FN GP35 avant guerre et son histoire
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FN GP35 avant guerre et son histoire
Bonsoir à tous,
Je vous présente ce GP35 qui est le témoin de bien des choses.
C'est un GP livré à l'armée belge fin 1939 ou début 1940 numéro 39290.
Il a tous les poinçons réglementaires:
-Inspecteur E* pour Auguste Jamart en poste de 1924 à 1959
-le C dans un hexagone, poinçon d'inspecteur militaire que l'on trouve sur bcp de pièces
-EGB dans un cercle
-PV lion, epreuve poudre vive
-ELG dans couronne sur le canon
-AC/GC couronnés
Au niveau des caractéristiques, tout est conforme: extracteur interne, empreinte de doigt, hausse 1er type avec son usinage spécifique, rail fraisé pour la crosse, fenetre d éjection rectangulaire, etc..
Il est au numéro, on constate que par rapport aux modèles postérieurs, le num de série est aussi frappé sur la poignée de la carcasse, il y a un rappel des derniers chiffres sur le pied de canon.
Maintenant laissez moi vous présenter son parcours!
Perdu par l'armée belge dans la défaite de 40 ou volé dans un dépôt, il s'est retrouvé entre les mains de revendeurs. Il a été vendu dans les wc d'un bistrot de St Lazare à Paris en 1943, vendu à un certain Henri Tonet dit Henri Amel, son nom de résistant.
Henri Tonet est né le 16 avril 1913 et se passionne pour navigation à voile. Il est blessé en 1940, blessure à un œil qui le rendra complètement aveugle après guerre (il recouvrera la vue suite a une opération). Pendant l'occupation, il se retrouve dans la clandestinité et entre dans la Résistance sous le nom d'Henri Amel.
Comme il le raconte lui même dans la lettre sur les dernières photos, son pistolet l'a sauvé plusieurs fois et il a mené plusieurs actions avec.
Architecte naval reconnu, après la guerre il crée les chantiers Amel à la Rochelle et construit des voiliers. Il fera le tour du monde accompagné de son GP.
Quelques années avant sa mort en 2005, il a offert son GP à son ami Jacques Carteau qui a travaillé avec lui sur la conception de voiliers.
La semaine dernière, monsieur Carteau a laissé le GP avec la lettre chez un armurier parisien, c'est ainsi que j'ai pu croiser sa route..
Place aux photos:
Je vous présente ce GP35 qui est le témoin de bien des choses.
C'est un GP livré à l'armée belge fin 1939 ou début 1940 numéro 39290.
Il a tous les poinçons réglementaires:
-Inspecteur E* pour Auguste Jamart en poste de 1924 à 1959
-le C dans un hexagone, poinçon d'inspecteur militaire que l'on trouve sur bcp de pièces
-EGB dans un cercle
-PV lion, epreuve poudre vive
-ELG dans couronne sur le canon
-AC/GC couronnés
Au niveau des caractéristiques, tout est conforme: extracteur interne, empreinte de doigt, hausse 1er type avec son usinage spécifique, rail fraisé pour la crosse, fenetre d éjection rectangulaire, etc..
Il est au numéro, on constate que par rapport aux modèles postérieurs, le num de série est aussi frappé sur la poignée de la carcasse, il y a un rappel des derniers chiffres sur le pied de canon.
Maintenant laissez moi vous présenter son parcours!
Perdu par l'armée belge dans la défaite de 40 ou volé dans un dépôt, il s'est retrouvé entre les mains de revendeurs. Il a été vendu dans les wc d'un bistrot de St Lazare à Paris en 1943, vendu à un certain Henri Tonet dit Henri Amel, son nom de résistant.
Henri Tonet est né le 16 avril 1913 et se passionne pour navigation à voile. Il est blessé en 1940, blessure à un œil qui le rendra complètement aveugle après guerre (il recouvrera la vue suite a une opération). Pendant l'occupation, il se retrouve dans la clandestinité et entre dans la Résistance sous le nom d'Henri Amel.
Comme il le raconte lui même dans la lettre sur les dernières photos, son pistolet l'a sauvé plusieurs fois et il a mené plusieurs actions avec.
Architecte naval reconnu, après la guerre il crée les chantiers Amel à la Rochelle et construit des voiliers. Il fera le tour du monde accompagné de son GP.
Quelques années avant sa mort en 2005, il a offert son GP à son ami Jacques Carteau qui a travaillé avec lui sur la conception de voiliers.
La semaine dernière, monsieur Carteau a laissé le GP avec la lettre chez un armurier parisien, c'est ainsi que j'ai pu croiser sa route..
Place aux photos:
Dernière édition par indianadam le Mar 23 Nov - 20:38, édité 1 fois
indianadam- Membre expert
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Superbe, l’arme et l’histoire!
pchanu- Membre expert
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GP 35
ALORS LA CHAPEAU
j en ai vu des beaux mais la le graal
et avec son histoire encore mieux
félicitations et prends en soin
cordialement phil
j en ai vu des beaux mais la le graal
et avec son histoire encore mieux
félicitations et prends en soin
cordialement phil
phil bullock- Pilier du forum
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Bravo et vraiment chouette.
Le GP est un pistolet remarquable !!!
Le GP est un pistolet remarquable !!!
AlexSupertramp- Futur pilier
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Merci, oui il est top
J'aicorrigé c est Henri avec un i. J'aimerai retrouver son ami pour en savoir plus sur l'homme mais compliqué, on verra bien!
J'aicorrigé c est Henri avec un i. J'aimerai retrouver son ami pour en savoir plus sur l'homme mais compliqué, on verra bien!
indianadam- Membre expert
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Chapeau, l'histoire est belle et véridique, quant à l'arme, quelle beauté
Tout le monde est hoplophobe, tout dépend de quel côté de l'arme on se trouve...
le Molvanien- Futur pilier
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Magnifique !
ludovic14- Membre confirmé
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Localisation : le pays des pommes et du cidre
Date d'inscription : 02/11/2015
Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Bonjour!
Très émouvant pour moi, Rochelais et amateur de GP 35....
Je me rappelle de la construction, à Périgny, de la nouvelle usine Amel.....
Très émouvant pour moi, Rochelais et amateur de GP 35....
Je me rappelle de la construction, à Périgny, de la nouvelle usine Amel.....
Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam.
http://winchester-lsg.forumotion.com/
http://prehistoire-xixeme.forumactif.org/
CLOSDELIF- Pilier du forum
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Vraiment Merci pour le partage !
Excellent
Pierre
Excellent
Pierre
WILCOM- Membre averti
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Pour une fois que l'histoire qui "va" avec l'arme est véridique et documentée !
"Two roads diverged in a wood, and I -
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference".
konopka- Pilier du forum
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Que dire de plus....
joselito- Modérateur
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Localisation : FTA Bully Chti !
Date d'inscription : 29/05/2011
Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Comme le dit phil bullock, c'est un graal...une arme historique avec...son histoire ,bravo et félicitations
OB.cnt- Membre confirmé
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Date d'inscription : 07/12/2019
Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Le rêve de tous collectionneurs !
"Ein Volk, das keine Waffen tragen will, wird Ketten tragen!" Ernst Jünger 1895-1998
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ederlezi- Membre confirmé
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
CLOSDELIF a écrit:Bonjour!
Très émouvant pour moi, Rochelais et amateur de GP 35....
Je me rappelle de la construction, à Périgny, de la nouvelle usine Amel.....
Merci à tous
Je comprends que cela te fasse quelque chose Closdelif vu que c'est du local pour toi. N'étant pas de la Rochelle et ne connaissant Amel que depuis quelques jours, cela me touche aussi..
C'est l'histoire de France avec un petit "h", loin des lumières.. Des inconnus comme lui ont fait notre Histoire!
Damien
indianadam- Membre expert
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Date d'inscription : 06/03/2016
Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Oui....tout à fait !indianadam a écrit:CLOSDELIF a écrit:Bonjour!
Très émouvant pour moi, Rochelais et amateur de GP 35....
Je me rappelle de la construction, à Périgny, de la nouvelle usine Amel.....
Merci à tous
Je comprends que cela te fasse quelque chose Closdelif vu que c'est du local pour toi. N'étant pas de la Rochelle et ne connaissant Amel que depuis quelques jours, cela me touche aussi..
C'est l'histoire de France avec un petit "h", loin des lumières.. Des inconnus comme lui ont fait notre Histoire!
Damien
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CLOSDELIF- Pilier du forum
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Localisation : 81
Date d'inscription : 03/09/2009
Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Coup de chance, la société AMEL m'a répondu!
N'ayant pas de descendants, mes coordonnées ont été transmises à Jacques CARTEAU, l'ami d'Henri AMEL, destinataire de la lettre et du pistolet.
Voici le portrait du "CAPTAIN", surnom donné à Henri AMEL par ses amis et collaborateurs:
Henri TONET nait le 16 avril 1913 dans une famille aisée de Reims. Son père travaille dans l'acier. Pendant la 1ère guerre, sa famille est contrainte de quitter Reims et s'installe à Bordeaux. Ses parents divorcent quand il a 8 ans. Il ne manquera de rien matériellement, en revanche on le découvre analphabète. Pris en charge par un instituteur, il parvient à rattraper son retard.
A 16 ans il décide de partir à l'aventure au Soudan (Afrique de l'Ouest à l'époque) et vivotera là-bas pendant deux ans.
A 18 ans il s'engage dans l'armée et sert dans la cavalerie pendant deux ans au Maroc.
A 20 ans il s'installe à Paris et travaille dans une entreprise de carrosserie automobile. Il est passionné par la navigation et par l'automobile. Travaillant dans son élément et ayant la volonté d'entreprendre, il parvient à acheter l'entreprise qui l'emploit et à la faire prospérer. En 1935 sa société déménage sur le site de Boulogne-Billancourt.
Dessinateur et créatif, il conçoit des pièces pour les grandes marques automobiles comme Citroen. Il touche d'ailleurs une redevance pour chaque poignée rotative de Traction Avant, plus tard de 2 CV, produite, suite à un brevet déposé.
Ses affaires prospèrent si bien que juste avant la guerre, pas encore trentenaire, il possède déjà un avion personnel ce qui pour l'époque n'est pas commun.
Il se marie le 1er aout 1939. A la déclaration de guerre, un mois plus tard, il s'engage dans les corps francs et séjourne en avant de la ligne Maginot pendant la drôle de guerre. Anecdote qu'il racontait souvent: à de nombreuses reprises il a signalé des forces ennemies conséquentes avec des chars. On lui répondait qu'il ne fallait pas s'en faire, que les allemands ne pouvaient pas avoir tout ça, que ça devait être des chars en carton..
Le 2 juin 1940, au combat, une bombe d'avion tombe à ses pieds. Il se souvient de la couleur marron de la bombe puis plus rien. Il se réveille dans un hôpital allemand avec un œil en mois et un genou abimé. Depuis il marche avec une canne.
Pas facile de s'évader avec cette canne pourtant il fait plusieurs tentatives. Il reste prisonnier 2 ans et demi. Envoyé chez une allemande dont le mari est en Russie, il lui demande de lui acheter un billet de train pour Paris et de lui donner des vêtements civils de son mari. C'est ainsi qu'il s'échappe et rentre en France, tout simplement.
Arrivé en France, il est évadé donc de fait dans la clandestinité. Sa femme a refait sa vie et son usine a été bombardée, il n'a plus rien.
Il reste à Paris où il se procure le GP35. Il s'occupe alors des évadés et prisonniers en cavale. C'est à Paris qu'il tire sur 2 allemands. (Anecdote, il ne sait pas si il les a tués car comme il le disait: "je n'allais pas attendre sur place qu'on vienne me cueillir, j'ai pris mes jambes à mon cou").
Il décide de rejoindre le maquis des Vosges. N'ayant aucun contact, cela ne le dérange pas. Il se procure une voiture et part avec son pistolet dans les Vosges. Il sera présent à Gerardmer la seule fois où la ville a été bombardée disait-il.
Arrivé là-bas, le pistolet lui sauve la vie une seconde fois: les maquisards ne le fouillent pas et veulent l'exécuter le prenant pour un collaborateur cherchant à les infiltrer. Il sort son arme et se montre assez persuasif pour être accepté! Il sera intégré à un maquis dépendant de celui de Bussang.
En aout 1943, il prend son nom de Résistance AMEL, en même temps que CHABAN DELMAS comme il aimait le rappeler. Jacques CARTEAU, son ami, pense qu'il choisit ce nom en souvenir d'un amour rencontré au Maroc dans ses jeunes années.
Au maquis, le plus dur pour lui, c'était de faire manger ses hommes car il fut responsable d'une section ou d'un groupe de l'été 1943 à l'été 1944. Il faisait des bons aux fermiers en leur disant qu'ils seraient payés après la guerre.
Quand les américains arrivent, il décide de laisser tomber la guerre en disant qu'on avait plus besoin de lui. Il part refaire sa vie à Lyon et construit des bateaux.
En 1953, un zona ophtalmique lui fait perdre son unique œil voyant et il devient complètement aveugle.
Il rencontre Jacques CARTEAU en 1963, designer, qui sera ses yeux pendant 40 ans, son ami et son collaborateur.
En 1968, son entreprise brule. Il vend tous ses biens pour construire l'usine AMEL à la Rochelle. Lors de l'inauguration, il dira à un ministre qu'il est heureux qu'un ministre vienne inaugurer un bâtiment érigé sans permis de construire! (le permis de construire a bien sur été rapidement régularisé!).
En 1978, ayant terminé de rembourser les emprunts contractés pour son usine, il scinde son affaire en deux entités: l'une, immobilière et l'autre, exploitante, nommée S.A CHANTIERS AMEL, constituée de 130 000 actions. Il distribuera 129 999 actions au personnel et n'en gardera qu'une seule, symbolique, pour lui.
En 1981, le professeur POULIQUEN (académicien) lui greffe une partie de son œil perdu à la guerre sur son autre oeil et parvient à lui faire recouvrer 1/10è de vue ce qui change la vie du "Captain".
Son ami CARTEAU lui fait construire un stand de tir à côté de l'usine car Henri AMEL est aussi passionné d'armes, il s'intéresse à la mécanique des armes, comme à celle des automobiles. Voyant à nouveau il va souvent tirer avec moultes armes, on entend souvent des détonations non loin de l'usine!
Début 1990 il donne ses armes et ne conserve que son GP35 qu'il donne à Jacques CARTEAU en 1993 (voir la lettre).
Il n'aura pas d'enfant mais adoptera une jeune fille allemande, symbole de réconciliation.
Personnage haut en couleur au caractère trempé, le "Captain" restera humble ne parlant que rarement de ses faits d'armes. Il fera part de sa tristesse et de sa déception quand M.THOREZ sera nommé ministre, disant qu'ils avaient combattu ensemble en 1940, mais que lui n'avait pas déserté et abandonné son pays. Pudique, il ne demandera jamais la Légion d'Honneur.
Voila pour lui. Cet homme mérite d'être connu et reconnu. C'est le but de cette présentation qui, je l'espère, vous aura plu!
Damien
N'ayant pas de descendants, mes coordonnées ont été transmises à Jacques CARTEAU, l'ami d'Henri AMEL, destinataire de la lettre et du pistolet.
Voici le portrait du "CAPTAIN", surnom donné à Henri AMEL par ses amis et collaborateurs:
Henri TONET nait le 16 avril 1913 dans une famille aisée de Reims. Son père travaille dans l'acier. Pendant la 1ère guerre, sa famille est contrainte de quitter Reims et s'installe à Bordeaux. Ses parents divorcent quand il a 8 ans. Il ne manquera de rien matériellement, en revanche on le découvre analphabète. Pris en charge par un instituteur, il parvient à rattraper son retard.
A 16 ans il décide de partir à l'aventure au Soudan (Afrique de l'Ouest à l'époque) et vivotera là-bas pendant deux ans.
A 18 ans il s'engage dans l'armée et sert dans la cavalerie pendant deux ans au Maroc.
A 20 ans il s'installe à Paris et travaille dans une entreprise de carrosserie automobile. Il est passionné par la navigation et par l'automobile. Travaillant dans son élément et ayant la volonté d'entreprendre, il parvient à acheter l'entreprise qui l'emploit et à la faire prospérer. En 1935 sa société déménage sur le site de Boulogne-Billancourt.
Dessinateur et créatif, il conçoit des pièces pour les grandes marques automobiles comme Citroen. Il touche d'ailleurs une redevance pour chaque poignée rotative de Traction Avant, plus tard de 2 CV, produite, suite à un brevet déposé.
Ses affaires prospèrent si bien que juste avant la guerre, pas encore trentenaire, il possède déjà un avion personnel ce qui pour l'époque n'est pas commun.
Il se marie le 1er aout 1939. A la déclaration de guerre, un mois plus tard, il s'engage dans les corps francs et séjourne en avant de la ligne Maginot pendant la drôle de guerre. Anecdote qu'il racontait souvent: à de nombreuses reprises il a signalé des forces ennemies conséquentes avec des chars. On lui répondait qu'il ne fallait pas s'en faire, que les allemands ne pouvaient pas avoir tout ça, que ça devait être des chars en carton..
Le 2 juin 1940, au combat, une bombe d'avion tombe à ses pieds. Il se souvient de la couleur marron de la bombe puis plus rien. Il se réveille dans un hôpital allemand avec un œil en mois et un genou abimé. Depuis il marche avec une canne.
Pas facile de s'évader avec cette canne pourtant il fait plusieurs tentatives. Il reste prisonnier 2 ans et demi. Envoyé chez une allemande dont le mari est en Russie, il lui demande de lui acheter un billet de train pour Paris et de lui donner des vêtements civils de son mari. C'est ainsi qu'il s'échappe et rentre en France, tout simplement.
Arrivé en France, il est évadé donc de fait dans la clandestinité. Sa femme a refait sa vie et son usine a été bombardée, il n'a plus rien.
Il reste à Paris où il se procure le GP35. Il s'occupe alors des évadés et prisonniers en cavale. C'est à Paris qu'il tire sur 2 allemands. (Anecdote, il ne sait pas si il les a tués car comme il le disait: "je n'allais pas attendre sur place qu'on vienne me cueillir, j'ai pris mes jambes à mon cou").
Il décide de rejoindre le maquis des Vosges. N'ayant aucun contact, cela ne le dérange pas. Il se procure une voiture et part avec son pistolet dans les Vosges. Il sera présent à Gerardmer la seule fois où la ville a été bombardée disait-il.
Arrivé là-bas, le pistolet lui sauve la vie une seconde fois: les maquisards ne le fouillent pas et veulent l'exécuter le prenant pour un collaborateur cherchant à les infiltrer. Il sort son arme et se montre assez persuasif pour être accepté! Il sera intégré à un maquis dépendant de celui de Bussang.
En aout 1943, il prend son nom de Résistance AMEL, en même temps que CHABAN DELMAS comme il aimait le rappeler. Jacques CARTEAU, son ami, pense qu'il choisit ce nom en souvenir d'un amour rencontré au Maroc dans ses jeunes années.
Au maquis, le plus dur pour lui, c'était de faire manger ses hommes car il fut responsable d'une section ou d'un groupe de l'été 1943 à l'été 1944. Il faisait des bons aux fermiers en leur disant qu'ils seraient payés après la guerre.
Quand les américains arrivent, il décide de laisser tomber la guerre en disant qu'on avait plus besoin de lui. Il part refaire sa vie à Lyon et construit des bateaux.
En 1953, un zona ophtalmique lui fait perdre son unique œil voyant et il devient complètement aveugle.
Il rencontre Jacques CARTEAU en 1963, designer, qui sera ses yeux pendant 40 ans, son ami et son collaborateur.
En 1968, son entreprise brule. Il vend tous ses biens pour construire l'usine AMEL à la Rochelle. Lors de l'inauguration, il dira à un ministre qu'il est heureux qu'un ministre vienne inaugurer un bâtiment érigé sans permis de construire! (le permis de construire a bien sur été rapidement régularisé!).
En 1978, ayant terminé de rembourser les emprunts contractés pour son usine, il scinde son affaire en deux entités: l'une, immobilière et l'autre, exploitante, nommée S.A CHANTIERS AMEL, constituée de 130 000 actions. Il distribuera 129 999 actions au personnel et n'en gardera qu'une seule, symbolique, pour lui.
En 1981, le professeur POULIQUEN (académicien) lui greffe une partie de son œil perdu à la guerre sur son autre oeil et parvient à lui faire recouvrer 1/10è de vue ce qui change la vie du "Captain".
Son ami CARTEAU lui fait construire un stand de tir à côté de l'usine car Henri AMEL est aussi passionné d'armes, il s'intéresse à la mécanique des armes, comme à celle des automobiles. Voyant à nouveau il va souvent tirer avec moultes armes, on entend souvent des détonations non loin de l'usine!
Début 1990 il donne ses armes et ne conserve que son GP35 qu'il donne à Jacques CARTEAU en 1993 (voir la lettre).
Il n'aura pas d'enfant mais adoptera une jeune fille allemande, symbole de réconciliation.
Personnage haut en couleur au caractère trempé, le "Captain" restera humble ne parlant que rarement de ses faits d'armes. Il fera part de sa tristesse et de sa déception quand M.THOREZ sera nommé ministre, disant qu'ils avaient combattu ensemble en 1940, mais que lui n'avait pas déserté et abandonné son pays. Pudique, il ne demandera jamais la Légion d'Honneur.
Voila pour lui. Cet homme mérite d'être connu et reconnu. C'est le but de cette présentation qui, je l'espère, vous aura plu!
Damien
Dernière édition par indianadam le Ven 17 Déc - 8:06, édité 1 fois
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
Oui, ça m'a plu...c'est très émouvant!
Quel caractère, quel homme!
Il a bien mérité de reposer en paix.
Quel caractère, quel homme!
Il a bien mérité de reposer en paix.
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CLOSDELIF- Pilier du forum
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Re: FN GP35 avant guerre et son histoire
pour ce partage
konopka- Pilier du forum
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