Obus à mitraille
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Obus à mitraille
Ceci fait suite à une conversation ébauchée dans un autre sujet, et où elle n'avait pas sa place.
Ces messages seraient toutefois à lire pour les explications, c'est ici :
https://www.tircollection.com/t52670p25-recherche-antimoine#708548
Donc voici quelques photos d'un obus à mitraille de 90, destiné aux canons de campagne de 90 De Bange, qui tiraient aussi un
obus à balles plus conventionnel, dit "à charge avant".
Il y a longtemps que j'ai ces débris, je ne me souviens même plus d'où ils viennent, mais ce n'est pas moi qui l'ai déterré. Même
le sciage en long, pas sûr que ce soit moi car généralement je coupe en dièdre à 120°, afin que d'un côté on puisse voir l'obus
comme s'il était intact. Je ne sais plus quelle était la fusée (sans doute une mixte fusante-percutante de 25 mm) et surtout je ne
sais pas où est passée la grenade d'ogive ; si même je l'ai eue...
Sur toute la partie cylindrique de l'obus sont empilées des galettes en fonte, alvéolées. Si alvéolées qu'elles sont en fait composées de petits morceaux reliés par de minces jets de fonte. Sous le choc du départ du coup, ces liaisons se brisent (pas toujours, parfois on retrouve quelques morceaux encore reliés).
Dans les alvéoles sont intercalées des balles de plomb, un peu plus petites afin d'assurer que les galettes soient empilées bien jointives ce qui, malgré la rupture des liaisons, donne à l'ensemble une bonne résistance au tassement.
Sur la galette supérieure se place une "grenade" en fonte, un genre de mini-obus occupant le volume de l'ogive, dont la base (plus épaisse que les parois) est alvéolée en dessous pour coiffer les balles encastrées dans la galette supérieure (en quelque sorte, le dessous de la grenade est analogue au dessus du culot).
Cet obus, dont le culot et l'enveloppe ont été sciés, est ici présenté avec 2 galettes et 3 rangs de balles placés pour simuler une coupe étagée. Mais le fractionnement des galettes brouille l'apparence rigoureuse qu'on attend d'une coupe étagée ; de plus ça ne s'empile pas bien, la plupart des balles étant légèrement déformées ; donc cet assemblage provisoire tient assez mal et ne donne aucunement le "coup d'oeil" didactique souhaité...
Cette structure d'obus promettait d'être plus performante que l'obus à balles à charge avant, dont les parois en fonte pourtant allégées au maximum restent relativement épaisses et constituent un notable poids mort ne participant pas à la gerbe efficace.
La paroi est ici très mince (environ 3 mm pour ce 90) car l'empilement jointif des galettes assure la résistance aux compressions longitudinales, et chaque fragment de galette constitue un projectile de même ordre que les balles. Le grenade d'ogive se comportant exactement comme la charge avant de l'obus à balle traditionnel.
On faisait grand cas de cet obus à la fin des années 1880 mais beaucoup moins après 1900, avec l'adoption de l'obus à charge arrière de 75 dont le principe était tout de même moins inefficace... Sans doute a-t'on tiré les stocks au début de la guerre de 14, mais en 1918 c'est comme s'il n'avait jamais existé !
Ces messages seraient toutefois à lire pour les explications, c'est ici :
https://www.tircollection.com/t52670p25-recherche-antimoine#708548
Donc voici quelques photos d'un obus à mitraille de 90, destiné aux canons de campagne de 90 De Bange, qui tiraient aussi un
obus à balles plus conventionnel, dit "à charge avant".
Il y a longtemps que j'ai ces débris, je ne me souviens même plus d'où ils viennent, mais ce n'est pas moi qui l'ai déterré. Même
le sciage en long, pas sûr que ce soit moi car généralement je coupe en dièdre à 120°, afin que d'un côté on puisse voir l'obus
comme s'il était intact. Je ne sais plus quelle était la fusée (sans doute une mixte fusante-percutante de 25 mm) et surtout je ne
sais pas où est passée la grenade d'ogive ; si même je l'ai eue...
Sur toute la partie cylindrique de l'obus sont empilées des galettes en fonte, alvéolées. Si alvéolées qu'elles sont en fait composées de petits morceaux reliés par de minces jets de fonte. Sous le choc du départ du coup, ces liaisons se brisent (pas toujours, parfois on retrouve quelques morceaux encore reliés).
Dans les alvéoles sont intercalées des balles de plomb, un peu plus petites afin d'assurer que les galettes soient empilées bien jointives ce qui, malgré la rupture des liaisons, donne à l'ensemble une bonne résistance au tassement.
Sur la galette supérieure se place une "grenade" en fonte, un genre de mini-obus occupant le volume de l'ogive, dont la base (plus épaisse que les parois) est alvéolée en dessous pour coiffer les balles encastrées dans la galette supérieure (en quelque sorte, le dessous de la grenade est analogue au dessus du culot).
Cet obus, dont le culot et l'enveloppe ont été sciés, est ici présenté avec 2 galettes et 3 rangs de balles placés pour simuler une coupe étagée. Mais le fractionnement des galettes brouille l'apparence rigoureuse qu'on attend d'une coupe étagée ; de plus ça ne s'empile pas bien, la plupart des balles étant légèrement déformées ; donc cet assemblage provisoire tient assez mal et ne donne aucunement le "coup d'oeil" didactique souhaité...
Cette structure d'obus promettait d'être plus performante que l'obus à balles à charge avant, dont les parois en fonte pourtant allégées au maximum restent relativement épaisses et constituent un notable poids mort ne participant pas à la gerbe efficace.
La paroi est ici très mince (environ 3 mm pour ce 90) car l'empilement jointif des galettes assure la résistance aux compressions longitudinales, et chaque fragment de galette constitue un projectile de même ordre que les balles. Le grenade d'ogive se comportant exactement comme la charge avant de l'obus à balle traditionnel.
On faisait grand cas de cet obus à la fin des années 1880 mais beaucoup moins après 1900, avec l'adoption de l'obus à charge arrière de 75 dont le principe était tout de même moins inefficace... Sans doute a-t'on tiré les stocks au début de la guerre de 14, mais en 1918 c'est comme s'il n'avait jamais existé !
Petite collection de documents anciens et récents : http://p.lacour.malvaux.free.fr/Arquebuses.htm
Re: Obus à mitraille
Merci pour ces détails et illustrations, je découvre avec satisfaction toute cette histoire et le principe de fabrication de ces obus si particuliers: je vais regarder ma base de 155 d'un autre œil !
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CLOSDELIF- Pilier du forum
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Re: Obus à mitraille
En complément, une galette de fonte garnie des balles qui vont dessus (et qui seront recouvertes par la galette suivante). Le cerclage en papier est nécessaire car les balles du bord ne tiennent pas (cet obus ne devait pas être facile à assembler).
En matière d'explications, je ne peux guère en faire plus...
Ensuite, voici une série de culots, que l'on retrouve généralement intacts (ils sont en acier), la ceinture dilatée mais encore engagée ... ou absente. Contrairement à ce que j'ai indiqué il y a bien une variante en calibre 95 ; remarquez aussi la balle de plomb restée coincée dans un culot de 155, il y a peut-être 130 ans.
Le fragment de grenade de 120 (présenté sous divers angles) étant brut de fouille, on voit mal les alvéoles du dessous, disposées exactement comme sur le culot.
On remarque que les alvéoles sont différemment disposées selon le calibre, en vue d'uniformiser (autant que possible) la taille des fragments de galette. Avec une série de culots comme modèles, on peut ainsi identifier le calibre d'origine de la plupart des fragments de galette (bien sûr après les avoir dérouillés ; et l'électrolyse d'un seau de petits éclats informes n'est pas une sinécure !)
Le culot de 155 présente au milieu un espace curieusement grand : c'est que, et c'était le seul de la gamme, les 12 galettes sont percées d'un gros trou ménageant un puits axial dans lequel s'enfonce un tube vissé sous la grenade (la charge remplit la grenade et le tube). Ceci pour favoriser le bon éclatement (l'obus de 155 contient 416 balles en plomb durci, 12 galettes fragmentables en 24 morceaux et donnant ainsi 188 éclats, avec une charge de 550 g de poudre noire, type MC30 je pense).
Je pourrais éventuellement, à l'occasion, aborder les divers types d'obus à balles en les présentant par leurs éclats...
Récapitulons déjà :
1) Obus "à la Shrapnell" (~ 1815), c'est un obus sphérique rempli de balles plomb mélangées d'une poudre noire peu sensible à l'écrasement. Nouveauté anglaise de Waterloo ; la version française fut, après une mise au point difficile, inaugurée en Algérie.
2) Obus à balles à charge avant (~ 1858), artillerie rayée Mle 1858, De Bange, etc. Principe identique mais les balles sont agglomérées au fond par coulage de soufre, donc la poudre ne s'y mélange pas et une PN ordinaire convient. Les parois sont allégées autant que permet la résistance au départ de coup, mais constituent tout de même un important poids mort.
3) Obus "à balles libres" (~ 1880), limité au 95 il me semble.
4) Obus à double paroi, à couronnes de balles ou balles en grappe (~ 1880), assez particuliers, plus proches des obus ordinaires.
5) Obus à mitraille (~ 1884), ce sujet.
6) Obus à balles à charge arrière (~ 1897), typique du canon de 75 mais exista aussi en 120 (voire d'autres ?)
7) Obus à balles à charge mélangée (~ ????) : un genre d'hybride entre l'obus "à la Shrapnell" et l'obus à charge arrière...
Pour illustrer le 1), je n'ai rien !
Pour le 4), double paroi, couronnes ou grappe, je n'ai que quelques éclats. Ils ne paraissent de toutes façons pas avoir connu un grand succès (sauf les couronnes de balles en 80 et 90), l'obus à balles en grappe ne figurant même pas dans les bouquins (sauf Challéat, ce qui m'avait permis d'identifier quelques éclats trouvés sur un champ de tir d'expérimentation). Ce n'était pas à proprement parler des obus à balles, plutôt des obus ordinaires à nombre d'éclats multiplié par une fragmentation préparée, obtenue par coulée de l'obus en 2 couches superposées, la couche intérieure étant quadrillée en pyramides (double paroi) ou formée d'un empilement de couronnes pré-fragmentées de balles (ou d'une grappe creuse de balles reliées par de petits jets en fonte) ; la couche extérieure étant ensuite coulée autour, avec la préparation nécessaire pour que les deux couches ne se soudent pas.
En 1914 l'obus à balles "standard" était le 6) ; on n'a sans doute pas tiré des 1), mais vraisemblablement des 2), 3) et 5) quand les stocks de mobilisation ont commencé à s'épuiser et que la production n'arrivait pas encore à suivre la consommation.
En 1940, au moins les français utilisaient encore l'obus à balles, peut-être 6), assurément 7) pour la DCA. Il y avait d'ailleurs un autre type, mixte balles / explosif, mais je n'en ai aucun débris.
En 1945 il me semble que plus personne n'utilisait d'obus à balles (ou uniquement en DCA ?) car dès le cours de la guerre de 14 le retard des fusées était devenu assez précis pour faire éclater des obus explosifs à une distance assez exacte pour que les coups fusants soient efficaces.
En matière d'explications, je ne peux guère en faire plus...
Ensuite, voici une série de culots, que l'on retrouve généralement intacts (ils sont en acier), la ceinture dilatée mais encore engagée ... ou absente. Contrairement à ce que j'ai indiqué il y a bien une variante en calibre 95 ; remarquez aussi la balle de plomb restée coincée dans un culot de 155, il y a peut-être 130 ans.
Le fragment de grenade de 120 (présenté sous divers angles) étant brut de fouille, on voit mal les alvéoles du dessous, disposées exactement comme sur le culot.
On remarque que les alvéoles sont différemment disposées selon le calibre, en vue d'uniformiser (autant que possible) la taille des fragments de galette. Avec une série de culots comme modèles, on peut ainsi identifier le calibre d'origine de la plupart des fragments de galette (bien sûr après les avoir dérouillés ; et l'électrolyse d'un seau de petits éclats informes n'est pas une sinécure !)
Le culot de 155 présente au milieu un espace curieusement grand : c'est que, et c'était le seul de la gamme, les 12 galettes sont percées d'un gros trou ménageant un puits axial dans lequel s'enfonce un tube vissé sous la grenade (la charge remplit la grenade et le tube). Ceci pour favoriser le bon éclatement (l'obus de 155 contient 416 balles en plomb durci, 12 galettes fragmentables en 24 morceaux et donnant ainsi 188 éclats, avec une charge de 550 g de poudre noire, type MC30 je pense).
Je pourrais éventuellement, à l'occasion, aborder les divers types d'obus à balles en les présentant par leurs éclats...
Récapitulons déjà :
1) Obus "à la Shrapnell" (~ 1815), c'est un obus sphérique rempli de balles plomb mélangées d'une poudre noire peu sensible à l'écrasement. Nouveauté anglaise de Waterloo ; la version française fut, après une mise au point difficile, inaugurée en Algérie.
2) Obus à balles à charge avant (~ 1858), artillerie rayée Mle 1858, De Bange, etc. Principe identique mais les balles sont agglomérées au fond par coulage de soufre, donc la poudre ne s'y mélange pas et une PN ordinaire convient. Les parois sont allégées autant que permet la résistance au départ de coup, mais constituent tout de même un important poids mort.
3) Obus "à balles libres" (~ 1880), limité au 95 il me semble.
4) Obus à double paroi, à couronnes de balles ou balles en grappe (~ 1880), assez particuliers, plus proches des obus ordinaires.
5) Obus à mitraille (~ 1884), ce sujet.
6) Obus à balles à charge arrière (~ 1897), typique du canon de 75 mais exista aussi en 120 (voire d'autres ?)
7) Obus à balles à charge mélangée (~ ????) : un genre d'hybride entre l'obus "à la Shrapnell" et l'obus à charge arrière...
Pour illustrer le 1), je n'ai rien !
Pour le 4), double paroi, couronnes ou grappe, je n'ai que quelques éclats. Ils ne paraissent de toutes façons pas avoir connu un grand succès (sauf les couronnes de balles en 80 et 90), l'obus à balles en grappe ne figurant même pas dans les bouquins (sauf Challéat, ce qui m'avait permis d'identifier quelques éclats trouvés sur un champ de tir d'expérimentation). Ce n'était pas à proprement parler des obus à balles, plutôt des obus ordinaires à nombre d'éclats multiplié par une fragmentation préparée, obtenue par coulée de l'obus en 2 couches superposées, la couche intérieure étant quadrillée en pyramides (double paroi) ou formée d'un empilement de couronnes pré-fragmentées de balles (ou d'une grappe creuse de balles reliées par de petits jets en fonte) ; la couche extérieure étant ensuite coulée autour, avec la préparation nécessaire pour que les deux couches ne se soudent pas.
En 1914 l'obus à balles "standard" était le 6) ; on n'a sans doute pas tiré des 1), mais vraisemblablement des 2), 3) et 5) quand les stocks de mobilisation ont commencé à s'épuiser et que la production n'arrivait pas encore à suivre la consommation.
En 1940, au moins les français utilisaient encore l'obus à balles, peut-être 6), assurément 7) pour la DCA. Il y avait d'ailleurs un autre type, mixte balles / explosif, mais je n'en ai aucun débris.
En 1945 il me semble que plus personne n'utilisait d'obus à balles (ou uniquement en DCA ?) car dès le cours de la guerre de 14 le retard des fusées était devenu assez précis pour faire éclater des obus explosifs à une distance assez exacte pour que les coups fusants soient efficaces.
Dernière édition par Verchère le Ven 09 Sep 2022, 02:15, édité 1 fois (Raison : précisions pour le 4))
Petite collection de documents anciens et récents : http://p.lacour.malvaux.free.fr/Arquebuses.htm
Re: Obus à mitraille
A rapprocher des bombes à billes, qui en explosant envoyaient une volée de billes en aciers.
Au Vietnam, ces billes furent remplacées par des billes en plastique, car celles en aciers étaient détectables par la radiographie, lors des soins.... !!Le plastique, non .
Au Vietnam, ces billes furent remplacées par des billes en plastique, car celles en aciers étaient détectables par la radiographie, lors des soins.... !!Le plastique, non .
bob56- Membre averti
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