De curieux étuis... (7,92 etc)

Bonsoir,

Voici quelques curiosités qui m'intriguent depuis longtemps.
Pour l'anecdote, ces étuis de 7,92x57 sont issus d'un important lot dont beaucoup ont été ramassés dans les semaines et les mois qui suivirent les combats de la Libération. Ça avait bien tabassé chez nous, village détruit à 96%.
Puis ils ont été "stockés" au chaud jusqu'en 2015.
D'ailleurs le loustic avait fait de sacrées emplettes dans les ruines de cette guerre, vu ce qu'on a trouvé...
Particularités: beaucoup de ces étuis semblent ne pas avoir servis, les amorces n'ayant pas été percutées et surtout j'ai trouvé une soixantaine d'entre eux qui sont inachevés mais aussi quelques étuis inédits pour moi à ce jour (une quinzaine dans le lot).
Voyez vous-même.

Voilà un de ces inédits, qui semble en acier nickelé (?).
À l'intérieur de ce truc, un petit dispositif en forme d'étoile et à côté un étui de 7,92x57 "normal".
8,74mm au collet.
11,87mm pour le corps d'étui.
44,5mm de longueur.
5,3 grammes.



Est-ce que ça parle à quelqu'un?

Et voici un échantillon des étuis inachevés.
Pas de marquages, pas d'évents etc...
Je me demande... comment... pourquoi... ???
Un petit atelier de manufacture de munitions sur le terrain?
J'avais également mis la main sur des "coquilles", en fait des chemises cuivrées pour projectiles mais... sans le noyau de plomb, il y en avait de différents calibres, neuves, dans une petite boîte de la WH qui était encore scellée mais je l'ai égarée dans mon bordel.

Et pour finir, j'aimerais pouvoir enfin identifier cet étui de l'Atelier de Puteaux (54 trouvés avec les mêmes marquages).
Diam. au culot: 13,21mm
Diam. à la base: 11,52mm
Longueur: 23,83mm
Poids: 8,2 g
À sa droite, une 7,92x57, une 8mm Lebel et une 7,5x54 MAS.
À quel calibre correspond cet étui?
À noter qu'ils me paraissent avoir été coupés, certains présentent comme de légères traces de sciage.

Seppi68 a écrit:Et pour finir, j'aimerais pouvoir enfin identifier cet étui de l'Atelier de Puteaux (54 trouvés avec les mêmes marquages).
Diam. au culot: 13,21mm
Diam. à la base: 11,52mm
Longueur: 23,83mm
Poids: 8,2 g
À sa droite, une 7,92x57, une 8mm Lebel et une 7,5x54 MAS.
À quel calibre correspond cet étui?
À noter qu'ils me paraissent avoir été coupés, certains présentent comme de légères traces de sciage.

Ce ne serait pas une étoupille ?

Pas une étoupille, mais une cartouche de .303 française coupée, plutôt ...

Pour les étuis non terminés, il peut s'agir de pièces provenant d'un tableau présentant une cartouche aux divers stades de sa fabrication, en partant du flan.
Les manufactures en réalisent, on en trouve assez souvent ...

A+

Bonjour Seppi (petit Joseph ?),
Pour les étuis avec amorces intactes, examine bien le collet pour y discerner une éventuelle déformation (retrait du projectile avec les moyens du bord). Si c’est le cas, c’est que l’ancien était chasseur. Or, au lendemain de la guerre, les chasseurs ne pouvaient assouvir leur passion qu’en se démer..ant à outrance puisqu’on ne trouvait rien de rien pour constituer une cartouche de chasse.
Tes étuis amorcés vides ont servi …pour leur poudre !  Comment les gars dosaient vu qu’ils ne connaissaient pas la vivacité de la poudre en question, je pense qu’à l’époque, le mépris du danger (après ce qu’ils avaient vécu…) était assez répandu. Mais bon, la poudre allemande ressemblait  à la poudre T dont tout le monde sait qu’il en faut deux grammes pour 32 grammes de plomb (pas de blague, hein, c’est un ordre de grandeur, pas une table de rechargement !). 

Le plomb devait être mariole à trouver mais dans les ruines, il devait bien s’y trouver des bouts de tuyaux. Coulé à l’écumoire avec une chute assez importante (pour le refroidissement et la sphéricité) et réception dans de l’eau, ça devait le faire à peu près.

Pour les amorces, là, obligation d’un tour, un peu de témérité et une bonne lecture du mode d’emploi. Il fallait tronçonner les étuis au plus près du fond puis les réduire ensuite radialement au bon diamètre. Voici un lot d’étuis tronçonnés, récupérés dans un lot de vieilleries il y a longtemps :


Le gars n’était pas difficile pour l’origine, les étuis du vainqueur ou du vaincu faisaient aussi bien l’affaire. On voit bien les traces du mandrin sur les culots présentés sur champ. Un client m’a montré, il y a bien longtemps, trois amorces (celles qui lui restaient) ainsi obtenues après alésage au bon diamètre pour insérer dans le logement d’amorce d’une cartouche de chasse. Bien sûr, le boulot était fait à la perruque mais peut-être que le patron allait aussi à la chasse ?

Pour faire les douilles de calibre 16, je sais qu’au Maghreb on recycle les étuis de .50 BMG car le diamètre du culot convient pour le bourrelet (j’ai mesuré : c’est vrai. Mais il faut retoucher l’épaisseur). Le reste nécessite un petit marteau et beaucoup, beaucoup de patience. Je n’ai pas entendu d’anciens chasseurs me parler de cette transformation en France, mais elle a pu être réalisée. Deux certitudes : une durée de vie impressionnante de l’étui et des ampoules plein les mains avant la fin du 2° … !

Et on se plaint des problèmes de fournitures à l’heure actuelle…

feder504 a écrit:Pas une étoupille, mais une cartouche de .303 française coupée, plutôt ...

Pour les étuis non terminés, il peut s'agir de pièces provenant d'un tableau présentant une cartouche aux divers stades de sa fabrication, en partant du flan.
Les manufactures en réalisent, on en trouve assez souvent ...

A+

Du .303 British trafiquoté, c'est bien vu.
Je n'y avais pas pensé et pourtant dès le premier coup d'oeil ces étuis m'ont "parlé" mais sans plus, quant à savoir pourquoi ils ont été raccourcis...

Bonjour Obaneck,
Tu y étais presque, "petit Joseph" serait plutôt "Seppala", ça dépend.
Effectivement, j'ai trouvé pas mal de cartouches de tous calibres (toutes antérieures à la fin des années 40) dont les projectiles ont été extraits avec plus ou moins de soin afin de récupérer la poudre.

Et effectivement, j'ai trouvé plusieurs tubes remplis de poudre, dont certains de poudre noire.
Mais de très nombreux autres étuis semblent "neufs de stock", sans aucune trace de bidouillage, dont un lot de 200 avec marquages polonais et amorces en place, qui étaient dans une boîte scellée sur laquelle est écrit "Polen 38/39 - 200 hulsen", avec cette boîte une autre où on peut lire "Polen - Spitzkopf vollmantel - 200 St. - Fabrik Reichweiler- zu Folgen".
Reichweiler étant le nom allemand de Richwiller (Haut-Rhin) et ce village ayant abrité un dépôt ou autre, en tous cas une installation souterraine de la Manurhin avant et après la guerre, je me demande si les allemands n'ont pas utilisé ce lieu dans la même lignée en 40-45.
D'autant plus que l'ancien a toujours vécu à un jet de pierre de cet endroit et que dans les forêts alentours plusieurs sites ayant trait à la fabrication de munitions et d'explosifs ont existé, exploités tantôt par les allemands, tantôt par les français selon les époques.
À ma connaissance, je suis le seul de la famille à avoir été chasseur d'ailleurs je n'ai rien trouvé en lien avec la chasse ni mes oncles, qui sont naturellement passés avant moi et qui se sont fait une joie d'embarquer des "vétérans" dont un de chez I'oncle Sam en .30 Carbine et un petit suisse en 7,65x21 que j'ai pu voir en photos après son rapt et qui m'a valu une quasi crise cardiaque.
Je crois que lorsque le vieux était gamin, il était exactement comme j'étais moi-même: un fouineur fasciné par le simple fait de trouver ne serait-ce une simple "douille de la guerre", guerre qui lui avait permis d'amasser un bric à brac considérable, planquant un peu de tout par ci par là dans la maison familiale et soit il avait Alzheimer soit c'était voulu mais certaines choses n'avaient pas bougées pendant des décennies.
Bref, j'ai encore deux ou trois étuis en laiton qui font penser à du 8mm Lebel amputé de son culot et de son collet, monté sur un culot type calibre 16 en alu (?) marqué "A.Wioland-Mulhouse", trouvés en forêt il y a un bail.
Pour ce qui est du recyclage des étuis de .50, tu m'étonnes que la longévité soit accrue!
Et dire que dans un futur plutôt proche, on devra peut-être sérieusement penser à faire du "recyclage", de la "rénovation" et des "provisions", comme d'autres avant nous dans un passé pas si lointain...

En tous cas c'est un plaisir de te lire, Obaneck.

Les étuis non terminés proviennent effectivement sans doute d'une cartoucherie, ou y étaient destinés. Avec la proximité d'anciens établissements Manurhin, d'éventuelles tentatives de repli de matériel par les allemands, les souvenirs ramenés par ceux qui en 45 les ont poursuivi jusqu'à Berchtesgaden, et ce qui a pu accompagner des machines allemandes saisies à titre de dommage de guerre, tu as le choix...

Les "303 coupées", je ne serais pas forcément négatif à propos des étoupilles : en 14-18 on a adapté pas mal de boîtes de culasse de fusil sur des culasses de canon, pour les doter d'une étoupille à percussion (obturatrice) à la place de l'étoupille à friction originelle (non obturatrice et qui giclait au départ du coup). Peut-être (sans doute) certaines pièces de ce genre étaient encore en service en 39 - 45...
Si ça paraissait recoupé à la main, je chercherais un revolver susceptible de chambre ça (il me semble en avoir déjà vu, des 303 recoupées à une longueur voisine) ; mais si ça paraît d'origine manufacturée, ça doit être destiné à un matériel "prévu à cet effet".

Le "truc en étoile", aucune idée ! C'est pas un délire artistique ?