Petites vis bloquées

Bonjour,

Ce n'est pas du réglo, mais les culasses Mauser sont familières à quelques uns, qui sauront peut-être m'aider.

Grosse déception ce lundi, en voulant fixer des embases Weaver sur ma Mauser 2000 de 1973.
Une seule des quatre vis affleurantes qui protègent les trous filetés dans le boîtier a bien voulu venir.

Mon petit tournevis, pourtant appuyé fortement, a commencé à endommager les têtes, donc je n'ai pas insisté.




Sur celle que j'ai retirée, j'ai l'impression qu'il y a, dans le creux d'un filet, la trace d'un produit de frein.


Je viens de chauffer la tête avec la fine flamme d'un chalumeau de pâtissier, mais ça ne change rien pour l'instant. Je n'ose pas trop chauffer non plus, de peur que la flamme ne vienne brûler le bois ou les petites pièces malheureusement en plastique.

Pour vous, les têtes sont-elles à présent trop endommagées ?

Le chauffage local est-il la bonne solution ?

Faut-il essayer de porter la vis au rouge ?

Le bronzage ne risque-t-il pas de souffrir ?

Faut-il créer des chocs thermiques (j'ai essayé, avec le jet froid d'une bombe anti poussière) ?

L'armurier est-il mon seul sauveur ?

Merci
Je suis frustré.
J'ai reçu ma lunette de battue avec 24h d'avance et comme ma voiture refuse de démarrer j'ai fait 52km à vélo sous la pluie pour aller acheter des embases Warne en acier !

1-Il ne faut pas hésiter à ajuster précisément le tournevis à la taille de la fente des vis, à l'aide d'un touret à meuler ou d'un backstand. Attention de ne pas le retailler en "V", mais en conservant les faces les plus parallèles possibles.

2-Il faut démonter l'ensemble boîtier-canon et le serrer fermement à l'étau entre des cales de bois, en serrant plutôt par le canon, c'est mieux pour la suite.
Il vaut mieux placer une chandelle sous la boite de culasse, ça permet d'appuyer fortement sur le tournevis sans que rien ne bouge.

3-chauffer la zone des vis par l'intérieur du boitier, (ça permet d'éviter que l'oxydation de surface que peut créer la flamme ne se voit) le rouge est probablement inutile et fortement déconseillé, il aurait tendance à provoquer une oxydation irrémédiable.  Pour la vis arrière, il est peut-être préférable d'ôter l'arrêtoir de culasse pour ne pas détremper son ressort. La bonne température serait autour de 200°, pour savoir si on y est, c'est facile, il suffit de cracher sur la pièce, si la salive crépite au contact du métal, on pose le chalumeau et on attrape le tournevis.

4-La main faible plaque le tournevis contre la vis, et la main forte dévisse. SUrtout ne pas continuer de tourner en relâchant la pression, c'est le meilleur moyen de foirer la tête.

Allez, tu vas y arriver.

BJ..
Normalement c'est du frein filet qui lâche quand on chauffe !!! Bon courage.
Barbaras

IL lâche mais ne pas laisser refroidir car il refrène

Bon, je paie mon impatience d'hier soir avec de mauvais outils. Une vis est trop abîmée pour la sortir.

Avec du WD40 (qui sans être un dégrippant dégrippe) et un embout de tournevis adapté, les deux vis de devant sont venues. Malheureusement, la plus avant des vis arrière (suivez, bordel !) a perdu la tête ou du moins celle-ci a-t-elle perdu sa forme efficace.

J'ai donc monté l'embase arrière avec une seule vis, celle qui est restée dépasse un peu et sert de pion de centrage.



Dans un monde idéal, j'irais voir un vrai armurier pour réparer mes conneries et il y a des chances que je me fasse effectivement rapidement. Mais comme je suis pressé et que ça m'a bien l'air de tenir, ça attendra quelques jours, le temps que je vois si j'apprécie cette lunette et que je lui offre des colliers acier.

En tout cas merci pour vos conseils.

La solution était finalement : dégrippant (vrai ou faux, du moment qu'il dégrippe), patience (c'est quoi ça ?) et bons outils.

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

Lorsque c'est bien grippé, je laisse agir le WD 40 plusieurs heures.....j'ai encore eu le cas sur une vis qui bloquait dernièrement.

Et il faut surtout les bons tournevis .
C'est indispensable. 
J'ai acheté ceux-ci,  j'en suis très satisfait pour le moment. 

Beau coffret, effectivement   


Pour ma part, j'ai ce coffret, et ces deux "set" de tournevis "à fente".











...mais ça ne suffit pas toujours !

Bonjour jeppesen, le dernier "coffret" est magnifique  . C'est un Pedersoli ?

Oui, c'est du Pedersoli, exact.  

Quand par impatience on utilise de mauvais outils, on paie toujours l'addition...

En fait, avec des tournevis inadéquats on peut très bien essayer sans rien esquinter, à condition de "sentir" quel effort maxi on peut se permettre. Parfois ça vient aisément ; sinon tant pis, il faut prendre le temps d'ajuster pile-poil une lame de tournevis.

Par ailleurs, "Caudron" a donné toutes les réponses.

Chauffer "au rouge" surtout pas ! On aura forcément aspergé d'une huile dégrippante quelques heures avant (plutôt même quelques jours), et on arrête la chauffe quand le reliquat d'huile commence à fumer (on est alors vers 250°).
Pour le "chaud et froid", alterner l'appui d'un fer rouge et d'un fer froid est certainement plus efficace que l'alternance flamme / air comprimé, mais en réalité c'est rarement une solution miraculeuse.

Pour ce genre de vis traversante la solution simple est de finir de la visser et la récupérer par en dessous.

@ Verchere, que conseillerais-tu comme bon dégrippant ?

jp223 a écrit:@ Verchere, que conseillerais-tu comme bon dégrippant ?

Comme bon dégrippant ? Rien ! Les miracles, ça n'existe pas...

Comme dégrippant "pas trop mauvais" j'utilisais autrefois un petit bidon de "Degrip'Oil", et maintenant je récupère des bombes de Loctite 8018, jetées car presque vides. Ou vides de gaz avec encore un peu de liquide, ce que je préfère : je perce pour faire couler le liquide dans un flacon, ce qui me permet d'en mettre juste une goutte là où il faut et pas ailleurs, à l'aide d'un tournevis.

Pour tremper des pièces de grandes dimensions, il faut se contenter d'un dégrippant moins cher, fuel, mazout ou gazoil (c'est la même chose), ou plus cher mais sans doute meilleur, pétrole lampant, kérozène ou kerdane (c'est aussi la même chose). L'avantage du mazout c'est qu'après usage, en le filtrant 2 fois on peut le mettre dans le vieux tracteur (en fait le pétrole aussi, jusqu'à 20 %, à titre d'antigel à gazoil).

Le traitement de dernier recours (qui n'est pas applicable à toutes les pièces en raison de leur géométrie), c'est le "chaud et froid dégrippant" :
La pièce préalablement mazoutée au point en question, chauffer jusqu'à ce que le mazout s'enflamme, plonger immédiatement dans un seau de mazout glacé, ressortir de suite et réchauffer jusqu'à ce que le mazout s'enflamme, etc.
Ceci 2 ou 3 fois, puis essai de dévissage ; et si ça ne veut pas on recommence.
Il est évident que le seau de mazout finit par s'enflammer, mais il suffit de l'étouffer en posant un couvercle dessus (mieux vaut tout de même un seau en tôle, et pas faire ça au milieu du salon - même moi, je ne le fais pas dans l'appartement).

Celui-ci m'a donné de bons résultats sur des vis, anneaux de bretelle et guidons âgés de plus d'un siècle:



Pour le Mauser de Laurent, ça sent maintenant la perceuse et le tourne-à-gauche...

Pour les vis débouchantes, souvent l'effort de coupe lors du perçage suffit à les faire traverser (un perçage plus petit que la vis, bien sûr) ; le problème étant de démarrer bien au milieu, car même esquintée la fente gêne le forêt. Une solution est de préparer l'amorce de forage au matoir.

Une fois le trou percé, si la vis n'a pas suivi le forêt, on force dedans (au marteau) une broche triangulaire à arêtes vives (p.ex. meulée dans un vieux tamponnoir) et on dévisse en tournant le corps du tamponnoir. Ça fonctionne généralement très bien, à condition que le trou ait été percé bien au milieu de la vis. Sans doute la "détente" produite par l'enlèvement du milieu de la vis y est-elle pour quelque chose, ainsi que l'échauffement provoqué par le forêt et les chocs pour enfoncer la broche.
A la place de cette broche triangulaire, l'option simpliste c'est les outils vendus pour dévisser les goujons cassés (dit "queue de cochon") ; l'inconvénient est que ça fonctionne rarement car la plupart du temps ces outils sont merdiques !

Si on se réfère aux Instructions de 1884 et 1905, on verra qu'il faudrait retailler la fente en place (voire tailler complètement la fente, pour une vis cassée dans la matière), avec un petit burin ! Je ne doute pas que ça puisse marcher, mais c'est du grand art !

Le sujet continuant, j'y vais de mon petit grain de sel.
Une méthode transmise par mon grand père, horloger, et à ses temps perdus, pourvoyeur déboucheur au 20éme RAC*, Poitier, classe 12, 2 ans de service, 1 an sur les caissons, le reste aux crapouillots, libéré en avril 19, rebelote en 39, garde-voie au train des pignes au bord de la grande bleue. Je ne sais quel outil il avait touché pour ce faire, trop jeune et pas encore connaisseur pour poser la question à l'époque.

Bref, à essayer avant toutes choses: demander poliment mais fermement. Pour cela un tournevis ayant la lame à faces parallèles, et assez rigide, ou mieux : burin, tamponnoir, chasse goupille ou toute tige d'acier façonnée en tournevis et capable de transmettre les chocs du marteau adapté.
On peut alors ébranler la récalcitrante à condition que l'arme ou la pièce soient solidement fixées pour faire contre coup.
Posé sur les genoux, à éviter !
A compléter évidement, avant et après par la cure dégrippant. Si soupçons de frein de filet, chauffage indispensable.
Ensuite, seulement, on essaye de dévisser, sans déraper !
S'applique aussi bien en horlogerie, armurerie qu'en......mécanique agricole, le tout est que les outils soient correctement proportionnés

Bon, ça ne réussi pas à 100%, mais quand même. 100%, c'est pour les tournevis magiques, à frapper, qui vont détruire la fente à coup sur.

* 4 batteries de 75mm modèle 97, plus de chevaux que de chrétiens aux effectifs, deux morts par accident d'attelage avant d'arriver au front, pas loin de Verchère (08/14 Alsace sud)......

Verchère a écrit:Pour les vis débouchantes, souvent l'effort de coupe lors du perçage suffit à les faire traverser (un perçage plus petit que la vis, bien sûr) ; le problème étant de démarrer bien au milieu, car même esquintée la fente gêne le forêt. Une solution est de préparer l'amorce de forage au matoir.

Une fois le trou percé, si la vis n'a pas suivi le forêt, on force dedans (au marteau) une broche triangulaire à arêtes vives (p.ex. meulée dans un vieux tamponnoir) et on dévisse en tournant le corps du tamponnoir. Ça fonctionne généralement très bien, à condition que le trou ait été percé bien au milieu de la vis. Sans doute la "détente" produite par l'enlèvement du milieu de la vis y est-elle pour quelque chose, ainsi que l'échauffement provoqué par le forêt et les chocs pour enfoncer la broche.
A la place de cette broche triangulaire, l'option simpliste c'est les outils vendus pour dévisser les goujons cassés (dit "queue de cochon") ; l'inconvénient est que ça fonctionne rarement car la plupart du temps ces outils sont merdiques !

Si on se réfère aux Instructions de 1884 et 1905, on verra qu'il faudrait retailler la fente en place (voire tailler complètement la fente, pour une vis cassée dans la matière), avec un petit burin ! Je ne doute pas que ça puisse marcher, mais c'est du grand art !

Bonsoir Verchère, bonsoir tous.
Je fais régulièrement cette manip, pour des vis de 6 a 14, le centrage du perçage est un très bon atout pour une réussite et  en cas d échecs
une assurance de réussite en cas de perçage a fleur de filets. Les seul queues de cochon fiables sont les facom sous réserves d un effort relatif au diamètre de l ouvrage . Pour plus de forçage , j utilise aussi souvent des clefs a  len si l espace le permet , surtout pas les embouts
car trop cassants , les clefs torx sont trop cassantes aussi.
Bonne soirée 
David.

Gé Tibla a écrit:... façonnée en tournevis et capable de transmettre les chocs du marteau adapté. ...
...
* 4 batteries de 75mm modèle 97, plus de chevaux que de chrétiens aux effectifs, deux morts par accident d'attelage avant d'arriver au front, pas loin de Verchère (08/14 Alsace sud)......

Oui, l'ébranlement par des frappes axiales sur le tournevis, j'avais négligé de la dire.
Et aussi que si ça commence à venir un peu, plutôt que s'obstiner pour aller plus loin il vaut mieux, tout en posant des gouttes de dégripoil, revenir en arrière jusqu'à ce que ça bute, puis repartir en avant, etc. En général, chaque fois ça va un peu plus loin.

Août 14, ça doit être la fameuse prise de Mulhouse. Mon grand-père se souvenait les avoir vu revenir, plus ou moins victorieux mais déçus, car ils n'avaient pas obtenu l'appui nécessaire pour tenir le terrain conquis. Il en fut tout de même gardé un peu, et pendant toute la guerre le front au sud des Vosges est resté en territoire ennemi.
De cette époque on a dans la famille un casque à pointe trouvé en bord de route juste après le passage de la colonne du général Pau ; certainement une prise tombée d'un chariot.