Recherche de renseignements sur un Charlin

A la lecture du titre certains vont dire...Pourquoi s'embêter pour un bête Charlin?

Oui mais celui là est un peu spécial.

Pour ceux qui connaissent un peu la marque Charlin, ces fusils extérieurement ressemblaient à des Darne avec canons fixes et culasse coulissante, mais à la différence des Darne où les frottements se font acier sur acier, les Charlin sont montés sur glissières à billes ce qui les rend indémontables par un non spécialiste.

Les Charlin présentaient toute une gamme qui était représentée par des lettres de A à H pour tout ce qui touchait l'esthétique (qualité des ajustages, qualité du bois, gravures etc) et par des symboles qui changeaient chaque année pour la qualité de la canonerie et du mécanisme. Des lapins, des tigres, des bécasses, des pigeons des alouettes etc etc et le summum du summum était le grade 8 symboles.

Disons qu'avec un série H avec 8 perdrix vous aviez le maxi du haut de gamme.

Oui mais, un jour un journaliste spécialisé a écrit "il parait qu'il a existé une série K avec 10 étoiles, mais je n'en ai jamais vu"

Je vous confirme que cette série K 10 étoiles existe bel et bien, celui en ma possession a provoqué la même réponse de tous les experts qui l'ont eu en main.."oui, j'avais entendu dire que cela avait existé, mais je n'en ai jamais vu" A tel point qu'aucun n'a pu me donner la moindre indication sur sa valeur

Il est dans un état sublime (canons chromés intérieurement), platine et culasse trempées gris clair, gravures d'Antoine Roufton,  mais crosse (bois magnifique) cassée. Mon but serait de faire refaire la crosse avec un très, très beau bois, mais compte tenu du prix de la manoeuvre, j'aimerais savoir si le jeu en vaut la chandelle.

La rareté d'une arme ne fait pas monter sa valeur si elle n’intéresse personne.

Alors comme j'ai pu me rendre compte que sur ce forum, on pouvait rencontrer des gens de très grande compétence sur des domaines variés, je lance une bouteille à la mer, en espérant que quelqu’un connaisse ce Charlin.
Merci d'avance

Ps; Je ne peux pas publier de photo pour l'instant, il est chez le restaurateur qui doit me faire un devis pour la crosse.

Il est revenu de chez le restaurateur, avec sa crosse d'origine et une réparation invisible, avec 2 attelles en ronce de noyer, qui se fondent dans la masse et qui rendent la crosse au moins aussi solide qu'à l'origine. Un travail d'artiste.

J'ai obtenu depuis pas mal de renseignements sur ce modèle. Entre autre, qu'au tarif officiel de 1953, un modèle Charlin de base valait en prix public 5000 francs et que celui ci en valait 128 000. Chercher la différence

magnifique, très belle restauration.

Mais où pouvait-elle bien être cassée, cette crosse ? Je ne vois rien…
Cela dit, ce fusil est superbe. Tu as très bien fait de faire faire cette réparation car ainsi l’arme reste entièrement d’origine. J’ai un rare Merkel #304 (pas un 303) dont la crosse a cassé. Elle est réparée -sauf qu’un petit morceau a été perdu- et l’histoire de cette arme est telle que je n’y touche pas davantage.
    Même si on considère qu’une crosse réparée est fragilisée, pour une telle arme ce n’est pas grave, mais mets-y une étiquette à fil signalant la réparation. Je suis certain que tu as ce qu’il faut pour aller à la chasse sans sortir cette splendeur.

J’ai un Charlin 8 hirondelles mais en calibre 16/65, traduction : une arme invendable. Elle est chez moi et elle me plaît et tout va bien ainsi. La mécanique d’un Charlin est une merveille de douceur et d’onctuosité : le rêve. Alors 10 étoiles… jamais vu ni entendu parler ! Mais maintenant je pourrais dire oui, je l’ai vu ! 
 En prime, il y a une canonnerie signée Jean Breuil, c’est à dire le summum. As-tu remarqué que lorsque tu suspends ces canons à ton doigt par le crochet et que tu heurtes délicatement le milieu d’un des deux canons avec un manche d’outil, ça tinte comme une cloche ? Et plus le son est clair et prolongé meilleure est la soudure qui les assemble. Rajoute à ça un crochetage encastré (c’est le cas) et tu auras le top. Et le canon est marqué de la triple épreuve…
    Garde précieusement cette merveille produite par le génie armurier français 

Merci du partage 

@] Obaneck.  Merci pour ce commentaire. Je ne sais pas si tu as remarqué les poinçons losangiques avec un marquage bizarre sous la table des canons, près d'une étoile.
Ils signifient que les canons sont chromés intérieurement..Là on peut vraiment dire "miroir"

deux extraits du catalogue Charlin des années 1950




Quant à faire tinter des canons.... Le compagnon qui a fabriqué mon express chez Demas m'a fait cette démonstration.
Il a fait tinter un canon disons d'entrée de gamme, destinés aux express fabriqués en sous traitance pour un armurier français et vendus sous son nom...Çà a tinté...correctement.
Puis il a pris un canon identiques aux miens..Grosse différence, là, ça a tinté plus longuement et plus clairement genre diapason
Enfin il en a pris un de qualité haut de gamme destiné aux armes de grands luxe, et là  on aurait dit qu'il faisait tinter du cristal. un son pur, très très long, magnifique

Tu comprends vite la différence quand tu assistes à ce genre de démonstration.

Juste une précision au sujet de mon express équipé d'une lunette Swaro 1.25x4x24 : Quelques expériences sur chevalet

- 2 tirs à 75m séparés de 3 ou 4 secondes maxi....les 2 impacts se chevauchent et dessinent un 8
- 8 tirs à froids dans les mêmes circonstances avec uniquement le canon du bas...un H+L de 21x23 millimètres
- Tirs à 50m cette fois du fil de fer qui soutient la cible C50 au stand couvert...Fil de gauche coupé. Coup de chance on dit les collègues. Second tir sur le fil de fer de droite..."second coup de chance ???? "

-Tir à 300m sur une C50. Impact dans le noir.

Cela ma fait doucement marrer quand j'entends des chasseurs dirent qu'on ne peut obtenir aucune précision avec un express. Je pense qu'ils se basent sur des trucs bas de gamme Italiens.

J'ai eu un express Browning qui faisait aussi des "8" à 50 m en tirant ses deux canons très rapidement l'un après l'autre...j'ai réussi grâce à lui d'excellents tirs à la chasse sur du gibier rapide !

obaneck a écrit:Mais où pouvait-elle bien être cassée, cette crosse ? Je ne vois rien…
Cela dit, ce fusil est superbe. Tu as très bien fait de faire faire cette réparation car ainsi l’arme reste entièrement d’origine. J’ai un rare Merkel #304 (pas un 303) dont la crosse a cassé. Elle est réparée -sauf qu’un petit morceau a été perdu- et l’histoire de cette arme est telle que je n’y touche pas davantage.
    Même si on considère qu’une crosse réparée est fragilisée, pour une telle arme ce n’est pas grave, mais mets-y une étiquette à fil signalant la réparation. Je suis certain que tu as ce qu’il faut pour aller à la chasse sans sortir cette splendeur.

J’ai un Charlin 8 hirondelles mais en calibre 16/65, traduction : une arme invendable. Elle est chez moi et elle me plaît et tout va bien ainsi. La mécanique d’un Charlin est une merveille de douceur et d’onctuosité : le rêve. Alors 10 étoiles… jamais vu ni entendu parler ! Mais maintenant je pourrais dire oui, je l’ai vu ! 
 En prime, il y a une canonnerie signée Jean Breuil, c’est à dire le summum. As-tu remarqué que lorsque tu suspends ces canons à ton doigt par le crochet et que tu heurtes délicatement le milieu d’un des deux canons avec un manche d’outil, ça tinte comme une cloche ? Et plus le son est clair et prolongé meilleure est la soudure qui les assemble. Rajoute à ça un crochetage encastré (c’est le cas) et tu auras le top. Et le canon est marqué de la triple épreuve…
    Garde précieusement cette merveille produite par le génie armurier français 

Merci du partage 

Bonjour à tous, très beau fusil. Onaneck, si ton charlin 8 hirondelles te prend de la place , je veux bien me forcer à le prendre

@ lou25 : tu es un grand cœur !  
Je réfléchis à la question. Je te répondrai en MP. Mais avant, il faut que je l’étudie plus à fond, notamment les poinçons en losange dont a parlé Norman Morris. Cela me prendra un certain temps -genre : le fût du canon- car, chez moi, mes armes ne sont pas en râtelier mais tous dans des montagnes de mallettes  et le produit de mes fouilles curieuses () est long à venir ! (Re:lol1:).
Je tâche de ne pas te faire lanterner trop longtemps.

obaneck a écrit:@ lou25 : tu es un grand cœur !  
Je réfléchis à la question. Je te répondrai en MP. Mais avant, il faut que je l’étudie plus à fond, notamment les poinçons en losange dont a parlé Norman Morris. Cela me prendra un certain temps -genre : le fût du canon- car, chez moi, mes armes ne sont pas en râtelier mais tous dans des montagnes de mallettes  et le produit de mes fouilles curieuses () est long à venir ! (Re:lol1:).
Je tâche de ne pas te faire lanterner trop longtemps.

Merci . Pas de soucis, quand aux armes dans des malettes un peu partout, j'ai connu ça chez mon armurier . Et je ne suis pas pressé

obaneck a écrit:....
J’ai un Charlin 8 hirondelles mais en calibre 16/65, traduction : une arme invendable. ...

  (pourquoi?)

Bon, l’épithète est un peu hâtive mais après quelques années dans les râteliers de l’armurerie sans le moindre client demandant ne serait-ce qu’à le voir, j’en conclus que ce fusil n’intéresse plus grand monde. Quand au calibre 16, qui fait tomber tout ce qui tombe avec un 12, il est désormais dédaigné, surtout quand il a une chambre courte, alors que la majorité des munitions de ce calibre est disponible pour ce chambrage court.
   Je ne chasse pas au fusil mais un beau fusil de chasse, ça reste quand même un grand moment d’armurerie et il faut bien reconnaître que la ligne générale d’un juxtaposé français a vraiment plus d’élégance, de finesse, qu’un fusil belge ou un anglais. J’ai deux Purdey, un juxta à chiens de 1887 et un mono canon de 1831 et je n’hésite pas à dire que le juxta a un look un peu lourdeau. J’ai eu un De Fourny à platines, 3 Lebeau et d’autres belges moins prestigieux mais, à mon goût, moins élégants qu’un Didier Drevet ou un Idéal. J’ai eu 3 Holland & Holland et je n’en ai gardé aucun. J’ai conservé le Purdey juxta car ça a été mon premier gros choc émotionnel armurier quand j’ai découvert la malheureuse ruine que le client me montrait. Par contre, le mono canon a une ligne superbe et une ergonomie de rêve pour moi qui suis au gabarit des hommes d’avant 14 (je mesure 1,63 m).
    Mais revenons au calibre 16. Les chasseurs d’aujourd’hui sont très représentatifs de notre société : le goût du beau s’est très amenuisé au profit des modèles derniers-cris dont l’esthétique peut parfois donner à redire. Quant à l’efficacité, elle est donnée par des tables publiées dans des revues et lues comme parole d’Évangile…
Alors que tout le monde sait que le canon tire et la crosse tue. Si le fusil ne convient pas à la morphologie du chasseur, rien ne tombera.
  Un 16 bien adapté conviendra parfaitement pour les chasses conventionnelles, mais ça, les clients ne veulent pas l’écouter.
   Et puis, le 16, ça fait vieillot, paysan, arabe, pas valorisant… 
Tous les vieux fusils sont à ma morphologie et ceux que j’ai gardé me plaisent par leur élégance ou bien ont de belles histoires à raconter, par la personnalité de l’ancien propriétaire ou un épisode bien particulier.

obaneck a écrit:Bon, l’épithète est un peu hâtive mais après quelques années dans les râteliers de l’armurerie sans le moindre client demandant ne serait-ce qu’à le voir, j’en conclus que ce fusil n’intéresse plus grand monde. Quand au calibre 16, qui fait tomber tout ce qui tombe avec un 12, il est désormais dédaigné, surtout quand il a une chambre courte, alors que la majorité des munitions de ce calibre est disponible pour ce chambrage court.
   Je ne chasse pas au fusil mais un beau fusil de chasse, ça reste quand même un grand moment d’armurerie et il faut bien reconnaître que la ligne générale d’un juxtaposé français a vraiment plus d’élégance, de finesse, qu’un fusil belge ou un anglais. J’ai deux Purdey, un juxta à chiens de 1887 et un mono canon de 1831 et je n’hésite pas à dire que le juxta a un look un peu lourdeau. J’ai eu un De Fourny à platines, 3 Lebeau et d’autres belges moins prestigieux mais, à mon goût, moins élégants qu’un Didier Drevet ou un Idéal. J’ai eu 3 Holland & Holland et je n’en ai gardé aucun. J’ai conservé le Purdey juxta car ça a été mon premier gros choc émotionnel armurier quand j’ai découvert la malheureuse ruine que le client me montrait. Par contre, le mono canon a une ligne superbe et une ergonomie de rêve pour moi qui suis au gabarit des hommes d’avant 14 (je mesure 1,63 m).
    Mais revenons au calibre 16. Les chasseurs d’aujourd’hui sont très représentatifs de notre société : le goût du beau s’est très amenuisé au profit des modèles derniers-cris dont l’esthétique peut parfois donner à redire. Quant à l’efficacité, elle est donnée par des tables publiées dans des revues et lues comme parole d’Évangile…
Alors que tout le monde sait que le canon tire et la crosse tue. Si le fusil ne convient pas à la morphologie du chasseur, rien ne tombera.
  Un 16 bien adapté conviendra parfaitement pour les chasses conventionnelles, mais ça, les clients ne veulent pas l’écouter.
   Et puis, le 16, ça fait vieillot, paysan, arabe, pas valorisant… 
Tous les vieux fusils sont à ma morphologie et ceux que j’ai gardé me plaisent par leur élégance ou bien ont de belles histoires à raconter, par la personnalité de l’ancien propriétaire ou un épisode bien particulier.

Bonjour. Je chasse au 16 depuis toujours. J'ai 2 douze aussi anciens. Je les prends de temps en temps, mais j' ai du mal avec le recul plus important. Quand au chambrage, je ne tire que des 67 mm. Même dans mon. Perfex en 70. Ça m'évite déjà de me tromper quand je change d'armes et ces cartouches font leurs jobs tout aussi bien. Quand on est dedans, on est dedans

obaneck a écrit:…
Alors que tout le monde sait que le canon tire et la crosse tue. ....

Magnifique!
Je te la vole!

Merci de ta réponse.

Bonjour Lou,
Tu as parfaitement résumé : quand on est dedans, hé bien, ça tombe, tout simplement ! Quand 52 grammes de plombs passent à côté… 
Le calibre 16 est une vieille histoire d’amour avec les chasseurs Français. En effet, le 16 est LE calibre des armes à feu réglementaires jusqu’au Chassepot (avec des exceptions, bien sûr). Or, la chasse étant un acquis de la révolution, les anciens des armées de Napoléon qui ont pu rentrer au pays avec une arme ont naturellement chassé avec. Puis les armes de surplus ont continué à alimenter le marché civil, n’oublions pas non plus le savoir-faire et l’expérience du calibre qui ont contribué à la popularité du 16. Évidemment, le 16 est parti dans les colonies en y faisant tâche d’huile etc.
J’ai bien conscience d’avoir fait un résumé à la hussarde du 16 en France, mais dans les grandes lignes, c’est quand même ça.

Comme tu l’as bien dit aussi : ça cogne moins ! Enfin, la France a chassé au 16 pendant vraiment longtemps et si ce calibre était mauvais (?), on n’aurait certainement pas insisté un siècle et demi !

PS pour Pâtre : rassure-toi, ce n’est pas de moi et tu ne seras pas le premier à le redire ! Et c’est tellement vrai et évident que beaucoup l’ont oublié

@ Obaneck  
le canon tire et la crosse tue.



Oh que oui.. Des années que j'essaye d'inculquer cela aux gars qui étudient pour passer le Brevet Grand Gibier et à qui je transmets dans la mesure des mes modestes moyens des notions d'armement et de balistique.

J'ai rencontré un jour au sanglier courant 2 gars incapables tous les 2 d'obtenir un résultat correct. Il allait leur falloir un sérieux temps d'adaptation et beaucoup d'entrainement pour y arriver.

Ils venaient ensemble d'acheter la même arme chez un armurier.

Don Quichotte et Sancho Pansa.  
L'un devait mesurer moins de 1m70 et peser plus de 100 kg. Un tonneau sur (petites)  pattes, avec des tout petits bras et la tête sans cou, poser directement sur les épaules.
L'autre, plus de 1m95, maigre comme un cent de clous, un cou de girafe et des bras démesurés...
Tous les 2 avec la même arme fabriquée pour Monsieur Tout le Monde......

Je ne crois pas que l'armurier leur ait rendu un grand service...

Je crois que ce binôme de choc aurait dû délaisser le fusil et choisir la pétanque ou autres loisirs 

Les hommes se suivent mais ne se ressemblent pas (preuve éclatante !) et les équiper tous les deux d’une même arme conçue pour un tir réflexe à l’épaulé est aberrant. Rien à voir avec une carabine avec laquelle on vise pour tirer un projectile unique parfaitement efficace sur sa trajectoire mais inutile à côté.