaucoup de meulage pour transformer le rondin en peigne, et il faut souder le peigne sur une tige . Je vais peut être essayer en le fixant par une vis ( un peu comme les pastilles rapportées en carbure )
J’avais trouvé aussi sur un forum anglo saxon un gars qui a fait le peigne...en utilisant un taraud...Il a fait un ingénieux système de gorge dans un écrou qui tient le peigne en place prenant qu'il le taraude, taillant ainsi directement le peigne :
https://www.woodworkingtalk.com/threads/home-made-thread-chasers.9295/
P.S. Pour les cocquilles je suis très vigilant je fais relire par ma femme avant de graver ou je fais un transfert et j'envoie la photo au client ...ça m'a évité des oublis de lettres ou des inversions plus d'une fois
J'avais en effet pensé à la méthode que tu évoques pour faire des gorges parallèles au tour. Je vais le tester pour mon prochain peigne, là (à condition d'avoir le bon angle sur l'outil ) on doit avoir une bonne précision
Après il reste tout de même beaucoup de meulage pour transformer le rondin en peigne, et il faut souder le peigne sur une tige . Je vais peut être essayer en le fixant par une vis ( un peu comme les pastilles rapportées en carbure )
J’avais trouvé aussi sur un forum anglo saxon un gars qui a fait le peigne...en utilisant un taraud...Il a fait un ingénieux système de gorge dans un écrou qui tient le peigne en place prenant qu'il le taraude, taillant ainsi directement le peigne :
https://www.woodworkingtalk.com/threads/home-made-thread-chasers.9295/
P.S. Pour les cocquilles je suis très vigilant je fais relire par ma femme avant de graver ou je fais un transfert et j'envoie la photo au client ...ça m'a évité des oublis de lettres ou des inversions plus d'une fois
jean santos- Membre confirmé
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Date d'inscription : 10/02/2019
Re: Refaire des filetages avce un peigne
Que dire.... époustouflant
LP- Pilier du forum
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Age : 67
Localisation : Lorraine "Qui s'y frotte s'y pique"
Date d'inscription : 28/02/2010
Re: Refaire des filetages avce un peigne
Bonsoir,
je reste sans voix devant la qualité de la restauration et des conseils du post!
Félicitations!
Jean-Marc
je reste sans voix devant la qualité de la restauration et des conseils du post!
Félicitations!
Jean-Marc
CESABC- Pilier du forum
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Age : 74
Date d'inscription : 03/02/2012
Re: Refaire des filetages avce un peigne
@ "jean santos" :
Depuis quelques jours, suite à un orage, mon ADSL fonctionne à la cadence d'un mousquet à mèche.
Pour le forum, en étant patient ça va ; mais pour les mails la bécane brandit des pancartes "time-out", pas moyen d'insister. Alors pour l'instant, pas moyen de t'envoyer les deux fichiers dont j'ai parlé (et qui sont prêts, mais encombrants).
Ce que je devrais faire, c'est un peigne en 24 filets au pouce, utile pour Chassepot et Gras ou Springfield 1903 (mais c'est pas le même angle)...
Depuis quelques jours, suite à un orage, mon ADSL fonctionne à la cadence d'un mousquet à mèche.
Pour le forum, en étant patient ça va ; mais pour les mails la bécane brandit des pancartes "time-out", pas moyen d'insister. Alors pour l'instant, pas moyen de t'envoyer les deux fichiers dont j'ai parlé (et qui sont prêts, mais encombrants).
Ce que je devrais faire, c'est un peigne en 24 filets au pouce, utile pour Chassepot et Gras ou Springfield 1903 (mais c'est pas le même angle)...
Petite collection de documents anciens et récents : http://p.lacour.malvaux.free.fr/Arquebuses.htm
Re: Refaire des filetages avce un peigne
je rentre de la pêche et je n'ai encore pas reçu ton fichier ...mais rien ne presse, laisse internet revenir tranquillement sur les VosgesVerchère a écrit:@ "jean santos" :
Depuis quelques jours, suite à un orage, mon ADSL fonctionne à la cadence d'un mousquet à mèche.
Pour le forum, en étant patient ça va ; mais pour les mails la bécane brandit des pancartes "time-out", pas moyen d'insister. Alors pour l'instant, pas moyen de t'envoyer les deux fichiers dont j'ai parlé (et qui sont prêts, mais encombrants).
Ce que je devrais faire, c'est un peigne en 24 filets au pouce, utile pour Chassepot et Gras ou Springfield 1903 (mais c'est pas le même angle)...
J'ai continué aujourd'hui mes usinages de peignes , mais cette fois-ci j'ai utilisé la méthode que tu évoquais ; faire le peigne sur le tour .
J'ai pris quelques photos et vidéos , je vous montre ça tout de suite
jean santos- Membre confirmé
- Nombre de messages : 283
Age : 71
Date d'inscription : 10/02/2019
Chapitre 2 : Usinage du peigne à fileter sur le tour
J’ai continué aujourd’hui mes essais d’usinage au peigne de vis anciennes ;
Ce coup-ci c’était sur des pistolets silex du XIXe dont les vis servant à serrer le silex sur le chien étaient manquantes …mais il restait deux moignons de vis bloqués dans le chien .
Il a d’abord fallu fabriquer un extracteur pour enlever ces moignons : je l’ai fait à partir d’une vieille fraise en meulant en léger cône l’extrémité puis en taillant à la fraise de dentiste la « queue de cochon «
Voici mon extracteur auprès d’un extracteur du commerce qui lui est prévu pour des vis de 8 mm environ.
Il a fallu percer un trou de 3,5 pile dans l’axe de la vis cassée pour éviter d’abîmer le taraudage d’origine
Le pas à gauche de la queue de cochon permet d’extraire le moignon de vis par le haut,
Le morceau de vis d’origine permet de mesurer le diamètre et le pas : Ici 5,4mm et le pas est de 26 filets au pouce :Ce qui est logique puisque ce sont des armes britanniques du 19eS.
Par contre ce n’est pas un profil Whitworth …ce sont des filets ronds . L’armurier à l’époque avait certainement une filière spécifique pour faire ces vis-là.
Pour tailler le peigne je vais utiliser la méthode évoquée au dessus par Verchère : tailler des sillons parallèles au tour sur un rondin de 10mm en acier HSS .
Pour faire le profil des filets ronds j’ai meulé la pointe d’un outil de tour 60° pour lui donner la forme arrondie des futurs filets.
Les gorges ne communiquent pas elles sont parallèles espacées du pas de 26 filets au pouce
Le pas de 26 filets /pouce est respecté en avançant le chariot du tour grâce à un comparateur : environ 0,9 à chaque gorge.
Une fois 7 ou 8 gorges taillées j’ai meulé deux faces de part et d’autre du rondin en HSS ( il s’agissait d’un vieux forêt de 10mm cassé dont j’ai utilisé la partie cylindrique, le peigne fait environ 2mm d’épaisseur
Je l’ai trempé
Puis fixé sur un barreau ( ancien outil de tour) il est maintenu par une vis BTR… lorsqu’il sera usé je pourrai le retourner pour utiliser l’autre face du peigne( J’aime faire durer les outils )
Le peigne est utilisé comme un outil de tour à bois , il faut donc placer un barreau sur la tourelle , en prévoyant la hauteur pour que le peigne étant horizontal, ses dents arrivent sur l’équateur de la vis à fileter .
L’usinage est fait à 300t/m environ en plusieurs passes , puis une fois le filetage testé sur le chien j’ai terminé de tourner la tête . Pour avoir la longueur il a fallu utiliser une photo trouvée sur le web , en faisant des règles de 3 j’ai pu extrapoler et trouver le diamètre de la tête et la longueur de la vis . Là il reste à faire le « chapeau » du chien et les silex pourront être montés et ces vieux pistolets seront de nouveau aptes au tir .
Pour raviver les taraudages j’ai même fabriqué un petit taraud avec le peigne , il mesure quelques 100e de plus que les vis et j’y ai taillé deux gorges à la dremel avec un disque abrasif : cela crée un bord de coupe sur les dents .
Conclusion : cette méthode pour taller les peignes au tour est sans doute un peu plus précise que la taille des dents au burin et mieux adaptée aux profils ronds ou trapézoïdaux
La fixation du peigne par une seule vis est suffisante car il y a peu d’efforts sur l'outil, les passez étant très légères
Ce coup-ci c’était sur des pistolets silex du XIXe dont les vis servant à serrer le silex sur le chien étaient manquantes …mais il restait deux moignons de vis bloqués dans le chien .
Il a d’abord fallu fabriquer un extracteur pour enlever ces moignons : je l’ai fait à partir d’une vieille fraise en meulant en léger cône l’extrémité puis en taillant à la fraise de dentiste la « queue de cochon «
Voici mon extracteur auprès d’un extracteur du commerce qui lui est prévu pour des vis de 8 mm environ.
Il a fallu percer un trou de 3,5 pile dans l’axe de la vis cassée pour éviter d’abîmer le taraudage d’origine
Le pas à gauche de la queue de cochon permet d’extraire le moignon de vis par le haut,
Le morceau de vis d’origine permet de mesurer le diamètre et le pas : Ici 5,4mm et le pas est de 26 filets au pouce :Ce qui est logique puisque ce sont des armes britanniques du 19eS.
Par contre ce n’est pas un profil Whitworth …ce sont des filets ronds . L’armurier à l’époque avait certainement une filière spécifique pour faire ces vis-là.
Pour tailler le peigne je vais utiliser la méthode évoquée au dessus par Verchère : tailler des sillons parallèles au tour sur un rondin de 10mm en acier HSS .
Pour faire le profil des filets ronds j’ai meulé la pointe d’un outil de tour 60° pour lui donner la forme arrondie des futurs filets.
Les gorges ne communiquent pas elles sont parallèles espacées du pas de 26 filets au pouce
Le pas de 26 filets /pouce est respecté en avançant le chariot du tour grâce à un comparateur : environ 0,9 à chaque gorge.
Une fois 7 ou 8 gorges taillées j’ai meulé deux faces de part et d’autre du rondin en HSS ( il s’agissait d’un vieux forêt de 10mm cassé dont j’ai utilisé la partie cylindrique, le peigne fait environ 2mm d’épaisseur
Je l’ai trempé
Puis fixé sur un barreau ( ancien outil de tour) il est maintenu par une vis BTR… lorsqu’il sera usé je pourrai le retourner pour utiliser l’autre face du peigne( J’aime faire durer les outils )
Le peigne est utilisé comme un outil de tour à bois , il faut donc placer un barreau sur la tourelle , en prévoyant la hauteur pour que le peigne étant horizontal, ses dents arrivent sur l’équateur de la vis à fileter .
L’usinage est fait à 300t/m environ en plusieurs passes , puis une fois le filetage testé sur le chien j’ai terminé de tourner la tête . Pour avoir la longueur il a fallu utiliser une photo trouvée sur le web , en faisant des règles de 3 j’ai pu extrapoler et trouver le diamètre de la tête et la longueur de la vis . Là il reste à faire le « chapeau » du chien et les silex pourront être montés et ces vieux pistolets seront de nouveau aptes au tir .
Pour raviver les taraudages j’ai même fabriqué un petit taraud avec le peigne , il mesure quelques 100e de plus que les vis et j’y ai taillé deux gorges à la dremel avec un disque abrasif : cela crée un bord de coupe sur les dents .
Conclusion : cette méthode pour taller les peignes au tour est sans doute un peu plus précise que la taille des dents au burin et mieux adaptée aux profils ronds ou trapézoïdaux
La fixation du peigne par une seule vis est suffisante car il y a peu d’efforts sur l'outil, les passez étant très légères
jean santos- Membre confirmé
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Video usinage vis au peigne
J'ai compilé tout ce que je montre au dessus dans une video YT et on voit aussi un peu l'usinage au peigne. Je n'ai pas pensé à prendre l'usinage des têtes de vis qui est très classique au tour .
Merci d'avoir suivi tout ça et maintenant ...à vos peignes
Merci d'avoir suivi tout ça et maintenant ...à vos peignes
jean santos- Membre confirmé
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Date d'inscription : 10/02/2019
Re: Refaire des filetages avce un peigne
On doit être quelques uns à être ... sur le cul !
Pas encore moyen d'envoyer les fichiers, ni de visionner la vidéo ; demain peut-être...
L'un des points délicats est tout de même d'affûter l'outil de tour initial ; pour un graveur c'est peut-être trivial, mais c'est quand même un outil de forme de cotes assez précises, et très petit.
Une question à propos de la trempe du HSS : je n'ai jamais fait, mais d'après mes documentations il faut chauffer très haut, entre 1200 et 1300° (jaune / blanc), avec 2 ou 3 revenus successifs très longs, entre 500 et 600° (rouge sombre naissant). Donc une pratique très différente des aciers au carbone usuels ; en pratique, tu fais comment ?
Pas encore moyen d'envoyer les fichiers, ni de visionner la vidéo ; demain peut-être...
L'un des points délicats est tout de même d'affûter l'outil de tour initial ; pour un graveur c'est peut-être trivial, mais c'est quand même un outil de forme de cotes assez précises, et très petit.
Une question à propos de la trempe du HSS : je n'ai jamais fait, mais d'après mes documentations il faut chauffer très haut, entre 1200 et 1300° (jaune / blanc), avec 2 ou 3 revenus successifs très longs, entre 500 et 600° (rouge sombre naissant). Donc une pratique très différente des aciers au carbone usuels ; en pratique, tu fais comment ?
Petite collection de documents anciens et récents : http://p.lacour.malvaux.free.fr/Arquebuses.htm
Re: Refaire des filetages avce un peigne
Merci Verchère, ton aide pour ces filetages m'a beaucoup stimulé . J'avais déjà remplacé des vis anciennes en taraudant un poil plus gros avec des tarauds modernes , mais là c'est plus fun de garder le taraudage d'origineVerchère a écrit:On doit être quelques uns à être ... sur le cul !
Pas encore moyen d'envoyer les fichiers, ni de visionner la vidéo ; demain peut-être...
L'un des points délicats est tout de même d'affûter l'outil de tour initial ; pour un graveur c'est peut-être trivial, mais c'est quand même un outil de forme de cotes assez précises, et très petit.
Une question à propos de la trempe du HSS : je n'ai jamais fait, mais d'après mes documentations il faut chauffer très haut, entre 1200 et 1300° (jaune / blanc), avec 2 ou 3 revenus successifs très longs, entre 500 et 600° (rouge sombre naissant). Donc une pratique très différente des aciers au carbone usuels ; en pratique, tu fais comment ?
Pour la trempe du peigne je ne me suis pas trop embêté ,chauffe au blanc et trempe dans l'eau ...et pas de revenu. Vu le peu de vis avec ce pas que je risque d'avoir à usiner je ne pense pas l'émousser trop vite.
Pour faire les vis des chiens j'ai utilisé des tire-fonds zingués comme matière, ce n'est pas un acier très dur à travailler.
jean santos- Membre confirmé
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
, j'en reviens pas.
Merci pour ta vidéo, dès que j'ai un peut de temps, il faut que j'essaie ce sur un bout de ferraille mais je ne suis pas sur d'avoir ta dextérité .
Merci pour ta vidéo, dès que j'ai un peut de temps, il faut que j'essaie ce sur un bout de ferraille mais je ne suis pas sur d'avoir ta dextérité .
dgil01- Pilier du forum
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Re: Refaire des filetages avce un peigne
Avec "jean santos", tout paraît facile !
Il n'est qu'à voir la façon dont se grave un Colt Navy : les volutes paraissent s'être enroulées toutes seules...
J'étais assez dubitatif à propos des dents de peigne verticales, sans inclinaison du filet ; mais il est évident que ces craintes n'étaient pas fondées (les pas "normaux" sont assez courts, le filet n'est donc pas très incliné, et le petit diamètre de la vis doit créer une dépouille suffisante pour éviter que ça talonne en dessous).
Bon, pour les éventuels amateurs d'expérimentations mécaniques, je remarquerais que la barre d'appui semble bien éloignée de la pièce. En général, pour les outils tenus en main on la place aussi près que possible, pour inhiber la tendance de l'outil à s'engager sous la pièce, ce qui finit souvent mal.
La main est aussi bien proche du mandrin ; durant la rotation les mors sont quasi-invisibles, mais n'en sont pas moins féroces. Avec une lunette de décolletage (en quelque sorte une "lunette à précéder") les doigts ne s'approcheraient que de la lunette, qui est fixe et donc sans risques. Si on doit se contenter du mandrin, un grand disque de plastique (p.ex. découpé dans un bidon d'huile) enfilé autour de la pièce, couvre les mors et peut éviter de se faire casser un doigt.
Avec toutes les réserves relatives à l'affûtage de l'outil initial (certes un simple un outil à fileter, mais de cotes spéciales et assez précises), je peux difficilement échapper à une tentative perso. D'autant que si ça fonctionne, j'ai un copain qui pourrait m'affûter des outils de profil très exact, vérifiés au projecteur de profil ; et que je viens de récupérer quelques bonne chutes de STUB...
Il me vient deux idées :
- une ailette oblique quelque part, qui arrivant à la fin du filetage vienne en contact d'une butée l'obligeant à reculer, forçant ainsi l'outil à se dégager sur une position préalablement déterminée,
- plutôt que de meuler le cylindre strié pour n'en conserver qu'un plat strié des deux côtés, pratiquer une simple entaille à 90° et percer un trou axial, pour l'utiliser en "outil circulaire à profil constant" ; ceux qu'on fait légèrement tourner dans le porte-outil chaque fois qu'on élargit l'entaille pour réaffûter (si pas compris de quoi il s'agit, demain j'ajoute une photo de ce genre d'outil). Ça doit demander beaucoup moins de meulage pour la fabrication de l'outil, et permettre beaucoup plus de réaffûtages successifs.
Mais bon, ce ne sont pour l'instant que des idées...
Il n'est qu'à voir la façon dont se grave un Colt Navy : les volutes paraissent s'être enroulées toutes seules...
J'étais assez dubitatif à propos des dents de peigne verticales, sans inclinaison du filet ; mais il est évident que ces craintes n'étaient pas fondées (les pas "normaux" sont assez courts, le filet n'est donc pas très incliné, et le petit diamètre de la vis doit créer une dépouille suffisante pour éviter que ça talonne en dessous).
Bon, pour les éventuels amateurs d'expérimentations mécaniques, je remarquerais que la barre d'appui semble bien éloignée de la pièce. En général, pour les outils tenus en main on la place aussi près que possible, pour inhiber la tendance de l'outil à s'engager sous la pièce, ce qui finit souvent mal.
La main est aussi bien proche du mandrin ; durant la rotation les mors sont quasi-invisibles, mais n'en sont pas moins féroces. Avec une lunette de décolletage (en quelque sorte une "lunette à précéder") les doigts ne s'approcheraient que de la lunette, qui est fixe et donc sans risques. Si on doit se contenter du mandrin, un grand disque de plastique (p.ex. découpé dans un bidon d'huile) enfilé autour de la pièce, couvre les mors et peut éviter de se faire casser un doigt.
Avec toutes les réserves relatives à l'affûtage de l'outil initial (certes un simple un outil à fileter, mais de cotes spéciales et assez précises), je peux difficilement échapper à une tentative perso. D'autant que si ça fonctionne, j'ai un copain qui pourrait m'affûter des outils de profil très exact, vérifiés au projecteur de profil ; et que je viens de récupérer quelques bonne chutes de STUB...
Il me vient deux idées :
- une ailette oblique quelque part, qui arrivant à la fin du filetage vienne en contact d'une butée l'obligeant à reculer, forçant ainsi l'outil à se dégager sur une position préalablement déterminée,
- plutôt que de meuler le cylindre strié pour n'en conserver qu'un plat strié des deux côtés, pratiquer une simple entaille à 90° et percer un trou axial, pour l'utiliser en "outil circulaire à profil constant" ; ceux qu'on fait légèrement tourner dans le porte-outil chaque fois qu'on élargit l'entaille pour réaffûter (si pas compris de quoi il s'agit, demain j'ajoute une photo de ce genre d'outil). Ça doit demander beaucoup moins de meulage pour la fabrication de l'outil, et permettre beaucoup plus de réaffûtages successifs.
Mais bon, ce ne sont pour l'instant que des idées...
Petite collection de documents anciens et récents : http://p.lacour.malvaux.free.fr/Arquebuses.htm
Molette pour fileter à main levée
En réalisant les éléments petit à petit il m'a fallu un moment pour effectuer un premier essai ... somme toute assez concluant !
J'ai directement mis en pratique l'idée d'outil circulaire à profil constant (qui fut aussi dénommé "molette" - ne pas confondre avec une molette de moletage).
But de l'exercice : le 1/4 - 24 tpi à profil Whitworth (p.ex. vis d'assemblage de Springfield 1903), qui n'est d'ailleurs pas dans la norme Whitworth (en BSW 1/4 - 20 tpi, en BSF 1/4 - 26 tpi - pour mémoire 20 et 28 tpi en norme Unified).
D'abord un outil à fileter en acier rapide, affûté à 55° avec en bout un petit rayon de 0.145 correspondant au 24 tpi Whitworth (en fait rayon complètement au pif, d'autant je le vois à peine ; mais les 55° y sont, c'est déjà ça).
Un rondin de STUB Ø 18 monté dans le mandrin, percé Ø 6 et charioté vers 17.5 pour garantir le centrage (le diamètre exact de la molette importe peu), est ensuite creusé de gorges avec l'outil à fileter plongé tout droit. Ces gorges parallèles et indépendantes ne constituent pas un filetage ; leur espacement est donné au comparateur et correspond à 1/24 de pouce.
La profondeur est calculée d'après le tracé théorique du BSW, soit 0.64 P (donc 0.68 mm pour un pas de 1.058 mm). L'outil à fileter ne travaille pas les crêtes de la molette et celles-ci sont donc arasées à plat et non pas en arrondi comme voudrait la norme. Sur les vis produites il en résultera des creux à fond plat où les crêtes de l'écrou auront leurs aises ; les crêtes de ces vis correspondront à la forme de l'outil à fileter initial, et reproduiront son rayon.
Le STUB s'usine moins bien que d'autres aciers pourtant plus durs, mon vieux tour d'établi broutait passablement et un peu d'huile de coupe n'arrangeait guère les choses... N'espérant donc pas pouvoir tronçonner proprement, j'ai démonté le rondin et coupé les 9 à 10 mm de la molette à la scie à métaux, puis dressé ensuite tant bien que mal la face sciée (ceci détermine le sens de montage sur le porte-outil, la face approximative étant placée du côté de la plaque de serrage).
A la meule et à la lime, ébavurage des deux bouts pour supprimer les arêtes trop fines qui ne résisteraient pas en tant qu'arêtes de coupe, puis à nouveau à la scie, une entaille à 90° amorçant la face de coupe (en considérant que la face sciée sera à droite) .
Trempe en suivant les recommandations pour l'acier 115 C 21 : chauffe entre 770 et 790° (c'est pas très chaud, ce qui est normal pour un acier à haut carbone), trempe à l'eau salée à 10% (je sais pas pourquoi mais ça coûte pas cher, alors autant le faire), revenu une heure entre 110° (dureté maxi) et 300° (résilience maxi) ; la cuisson du pain dure une heure entre 200 et 220°, et il y a de la place entre les miches, donc cette partie est bien facile !
Après quoi la face de coupe est avivée à la meule d'affûtage.
Le porte-outils est un montage bâclé de fers plats grossièrement soudés de part et d'autre d'un manche Ø 10 pourvu d'une poignée de récup en plastique. La longueur totale est de 34 cm, ce qui permet une bonne prise en main.
Le fer plat de gauche constitue les faces de référence et sert donc d'appui pour le serrage de la molette. Le fer plat de droite est plus mince et soudé pour lui laisser un peu de souplesse, afin d'accepter des molettes de largeur approximative (autour de 9 mm). Les deux fers plats sont percés à 6, le trou de gauche est fraisé pour éviter que la tête de vis ne dépasse ; l'écrou est à droite (de ce côté il y a autant de place qu'on veut). La molette n'étant bloquée que par le serrage des deux fers plats, il faut prendre une vis haute résistance.
En dessous les deux fers sont dressés bien plat et bien lisse, pour porter franchement et glisser aisément sur la barre d'appui d'outil. Sur l'avant ils laissent la molette dépasser de la profondeur de filetage, et même plus. A gauche, l'avant est taillé d'un biseau à 45° dans l'espoir qu'il force l'outil à reculer quand il arrive en butée contre l'épaulement formé par la tête de vis.
La molette est orientée pour que la face de coupe soit horizontale (parallèle à la face inférieure du porte-outil), et la vis est fortement serrée.
La barre d'appui, en acier bien lisse pour mieux glisser, est fixée à la place de la tourelle et calée en fonction du porte-outil pour que l'arête de coupe tombe à hauteur de l'axe de la vis à usiner. Cette barre est positionnée à ras de la pièce (elle peut même s'engager en dessous) pour éviter toute tendance de l'outil à basculer entre la pièce et la barre.
Un couvercle en plastique est enfilé sur l'ébauche de vis pour couvrir les mors et éviter les dégâts si l'outil (ou la main) s'aventurait trop près du mandrin.
EXECUTION
J'ai joué la facilité en prenant un acier S300Pb destiné à la boulonnerie ordinaire, qui s'usine particulièrement bien (pour des vis d'armes il faudrait plutôt un acier pour boulonnerie haute résistance) : un rondin de 10, charioté à 6.30 mm.
Dans l'idée de faciliter le démarrage hélicoïdal j'ai tenté une petite tricherie, en ébauchant 3 ou 4 tours avec une filière M6 à segments indépendants, ouverte au maximum (pas sûr que ça ait aidé, la prochaine fois j'essaierai sans cet amorçage).
Le tour à 300 t/mn (j'aurais préféré beaucoup moins mais c'est le mini du variateur), l'outil fermement en main, appuyé sur la barre, le manche à 90° du tour, et faut se décider : appuyer la molette vers le bout de la vis et immédiatement glisser vers la gauche pour simuler approximativement le filetage, reculer en arrivant à l'épaulement, reprendre au bout de la vis...
Au début ça se ballade un peu, même pas sûr que l'amorce de filet M6 aide à grand chose. La surface est rayée en désordre, mais de passe en passe une trace hélicoïdale se dessine progressivement et entraîne la molette. Multiples arrêts pour contrôler, ça ne creuse pas vite et la surface extérieure reste griffée en désordre ! Mais une fois le filet bien ébauché on peut appuyer plus fort sur la molette, des petits copeaux s'enroulent sur toutes les dents, les filets s'approfondissent... Combien de passes ? J'ai pas compté, bien plus de 10, mais sans doute moins de 50 !
Quand le filet examiné à la loupe commence à avoir une bonne apparence, il faudrait le tester pour prendre éventuellement quelques passes supplémentaires. Mais pour conserver le centrage la vis doit rester dans le mandrin, or la pièce à laquelle elle est destinée n'est pas toujours maniable : une boîte de culasse, pas moyen de la visser devant le mandrin !
Ne reste alors que la mesure du diamètre extérieur, l'appréciation visuelle des filets, et la confiance dans le profil de l'outil à fileter initial.
RESULTAT & CONCLUSIONS
La vis une fois démontée a été ensuite essayée dans un Springfield 1903 : au début du vissage elle a du jeu, puis ça se réduit et enfoncée aux 2/3 elle coince. Rien de surprenant, elle est un peu conique ; mais le filet paraît bien concorder.
Le principe semble donc intéressant pour fabriquer une vis "ajustée à la main" ; mais pour la production de vis "interchangeables" ça paraît un peu plus douteux...
La molette n'est pas difficile à fabriquer, je pense même qu'elle demande moins de travail que le peigne double face de "jean santos", tout en permettant infiniment plus de réaffûtages. Et le porte-outil, c'est pas grand chose !
L'examen détaillé de la vis et de la molette, effectué avec un décolleteur confirmé, a mis en évidence quelques points défectueux, éventuellement améliorables (ou à prendre en compte) :
1) Les premiers filets en bout de vis sont un peu mâchouillés. Ça doit être à cause du "pédalage" nécessaire quand on prend une nouvelle passe, le temps que la molette s'aligne sur le filet existant (certaines filières mal profilées font la même chose). Il suffit de prévoir une vis un peu plus longue, permettant de couper le bout mâchouillé.
2) L'amorce de quelques filets avec un pas métrique voisin n'a pas prouvé son intérêt ; la prochaine fois j'essaie sans...
3) Par contre le biseau sur la gauche du porte-outil a paru très efficace pour repousser l'outil quand il arrive en bout de filetage, et mérite d'être amélioré. Dans le cas d'une vis incomplètement filetée il faudrait donc charioter la tige lisse seulement après filetage, ce qui aurait aussi l'intérêt de conserver un maximum de rigidité durant le filetage.
4) La vis est conique ! Ça se devine à l'oeil, c'est flagrant au pied à coulisse. La raison est évidente : l'outil n'était pas tenu bien perpendiculaire. A la réflexion c'était couru d'avance, j'ai dit plus haut "petits copeaux s'enroulent sur toutes les dents". Or si la molette avait été bien parallèle, seules les 2 ou 3 premières dents auraient pris un copeau ; les autres ne faisant que guider l'avance hélicoïdale. Il faudrait faire en sorte que seules les premières dents coupent, et peut-être abattre les deux premières comme sur une filière ou un taraud, pour rendre le travail plus progressif.
On trouve d'ailleurs cette disposition sur les peignes de machine à fileter genre Landis, où seuls les premiers filets sont positionnés et affûtés pour couper, tous les autres ne faisant que frotter dans les filets déjà formés, pour donner l'avance au pas prévu (pour les filetages de précision, une vis-mère donnant positivement le pas était proposée en option).
5) Le décolleteur expert a remarqué que sur la vis le filet était en triangle légèrement asymétrique, alors que sur la molette ce n'était pas le cas (moi j'ai rien vu, mais je vois jamais grand chose). Il a émis l'idée qu'à l'affûtage la meule pouvait créer une bavure d'un côté des dents, assez robuste pour résister à l'effort de coupe, et qu'il faudrait enlever avec une fine lime (diamant ?).
A la réflexion je me demande si ce n'est pas causé par la verticalité des stries de la molette qui, taillée au profil standard, devrait être inclinée au même angle que le filet de la vis. Avec le porte-outil à molette c'est facile à corriger, il suffit de glisser une cale sous le fer plat de droite (petite tôle pliée à l'équerre, tenue en place par l'écrou de serrage de la molette). Ce point sera testé ultérieurement...
Sinon, du point de vue général :
a) Il est évident qu'une rotation plus lente que 300 t/mn serait souhaitable...
b) La hauteur de la barre d'appui n'était peut-être pas optimale, l'angle de l'arête de coupe non plus !
c) L'ajustage exact du filetage posera toujours problème. On pourrait rêver d'un dispositif fixe portant la molette avec en face un V en métal doux ou résine dure, réglable pour forcer contre la molette la vis tournée à la main, afin de creuser un peu plus les filets ; ceci étant utilisable pour ajuster une vis démontée du tour et même finie. L'idée murît...
Cet essai ne date pas d'aujourd'hui, il m'a fallu une semaine pour rédiger ce rapport ! Un deuxième essai est donc déjà en préparation (filetage 6.2 - 24 Chassepot - Gras), en travaillant sur les points 3, 4 et b.
J'avais simultanément fabriqué 2 molettes. L'autre, en 30 tpi, fera l'objet du troisième essai : filetage de baguette Martini-Francotte, en 3.18 - 30 tpi. C'est bien petit, c'est pas gagné !
J'ai directement mis en pratique l'idée d'outil circulaire à profil constant (qui fut aussi dénommé "molette" - ne pas confondre avec une molette de moletage).
But de l'exercice : le 1/4 - 24 tpi à profil Whitworth (p.ex. vis d'assemblage de Springfield 1903), qui n'est d'ailleurs pas dans la norme Whitworth (en BSW 1/4 - 20 tpi, en BSF 1/4 - 26 tpi - pour mémoire 20 et 28 tpi en norme Unified).
D'abord un outil à fileter en acier rapide, affûté à 55° avec en bout un petit rayon de 0.145 correspondant au 24 tpi Whitworth (en fait rayon complètement au pif, d'autant je le vois à peine ; mais les 55° y sont, c'est déjà ça).
Un rondin de STUB Ø 18 monté dans le mandrin, percé Ø 6 et charioté vers 17.5 pour garantir le centrage (le diamètre exact de la molette importe peu), est ensuite creusé de gorges avec l'outil à fileter plongé tout droit. Ces gorges parallèles et indépendantes ne constituent pas un filetage ; leur espacement est donné au comparateur et correspond à 1/24 de pouce.
La profondeur est calculée d'après le tracé théorique du BSW, soit 0.64 P (donc 0.68 mm pour un pas de 1.058 mm). L'outil à fileter ne travaille pas les crêtes de la molette et celles-ci sont donc arasées à plat et non pas en arrondi comme voudrait la norme. Sur les vis produites il en résultera des creux à fond plat où les crêtes de l'écrou auront leurs aises ; les crêtes de ces vis correspondront à la forme de l'outil à fileter initial, et reproduiront son rayon.
Le STUB s'usine moins bien que d'autres aciers pourtant plus durs, mon vieux tour d'établi broutait passablement et un peu d'huile de coupe n'arrangeait guère les choses... N'espérant donc pas pouvoir tronçonner proprement, j'ai démonté le rondin et coupé les 9 à 10 mm de la molette à la scie à métaux, puis dressé ensuite tant bien que mal la face sciée (ceci détermine le sens de montage sur le porte-outil, la face approximative étant placée du côté de la plaque de serrage).
A la meule et à la lime, ébavurage des deux bouts pour supprimer les arêtes trop fines qui ne résisteraient pas en tant qu'arêtes de coupe, puis à nouveau à la scie, une entaille à 90° amorçant la face de coupe (en considérant que la face sciée sera à droite) .
Trempe en suivant les recommandations pour l'acier 115 C 21 : chauffe entre 770 et 790° (c'est pas très chaud, ce qui est normal pour un acier à haut carbone), trempe à l'eau salée à 10% (je sais pas pourquoi mais ça coûte pas cher, alors autant le faire), revenu une heure entre 110° (dureté maxi) et 300° (résilience maxi) ; la cuisson du pain dure une heure entre 200 et 220°, et il y a de la place entre les miches, donc cette partie est bien facile !
Après quoi la face de coupe est avivée à la meule d'affûtage.
Le porte-outils est un montage bâclé de fers plats grossièrement soudés de part et d'autre d'un manche Ø 10 pourvu d'une poignée de récup en plastique. La longueur totale est de 34 cm, ce qui permet une bonne prise en main.
Le fer plat de gauche constitue les faces de référence et sert donc d'appui pour le serrage de la molette. Le fer plat de droite est plus mince et soudé pour lui laisser un peu de souplesse, afin d'accepter des molettes de largeur approximative (autour de 9 mm). Les deux fers plats sont percés à 6, le trou de gauche est fraisé pour éviter que la tête de vis ne dépasse ; l'écrou est à droite (de ce côté il y a autant de place qu'on veut). La molette n'étant bloquée que par le serrage des deux fers plats, il faut prendre une vis haute résistance.
En dessous les deux fers sont dressés bien plat et bien lisse, pour porter franchement et glisser aisément sur la barre d'appui d'outil. Sur l'avant ils laissent la molette dépasser de la profondeur de filetage, et même plus. A gauche, l'avant est taillé d'un biseau à 45° dans l'espoir qu'il force l'outil à reculer quand il arrive en butée contre l'épaulement formé par la tête de vis.
La molette est orientée pour que la face de coupe soit horizontale (parallèle à la face inférieure du porte-outil), et la vis est fortement serrée.
La barre d'appui, en acier bien lisse pour mieux glisser, est fixée à la place de la tourelle et calée en fonction du porte-outil pour que l'arête de coupe tombe à hauteur de l'axe de la vis à usiner. Cette barre est positionnée à ras de la pièce (elle peut même s'engager en dessous) pour éviter toute tendance de l'outil à basculer entre la pièce et la barre.
Un couvercle en plastique est enfilé sur l'ébauche de vis pour couvrir les mors et éviter les dégâts si l'outil (ou la main) s'aventurait trop près du mandrin.
EXECUTION
J'ai joué la facilité en prenant un acier S300Pb destiné à la boulonnerie ordinaire, qui s'usine particulièrement bien (pour des vis d'armes il faudrait plutôt un acier pour boulonnerie haute résistance) : un rondin de 10, charioté à 6.30 mm.
Dans l'idée de faciliter le démarrage hélicoïdal j'ai tenté une petite tricherie, en ébauchant 3 ou 4 tours avec une filière M6 à segments indépendants, ouverte au maximum (pas sûr que ça ait aidé, la prochaine fois j'essaierai sans cet amorçage).
Le tour à 300 t/mn (j'aurais préféré beaucoup moins mais c'est le mini du variateur), l'outil fermement en main, appuyé sur la barre, le manche à 90° du tour, et faut se décider : appuyer la molette vers le bout de la vis et immédiatement glisser vers la gauche pour simuler approximativement le filetage, reculer en arrivant à l'épaulement, reprendre au bout de la vis...
Au début ça se ballade un peu, même pas sûr que l'amorce de filet M6 aide à grand chose. La surface est rayée en désordre, mais de passe en passe une trace hélicoïdale se dessine progressivement et entraîne la molette. Multiples arrêts pour contrôler, ça ne creuse pas vite et la surface extérieure reste griffée en désordre ! Mais une fois le filet bien ébauché on peut appuyer plus fort sur la molette, des petits copeaux s'enroulent sur toutes les dents, les filets s'approfondissent... Combien de passes ? J'ai pas compté, bien plus de 10, mais sans doute moins de 50 !
Quand le filet examiné à la loupe commence à avoir une bonne apparence, il faudrait le tester pour prendre éventuellement quelques passes supplémentaires. Mais pour conserver le centrage la vis doit rester dans le mandrin, or la pièce à laquelle elle est destinée n'est pas toujours maniable : une boîte de culasse, pas moyen de la visser devant le mandrin !
Ne reste alors que la mesure du diamètre extérieur, l'appréciation visuelle des filets, et la confiance dans le profil de l'outil à fileter initial.
RESULTAT & CONCLUSIONS
La vis une fois démontée a été ensuite essayée dans un Springfield 1903 : au début du vissage elle a du jeu, puis ça se réduit et enfoncée aux 2/3 elle coince. Rien de surprenant, elle est un peu conique ; mais le filet paraît bien concorder.
Le principe semble donc intéressant pour fabriquer une vis "ajustée à la main" ; mais pour la production de vis "interchangeables" ça paraît un peu plus douteux...
La molette n'est pas difficile à fabriquer, je pense même qu'elle demande moins de travail que le peigne double face de "jean santos", tout en permettant infiniment plus de réaffûtages. Et le porte-outil, c'est pas grand chose !
L'examen détaillé de la vis et de la molette, effectué avec un décolleteur confirmé, a mis en évidence quelques points défectueux, éventuellement améliorables (ou à prendre en compte) :
1) Les premiers filets en bout de vis sont un peu mâchouillés. Ça doit être à cause du "pédalage" nécessaire quand on prend une nouvelle passe, le temps que la molette s'aligne sur le filet existant (certaines filières mal profilées font la même chose). Il suffit de prévoir une vis un peu plus longue, permettant de couper le bout mâchouillé.
2) L'amorce de quelques filets avec un pas métrique voisin n'a pas prouvé son intérêt ; la prochaine fois j'essaie sans...
3) Par contre le biseau sur la gauche du porte-outil a paru très efficace pour repousser l'outil quand il arrive en bout de filetage, et mérite d'être amélioré. Dans le cas d'une vis incomplètement filetée il faudrait donc charioter la tige lisse seulement après filetage, ce qui aurait aussi l'intérêt de conserver un maximum de rigidité durant le filetage.
4) La vis est conique ! Ça se devine à l'oeil, c'est flagrant au pied à coulisse. La raison est évidente : l'outil n'était pas tenu bien perpendiculaire. A la réflexion c'était couru d'avance, j'ai dit plus haut "petits copeaux s'enroulent sur toutes les dents". Or si la molette avait été bien parallèle, seules les 2 ou 3 premières dents auraient pris un copeau ; les autres ne faisant que guider l'avance hélicoïdale. Il faudrait faire en sorte que seules les premières dents coupent, et peut-être abattre les deux premières comme sur une filière ou un taraud, pour rendre le travail plus progressif.
On trouve d'ailleurs cette disposition sur les peignes de machine à fileter genre Landis, où seuls les premiers filets sont positionnés et affûtés pour couper, tous les autres ne faisant que frotter dans les filets déjà formés, pour donner l'avance au pas prévu (pour les filetages de précision, une vis-mère donnant positivement le pas était proposée en option).
5) Le décolleteur expert a remarqué que sur la vis le filet était en triangle légèrement asymétrique, alors que sur la molette ce n'était pas le cas (moi j'ai rien vu, mais je vois jamais grand chose). Il a émis l'idée qu'à l'affûtage la meule pouvait créer une bavure d'un côté des dents, assez robuste pour résister à l'effort de coupe, et qu'il faudrait enlever avec une fine lime (diamant ?).
A la réflexion je me demande si ce n'est pas causé par la verticalité des stries de la molette qui, taillée au profil standard, devrait être inclinée au même angle que le filet de la vis. Avec le porte-outil à molette c'est facile à corriger, il suffit de glisser une cale sous le fer plat de droite (petite tôle pliée à l'équerre, tenue en place par l'écrou de serrage de la molette). Ce point sera testé ultérieurement...
Sinon, du point de vue général :
a) Il est évident qu'une rotation plus lente que 300 t/mn serait souhaitable...
b) La hauteur de la barre d'appui n'était peut-être pas optimale, l'angle de l'arête de coupe non plus !
c) L'ajustage exact du filetage posera toujours problème. On pourrait rêver d'un dispositif fixe portant la molette avec en face un V en métal doux ou résine dure, réglable pour forcer contre la molette la vis tournée à la main, afin de creuser un peu plus les filets ; ceci étant utilisable pour ajuster une vis démontée du tour et même finie. L'idée murît...
Cet essai ne date pas d'aujourd'hui, il m'a fallu une semaine pour rédiger ce rapport ! Un deuxième essai est donc déjà en préparation (filetage 6.2 - 24 Chassepot - Gras), en travaillant sur les points 3, 4 et b.
J'avais simultanément fabriqué 2 molettes. L'autre, en 30 tpi, fera l'objet du troisième essai : filetage de baguette Martini-Francotte, en 3.18 - 30 tpi. C'est bien petit, c'est pas gagné !
Dernière édition par Verchère le Mar 29 Juin 2021, 05:14, édité 1 fois
Petite collection de documents anciens et récents : http://p.lacour.malvaux.free.fr/Arquebuses.htm
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