Rapide question de P08 (devenue: "Mon Lüger surprise")

Bonsoir à tous, et notamment aux spécialistes du Lulu: que penser d'un DWM à numéro sans lettre, sans date, sans tenon pour l'étui-crosse, sans arrêtoir de culasse et portant devant la poignée l'inscription "170.R.1.3" ? Chargeur en métal gris brut à talon bois, sans numéro, et étui spécifique "R.BIERENBREIER KEHL A/RH." ? Est-ce un first issue, un civil, un remontage... ?
Désolé de poser une question si large, à laquelle il a certainement déjà été répondu mille fois, et sans même une photo, mais je n'ai pas la bestiole sous la main et je dois donner une réponse rapidement...
Merci d'avance de la part d'un gars qui n'a jamais accroché sur le P08 jusqu'à ce soir...

J'en ai eu un comme ça.

Un 1908 commercial d'avant 1914, peut être même 1912 à cause de l'absence d'arrêtoir de culasse.
Utilisé par l'armée impériale, par le 170ème régiment d'infanterie, 1ère cie, arme N°3.

Sur ces modèles commerciaux, toutes les pièces ne sont pas numérotées comme sur les modèles militaires, et ces N° sont frappés de manière très discrètes (cachés) : par exemple, sur la portière, le N° n'est pas en plein milieu, mais sur la tranche.

Le voilà. Je me rappelle pas si le chargeur était numéroté, mais je crois pas. Et le pistolet n'était pas régimenté.

Ca ressemble fort à ça. Et en effet, je n'ai pas trouvé de numéro sur le chargeur (je l'ajoute immédiatement dans mon premier message), ni sur la portière.
J'imagine que ce ne sont pas les moins recherchés des P08... Ca ne m'arrange pas, d'autant que l'état du canon ne m'incite pas à des largesses inconsidérées (ce qui est d'autant plus dommage que la détente semble magique)... Comment était celui du tien ?

EDIT: au temps pour moi, il y a un "a" minuscule sous le numéro de série (à quatre chiffres.)
Et trois poinçons sur la gauche du tonnerre.

Ce n'est pas un P.08, c'est un 1908 commercial.
C'est pas pareil.
Ces modèles commerciaux DWM auraient été produits à environ seulement 12000 exemplaires (à comparer au million (et +) de P.08 fabriqués durant le conflit).
Paradoxalement, ils ne semblent pas très recherchés.

Pour la portière, cherche le N° sur le coté, sur la tranche.

ca j ai , 1908 commercial effectivement ... , une detente de tous les diables  , un canon effrayant ne payant pas de mine mais fournissant des resultats a pleurer ...

Bon, j'aurais préféré un P08, mais financièrement, ça m'arrange que ce ne soit "qu'un" 1908 (dénomination que j'ignorais.)
Merci pour les infos, ça répond à toutes mes questions.
Bonne soirée à toi.

Avec un N°de serie comportant un suffixe ( la lettre a) et les 3 poincons (lettres gothiques couronnées sur le côté gauche) c'est un P08 "first issue".
Les commerciaux n'ont pas de suffixe ni de poinçon lettre gothique.

Mauser96 a écrit:Avec un N°de serie comportant un suffixe ( la lettre a) et les 3 poincons (lettres gothiques couronnées sur le côté gauche) c'est un P08 "first issue".
Les commerciaux n'ont pas de suffixe ni de poinçon lettre gothique.

Il a dit qu'il n'y avait pas de lettre dans le N° de série.

Il a editer (voir plus haut) pour signaler la présence d'un petit a sous le serial à 4chiffres et les 3 poinçons sur le côté gauche du tonnerre

Ah ben s'il édite sans rien dire maintenant, on va pas y arriver 

Absolution totale à l’ami Oxi81 : il y avait eu dissimulation 
Mais dans tous les cas, bonne pioche de la part de Stéphane !

oxi81 a écrit:Ah ben s'il édite sans rien dire maintenant, on va pas y arriver 

obaneck a écrit:Absolution totale à l’ami Oxi81 : il y avait eu dissimulation 

Ma fourberie est sans limite !

L'absence de numéro "évident" sur la portière est-elle compatible avec un first issue ? Et la détente de CZ Shadow ? Le chargeur sans numéro, first issue ou 1908 ?
Pinaise, je suis vraiment une bille en Lulu !

obaneck a écrit:Mais dans tous les cas, bonne pioche de la part de Stéphane !

Si on veut... Je sens que ça va me coûter cher, cette histoire... et avec le risque qu'il tire autour de la cible ! 
Il est tellement propre qu'au pire, il ferait un beau presse-papier, mais pas évident d'estimer le juste milieu entre le prix d'un merveilleux passeport pour le TAR et celui d'un presse-papier...

Bonjour
Un "first issue" est un P08 donc un Luger modèle 1908 réglementaire de l'armée allemande. Simplement ce modèle 1908 a eu quelques évolutions en cours de carrière avec l'adjonction de l'arrêtoir de culasse et du tenonde crosse entre autres et aussi avec la modification de l'emplacement de la numérotation.
Pour la portière c'est normal pour un FU, pour le chargeur non. Le chargeur est au N°de l arme mais gros chiffres en long dans le même style que les marines

Avertissement : ce qui suit est la réalisation d’un rêve que nous avons tous fait (et que certains ont réalisé, ce qui rappelle qu’il ne faut jamais renoncer à rêver !)
 
Donc, jeudi soir, un peu avant la fin du boulot, le téléphone sonne.
« Bonjour, je suis Mr P, nous avions été en contact… vous m’aviez acheté un fusil Lee-Enfield…
- Oui, bien sûr, bonjour Mr P, comment allez-vous ?
- Très bien, merci. Vous vous souvenez, je vous avais dit qu’il devait y avoir aussi un pistolet quelque part dans la maison de mes parents. Alors, j’avais gardé votre numéro…
- vous avez bien fait !
- Eh bien, nous l’avons retrouvé, sous la baignoire. Un pistolet allemand, de 1918, je crois.
- Quelle bonne nouvelle ! Je finis le travail dans 20 minutes, je peux passer le voir en partant ? Je l'examinerai, je vous dirai quoi en faire, et j’en profiterai pour vous donner des nouvelles du Lee-Enfield.
- D’accord, je vous attends. »
 
Bon, évidemment, un pistolet allemand de 1918, comme tout le monde, je pense immédiatement à un P08 (n’osant même imaginer un C96…) Au cours de 20 très longues minutes, j’essaie de me raisonner pour ne pas être déçu (comme par un précédent soi-disant Lüger, qui s’était avéré être un Erma LA22…) : ce n’est pas forcément un P08, ça peut être un 7,65 utilisé par l’Armée allemande pour pallier le manque de P08…
 
Arrivée fébrile chez Mr et Mme P qui, après les salutations d’usage, me désignent, posé sur la table du salon, ceci :

(là, c’est une reconstitution, chez moi…)
 
Déjà, je me dis : vu la taille de l’étui, on est plutôt sur du full-size que du pistolet de poche… Ca s’annonce bien.
Après avoir fait durer le suspense quelques secondes, j’ouvre, et j’identifie immédiatement :

 
Je ne vous dis pas l’émotion ! Un moment qui restera inoubliable…




Après un rapide examen: "Mr P, vous avez là un pistolet magnifique, d'un grand intérêt historique et technique. Je me documente et, soit je vous ferai une offre, soit je vous trouverai un acheteur à de meilleures conditions que les miennes."
 
Reprise de contact vendredi matin, accord, achat concrétisé vendredi soir, armurier samedi matin, nettoyage-graissage samedi après-midi, préparation, dans la foulée, de 25 cartouches en escalier de 0,28 à 0,32g de N330, et premiers tours de roue ce matin : une affaire rondement menée !
 
Nous avons donc un DWM, lettre suffixe « a », sans date sur le tonnerre, sans arrêtoir de culasse (enfin… je ne sais pas : pas moyen de bloquer volontairement la culasse à l’arrière, mais elle y reste sur le chargeur vide, et même après éjection de celui-ci ?!?), régimenté :





 




Chargeur à fond bois, sans numéro.
 
Donc, sauf coup de théâtre, un first issue…
 
Dans le petit logement, sous le rabat de l’étui, le petit outil montré par François avec son 1908 :

(Le «1.3.», c’est le report du numéro de régiment du pistolet ? N’étaient quand même pas maniaques à ce point-là, si ?)

Le logement de chargeur très particulier et la pochette pour l'outil ne laissent aucun doute, il s'agit bien d'un étui de P08. Le fabricant:

 
Le bronzage est mieux conservé que sur beaucoup d’armes plus récentes que j’ai pu voir: partiellement estompé sur la gauche du canon, blanchi aux arêtes et très légèrement piqué par endroits, il a ce qu’on appelle une belle patine, au meilleur sens du terme. Les pièces polies blanc ont bien tenu le coup, à l’exception, peut-être, de la clef de démontage. C’est inespéré pour une arme trouvée dans un étui cuir dans une pièce humide. A mon avis, il n’a pas passé des années sous la baignoire, mais sans doute pas mal dans son étui, et quand je me rappelle comment un traitement identique avait bouffé le bronzage d’un 1911…
 
Contrairement à ce que m’avaient fait croire l’écran de la caméra et le néon du garage, le canon est très propre. Je n’arrive pas à en faire une bonne photo mais vu en rétro-éclairage à la lampe de poche, il était (après nettoyage) terne mais gris, avec des rayures bien marquées, piqué sans excès. Après le tir de 8 cartouches ce matin, vu face au néon, il est quasi-miroir. Je n’en suis pas surpris outre mesure : il aurait vraiment fallu que ma bonne étoile m’ait abandonné pour qu’un pistolet venu à moi par un tel concours de circonstances se révèle inapte au tir…
 
Tous les numéros que j’ai trouvés sont les mêmes :

 












Bon, ce n’est pas tout, mais comment cela s’annonce-t-il pour la catégorie « Authentique » ? Ce n’est pas gagné… :
Certes, il chambre, percute, extrait, éjecte et recharge, ce qui n’est déjà pas si mal. En prime, il groupe. Mais dix centimètres en haut à gauche du visuel… Le guidon est légèrement décalé à droite, ce qui explique peut-être, et le reste devrait se résoudre en contre-visant sous le bas du visuel. Facile à dire : le cran de mire en V et le guidon triangulaire mettent à rude épreuve ma vue déclinante…
La détente, qui paraissait extraordinaire dans ma chambre, est moins convaincante face à la cible. Bonne, mais pas merveilleuse, ou du moins pas très intuitive (une longue course, réclamant un effort croissant et pas négligeable, avant un point dur pas si dur que ça), elle nécessitera de l’entraînement.
Mais surtout, le pistolet se démonte tout seul ! La clef de démontage cède aux sirènes de la pesanteur et j’ai eu la surprise, en chambrant une cartouche, de voir la culasse entreprendre de sortir de la carcasse par la proue, avant d’être retenue in extremis, je pense par le levier « à la Ruger Mk » qui pendouille derrière le puits de chargeur…
Enfin, les cartouches que j’avais préparées m’ont parues plus puissantes que nécessaires : les « 0,30 » cyclent, et les « 0,28 » aussi, donc je vais descendre en escalier sous la charge de départ (0,28), voire confectionner des cartouches de tir réduit (si ça ne m’oblige pas à rentrer une référence de poudre supplémentaire...)
 
Je ne cherchais pas spécialement un P08, lui préférant, parmi les pistolets que je considère comme incontournables, le P38, le 1911, le C96 et même le PPK, mais bon, quand je l’ai sorti de l’étui et pris en main, il m’a « parlé ». Et comment ne pas l’écouter ?
Je ne cherchais pas non plus, d’ailleurs, un P38, un 1911, un C96 ni un PPK, dont je considère la cote actuelle comme aberrante. En revanche, je cherchais plus ou moins un nouveau pistolet. Ceux qui sont sur PAAF ont peut-être remarqué que j’ai manifesté récemment de l’intérêt pour un CZ85, un CZ 75 Phantom et un Jericho. Je n’ai pas donné suite, d’une part parce que je n’avais pas vraiment de coup de cœur, d’autre part car je voulais garder quelques autorisations libres pour ne pas avoir à passer à côté d’une belle rencontre. Le genre de rencontres dont celle avec ce P08 est une illustration presque caricaturale…

Magnifique, une histoire qui ne doit pas arriver 1000 fois dans une vie!

Je dois dire que j'ai encore du mal à y croire !

Je suis super content pour toi Stéphane 
C'est vraiment un très belle découverte et complet en plus
J adore

Bravo pour cet achat plus que magnifique!

Stephane5 a écrit:



  
Dans le petit logement, sous le rabat de l’étui, le petit outil montré par François avec son 1908 :

(Le « 1.3 », c’est le report du numéro de régiment du pistolet ? N’étaient quand même pas maniaques à ce point-là, si ?)

Ben si... 1ère compagnie, arme N°3. Comme le pistolet. C'est l'outil original qui va avec ce pistolet.
La rigueur germanique n'a pas fini de nous surprendre 

Bonjour Stephane,
Comme les copains, je suis vraiment heureux pour toi. Il suffit de lire ton message et de regarder les photos pour comprendre que tu as fondu illico pour la bête. Et tu as eu sacrément raison !
Je suis certain que bien des fois, la veille d’aller au stand, tu vas te dire : Tonnerre, demain je le fais tousser !
Il est dans un état de fraîcheur qui laisse rêveur
Encore bravo !

Bonne pioche ! Très joli et vu l'état, il n'a pas du rester très longtemps sous la baignoire. Je pense que le(s) précédent(s) propriétaire(s) en ont pris très grand soin.
Bons tirs 

Ton étui cuir semble un réemploi d’un etui de reichrevolver.

Cdt

Zr

Bonjour ,
Très bonne pioche , très bel ensemble !!! Régimenté +clé régimenté avec étui précoce fabriqué à partir d’un étui de Reichs revolver, tout est cohérent . Il a subit le rattrapage de 1913 par l’adjonction de l’arrêtoir de culasse et le changement de guidon , (petit poinçon sur côté droit de la carcasse) .
Bravo !!!

Un frère non rattrapé :

Bonjour à tous,

A Stéphane 5, toutes mes félicitations pour avoir récupéré ce magnifique P 08!

Il y a plus de cinquante ans, j'ai récupéré moi même, dans les mêmes conditions, un beau Mauser de 1939, code S/42, j'étais jeune, quelle exaltation!

il est magnifique , ravi pour toi 

regale toi bien , et bon tir surtout ....