"Le Brun" et "le Blond": deux K31 de 5ème catégorie

Petite rentrée pas du tout prévue (ça s'est fait à l'arrache entre avant-hier midi et hier soir): non pas un mais deux K31 à très très vil prix mais bon, ce n'est pas moi qui l'ai fixé...:




Genèse de l'histoire: j'apprends qu'un tireur de mon club veut faire détruire un fusil. Il est même déjà allé au commissariat l'abandonner, mais il n'a pas pu être reçu, heureusement. Je l'appelle, je lui demande ce que c'est comme fusil (je savais à peu près ce qu'il avait comme armes de tir, K31, AR-15 M16 et une carabine en 22-250, mais peut-être avait-il aussi le juxta du papa ou du beau-père, possiblement même en 12 à chiens extérieurs...) et il me répond: un K31 (!!!) Je lui dis "de quoi ?!? Détruire un K31 ? Ouh là, ça ne va pas fort, toi, si ?" Il me dit: "c'est un piquet de tomate, il ne tire pas droit, je l'ai apporté chez l'armurier, le support de guidon est tordu, il a essayé de réparer mais même au chalumeau, il n'a rien pu faire et il me demande 25 euros pour le détruire, alors je suis allé au commissariat." Je lui dis "bon, t'énerve pas, un K31, il y a forcément mieux à faire que le détruire, ne serait-ce que vendre les pièces. Je passe chez toi ce soir, j'y jette un œil et on en discute."
Je file chez lui après le boulot, on discute, il a des soucis persos et il est stressé par la mise en place du SIA, il a vendu son AR-15, dont il avait laissé passer la date de renouvellement de l'autorisation, pour une poignée de cacahuètes à l'armurier (celui qui lui demande 25 euros pour découper le K31...), parce que la préfecture lui a dit qu'il n'avait le choix qu'entre la vente à un armurier et la destruction... Bref, il arrête tout et fait le vide, vite et à moindre tracas. Il me présente le "piquet de tomates" (qui, pour moi, est maintenant "le Brun"), me présente aussi son autre K31 (celui que je connaissais, et qui est maintenant pour moi "le Blond") et me dit que si je lui achète "le Blond", il me donne "le Brun" avec. 150 euros le tout (!)
Bon, il ne faut pas rêver: ils sont tous les deux rechambrés en 30-284, comme les plus attentifs s'en seront doutés à l'arasement des tenons de baïonnette...
Ca ne m'arrange pas trop de rentrer deux fusils dont je n'ai pas l'usage, à plus forte raison dans un calibre shadock, alors je demande au camarade s'il a contacté certain armurier du département, spécialisé dans ce type de matériel. Il se renfrogne: pas question de s'embêter à courir les officines, il a d'autres priorités. Une annonce au club ? Il n'y va plus guère et les annonces fleurissent en ce moment. Bref: soit je prends, soit il fait tout détruire. Non, ben vu comme ça, je prends, évidemment... Comme j'étais en moto, rendez-vous chez l'armurier le lendemain soir.

Les fusils sont deux exemplaires tardifs (numéro de série en 900...), donc logiquement en hêtre, monomatricules, rechambrés par Nolasco.

Le Blond est très beau. Vraiment: bois, parties métalliques, il est vraiment très propre. Le problème du tenon de baïonnette...

...sera rapidement réglé. La bretelle (qui était montée à l'envers) est souple mais sèche (?!?), elle craquèle autour des trous, mais c'est largement disponible et pas bien cher. Plus gênant:
- un trou (rebouché) sur la crosse, le camarade, de haute taille, ayant à une époque déporté la fixation arrière de bretelle:

- un autre trou (non rebouché) sous le fût, où fut montée une grenadière qui recevait un bipied (défaut partagé avec le Brun, qui a récupéré la grenadière, laquelle ne tardera pas à dégager):


Le Brun est davantage patiné, bien que plus jeune que son frère: les bois (dont la teinte rappelle furieusement celle des bois de mon 7,5x55) sont bignés de partout, le bronzage des grenadières est moins bien conservé et les poignées du levier d'armement portent des traces de frottement.

Mais les fusils ne sont pas venus les mains vides, ils ont apporté leurs bagages (moyennant un supplément de 50 euros):


- 60 douilles Lapua et 45 Peterson:


- 43 cartouches rechargées (oui, je sais, c'est pécher, mais je connais le camarade, c'est un rechargeur extrêmement pointilleux):


- 94 douilles Winchester:


- un jeu d'outils Redding complet (recalibreur intégral, recalibreur de collet, siégeur avec "tête" micrométrique optionnelle et une olive pour pré-recalibrer le collet des douilles de 284):


- 40 balles PPU B345:


- 115 amorces Large rifle:


- et 8 de ces excellentes chargettes (4 très usagées et 4 repeintes):


...et la mallette sur laquelle j'ai posé le reste pour les photos, qui accompagnait le Blond (le Brun, lui, n'a eu droit qu'à un carton, heureusement que j'avais prévu deux fourreaux !)

Bon, les fusils sont sauvés, c'était le but, et leur ex-détenteur a quelques épines de moins dans le pied, ce qui était le but aussi, mais maintenant, que vais-je bien pouvoir faire de tout ce fourbi ? S'il se confirme que les fusils se comportent conformément à ce que leur détenteur m'en a dit (le Blond tirant très juste et le Brun en haut à droite de la cible), ce dont je ne doute pas, plusieurs possibilités:

- Option 1: je garde tout et je me mets au 30-284.
Avantages: - j'ai de quoi tirer un moment;
                - si je tombe sur une opportunité en 30-284 (genre, un MAS36...), je peux la saisir.
Inconvénient: un K31 me suffisait, je n'ai pas besoin de ces deux-là...

- Option 2: je vends le tout, tout de suite (avant de m'attacher...)
Avantages: - je récupère, logiquement, mes billes (240 euros, l'armurier ne m'ayant pris que 40 euros pour les deux transacs)(et encore... j'ai l'impression que si je n'avais pas abordé le sujet, il ne m'aurait rien fait payer !);
                - je ne me charge pas de deux armes (et des responsabilités qui vont avec) dont je n'ai pas l'usage;
Inconvénients: - ce n'est pas très drôle;
                     - je n'aurai peut-être que sursis à la destruction du Brun...

- Option 3: je revends le Blond et garde le Brun.
Dans ce cas, qu'est-ce que je fais des bagages ?
Logiquement, pour vendre le Blond sans perte, il faut que je les fourgue avec (hors balles, amorces et cartouches rechargées, bien sûr.) Mais dans ce cas, qu'est-ce que je fais du Brun ? Je l'accroche à la cheminée ? Je réinvestis le fruit de la vente du Blond dans un recanonnage en 7,5x55 ? Ce serait amusant, mais y ayant déjà goûté, je sais que ça me coûtera plus cher que la valeur de l'arme, à supposer, déjà, que le résultat soit satisfaisant...

Plus que deux fusils, c'est un dilemme que je me suis offert là... Pas d'affolement, avant de décider quoi que ce soit, il s'agit de vérifier la mise en bois du Brun et d'essayer les deux frères au tir. Ensuite, on verra...

A votre avis, j'ai fait une c....rie ou pas ?

  Non, tu n'as pas fait de bêtises...bien au contraire

Garde-les !
Tu as fait une super affaire et une bonne action.

Laisse-toi le temps de t'attacher (ou non) à ces armes et de leur trouver un usage.
Comme par exemple servir d'armes d'initiation au TAR dans ton club ou dans ton groupe d'amis, tes gosses...

Laurent C a écrit:Garde-les !
Tu as fait une super affaire et une bonne action.

Bonne action, c'est sûr; super affaire, c'est encore un peu tôt pour le dire, mais je le pense quand même, oui, malgré leurs défauts...

Laurent C a écrit:Laisse-toi le temps de t'attacher (ou non) à ces armes et de leur trouver un usage.

Me connaissant, je crains que ça ne soit pas long, et c'est bien là le problème ! Deux vilains petits canards comme ça, comment pourrais-je résister ? 

Laurent C a écrit:Comme par exemple servir d'armes d'initiation au TAR dans ton club ou dans ton groupe d'amis, tes gosses...

Pour mes gosses ? V'là le cadeau: un calibre disparu dans les tréfonds de la petite histoire avant qu'ils soient en âge de tenir un fusil... Je sais que je leur taille des costards plus souvent qu'à mon tour, quand ils mettent une 206 S16 au fossé, une moto dans le ravin ou font traverser de part en part l'habitacle d'une 207 par la barrière de sécurité d'un pont d'autoroute, mais je les aime quand même !
Armes d'initiation au club ? Je n'y avais pas pensé mais en effet, ce serait la meilleure chose à en faire... s'ils étaient en calibre d'origine. Car où trouver des munitions manufacturées, que pourrait seules vendre le club ? Et puis, quand je vois le peu de fois dans l'année que sortent le K11 et les deux Lee-Enfield du club (pour ne rien dire du 98K - certes en 8x64 -, que je n'ai jamais vu hors du coffre), je pense que ce serait gâcher... mais je garde l'idée dans un coin de ma tête, merci à toi !

Ce qui est dommage, c'est que je ne vais pas pouvoir les essayer avant le week-end prochain. A moins d'emporter le Blond au challenge amical de Chinon demain, mais même si je suis d'un naturel optimiste, ce serait quand même un peu gourmand !

Le démontage du Brun a été instructif:
- si monture et garde-main ont l'air d'être en noyer, c'est... qu'ils le sont. Monture: 63XXXX (1941); garde-main: 59XXXX (1939.) Du coup, le fusil n'est plus tant monomatricule que ça...;
- l'embouchoir non plus n'est pas au numéro: 875. Du coup, pas de scrupule à le remplacer: son successeur est commandé;
- le serrage des vis n'était pas optimal: vis arrière de pontet trop serrée, l'avant pas assez et celle de l'embouchoir non plus;
- le canon provient de chez Hämmerli;
- et pas d'étiquette magique sous la plaque de couche...
Restent au même numéro: boîtier, canon, culasse et magasin. Un recanonnage n'est donc pas éthiquement inacceptable...

Il est de 1949, le Blond de 1947 (comme mon premier K31).

Le démontage du Blond attendra le retour de sa première séance de tir. Ou pas: en deux semaines, il peut s'en passer, dans ma caboche !

Plus que deux fusils, c'est un dilemme que je me suis offert là... Pas d'affolement, avant de décider quoi que ce soit, il s'agit de vérifier la mise en bois du Brun et d'essayer les deux frères au tir. Ensuite, on verra...

A votre avis, j'ai fait une c....rie ou pas ?

Malheureux! Dans quel guêpier t'es-tu encore fourré, non pas un, mais deux moutons à cinq pattes d'un coup...   Allez, je ne peut pas te laisser souffrir les affres de l'angoisse plus longtemps, je te débarrasse du tout au prix où tu l'a payé...


Nan, je te taquine, en réalité, c'est un beau geste doublé d'une bonne affaire, ce qui est fort rare    Les armes suisses en 7.5X55 sont les seules à supporter le passage au 30-284 sans soucis d'alimentation, et en conservant des performances balistiques identiques à la cartouche d'origine.  Et si tu as des étuis et les outils de rechargement, qu'est-ce qui pourrait t'empêcher de les garder?

Quand on recharge, le 30-284 ne pose aucun problème, c'est aussi précis que le calibre d'origine. En fait, à part l'épaulement c'est la même chose. De plus, en tout cas avec le mien, l'éjection fonctionne parfaitement malgré le culot plus petit. C'est tellement pareil que je n'ai jamais cherché à racheter un 7.5 *55.

En tout cas super affaire.

Caudron a écrit:Malheureux! Dans quel guêpier t'es-tu encore fourré, non pas un, mais deux moutons à cinq pattes d'un coup...   Allez, je ne peut pas te laisser souffrir les affres de l'angoisse plus longtemps, je te débarrasse du tout au prix où tu l'a payé...

Fais gaffe, je pourrais bien te prendre au mot ! Mais je ne décide rien avant de les avoir essayés.

J'ai essayé plusieurs K 31 en 30-284, et plusieurs en 7.5 Suisse, et n'y ai vu aucune différence ; peut-être juste le 30-284 éjecte-t'il moins loin, ce qui est plutôt un avantage...

Quant aux munitions, recharger du 30-284 et du 7.5 Suisse c'est pareil, mécaniquement y-a que le recalibreur intégral qui change, on peut même conserver une charge identique (quoique le 30-284 permette de charger à peine plus fort ... ce qui est absolument superflu).

Les munitions manufacturées ? Le 7.5 Suisse n'a la supériorité que quand on en trouve, et tant qu'on en trouve ; autrement dit, faut pas tabler là dessus pour préparer l'héritage des enfants et la dot des filles.


Pour ma part, je considère d'un oeil dubitatif la mode des munitions manufacturées : quand j'ai pris mes premières licences FFT on n'en trouvait que dans quelques calibres, et très chères (cartouches de chasse). Au stand presque personne n'en tirait, ou bien juste 2 ou 3 pour vérifier un réglage, et tout le monde tirait des rechargées ou des récups de la 2e GM (discrètement glissées dans des armes qui n'étaient prétendument pas chambrées pour elles) ; autant dire que dans les poubelles du stand on ne trouvait que quelques étuis bien fendus !

Verchère a écrit:J'ai essayé plusieurs K 31 en 30-284, et plusieurs en 7.5 Suisse, et n'y ai vu aucune différence ; peut-être juste le 30-284 éjecte-t'il moins loin, ce qui est plutôt un avantage...

Je ne sais pas trop: autant avec le 96/11, j'ai du mal à doser entre la douille qui reste coincée dans l'extracteur et la gracieuse parabole qui se termine sur les mollets, autant avec mon K31 en calibre d'origine, en dosant la vitesse d'ouverture de la culasse, j'éjecte où je veux, presque au centimètre près. En général, je ramasse les dix douilles à l'aplomb de ma main droite, sans même décoller le coude du tapis...

Verchère a écrit:Les munitions manufacturées ? Le 7.5 Suisse n'a la supériorité que quand on en trouve, et tant qu'on en trouve ; autrement dit, faut pas tabler là dessus pour préparer l'héritage des enfants et la dot des filles.

Les GP11, en effet, tu peux brûler un cierge quand tu en trouves une, mais les Top shot, PPU et autres Sellier & Bellot sont un peu plus largement disponibles que les 30-284 manufacturées, non ?

Verchère a écrit:Pour ma part, je considère d'un oeil dubitatif la mode des munitions manufacturées : quand j'ai pris mes premières licences FFT on n'en trouvait que dans quelques calibres, et très chères (cartouches de chasse). Au stand presque personne n'en tirait, ou bien juste 2 ou 3 pour vérifier un réglage, et tout le monde tirait des rechargées ou des récups de la 2e GM (discrètement glissées dans des armes qui n'étaient prétendument pas chambrées pour elles) ; autant dire que dans les poubelles du stand on ne trouvait que quelques étuis bien fendus !

Mode ? Voire... Les tireurs de mon club sont de plus en plus nombreux à faire une pause dans le rechargement pour repasser aux manufacturées (quitte à les démonter pour en diminuer la dose de poudre), tant la hausse du prix des composants a réduit la différence entre rechargées et manufacturées (quand les rechargées ne reviennent pas carrément plus cher, et pas seulement les 223 et les 7,62x39...)

privateryan a écrit:

1. Bravo pour ton achat !!! comme on se retrouve....
   
2. etuis de 7.5 suisse, fire-forming avec A0 et roule ma poule. surtout ne pas ecouter les monsieurs je sais tout (j'ai aussi un MAS en 30/284)
   

1. Eh oui... comme promis !
2. Je n'ai pas de A0. Une alternative possible parmi celles-ci ? BA9/N330, SP3/N110, SP10/N130, TU 3000,... et c'est tout, au-dessus, je pense que ce sera trop lent.
Je fais le tri dans les propos des Monsieur-je-sais-tout: celui qui dit que les douilles de 30-284 sont introuvables, par exemple, je l'écoute. En revanche, celui qui dit qu'il est suicidaire de tirer une 7,5x55 (manufacturée civile, j'entends, pas une GP11) et qui, bien sûr, n'a jamais possédé de K31...
Le MAS36 en 30-284, ça pourrait bien se faire un de ces jours si je décide de poursuivre dans ce calibre, vu le prix actuel des exemplaires en 7.5x54...

Premier essai du Blond, sur cinq cartouches seulement car j'étais hors cible à 200 mètres et qu'avec ce qui était tombé les jours précédents, le 50 mètres et le 100 mètres étaient impraticables, mais le fonctionnement, au moins, est impeccable: alimentation, lâcher, percussion, extraction, éjection, tout est exactement identique à "mon propre" K31 (en 7,5x55.)
Démontage: les bois ne sont pas au numéro de l'arme sur celui-là non plus (mais monture et garde-main sont homogènes entre eux), le serrage des vis était perfectible et sous la plaque de couche... je n'ai pas pu aller voir, la vis du haut étant absurdement serrée !
Pour le Brun, j'ai préparé des cartouches 7,5x55 faiblement chargées (2,20 grammes de TU3000, balles PPU B009 - 308 145 grains à l'ogive très tangente, permettant une LHT très longue: contact rayures à... 82,1 mm !) sur douilles GP11 peu rechargées auparavant. Peut-être dimanche...
Le principe du rechambrage en 30-284 du K31 (et du MAS36) me laisse perplexe: le but du rechambrage était d'empêcher l'arme "civilisée" de chambrer la cartouche militaire, logiquement plus longue. Or, dans le cas présent, l'arme civile peut chambrer la cartouche militaire et l'arme militaire ne peut chambrer la cartouche civile. Par quel tour de passe-passe les armuriers ont-ils pu obtenir le déclassement de ces armes modifiées "à l'envers" ?!?

Non
Le but du rechambrage etait d'avoir une arme d'un calibre different du calibre d'origine
Il n'a jamais été question de longueur de cartouche
On prenait une cartouche approchant et legerement plus grosse
Ca permettait de passer l'arme en 5eme

 

"l'ancienne" réglementation classait pour partie les armes selon la munition.
Avec une distinction entre munitions militaire (1ère), & munitions civiles (5ème).

Le bidouillage "reachambrage dans un calibre civil" permettait de vendre. => en plus d'être soumise à autorisation, les premières cat. étaient contingentées.

Faut des fois pas chercher la logique dans la réglementation, mais comment certain essayent à toute force de la contourner.
Pas forcément avec des motivations louables.

Stephane5 a écrit:... Le principe du rechambrage en 30-284 du K31 (et du MAS36) me laisse perplexe: le but du rechambrage était d'empêcher l'arme "civilisée" de chambrer la cartouche militaire, logiquement plus longue. Or, dans le cas présent, l'arme civile peut chambrer la cartouche militaire et l'arme militaire ne peut chambrer la cartouche civile. Par quel tour de passe-passe les armuriers ont-ils pu obtenir le déclassement de ces armes modifiées "à l'envers" ?!?

Il me semble que dans la définition théorique stricte, une arme chambrée en calibre "civil" ne devait pas pouvoir tirer une cartouche militaire.

Car celles-ci, disponibles en grand nombre (sur place ou par le trafic international), étaient seules susceptibles d'alimenter une insurrection de masse (la couleur n'étant pas définie, du rouge au brun il y avait le choix, en passant même par le blanc).
Il ne s'agissait donc pas d'une question de puissance, car il existait déjà pas mal de cartouches de grande chasse bien plus puissantes que les plus puissants calibres militaires.
L'application fut tout de même relativement souple, car il était évident qu'une arme chambrée en 8x60S ou en 8x57JRS pouvait tirer le 8x57IS allemand ; mais pas sans aucun risque (rupture d'étui) ni inconvénient (défaut d'extraction), donc plutôt malcommode au combat.

Le 30-284 est plus récent, il me semble. A cette époque on n'y croyait plus guère, de toutes façons le 7.5 suisse était très difficile à trouver même en région frontalière (on pouvait en chiner 2 ou 3 pour la collection, mais pas des caisses de 480). Et le 7.5 suisse ne passe sans risques que dans les 30-284 chambrés très serré ; certains armuriers laissaient la fraise de chambre s'enfoncer "un peu loin", et dans ceux-là on ne recommence pas 2 fois l'essai !

Bon, mon premier essai de fire-forming n'est pas très concluant: les dix cartouches tirées par le Brun (à 50 mètres, effectivement un poil à droite alors que le guidon est déjà réglé bien bien à droite) ont donné huit douilles rechargeables, une avec une amorce de rupture de culot "classique" (celle qui a envoyé à la poubelle mes douilles rechargées dix ou douze fois) et la dernière... le culot a été bien urbain de rester attaché au reste car on voit pratiquement le jour à travers la fissure, dans laquelle l'ongle s'enfonce !

Deuxième essai: dix douilles de GP11, tirées au K31 et recalibrées en 30-284, pour chacun des fusils. Elles sèchent, je chargerai celles du Blond demain et les tirerai après-demain, j'espère. Celles du Brun suivront si l'essai est encourageant. Visuellement, aucune différence avec les douilles recalibrées en même temps en 7,5x55...
Au fait, si quelqu'un pouvait me dire où trouver la notice des outils Redding (principalement le recalibreur): j'ai réglé comme pour les Lee et les douilles passent très serré dans le Quick trim die de 7,5x55 (eh oui, comme un crétin, j'ai oublié que mon case trimmer en 284 préfèrerait des douilles Boxer...)

Me semble qu'un recalibreur intégral se règle pareillement quelle que soit la marque, c'est à dire butée SH contre matrice...
Et qu'un recalibreur 30-284 ne doit pas recalibrer grand chose sur un étui tiré dans du 7.5 suisse (à part le collet) ; ça paraît évident, non ?

Du coup, au tir dans un 30-284 ils vont souffrir comme des GP11.
La solution ? Pas moyen de les caler en arrière contre la cuvette de tir, comme on peut faire avec des étuis à bourrelet. Pour éviter l'amorce de rupture de culot, il faut faire en sorte que l'étui puisse reculer librement contre la cuvette de tir dès le début de la montée en pression, afin qu'il se "déroule de l'avant" plutôt que de "s'allonger du quart arrière". Et le seul moyen paraît être de huiler légèrement les étuis !

On peut bien sûr éviter ça, en fire-formant les étuis dans un outil adéquat. Le recalibreur intégral de 30-284 peut sans doute convenir, en confectionnant un bouchon spécial et en plaçant la matrice dans un berceau approprié ; je l'ai fait pour étudier un wildcat à base de 50 BMG, la technique de base est connue sous le nom de "formage à l'explosif" (pour former une 50 BMG remplie d'eau, 0.30 g de PSF vive suffisaient ; pour une GP11 il faudrait réduire la charge en proportion du volume, en espérant que la matrice résiste).

Bonjour

Tu as tiré quoi comme etui ?
Si ce sont des etuis de 7.5X55, cela ne m'etonne guere que les etuis cassent au premier tir
Les survivants ne tiendront pas beaucoup plus longtemps.

Je l'ai testé sur un 30-284W avec des etuis de 7.5X55 GP11

Si tu veux que les douilles tiennent part de douilles de .284W

Pour mon 30-284 je suis toujours parti de 7,5 X 55 transformées par fire forming: Jamais une seule n'a flanché et elles sont maintenant à plus de 5 rechargements sans aucun déchet.....

J'ai lu qu'on pouvait utiliser de la N110 pour le tir réduit en 7,5x55. Je vais me mettre en quête de balles H&N électro-cuivrées.
Je préfère ne pas utiliser mes douilles de 284: j'en ai assez pour tirer quelques années, mais je galèrerais à en retrouver quand ma dotation serait épuisée, alors qu'en 7,5x55, j'ai, non seulement un stock beaucoup plus conséquent, mais une source de réapprovisionnement régulière.

Hier, tir avec "le brun" de 9 cartouches* ainsi assemblées: douilles S&B 7,5x55 tirées une fois et recalibrées intégralement (il y a longtemps) en 7,5x55, 0,90 grammes de A0, balles H&N 165 gn flat point (après réflexion, je les ai préférées aux round nose car si je n'ai pas l'utilité des 500 pour fire-former les 7,5 en 30-284, le reliquat me servira pour le 30-30), amorces Winchester large rifle. LHT: 71,5 (!!), pour un contact rayures à 72,5 (et même... 70,5 dans "le blond" !)
Le tir est agréable, tranquille sans être exagérément mou, et les douilles semblent avoir bien supporté. Elles finissent de sécher après un recalibrage partiel en 30-284.

* Pourquoi neuf ? Parce que le siégeage de la balle a plié le collet de la dixième. Et les neuf autres balles ont été gentiment rabotées. Faut-il que j'achète l'évaseur universel Lee ou puis-je espérer évaser suffisamment au moyen de l'olive du recalibreur en 8x57 ?

Si on a besoin d'un évasement, le JO 2 outils usuel n'est pas approprié ; il faut constituer (ou simuler) un JO 3 outils pour douilles droites.
L'introduction partielle d'un expandeur "tiré" (JO 2 outils) est plutôt hasardeuse, et il va poser le même problème que les évaseurs soit-disant "universels" : un étui à peine plus long sera plus évasé, et l'on arrive vite à des "trompettes" qu'il faut refermer par une passe supplémentaire, sinon elles grattent en chambrant la munition.

Alors que les expandeurs-évaseurs "poussés" des JO 3 outils sont théoriquement moins sujet à ces problèmes. Je dis théoriquement, car la doc technique Lyman que j'avais trouvé à ce propos n'avait sûrement pas été communiquée à l'atelier de production Lyman : mes expandeurs-évaseurs de la marque n'appliquaient pas les indications très strictes de la doc !

Il faut simplement que la portée cylindrique d'expandeur (un peu plus petite que la balle) soit suivie d'un court cône de raccordement (peu importe l'angle exact) vers une portée cylindrique à peine plus grosse que la balle (de juste ce qu'il faut pour que la longueur évasée ait avant siégeage le diamètre extérieur que prendra tout le collet après siègeage).
Et alors la balle s'engage dans la partie évasée sur simple pression du doigt, puis au siègeage elle rentre sans aucun rabotage. A condition bien sûr que la lèvre du collet soit légèrement chanfreinée et que l'arête interne du chanfrein soit adoucie, mais ça va tellement de soi qu'il est presque inutile de le préciser...

Avec un tel expandeur-évaseur, si un étui est un poil plus long ou plus court, la longueur d'évasement sera un poil plus longue ou plus courte, mais le diamètre extérieur de la portée évasée restera identique (sans la moindre trompette). La tenue du projectile sera tout aussi identique, car l'outil de siègeage enfonce la balle d'une valeur qui ne tient aucun compte de la longueur réelle de l'étui.

Exemple pratique ici :
https://www.tircollection.com/t14660-outils-mx-recalibreur-de-collets#190161
A noter que depuis j'ai affiné les différences de diamètre entre balle et expandeur ou évaseur, ainsi que le mode de fabrication de l'outil.

A défaut d'usiner un expandeur-évaseur sur mesures (pour chaque diamètre il en faudrait un différent par type de balle : chemisée, plomb, calepinée papier), on peut obtenir un résultat parfois acceptable en panachant des éléments de différents JO d'une même marque. Par exemple l'expandeur-évaseur de JO 3 outils en 30 US Carbine, monté dans le recalibreur (ou le siègeur) du calibre long à traiter (choix de la matrice, selon compatibilités du filetage et de l'espace interne).

Petite cible ce matin avec "le brun":

100 mètres couché, cartouches de tir réduit pour fire-former en 30-284 des douilles de 7,5x55. Pas mirifique, mais pas si mal pour un piquet de tomates qui devrait être une plaque d'égout ! (en fait, je me demande si ce n'est pas mon meilleur K31...)

C'est vrai que pour du FF c'est pas mal à 100m!

Par contre, le guidon sort à moitié du porte-guidon...