de l'utilisation du fusil HENRY en France pendant le conflit de 1870-71

Il me semble plus difficile de tirer rapidement en coup par coup avec une Winchester ou un Vetterli, qu'avec un Lebel dont l'ouverture est béante, et dans laquelle le voisin pourrait presque lancer les cartouches au vol...

Une fois consommé le remplissage initial du magasin, la vitesse en tir soutenu se mesurant en comparant :
(temps pour remplir le magasin) + (temps pour le vider à répétition),
avec
(temps pour tirer le même nombre de cartouches en coup par coup, en ignorant totalement le magasin).

Bien que les rapports n'aient fait aucun commentaire sur ce point, il semble que la Commission de Versailles avait conclu qu'une fois le magasin vidé, on soutenait une cadence supérieure en tirant coup par coup. Si l'occasion se présente je vérifierai expérimentalement.
Les mauvaises performances du Lebel au Mont Valérien pourraient alors provenir d'une obstination à remplir chaque fois le magasin, ou du temps nécessaire à prendre dans la cartouchière des paquets de 6 cartouches, à les dé-ficeler, et à les enfourner en les dé-têtebèchisant. Alors que pour le proto Berthier les chargeurs de 4 devaient être fournis pré-remplis, et même pas emballés vu que le principe était tout nouveau.
Dans les essais ultérieurs à Versailles, pour chaque arme les cartouches ou chargeurs étaient disposés à portée de main du tireur, éventuellement rangées dans le bon sens, de façon optimale pour la vitesse de tir. Ce qui peut changer beaucoup de choses, mais les conditions exactes d'expérimentation disparaissent généralement dans les poubelles de l'Histoire...

Le rechargement du fusil "HENRY" est plutôt long !

Remonter le ressort et le comprimer fermement dans la partie "supérieure" du magasin à l'aide du "poussoir", faire pivoter cette partie (pas toujours facile) pour dégager l'accès au magasin tubulaire, relâcher et empiler les cartouches une à une par le haut du magasin, faire pivoter à nouveau la partie mobile du magasin et la repositionner au-dessus du magasin (là, ça va "tout seul"), relâcher le poussoir pour que le ressort puisse faire son travail.

  Il n'existait pas des tubes préchargés permettant de transférer toutes les cartouches d'un coup

Pas à ma connaissance, pour le HENRY.

Le système dont tu parles existait par contre pour les fusils et carabines SPENCER, mais on insère le tube contenant les cartouches lui-même dans la crosse, à la place de celui qui est "vide".

Il existait un "porte-magasins" contenant 8 "tubes" (de mémoire) dont je n'arrive pas à me souvenir du nom sur l'instant;


On le distingue nettement sur le dessin qui suit, avec le cavalier qui recharge sa Spencer:






Pour les "tubes-magasins", cela donne ça, "en vrai":

il a existé un système avec deux tubes (aluminium ou zamac) mais je pense que c'était pour les 1866 et (surement plus) les 1873
j'en ai loupé un, il y a des lustres (+ une) ne sachant pas trop sa fonction à l'époque

C'est le carquois Blasklee.

Oui, c'est bien ça, Walker 33, merci.   


Par contre, je ne vois pas trop "comment" alimenter (recharger) le magasin tubulaire d'une 1866 ou 1873 à l'aide d'un "tube" (ou de "deux"...?

Sur ces modèles, les cartouches sont introduites (comme sur toutes les Winchester à Levier de Sous-Garde qui ont suivies...à l'exception notable de la "dernière", le modèle 1895....qui se chargeait par "lame-chargeur" avec un magasin "droit" et non plus "tubulaire"), via une portière de chargement", dont le ressort est généralement assez "costaud", à tel point qu' il faut parfois utiliser un petit "gadget" pour ne pas se pincer (sévèrement) les doigts, en particulier sur le modèle 1873.

Il faut vraiment "pousser" fortement les cartouches pour vaincre la résistance du ressort interne du magasin tubulaire.

Les choses se sont arrangées ensuite avec les modèles suivant (1892, etc...) après petite modification du système de ressort de la portière de chargement.


Exemple de l'utilisation du petit "gadget"...bien utile

WICHITA a écrit:il a existé un système avec deux tubes (aluminium ou zamac) mais je pense que c'était pour les 1866 et (surement plus) les 1873
j'en ai loupé un, il y a des lustres (+ une) ne sachant pas trop sa fonction à l'époque

D'époque, en zamak sûrement pas ; déjà en alu ça aurait été à la pointe du progrès. Alors si c'est blanc, plutôt fer étamé.
Mais je me demande aussi comment utiliser ça ; sauf modification de l'arme pour rendre le magasin interchangeable.

Voilà les armes Winchester utilisées durant la guerre de 1870 que j'avais inséré dans le livre sur les armes de la DN.

Donc en recoupant les éléments listés jusque là ca donne donc :
- Appellation "Carabine" désigne le modèle court standard à 15 coups
- Appellation "Fusil" désigne le modèle long dit "Musket" pouvant recevoir une baïonnette à douille et chargeur 18 coups 

Expéditions depuis le port de Brest :
- Ordre 870 du 18/12/1870 pour 2900x 1866 Musket (avec baïonnette je suppose) à destination des divisions de Tours et Bordeaux (type d'unité non identifiée? Francs tireurs également?)
- Ordre 870 du 18/12/1870 pour 3000x 1866 Carabine à destination des divisions de Tours et Bordeaux (cavalerie?)
- Ordre 966 du 29/12/1870 pour 100x 1866 Musket (avec baïonnette je suppose) à destination des Francs tireurs du Finistère. Probablement un reliquat de la livraison du 18/12 qui doit être rattachée à une commande de 3000 exemplaires.

Cela fait 6000 exemplaires toutes configurations ce qui colle avec l'inventaire d'arrivage au port de Brest du 11/12/1870. Bien, c'est assez carré. Reste la question de l'affectation de certains de ces exemplaires. Les carabines sont assez clairement destinées à la cavalerie mais quand serait-il des Musket? Uniquement francs tireurs ou de l'arrière garde également?

C'est le 15 décembre que ces armes sont arrivées à Brest par le bateau Ville de Paris.
J'ai retrouvé mon document avec de plus le nombre de cartouches données en calibre 44. 
3 500 000 le même jour 
et
1 000 000 le 2 janvier 1871 toujours à Brest par le bateau Pereire.

Il me semble que les informations de suivi de ces livraisons, suggèrent parfois une certaine "évaporation" durant le trajet en France...

tout à fait Verchère, je dois avoir un suivi du périple des Winchesters notamment pour la gendarmerie Corse (après la guerre) et des cadeaux à certaines personnalités.