Arisaka Type 35
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Arisaka Type 35
Bonjour,
Aujourd'hui, je vous présente un autre membre peu connu de la famille Arisaka : le fusil naval Type 35 (三十五年式海軍銃). Outre sa rareté, c'est aussi l'un des modèles que j'affectionne le plus.
Si l'Armée impériale adopte les fusils et carabines Type 30 en 1897 (calibre 6,5 x 50 mm SR) en remplacement de ses vieux Murata, ce n'est pas le cas de la Marine impériale, non convaincue par le nouveau fusil dont elle pense desceller un certain nombre de défauts. Mais le besoin de s'équiper d'une arme moderne (et d'un calibre dans l'air du temps) ne tarda pas à se faire sentir, alors la Marine missionna l'arsenal de Tokyo pour la conception d'une version améliorée du fusil Type 30, lequel était jugé (à juste titre) beaucoup trop sensible à l'encrassement. La culasse était également pointée du doigt pour sa complexité, facilement rendue inopérante au contact d'impuretés et très difficile à démonter (d'autant plus pour les nombreuses recrues inexpérimentées qui constituaient alors les forces militaires nippones grandissantes). Le projet fut confié à un jeune concepteur : un certain Kijiro Nambu.
Le nouveau fusil fut adopté en fin d'année 1902 (35e année de l'ère Meiji, d'où l’appellation "Type 35"), permettant aux forces navales de débarquement de remiser leurs Murata Type 22 et leur calibre 8 x 53 mm R.
Il reprend plusieurs éléments du fusil Type 30, mais la culasse fut grandement revue : moins de pièces, démontage simplifié, moins sensible aux impuretés, sureté redessinée (moins encombrante, ce qui limite les accrochages inopinés qui étaient monnaie courante avec le crochet protubérant de la culasse Type 30). Aussi, le bouchon de culasse est élargi et un "bouclier" est placé sur le corps principal afin d'obstruer le tunnel d'entrée du tenon et de l'extracteur dans le boitier. Ces mesures permettent de protéger l'utilisateur des projections de résidus générées lors des tirs.
Un capot métallique coulissant est installé dans le but de protéger le système de l'encrassement. Il s'agit du tout premier des "couvre-culasses" qui font la particularité des Arisaka, mais celui-ci est une version bien plus rudimentaire (et bien moins pratique) que ne le seront les modèles suivants, puisqu'il doit être manipulé séparément de la culasse. Notons qu'on retrouve cet accessoire sur les "Mauser siamois", conçus par le Japon à la même époque.
On trouve sur le fusil Type 35 une hausse radicalement différente de celles que possède son prédécesseur et posséderont ses successeurs. Le garde-main entoure cette nouvelle hausse et recouvre également la chambre.
Cette arme sera produite par l'arsenal de Tokyo à environ 38.000 exemplaires durant les premières années du XXe siècle.
Lors de la Guerre russo-japonaise, elle se montra bien plus adaptée aux rudes conditions de combat et de météo que les fusils et carabines Type 30 dont la sensibilité à la poussière s’est avérée problématique. Peu avant la Première Guerre mondiale, elle sera remplacée par le fusil Type 38, également conçu par Kijiro Nambu, pour qui le Type 35 n'était qu'une étape avant l'aboutissement à un modèle définitif. Quelques Type 35 resteront en service jusqu'à la capitulation de 1945, mais la majeure partie furent vendus à la Russie fin 1914 ou 1915, noyés dans les centaines de milliers d'Arisaka de divers modèles que cette nation acheta à celui qui, 10 ans auparavant, était encore son adversaire. À l'issue de la Grande Guerre, le stock russe s'éparpilla sur les territoires voisins, notamment la Finlande où quelques exemplaires participèrent à la guerre civile de 1918, d'autres se perdirent en Chine, puis une petite poignée alimentèrent la Guerre d'Espagne (bien souvent après conversion au calibre 8 mm Mauser). Leur taux de survie est extrêmement faible. Les seuls Type 35 que l'on puisse espérer trouver à l'état proche du neuf font partie des vingt ou trente (le nombre exact n'est pas connu) exemplaires fournis par le Japon au Royaume du Siam, probablement en tant qu'échantillon dans l'espoir d'obtenir une commande. Ce petit lot a été exporté vers les USA il y a plusieurs dizaines d'années, après n'avoir probablement jamais servi, au vu de leur état de conservation irréprochable.
Le fusil naval Type 35 était livré avec une baïonnette légèrement différente de la traditionnelle baïonnette Type 30 : si les dimensions sont identiques, la baïonnette Type 35 possède une lame ressort placée à l'arrière de la poignée, qui traverse la garde et forme un crochet se verrouillant sur la base du fourreau. On notera que les plaquettes sont un peu plus larges que sur une Type 30, puisqu'elles encadrent également la lame ressort. Ces baïonnettes sont rares et quasi systématiquement en très mauvais état de conservation. Elles sont particulièrement recherchées des collectionneurs et se vendent environ 10 fois plus cher que des Type 30 classiques.
Le fusil qui illustre cet article fait partie de ceux revendus à la Russie au début de la Première Guerre mondiale, il poursuivra ensuite sa carrière en Finlande. Il aura donc connu le service au sein de 3 nations différentes.
Les bois, bien abimés par endroits, ne sont pas de première fraicheur, mais le bronzage d'origine est très bien préservé. Et pour cause, lorsque j'ai récupéré ce fusil, les parties métalliques étaient recouvertes d'une solide couche de graisse brunâtre particulièrement coriace que j'ai eu un mal fou à retirer (il en subsiste des traces, et certaines zones restent encore à nettoyer).
Cette baïonnette Type 35, bien que loin d'être neuve, affiche un état de conservation nettement supérieur à ce que l'on observe généralement sur ces modèles.
Elle conserve encore son porte-fourreau, lui-même marqué d'une ancre de Marine, en très bel état pour un accessoire en cuir de presque 120 ans.
J'espère que, comme moi, vous apprécierez ce modèle souvent "oublié" de la famille Arisaka, hybride des systèmes Type 30 et Type 38 mais possédant tout de même un certain nombre d'éléments qui lui sont propres (hausse, culasse, cache-poussière) et représentatif des "débuts" du Japon en matière de conception d'armes à feu.
Aujourd'hui, je vous présente un autre membre peu connu de la famille Arisaka : le fusil naval Type 35 (三十五年式海軍銃). Outre sa rareté, c'est aussi l'un des modèles que j'affectionne le plus.
Si l'Armée impériale adopte les fusils et carabines Type 30 en 1897 (calibre 6,5 x 50 mm SR) en remplacement de ses vieux Murata, ce n'est pas le cas de la Marine impériale, non convaincue par le nouveau fusil dont elle pense desceller un certain nombre de défauts. Mais le besoin de s'équiper d'une arme moderne (et d'un calibre dans l'air du temps) ne tarda pas à se faire sentir, alors la Marine missionna l'arsenal de Tokyo pour la conception d'une version améliorée du fusil Type 30, lequel était jugé (à juste titre) beaucoup trop sensible à l'encrassement. La culasse était également pointée du doigt pour sa complexité, facilement rendue inopérante au contact d'impuretés et très difficile à démonter (d'autant plus pour les nombreuses recrues inexpérimentées qui constituaient alors les forces militaires nippones grandissantes). Le projet fut confié à un jeune concepteur : un certain Kijiro Nambu.
Le nouveau fusil fut adopté en fin d'année 1902 (35e année de l'ère Meiji, d'où l’appellation "Type 35"), permettant aux forces navales de débarquement de remiser leurs Murata Type 22 et leur calibre 8 x 53 mm R.
Il reprend plusieurs éléments du fusil Type 30, mais la culasse fut grandement revue : moins de pièces, démontage simplifié, moins sensible aux impuretés, sureté redessinée (moins encombrante, ce qui limite les accrochages inopinés qui étaient monnaie courante avec le crochet protubérant de la culasse Type 30). Aussi, le bouchon de culasse est élargi et un "bouclier" est placé sur le corps principal afin d'obstruer le tunnel d'entrée du tenon et de l'extracteur dans le boitier. Ces mesures permettent de protéger l'utilisateur des projections de résidus générées lors des tirs.
Un capot métallique coulissant est installé dans le but de protéger le système de l'encrassement. Il s'agit du tout premier des "couvre-culasses" qui font la particularité des Arisaka, mais celui-ci est une version bien plus rudimentaire (et bien moins pratique) que ne le seront les modèles suivants, puisqu'il doit être manipulé séparément de la culasse. Notons qu'on retrouve cet accessoire sur les "Mauser siamois", conçus par le Japon à la même époque.
On trouve sur le fusil Type 35 une hausse radicalement différente de celles que possède son prédécesseur et posséderont ses successeurs. Le garde-main entoure cette nouvelle hausse et recouvre également la chambre.
Cette arme sera produite par l'arsenal de Tokyo à environ 38.000 exemplaires durant les premières années du XXe siècle.
Lors de la Guerre russo-japonaise, elle se montra bien plus adaptée aux rudes conditions de combat et de météo que les fusils et carabines Type 30 dont la sensibilité à la poussière s’est avérée problématique. Peu avant la Première Guerre mondiale, elle sera remplacée par le fusil Type 38, également conçu par Kijiro Nambu, pour qui le Type 35 n'était qu'une étape avant l'aboutissement à un modèle définitif. Quelques Type 35 resteront en service jusqu'à la capitulation de 1945, mais la majeure partie furent vendus à la Russie fin 1914 ou 1915, noyés dans les centaines de milliers d'Arisaka de divers modèles que cette nation acheta à celui qui, 10 ans auparavant, était encore son adversaire. À l'issue de la Grande Guerre, le stock russe s'éparpilla sur les territoires voisins, notamment la Finlande où quelques exemplaires participèrent à la guerre civile de 1918, d'autres se perdirent en Chine, puis une petite poignée alimentèrent la Guerre d'Espagne (bien souvent après conversion au calibre 8 mm Mauser). Leur taux de survie est extrêmement faible. Les seuls Type 35 que l'on puisse espérer trouver à l'état proche du neuf font partie des vingt ou trente (le nombre exact n'est pas connu) exemplaires fournis par le Japon au Royaume du Siam, probablement en tant qu'échantillon dans l'espoir d'obtenir une commande. Ce petit lot a été exporté vers les USA il y a plusieurs dizaines d'années, après n'avoir probablement jamais servi, au vu de leur état de conservation irréprochable.
Le fusil naval Type 35 était livré avec une baïonnette légèrement différente de la traditionnelle baïonnette Type 30 : si les dimensions sont identiques, la baïonnette Type 35 possède une lame ressort placée à l'arrière de la poignée, qui traverse la garde et forme un crochet se verrouillant sur la base du fourreau. On notera que les plaquettes sont un peu plus larges que sur une Type 30, puisqu'elles encadrent également la lame ressort. Ces baïonnettes sont rares et quasi systématiquement en très mauvais état de conservation. Elles sont particulièrement recherchées des collectionneurs et se vendent environ 10 fois plus cher que des Type 30 classiques.
Le fusil qui illustre cet article fait partie de ceux revendus à la Russie au début de la Première Guerre mondiale, il poursuivra ensuite sa carrière en Finlande. Il aura donc connu le service au sein de 3 nations différentes.
Les bois, bien abimés par endroits, ne sont pas de première fraicheur, mais le bronzage d'origine est très bien préservé. Et pour cause, lorsque j'ai récupéré ce fusil, les parties métalliques étaient recouvertes d'une solide couche de graisse brunâtre particulièrement coriace que j'ai eu un mal fou à retirer (il en subsiste des traces, et certaines zones restent encore à nettoyer).
Cette baïonnette Type 35, bien que loin d'être neuve, affiche un état de conservation nettement supérieur à ce que l'on observe généralement sur ces modèles.
Elle conserve encore son porte-fourreau, lui-même marqué d'une ancre de Marine, en très bel état pour un accessoire en cuir de presque 120 ans.
J'espère que, comme moi, vous apprécierez ce modèle souvent "oublié" de la famille Arisaka, hybride des systèmes Type 30 et Type 38 mais possédant tout de même un certain nombre d'éléments qui lui sont propres (hausse, culasse, cache-poussière) et représentatif des "débuts" du Japon en matière de conception d'armes à feu.
Recense Nambu, Arisaka, lunettes et autres nipponeries :
https://www.tircollection.com/t27557-recensement-des-armes-japonaises-1893-1945
Badabom- Membre expert
- Nombre de messages : 582
Age : 34
Localisation : 13
Date d'inscription : 31/01/2015
Re: Arisaka Type 35
Très intéressant, en effet. Un détail m'intrigue: À quoi ressemble la tête de culasse, et plus particulièrement, l'extracteur, mais aussi le magasin et sa planchette élévatrice? Merci de prendre le temps de rajouter des photos.
Caudron- Pilier du forum
- Nombre de messages : 3305
Age : 60
Date d'inscription : 02/02/2020
Re: Arisaka Type 35
excellent post et photos comme d'hab
Pas de chichis, appelez moi SUPER !
WICHITA- Modérateur
- Nombre de messages : 19422
Age : 60
Localisation : Plein sud !
Date d'inscription : 29/12/2008
Re: Arisaka Type 35
Merci pour les gentils commentaires !
Caudron a écrit:Très intéressant, en effet. Un détail m'intrigue: À quoi ressemble la tête de culasse, et plus particulièrement, l'extracteur, mais aussi le magasin et sa planchette élévatrice? Merci de prendre le temps de rajouter des photos.
Je m'occuperai de faire les photos de ces éléments, avec pourquoi pas ceux des systèmes Type 30 et 38 pour comparaison.
Mais il faudra patienter quelques jours...
Recense Nambu, Arisaka, lunettes et autres nipponeries :
https://www.tircollection.com/t27557-recensement-des-armes-japonaises-1893-1945
Badabom- Membre expert
- Nombre de messages : 582
Age : 34
Localisation : 13
Date d'inscription : 31/01/2015
Re: Arisaka Type 35
WICHITA a écrit:excellent post et photos comme d'hab
Et pour une arme qui est vraiment une rareté & une curiosité.
Dans un état , qui plus est.
Ça, ça a une vraie valeur de collection!
C'est pas comme ton truc "suchi-taco", qui vaut rien, & dont tu devrais te débarrasser!
Pâtre- Pilier du forum
- Nombre de messages : 7496
Age : 53
Localisation : Besançon (25)
Date d'inscription : 20/11/2013
Re: Arisaka Type 35
Badabom a écrit:
Merci pour les gentils commentaires !Caudron a écrit:Très intéressant, en effet. Un détail m'intrigue: À quoi ressemble la tête de culasse, et plus particulièrement, l'extracteur, mais aussi le magasin et sa planchette élévatrice? Merci de prendre le temps de rajouter des photos.
Je m'occuperai de faire les photos de ces éléments, avec pourquoi pas ceux des systèmes Type 30 et 38 pour comparaison.
Mais il faudra patienter quelques jours...
Super! Je n'avais pas osé demander d'avoir les deux autres pour la comparaison, me voilà comblé
Caudron- Pilier du forum
- Nombre de messages : 3305
Age : 60
Date d'inscription : 02/02/2020
Re: Arisaka Type 35
Merci Laurent pour ton article, très intéressant!
J'ai pu approcher de très près ce fusil, c'est vraiment un beau modèle
J'ai pu approcher de très près ce fusil, c'est vraiment un beau modèle
Caym- Pilier du forum
- Nombre de messages : 2408
Age : 39
Localisation : Au phare ouest
Date d'inscription : 14/09/2017
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