ARISAKA TYPE 38 de 1917

Avant tout je tenais à remercier Badabom pour les renseignements précieux qu'il m'a communiqué .

Acheté cet hiver ce Fusil (Arisaka) Type 38 a demandé un sérieux nettoyage .
Le canon est en très bon état .
La crosse a demandé pas mal de travail , mais je n'ai pas cherché non plus à la mettre à neuf. Très marqué et très sale , je me suis contenté de le dégraisser et de le travailler à la paille de fer fine et ultra-fine .
Le marquage qui y figure est Chinois post WW2 . (sujet abordé dans un autre post du forum) .

Il s'agit d'un exemplaire fabriqué pendant l'été 1917 par l'arsenal de Koishikawa à Tokyo dont le chrysanthème a été meulé .
La baguette et la bretelle sont de copies .

Mes excuses par avance pour cette question de débutant en petit jaune mais le meulage du chrysanthème a donc un rapport avec son passage en Chine ?

Nicomidway a écrit:Mes excuses par avance pour cette question de débutant en petit jaune mais le meulage du chrysanthème a donc un rapport avec son passage en Chine ?

Probablement effectué lors de la reddition .

Dans le cas présent, c'est assez radical. Sur le mien, le chrysanthème a juste été "défiguré" avec des cercles frappés au bout des pétales...

Joel_ a écrit:Dans le cas présent, c'est assez radical. Sur le mien, le chrysanthème a juste été "défiguré" avec des cercles frappés au bout des pétales...

Ce qui correspond aux armes vendu à la Thaïlande si je me souviens bien .

Le chrysanthème est une fleur sacrée au Japon , symbole de la famille impériale.
Lors de la reddition des troupes japonaises , il était impensable pour ces soldats que ce symbole ne tombe aux mains de l'ennemi , et l'ont , quand cela était possible , meulé avant de se rendre.





Chrysanthème intact sur mon Type 99



Chrysanthème modifié pour les armes cédées à la Thaïlande sur mon autre Type 38

avoir le chrysanthème a vraiment tout son sens

Le voilà enfin ce fameux Type 38 "no series" !  

Le sujet des chrysanthèmes et des multiples tourments qu'ils ont eu l'occasion de subir est complexe, et aujourd'hui encore entouré de zones d'ombres...
Mais il faut déjà différencier 2 choses : le chrysanthème "neutralisé" lorsque l'arme quitte le service de l'Armée Impériale, et le chrysanthème "détruit" lors de la reddition.

Commençons par le premier cas.
Sur un Arisaka, le chrysanthème représente la propriété de l'Empereur. C'est un symbole fort pour un soldat de se voir confier une pièce portant une telle marque. Cependant, lorsqu'un Arisaka devait quitter le service de l'Armée Impériale, cette marque de "propriété" n'avait plus lieu d'exister, le chrysanthème était ainsi "neutralisé" : l'arme n'appartient plus à l'empereur, elle n'appartient plus à l'armée. Cela concerne essentiellement les armes transférées vers diverses institutions scolaires, celles fournies ou vendues à l'étranger (France, Royaume-Uni, Russie, Siam/Thaïlande...), mais aussi celles pouvant être offertes (à un vétéran par exemple).
Cette neutralisation s'effectuait par l'apposition d'un ou plusieurs marquage(s) sur le chrysanthème. Il en existe plusieurs variantes, dépendant des époques et des arsenaux...
Au début du siècle, on appliquait tout simplement le symbole de Tokyo Koishikawa (les "CannonBalls") au centre du chrysanthème. C'est le traitement qu'ont reçu les Types 30 et 38 fournis aux pays Européens durant la première guerre mondiale. C'est également le cas de beaucoup d'Arisaka "scolaires", mais ces-derniers reçoivent des marquages supplémentaires permettant de les différencier d'un Arisaka export. D'autres Arisaka "scolaires" ont eu leur chrysanthème dénaturé par l'apposition d'un Kanji.
J'ai vu également un chrysanthème neutralisé par l'apposition du logo de Nagoya, un autre par celui de Jinsen. Mais pour ces derniers, cela s'est forcément produit à partir des années 30'.
La méthode suivante est l'apposition de 8 cercles (ou ovales, on trouve des deux), assez gros, le long de la bordure du chrysanthème.
Puis encore plus tard, ce sont les 8 "zéros", les fameux appliqués sur les chrysanthèmes des Types 38 fournis à la Thaïlande en 1940. A force, on a l’œil pour cerner les petites différences, et j'ai récemment fait remarquer à mes confrères outre-atlantique que l'apposition de ces "zéros" était différente entre Kokura et Nagoya... Il est ainsi possible de déterminer, de par la seule photo du chrysanthème "thaïlandisé" postée par Hélix, que son Type 38 est une fabrication Nagoya !

Pour ce qui est des armes de la reddition, c'est assez flou... on ne sait pas avec certitude qui est à l'origine de cette volonté de supprimer le chrysanthème. Est-ce le camp américain ou japonais ? Aucun document ne permet de le déterminer, et les avis sont partagés.
La légende des soldats meulant leurs fusils avant de se rendre est très exagérée, à quelques exceptions près... En fait, il semblerait que les chrysanthèmes de la plupart de ces fusils aient été supprimés juste avant de quitter le Japon, après la fin du conflit. Il existe d'ailleurs plusieurs témoignages de GIs, affirmant avoir mis en caisse depuis le Japon un fusil intact, et le recevant "meulé" à leur domicile...
On dénombre 4 principales méthodes de "suppression" du chrysanthème :
- meulage (plus ou moins net/profond)
- matage
- deux rayures formant grossièrement un large "X"
- deux ou trois rayures horizontales
Environ 60% des fusils Arisaka ramenés aux USA n'ont plus leur chrysanthème intact.
J'avais lu un article intéressant sur le sujet (en anglais). Je vais essayer de vous le retrouver...

pas mon domaine mais vraiment interessant badabom .

ber

J'ai retrouvé un article rédigé il y a désormais plusieurs années par feu Monsieur Doss White, à propos des chrysanthèmes meulés/frappés/cognés/griffés/cisaillés/souillés/châtiés/molestés/humiliés lors de la reddition du Japon :

http://www.gunboards.com/sites/banzai/FeatArts/MumMystery/MissingMum.htm

Intitulé "The missing mum mystery", cet article américain met bien en évidence la complexité du sujet.
Notons que le terme "mum" est l’abréviation, couramment utilisée dans le milieu des collectionneurs japonais, du mot "chrysanthemum".