Mon Peabody modèle 1867

Bonjour à tous,

Ce matin, je viens vous présenter mon fusil Suisse modèle 1867 Peabody :



Déjà et depuis longtemps, la silhouette de ce fusil m'avais immédiatement plu. Comme quoi, l'esthétique ça compte beaucoup.

Ce fusil est vraiment passionnant et très caractéristique des premiers systèmes de culasse mobile américains nés pendant ou juste après la guerre civile US : les systèmes Sharps, Henry, Spencer, Snider, Berdan, Remington ... et Peabody.

Au passage, petit à petit, je suis en train de me constituer une collection d'armes Suisses et ce fusil vient s'y insérer naturellement.

De plus, j'avoue une certaine appétence pour faire revivre les cartouches anciennes : 577 Snider (Merci à Lolo577), 43 Egyptien, 10,4x38, 11 mm Gras ...

Mais revenons à mon fusil au sujet duquel j'ai lu avec attention le post de notre collègue lolo13 intitulé fusils et carabines Peabody.

Je vous invite à faire une courte visite en photos.

La platine, on devine vaguement le jaspage que le chien a mieux conservé. Aucun marquage.


La culasse ouverte a conservé son bronzage.
Notez la lame de l'extracteur-éjecteur au bout de la culasse.
Remarquer que le cran de mire de la hausse est décalé sur la gauche. :


Le levier de pontet / sous-garde permet d'ouvrir et de fermer la culasse, le mouvement est net, sans jeu, le ressort est hyper ferme. Le boîtier jaspé est sans aucun marquage de ce côté :


Le boîtier côté gauche montre un marquage de patent US.
On remarqua aussi la petite hausse à cadran typiquement helvète.
À noter également la courte barrette vissée au boîtier et à la crosse, faisant pendant à la platine pour bien assurer la crosse.
Les 3 vis visibles sur le boîtier correspondent aux axes des pièces mobiles. J'y reviendrai plus tard :


Le marquage de patent du boîtier, malencontreusement griffé par un précédent propriétaire un peu brutal.

Traduction rapide :


Sur le canon : le pied de hausse et le matricule de l'arme. Ce matricule a été apposé à sa livraison en Suisse. 
La hausse est posée à queue d'aronde.
Le matricule est répété sur la monture.
Observons que le canon est rond = c'est le canon d'origine US des 15 mille exemplaires achetés d'urgence.
Les armes ayant un canon hexagonal ont reçu un canon neuf en 1877 et leur millésime devient 1867/77 et seront versées aux troupes du Génie.


La partie inférieure du boîtier et de la monture montre deux marquages :
- le matricule de l'arme sur la monture
- le poinçon E devant la vis de fixation de la plaque support de l'extracteur-éjecteur.


Photo de la poignée montrant le levier formant pontet et, derrière la pièce de détente et sa vis de fixation.
Sous la poignée est répété le matricule de l'arme.
Le levier est jaspé, la pièce de détente est bronzée :


La crosse vue de gauche, profil typiquement américain.
On note l'excellent état du bois de noyer et sa patine :


La crosse vue de droite, montrant le poinçon M+ au centre. 
Ce poinçon est celui du colonel de l'armée Suisse Mischler, négociateur de l'achat aux USA et en charge de l'importation des fusils Peabody en Suisse :


Les garnitures du canon, grenadière et embouchoir.
Les pièces portent la majuscule U poinçonnée sur leur partie droite. Ceci pour indiquer le sens de remontage : le fusil posé sur la crosse on doit lire la lettre dans le bon sens. Ce poinçon U (UP) est d'origine US.
Notons aussi le maintient des pièces par un ressort à épaulement et à pivot.


Les rayures du canon vues de la bouche : trois rayures bien nettes :


Enfin, voici les mensurations du fusil, quasiment celles d'un Chassepot ou d'un Remington Egyptien :


Ici se termine la visite de ce très beau fusil Peabody modèle 1867.
À peine quelques gnons et éraflures sur la monture. Bronzage du canon à peine atténué, action ferme, aucun jeu entre les pièces mobiles, crans du chien bien nets, tous marquages bien présents, belle patine des bois.
Je dis que l'arme est magnifique.

Dès que possible, l'arme sera conduite au pas de tir et on verra ce qu'elle a dans le ventre.

D'ores et déjà, je me suis fait une dizaine d'étuis juste pour lui : des étuis 10,4x60R neufs que j'ai passés au calibreur Lee, après avoir retiré l'olive de désamorçage.

Voici un étui :


Eh oui ! les étuis du Vetterli basés sur du 348 W ou du 8 Lebel ne sont pas acceptés par le Peabody.
1 les culots doivent rester suffisamment minces à cause de la culasse qui remonte au raz du drageoir.
2 la chambre du Peabody n'accepte QUE LES ÉTUIS STRICTEMENT AUX COTES DE COLLET LES PLUS ÉTROITES : une cartouche expérimentale montée avec la balle en .431 (que je tire sur le Vetterli) ne chambre pas. Collet trop élargi par la balle. Tolérance zéro.

Donc, c'est un peu comme pour le Gras. Il faut une balle rétreinte du culot. 
Moule dédié en perspective...

Enfin, avant de terminer, je prévois une suite à ce post : le démontage - remontage des pièces mobiles.
C'est pas de la tarte, mais j'ai enfin pigé la manip. Indispensable si on veut pouvoir entretenir cette belle arme.

Voilà. 

J'espère vous avoir intéressés et même, j'oserai dire : apporté quelques éléments pour mieux connaître l'arme.

À bientôt !

Hello !
Une arme magnifique qui manque à ma collection !
Ton exemplaire est en très bel état....
Tu n'évoques pas le mode de percussion: normalement c'est annulaire; qu'en est il pour ton arme ?
As tu essayé de chambrer une munition Vetterli d'origine ?

Encore une superbe pièce à ton actif. Merci pour le partage et bon brainstorming pour le rechargement.

CLOSDELIF a écrit:Hello !
Une arme magnifique qui manque à ma collection !
Ton exemplaire est en très bel état....
Tu n'évoques pas le mode de percussion: normalement c'est annulaire; qu'en est il pour ton arme ?
As tu essayé de chambrer une munition Vetterli d'origine ?

Ooooops !

C'est vrai, j'étais tellement dans mon texte et les corrections, que j'ai zappé ces points importants !

Oui, le fusil est passé en percussion centrale, le percuteur et la culasse ont été modifiés, l'orifice annulaire subsiste.

Oui, la cartouche 10,4x38 d'origine chambre comme papa dans maman, faits l'un pour l'autre.

J'ai aussi oublié de parler de la baguette. Elle est 100% d'origine et se visse sous le canon dans une excroissance du boîtier.

Merci d'avoir posé ces bonnes questions. 

A bientôt

Râââ...je suis doublement envieux !
J'espère que tu obtiendras de bons résultats avec

Magnifique fusil qui est tombé entre de bonnes mains !  

Je constate avec plaisir que tu es devenu un expert en reformage de douilles et en calibres obsolètes...

Superbe pièce, ca fait envie 

Pour une fois que l'ultra-mince bourrelet du 10.4 x 60 R convient, faut en profiter !

Bonjour ST ETIENNE,

c'est un joli fusil ! Pourrions-nous avoir des photos de la modification du bloc de culasse ?

j'en ai un et j'ai réussi à tirer quelques cartouches rechambrées à partir de douilles en 348 W ; je n'ai pas la culasse modifiée et j'ai "fabriqué" un amorçage latéral "annulaire" avec des 22LR à blanc : résultat un coup sur deux est parti . Je suis découragé ... Mais ça reste un fusil superbe.
Attention à la percussion à vide car la zone du bloc de culasse au niveau de la vis haute est fragile !

JN

jeanono62 a écrit:Bonjour ST ETIENNE,

c'est un joli fusil ! Pourrions-nous avoir des photos de la modification du bloc de culasse ?

j'en ai un et j'ai réussi à tirer quelques cartouches rechambrées à partir de douilles en 348 W ; je n'ai pas la culasse modifiée et j'ai "fabriqué" un amorçage latéral "annulaire" avec des 22LR à blanc : résultat un coup sur deux est parti . Je suis découragé ... Mais ça reste un fusil superbe.
Attention à la percussion à vide car la zone du bloc de culasse au niveau de la vis haute est fragile !

JN

Bonsoir Jeanono62, 

Bien sur.
Je vais vous préparer ça.
Juste un petit peu de patience, j'ai un challenge armes anciennes sur le feu ...
Je pense la semaine prochaine.

Quand aux percussions à vide, c'est déjà pas bon en général, mais sur ce type de boitier, c'est très destructeur.

A bientôt

Hello St Etienne,

Bon challenge

A bientôt 

JN

Et pour l'histoire : ces 15000 fusils ont été acquis d'urgence compte tenu des manifestations guerrières des prussiens qui montraient d'évidentes envies de passer par la Suisse pour se rendre en France. A cette époque les troupes suisses sont sous-équipées. On rencontre des fusils à chargement par la bouche, des armes avec la modification Amsler, soit en cal 18 mm soit en cal. 10,4.

L'arrivée des Vetterli mettra un rapide tome à la carrière des peabody.