Sauer 38H, repeint

J'ai acheté il y a une vingtaine d'années un Sauer modèle 38H. Selon l'armurier, c'était un trophée de la 2ème guerre mondiale, conservé par celui qui l'avait récupéré puis mis en vente par ses héritiers.

Le Sauer 38H est un des pistolets allemands les moins connus, pourtant produit à un peu plus de 250 000 exemplaires (à 90% pour la Wehrmacht et la police, le reste pour le marché civil intérieur, essentiellement les armes personnelles des officiers) et présentant des caractéristiques techniques innovantes.
Je vais vous présenter mon exemplaire, qui présente une particularité singulière : il a été repeint en noir brillant  
A part ça, il est tout d'origine (sauf les plaquettes, celle d’origine en bakélite s'autodétruisant avec le temps).

Vue d'ensemble :






La percussion se fait avec un chien interne. Sous le marquage 7,65 se trouve le levier de désarmement et de réarmement du chien.
La fonction "désarmement du chien" sera reprise pas SIG-Sauer sur la série des P220, mais à ma connaissance il n'y a que Heckler et Koch, sur son modèle P5 (car lui aussi pourvu d'un chien interne), qui ait repris ce levier à double fonction.

La mise en peinture a été faite à l'aérographe, avec la plupart des pièces en place :



Devant la détente, se trouve abaissé le verrou de démontage. ça se démonte comme un Walther PP ou PPK, mais comme le pontet articulé avait été breveté par Walther en 1920, il avait fallu trouver une autre solution.


Marquages :

L'arme porte les 3 poinçons d'épreuve "aigle sur N" positionnés sur la carcasse, la culasse et l'avant droit du canon





Le numéro de série indique une fabrication à l'automne 1943.



Le marquage "aigle sur C" indique une réception par la police allemande.



La culasse est faite de deux éléments : la culasse proprement dite, et la glissière. L'avant de la glissière et la face arrière de la culasse portent les 3 derniers chiffres du numéro de l'arme.

Outre ces marquages, l'arme porte des marques que je pense être des marques de contrôle interne :



Lettre "H" frappée sur la face inférieure de la culasse, et également à l'intérieur de la gorge de la sureté (tout à droite sur la photo)



Lettre "H" présente également sur le socle de l'éjecteur



Chiffre "4" à l'intérieur de la glissière.

Pour simplifier la fabrication, certaines pièces initialement en acier ont été remplacées par des pièces en zamac moulées. C'est le cas sur mon exemplaire : il s'agit de la détente et du fond de chargeur.



Voici les plaquettes que portait l'arme quand je l'ai achetée. Je pense pas que ce soit celle d'origine, et comme elles étaient craquées autour de l'emplacement de la vis, j'ai de suite acheté une paire de remplacement.



Au stand, mon exemplaire présente deux défauts :
- il n'aime pas les amorces trop dures,
- il tire beaucoup trop bas. Si je veux avoir "point touché = point visé", il faudrait que la hausse soit plus haute de 0,6 mm (je n'ai pas envie de limer le guidon). Mais il me semble possible de refaire une hausse, il faut que je trouve un bout de fer en T, épaisseur 1,5 mm

Et je me tâte quant à la conduite à tenir avec la finition "Ripolin" 

et dire que j en connais un et il veut pas le vendre .pour la petite histoire  il a était acheter a un licencier après son décès pour  50€  .

Pour la hausse, en collant un petit morceau de laiton de 0,6 à l'araldite ? (+ un petit coup de peinture ou de brunisseur).

Les plaquettes montrées en dernier sont bien celles d'origine, avec ce marquage Ia, qui indique une fabrication en plastique moulé et non en Bakélite (absence du logo MPD). J'avais ce type de plaquettes sur le mien, qui était un pur civil un peu plus tardif (n° 4650xx).

Cette arme date du 3e trimestre 1943, c'est un "Type 3".
Le S&S a connu bien des améliorations/modifications durant sa carrière, et elles sont décrites dans un très bon livre* où l'on trouve une conséquente compilation de n° de série bien présentée : l'auteur part du début de la production (commencée au n° 260000) et la déroule dans l'ordre des n° recensés, en alternant des séries de n° avec les modifs, ainsi qu'un rappel des évènements historiques de la période concernée, jusqu'à la fin de la production de guerre (début avril 1945, dans la série des 506000), et déborde sur l'immédiat après-guerre (occupation temporaire par les Américains, avec des n° arrivant au 513000, et les quelques centaines assemblés par les Soviétiques après le départ des précédents ...) Cette compilation s'étale sur 111 pages !

Il y a des types de chargeurs différents, ainsi que des variantes de fabrication, de métal utilisé, etc.

La peinture noire est une habitude française d'après-guerre, mon père en était coutumier, il a repeint en noir les armes ramenées d'Allemagne en 45, et jusqu'au brave 16 à broche de mon grand-père, qui avait souffert d'être enterré de 1940 à 1944 ! Le tien semble n'avoir reçu qu'un fin voile de peinture, facile à enlever, ou à laisser s'il fait partie de son histoire ...
La couleur normale est une protection semblable à une parkérisation grise, comme celle du Mauser HSc. Le chargeur est en principe du dernier type, avec un gros trou entre les deux du haut, sur la face gauche de la cage. C'est la conséquence du remplacement du rivet de l'arrêtoir par une protrusion emboutie du métal sur l'autre face : la matrice d'emboutissage passe par ce trou.

belle pièce ... garde bien les plaquettes d'origine !


A+ 




*  "J.P. Sauer & Sohn", de Jim Cate et Nico Van Gijn pour le volume I (compte d'auteur, 1996), Jim Cate et Martin Krause pour le volume II (compte d'auteur, 2000).

feder504 a écrit:Le chargeur est en principe du dernier type, avec un gros trou entre les deux du haut, sur la face gauche de la cage. C'est la conséquence du remplacement du rivet de l'arrêtoir par une protrusion emboutie du métal sur l'autre face : la matrice d'emboutissage passe par ce trou.

effectivement (mais ce n'est pas pour l'arrêtoir de culasse - il n'y en a pas - mais pour la sécurité de chargeur)

La couleur normale est une protection semblable à une parkérisation grise, comme celle du Mauser HSc.

et que l'on voit très bien sur le chargeur ou les parties non peintes de la carcasse. Mais le sus-cité Jim Cate, qui est très présent sur un forum américain de collectionneurs d'armes de poing WWII (lugerforums.com), dit que seul Mauser, et seulement à la toute fin de la guerre, a pratiqué la parkérisation, et que la finition "2ème version" (après le bronzé noir poli) n'est pas une parkérisation (mais il ne dit jamais ce que c'est).

La peinture noire est une habitude française d'après-guerre, mon père en était coutumier, il a repeint en noir les armes ramenées d'Allemagne en 45, et jusqu'au brave 16 à broche de mon grand-père, qui avait souffert d'être enterré de 1940 à 1944 ! Le tien semble n'avoir reçu qu'un fin voile de peinture, facile à enlever, ou à laisser s'il fait partie de son histoire ...

depuis que je sais que ce n'est pas la finition d'origine, je serais plutôt tenté de l'enlever

Le chargeur est donc un 2e type, avec rivet rapporté et 7 trous de contrôle + le trou du rivet . Le 1er type n'a que 6 trous de contrôle (+ le trou du rivet), et le type tardif, avec le gros trou de l'outil d'estampage, redevient à 6 trous de contrôle, car il n'y a pas la place pour 2 trous à cet endroit.

J'ai parlé de "parkérisation" car moi non plus, je ne connais pas le bon terme, d'habitude, je dis "protection", comme ça, chacun y trouve ce qu'il veut, mais c'est chimique.
Entre nous, ce n'est pas terrible ... et celle de fin de guerre semble symbolique !

Pour les plaquettes, certains renseignements sont incomplets ou erronés, dans le livre de Cate & Gijn, car ils devaient manquer aux auteurs en 1996 ... Le bouquin de Weaver sur les matières plastiques du Reich, "Kunsststoffe", n'étant paru qu'en 2008, et même lui est incomplet ...

A+

feder504 a écrit:*  "J.P. Sauer & Sohn", de Jim Cate et Nico Van Gijn pour le volume I (compte d'auteur, 1996), Jim Cate et Martin Krause pour le volume II (compte d'auteur, 2000).

C'est en anglais ?

Un exemple de ce que j'arrive à en tirer, avec des munitions rechargées avec amour.
Tir à 25m, bras franc, visée "6 à 6 heures".

Première cible : 30 coups, balle plomb tronconique de 80 grains poussée par 1,8 grains de poudre A1, amorces Murom, douilles S&B



Tous les impacts sont inscrits dans un rectangle de 122 mm de haut par 102 mm de large. Pour être bien centré, il faudrait remonter le groupement de 16,5 cm et le décaler vers la droite de 5 cm.

Deuxième cible : 25 coups, balle blindée S&B de 75 grains, poussée par 2,3 grains de poudre A1, amorces Fiocchi, douilles S&B.



Tous les impacts sont inscrits dans un rectangle de 105 mm de haut par 105 mm de large.
L'impact le plus à gauche est clairement de ma faute (guidon décalé dans le cran de mire, avec une distance guidon-hausse de 127 mm, le moindre écart ne pardonne pas), sans lui le groupement tenait dans 70 mm de largeur. Et si j'enlève l'impact le plus haut et celui le plus bas, ça tient dans 72 mm de haut (oui, je sais, si ma tante en avait, ...   ).

Pour être bien centré, il faudrait remonter le groupement de 17 cm et le décaler vers la droite de 4 cm (soit quasiment la même chose que la cible précédente, ce qui est une bonne nouvelle)

On en a peu parlé sur TCAR… reportage bien appréciable donc 

Le SIG230 ne saurait renier sa filiation …

WICHITA a écrit:

feder504 a écrit:*  "J.P. Sauer & Sohn", de Jim Cate et Nico Van Gijn pour le volume I (compte d'auteur, 1996), Jim Cate et Martin Krause pour le volume II (compte d'auteur, 2000).

C'est en anglais ?

 Pardonne le retard ...
Oui, c'est en anglais ... gros bouquins de format 22 x 28, Vol. 1 : 406 pages, Vol. II : 437 pages. Plein de photos & schémas ...

A+

feder504 a écrit:

WICHITA a écrit:

feder504 a écrit:*  "J.P. Sauer & Sohn", de Jim Cate et Nico Van Gijn pour le volume I (compte d'auteur, 1996), Jim Cate et Martin Krause pour le volume II (compte d'auteur, 2000).

C'est en anglais ?

 Pardonne le retard ...
Oui, c'est en anglais ... gros bouquins de format 22 x 28, Vol. 1 : 406 pages, Vol. II : 437 pages. Plein de photos & schémas ...

A+

 Ce sont ces livres. 











A rechercher sur le net.
Cdt

De la bonne doc, isn't it ?

Je ne sais pas si le Vol. I possède une jaquette (le mien est comme le tien), mais le Vol. II a la sienne :



A+

feder504 a écrit:De la bonne doc, isn't it ?

Je ne sais pas si le Vol. I possède une jaquette (le mien est comme le tien), mais le Vol. II a la sienne :



A+

Oui, oui, il a une jaquette.
Cdt