Fusil modèle 1840 et carabine de précision Delvigne-Ponchara

Bonjour,
Permettez-moi d’intervenir sur votre forum pour une question à laquelle je ne trouve pas de réponse.
Ancien Chasseur à Pied (classe 60 2A) j’effectue des recherches approfondies sur les combats de Sidi-Brahim (23 au 26 septembre 1845).
L’un des rares survivants, le caporal Lavayssière, du 8ème Bataillon de Chasseurs à Pied (Chasseurs d’Orléans) indique dans sa première relation des faits, reprise par la suite dans la majorité des commentaires : « Nous avions passé la nuit à faire des demi-créneaux aux murs, et nous avions coupé nos balles en quatre ou en six. »
Si les chasseurs des sept premières compagnies devaient être équipés du fusil Modèle 1840 (non confirmé), la 8ème compagnie des carabiniers, constituée des chasseurs les plus robustes, était dotée d’une arme d’un calibre plus élevé, de portée supérieure et connue sous le nom de « grosse carabine ». La carabine de précision Delvigne-Ponchara.
Mon interrogation est : Pourquoi couper les balles en quatre ou en six ?
Pour cette traque de l’émir Abd-el-Kader, dirigée par le lieutenant-colonel de Montagnac, chaque homme avait une dotation de 60 cartouches.
Dans son rapport transmis au lieutenant-général de Lamoricière, gouverneur général par intérim, le chef d’état-major de Martimprey, indique en date du 27 septembre 1845 « Plus tard, munis de balles qu’ils ont fendues en quatre, ils repoussent encore les cavaliers et les kabyles qui les entourent, et arrivent ainsi à une lieue de Ghazaouat ; mais les munitions et les forces sont épuisées. »
Si je peux comprendre le fait de fendre les balles des grosses carabines (effet dum-dum), j’avoue mon incompréhension concernant l’intérêt de couper les balles des fusils modèle 1840.
Une approche de spécialistes me serait d’un grand intérêt.
Cordialement
J-M PIVETEAU

 Cher nouvel arrivant.

N'aurais-tu pas oublié de souscrire à une formalité substantielle, à savoir te présenter dans la rubrique ad hoc?

Et pendant que tu y es, prendre connaissance de la charte du forum, c'est très instructif.

Désolé, je ne suis pas un spécialiste des réseaux sociaux, mais je pense avoir répondu à votre demande

Oui...et non, tout à la fois ...


Tu nous as fort gentiment donné de précieuses indications sur l'origine de ton intérêt pour les "Chasseurs à pied" et le combat de Sidi-Brahim, mais

c'est à la rubrique du lien qui suit que ces informations de "présentation" doivent se faire.


Ceci afin d'avoir une rubrique "dédiée" pour faire plus facilement connaissance avec les membres (anciens, ou nouveaux):



https://www.tircollection.com/f3-la-presentation-est-obligatoire-sur-notre-forum


C'est un "passage obligatoire" que de se livrer à ce petit exercice, tu peux "recopier" la partie présentation de ton post ci-dessus, tout simplement, si tu ne veux rien ajouter, mais cela fait partie  de notre CHARTE, et nous y sommes très attachés (les "traditions", tu dois comprendre ça ).


Nous nous ferons ensuite un plaisir d'essayer de répondre à ta question, ou/et de discuter de ce sujet très intéressant   

Notre estimé Verchère a déjà répondu en partie dans ton post de présentation : je remets sa réponse ici : 


"Verchère
Je ne pense pas pour faire "dum-dum" : vu le calibre ça n'aurait aucun intérêt, l'impact étant déjà assez vulnérant comme ça.

Plutôt pour faire "multiballes" ou "chevrotines", permettant dans la mêlée de faire plusieurs coups d'un seul, le fusil étant long à recharger et les munitions devenant rares. En replaçant la balle fractionnée dans sa cartouche en papier, et en la chargeant toute emballée du papier, ça doit le faire, même sans bourre entre poudre et projectiles...

"Monter en selle nue" ? On pourrait penser "monter à cru" (sans selle), mais peut-être avec simplement la selle, sans le bazar qu'on accroche habituellement dessus et qui doit être long à arrimer, encombrant et fatiguant plus le cheval.

J'ai lu quelque chose d'assez détaillé sur Sidi-Brahim, mais je ne sais plus où ? Peut-être un bouquin principalement consacré aux chasseurs alpins, emprunté à la bib municipale et que je n'ai pas pu retrouver ensuite..."


C'est aussi comme cela que j'ai compris le fait de "couper les balles" : en faire une munition "à projectiles multiples" multipliant les probabilités d'atteinte chez un adversaire en masses compactes, à courte distance. 

 il est à noter que quelques années plus tard, lors de la guerre de Sécession américaine, chant du cygne du fusil "à piston" chargé par la bouche, on utilisera couramment dans les armes lisses en .69 - et semble-t-il avec un effet dévastateur à courte distance - le "buck 'n ball" (balle ronde associée à 4 ou 6 chevrotines).

Bonjour,
Au départ, pour l’hypothèse d’un effet de balles « Dum-Dum » j’ai retenu le premier récit de l’un des rares survivants de la retraite du marabout de Sidi-Brahim faisant état de « balles coupées » ; et le rapport du chef d’escadron de Martimprey qui lui précise que les balles furent « fendues en quatre ».
Autre élément, la colonne de 83 soldats se repliant sur Djemmâa, distant de plusieurs lieues, était constituée de carabiniers de la 8ème compagnie, sous les ordres du capitaine de Géreaux, amputée de trois escouades, mais complétée par des chasseurs de la troisième compagnie.
Les chasseurs étaient dotés du fusil modèle 1840 et les carabiniers de la carabine de précision Delvigne-Ponchara. Est-ce un élément déterminant ? Les carabiniers utilisaient-ils des balles munies d’un sabot en bois ? J’avoue mon incompétence sur ce sujet.
Sadi-Brahim ne peut rester que la glorification de quelques héros, c’est aussi la mémoire de l’anéantissement d’un escadron de Hussards et de quatre compagnies de Chasseurs à Pied dans des combats de trois heures, le 23 septembre 1945 au Djebel Kerhour.
Autre question, peut-on déterminer la puissance de feu, dans le temps, d’un soldat équipé du fusil modèle 1830 avec une dotation de 60 cartouches, sans réserve de munitions ; et quel peut-être le temps de rechargement de cette arme, sous le feu de l’ennemi.
Concernant l’expression, « monter, en selle nue » mon analyse rejoint la votre que je peux développer, si vous le souhaitez.
Cordialement

LES FUSILS Mle 1840
ce fusil est enté dans "les histoires ...." à mon avis pour des raisons de complaisance de quelques historiens pas trop avertis .

on trouve des fusils de la période 1838 avec des canons datés 37  ,,,des 1842 canons datés 41.... tant la période devait être trouble et les essais fort nombreux !

Déclamer que la conquête fut réalisée avec des fusils d'essai 1840 me parait relever d'une interprétation livresque au sujet de hauts faits d'armes non démontrés  (à ma connaissance ), mais je ne conteste rien .je pense que les bêtes de trait de la conquête de l'Algerie   (qui n'existait pas à cette époque , et qui fut fabriquée par la France en extraction de l'empire OTTOMAN !!! ) et donc je pense que  resteront les fusils 1822T en attendant la diffusion dans l'ombre ...des  1842...et 53 T.qui eux on fait le job .

et je referme mon monologue  en saluant mon conscrit PIVEVETEAU .

Je suis sincèrement désolé pour cette coquille grossière, la date de Sidi-Brahim est bien évidemment 1845 et non 1945. 
Ma démarche sur ce forum est uniquement technique, tenter de savoir pourquoi les balles furent coupées ou fendues. 
La référence au fusil modèle 1840 n’est pas affirmative, mais destinée à bien différencier le fusil des chasseurs, de la carabine de précision des carabiniers.
Les termes employés : Algérie, Marabout de Sidi-Brahim, Arabes, Kabyles, etc... sont ceux utilisés à cette époque dans les divers documents. Tout comme celui de chrétiens et non de Français par Abd-el-Kader.
Je ne suis pas un historien, seulement un ancien Chasseurs à Pied désireux d’honorer des Frères d’Armes.
Dans l’éventualité où mes propos pourraient indisposer certains intervenants, je vous prie de bien vouloir m’en excuser.
Mon nom est PIVETEAU et non PIVEVETEAU

Je pense que la balle "dum-dum" est un mythe bien plus récent.
Avec les gros projectiles mous de l'époque il n'était pas utile de faire quoique ce soit pour augmenter le pouvoir vulnérant. Je pense donc que quand ils disent "coupée", c'est réellement coupée en plusieurs morceaux. Chacun des 4 ou 6 morceaux restant alors nettement plus puissant qu'une chevrotine de 12 "9 grains" (celles qu'on a longtemps utilisées pour les sangliers).

La balle à pointe creuse serait d'ailleurs d'abord apparue chez les anglais pour une question d'équilibre du projectile, en regard de l'allégement nécessaire pour réduire le recul tout en conservant le calibre. Mais je n'ai étudié aucun texte d'époque sur la question...