Les armes du Maquis

Bonjour à tous,

Je suis recemment entré en possession de divers documents qui appartenaient à mon père, dont un CD assez interessant intitulé "Vendredi Saint à la Versanne - Haut Jura - Avril 1944 - Le Maquis témoigne"

Ce CD est une production privée, de rédaction anonyme, probablement collective, réalisée à partir des souvenirs et témoignages des anciens du Maquis du Haut Jura et diffusé dans le milieu des anciens de ce Maquis.
Mon père était un ancien du Maquis de l'Ain qui fut réuni avec le Maquis du Haut Jura courant 1944 sous l'appellation de Maquis de l'Ain et du Haut Jura.

Ce CD raconte essentiellement les combats de la Versanne de Pâques 1944, mais comporte aussi l'historique de ce Maquis, de son organisation et de son fonctionnement.
Il comporte en particulier un intéressant châpitre sur son armement, chose suffisamment rare dans toutes les publications sur les Maquis que j'ai pu lire, pour être mentionnée.

Je reproduis ci-dessous le texte qui nous intéresse.
La question du copyright ne se pose pas pour les raisons indiquées plus haut.
D'autre part, je pense que le ou les auteurs ont agit pour que ces évènements soient connus et restent dans les mémoires du plus grand nombre.

Il est question dans ce texte des armes et équipement parachutés par les Anglais à Viry le 11 mars 1944.



"Enfin armés

Mais les armes ?

Ce sont elles qui marquent maintenant notre vie. Une page a été tournée et on se sent réellement parmi les combattants, non plus des boys scouts ou des hommes traqués dans leur clandestinité, ne pouvant se défendre que par le courage moral et, le moment venu, l'ampoule de cyanure.
Nous pouvons rendre les coups, nous pouvons attaquer.
L'idée ne nous vient pas d'établir une comparaison entre le matériel qui sort des containers et celui dont disposent les troupes d'occupation. Non, c'est notre propre progès qui compte.

Qu'est-il ce matériel ?
Essentiellement du matériel léger d'infanterie, sans même un mortier ou une mitrailleuse ... Et ce mortier absent, combien nous en reparlerons plus tard !

Nous avons bien entendu, et en nombre, la Sten, la fameuse mitraillette quicaillerie répandue par les Anglais à peu de frais chez les résistant de divers pays.
D'une simplicité "désarmante" ce serait presque le cas de le dire, elle de démonte et se remonte en un clin d'oeil, la crosse est faite d'un fer en U, puis, le corps de l'arme, un morceau de tuyau de quelques trois centimètres de diamètre. Le canon se visse au boût. La culasse est animée pour le renvoi en avant après le recul de départ du coup par un ressort à boudin d'un effet très approximatif : certains, mal étalonnés, trop forts ne permettent pas à la culasse de revenir jusqu'au cran d'arrêt dela détente, et alors, l'engin débite tout son chargeur si l'on y prend garde.
Inversement, dans le cas d'un ressort trop faible, il laisse reculer la culasse si l'on frappe la crosse à terre ou si l'on la tient à la main en sautant d'un camion.
Nous aurons un tué de cette façon là.
Mais enfin elle sont là et c'est mieux que rien.

Les fusils, s'ils sont nettement plus courts que les pétoires modèle 86-93 ou 07-15 dont nous disposions jusqu'alors, sont d'une lourdeur respectable qui laisse entrevoir une bonne stabilité au tir; ça ferait une bonne massue dans un corps à corps. Il y a cinq coups dans le magasin, la culasse se manoeuvre bien.

Et surtout le Bren, fusils mitrailleur anglais.
Il présente sur sur notre FM français modèle 24 modifié 29 le gros avantage de ne pas comporter d'axe de biellette ce cauchemer des démontages nocturnes.
Le relèvement de la culasse lors du recul se fait par simple glissement de son talon sur une surface adéquate oblique dans la boite de culasse.
Il faut que cela soit drôlement bien usiné pour fonctionner comme cela, autrement plus sérieux que la Sten.
On découvre toutefois à l'usage un certain défaut dans la récupération des gaz de recul; alors, Murat du groupe Rémy, invente donc une géniale modification avec une bague qui prendra place au niveau des trous d'échappement : leur obturation partielle permet de maintenir une presion plus élevée, le recul est garanti, mais il s'en suivra une plus grande dureté dans la rafale.

Et, pour les tireurs au FM quel privilège ! De superbes révolvers de cow-boys, des Weybley et des Smith et Wesson de calibre 9mm.
Quelle jalousie chez les voltigeurs dotés de simples Sten ou de fusils !
Ils n'ont pas été toutefois à nous en mettre avec la crosse nacrée.

Le Colt en pistolet automatique, quel outil aussi !
Avec ses prunneaux de 11,43 gros comme des oeufs de pigeon, il parait qu'il suffit de toucher un gars à la main pour l'envoyer par terre.

Et puis les grenades : la Mills, défensive, à peu près la même forme que la française, un peu plus en poire, et une grenade offensive en forme de boite de conserve d'une livre.

Voici surtout une nouveauté la Gammon.
De prime abord, elle se présente comme une poupée dont la tête et le corps sont un étui rond de trois ou quatre centimètres, suivi d'un petit cylindre qui contient le détonateur, entouré d'une jupe noire bizarre ... La tête contient le percuteur qui fonctionne au choc : une bille d'acier de 21 libère lorsque l'engin est lancé contre un camion ou un char.
Quant-à la jupe, elle est destinée elle est destinée à maintenir la tête sur son corps que va constituer une boule de plastic.
Car il y a le plastic.
C'est le plus nouveau pour nous. De la pâte à modeler en pains d'une quinzaine de centimètres de long, d'une matière jaune-orange, d'une odeur douceâtre.
On peut, en la pétrissant, faire des boules de divers formats, grosses comme le poing ou un pamplemousse pour le jet sur un véhicule en mouvement, ou alors de plusieurs kilos.
On en fera une de 10 kg pour la plaque tournante de la gare de Bellegarde.
Pour le grenadage courant, c'est une boule d'un bon kilo dans laquelle on enfonce le cylindre de base de la Gammon. On rabat la jupe, ça tient bien dans la main, mais attention à ne pas se la laisser tomber sur les pieds.
Cela arrivera un jour à un malheureux au "Cul de Larie", il s'en ira en morceaux comme la barraque.

Avec le plastic, on est à cheval sur le combat ... disons surtout l'embuscade ... et sur le sabotage.

Là, il y a de quoi se distraire.
Des mines magnétiques que l'on peut poser contre une masse métallique, locomotive par exemple.

Et surtout les crayons : comme un stylo allongé, de la taille effectivement d'un crayon ordinaire, formé d'un petit tube dont une extrémité est évidée pour recevoir un détonateur.
Le corps contient un percuteur reculé sur un ressort lui-même maintenu par un fil métallique.
Une ampoule d'acide est dans la dernière partie qui conient le fil; en l'écrasant, on libère l'acide qui ronge le fil pendant un délai variable suivant les crayons.
On enfonce le crayon dans une boule de plastic par le côté détonateur et on a une bombe à retardement des plus pratique."

Génial ! Ecrit avec un brin de romantisme propre à l'époque

Merci d'avoir partagé

si Baccardi a 8.80 euros a dépenser, ou 10  franc et septante-deux centimes CHF , il y a cet ouvrage :

http://www.priceminister.com/mfp/46184/les-armes-de-la-resistance-dominique-venner#pid=231770237

C'est aussi bien écrit que le livre que tu m'as prêté  

Tenir une position sans mortier, surtout en montagne, ça tient de la gageure ...

D'ailleurs, je n'ai toujours pas visité le musée de la résistance à Vassieu. C'te honte...

yaya1er a écrit:
D'ailleurs, je n'ai toujours pas visité le musée de la résistance à Vassieu. C'te honte...

Ce WE: Vassieu, la Grotte de la Luire et Valchevrières. Mauvais dauphinois.

BERNEX a écrit:si Baccardi a 8.80 euros a dépenser, ou 10  franc et septante-deux centimes CHF , il y a cet ouvrage :

http://www.priceminister.com/mfp/46184/les-armes-de-la-resistance-dominique-venner#pid=231770237

Merci pour le lien ! 

A cd -ram:
Merci d'avoir partagé 

fcrozet a écrit:

yaya1er a écrit:
D'ailleurs, je n'ai toujours pas visité le musée de la résistance à Vassieu. C'te honte...

Ce WE: Vassieu, la Grotte de la Luire et Valchevrières. Mauvais dauphinois.

L'automne, le Vercors est somptueux, en particulier les gorges de la Bourne ...

A part ça, je suis ravi que ce témoignage intéresse certains d'entre vous

Merci pour ce partage. Cette écriture précise, directe, simple et sans ambages est extrêmement intéressante en rapport du contexte.

Ne pas oublier, non plus, la cour des fusillés à la Chapelle en Vercors.
Le drame du Vercors (dans la Drôme) a commencé le 21 juillet 44 à VASSIEUX le 25 il se continue à la CHAPELLE en VERCORS et le 27 le massacre des blessés de la grotte de la LUIRE.
Entre temps, en Isère, le 23 c'est le calvaire du village de VALCHEVRIERE.
Il faudrait des jours pour parler de tout cela.

Il existe encore deux tombes ignorées à Fontaine à la Poya dans un parc privé au pied des falaises.

Deux résistants fusillés en 44.

Vraiment sympa ce petit texte, par contre je ne vois pas de quelle arme ils parlent lorsqu'ils disent Smith et Wesson de calibre 9mm ? Le seul smith et wesson que je connais de la WW2 et le Model10 des américains, mais la le calibre m'intrique vraiment

.38 = 9 mm

ok donc c'est bien le smith américain qu'ils ont eu et en plus je me coucherais moins bete.

merci