Springfield M1866 trapdoor

Je suis content d'avoir enfin trouvé un Springfield M1866, en état très satisfaisant et prix très raisonnable.
Beaucoup moins courant qu'un M1873 ou un M1884, le Trapdoor M1866 est ce que l'on appelle la "seconde conversion Allin".



Décryptage.
Au sortir de la guerre de sécession, les magasins de l'US Ordnance débordent de centaines de milliers de mousquets vieillissants, les modèles 1861 et 63 à percussion. Pas vieillissant par l'âge, mais par leur technique devenue obsolète.
Les armées du monde entier se dotent d'armes à rechargement par la culasse, et les USA se doivent de suivre le mouvement.

Ils se décident donc à essayer de convertir les fusils à percussion M1863
C'est Erskine S.Allin, maitre-armurier et futur directeur de l'Arsenal de Springfield qui présente son brevet et qui s'y colle.

Un premier jet, dit "première conversion Allin", amènera au modèle 1865. Il s'agit juste de la pose d'une culasse à tabatière sur le canon en .58
La cartouche tirée, la Berdan .58 est à percussion annulaire et franchement décevante avec sa charge de 60 grains de PN.
Les performances, hormis un rechargement plus rapide, stagnent au niveau de celles du mousquet à percussion

Bref, Allin prend une feuille blanche et recommence. C'est la "seconde conversion Allin", sujet du sujet d'aujourd'hui.
Cette fois, le calibre est réduit, la percussion est centrale, la charge passe à 70 grains. 
La .50-70 Gvt est née.
Les canons d'origine des mousquets sont conservés, mais forés et on pose un tube-insert en calibre .50
Même si l'arme est toujours dans la longueur originelle du mousquet M1863 (1,43m), elle est devenue moderne et performante. 

Elle va rentrer dans l'histoire en 1867, le long de la piste Bozeman qui traverse le Wyoming et mène en Oregon.
A cette époque là, les indiens Sioux Lakotas, Cheyennes et arapaho sont très vindicatifs et lancent constamment des raids contre les soldats américains.
Le 2 août 1867, 27 soldats avec quelques civils qui sont de corvée de bois près de Fort Kearny sont surpris et encerclés par une horde de 300 guerriers.

Les indiens savaient que le soldat blanc, quand il avait feu avec son mousquet à percussion, mettait environ trente secondes à recharger.
Mais les soldats en question, venaient de percevoir leur nouveaux fusils M1866 à chargement par la culasse.
La surprise a été totale et on estime que 70 guerriers se sont fait fauchés par les salves rapides.
Les soldats n'ont eu que 7 tués et 2 blessés.

Après cette bataille, les indiens se cantonnaient à tendre des embuscades et évitaient les affrontement frontaux devenus trop meurtriers.

Le modèle sera encore amélioré avec les modèles 1868 et 1870, toujours en .50-70
Produit à 50.000 exemplaires, près de la moitié des M1866 finira en France pour la guerre de 1870.


Pour en revenir à l'exemplaire que j'ai acquis, le voilà :

Les clous sont peut être un vestige d'un passage chez les indiens? Pour l'instant, j'y touche pas, ils ont l'air anciens.
Peut être n'est-il pas passé par la Défense Nationale celui-là.
En tous cas, les pièces bronzées le sont toujours, contrairement à la majorité des armes US passées en France et qui ont été débronzées.


Le canon, la baguette, le pontet et les trois bandes sont polis-blancs, le reste bronzé.


Platine marquée 1864, vestige du mousquet à percussion.


La hausse graduée 3, 5 et 7 en position relevée. A plat, le cran de mire, c'est 100 yards. Encore un vestige du mousquet à percussion.


la baguette est nouvelle car elle devient baguette de nettoyage et non plus baguette de chargement. Elle est copiée sur celle du Snider d'Enfield.


La culasse marquée 1866 avec la tête d'aigle.


Et le marquage réglementaire traditionnel de l'US Ordnance.


Sur la baïonnette aussi.

Beau "reportage", et bien belle arme

félicitations! Belle trouvaille, j'aime beaucoup.

Pour les clous et les indiens, un premier test de vraisemblance: si la tige du clou est ronde (mais il faut en arracher un), les chances qu'il s'agisse bien d'une modif d'origine sont de... 0.
Si elle est carrée, tu n'es sur de rien, mais au moins les clous sont anciens...

tu es équipé en 50-70?

bonjour françois
comme d habitude super approche du sujet
bien documenté avec de belles photos et une
belle planche de tous les modèles
et pour finir ton exemplaire est magnifique
et les clous ne gène pas peut étre a t'il été dans une
police indienne
a suivre 
philippe

Bonjour Messieurs

Pour les clous, je pense que je ne saurais jamais.
Mais bon, dans la logique, il se peut que lorsque les modèles Trapdoor ont évolué, 1868, 1870 et même 1873, les "vieux" modèles 1866 ont été refourgués aux éclaireurs indiens.
Peut être... 

@Gilles : oui, oui, j'ai tout pour recharger le .50-70
Je tirai cette munition dans mon ex-RB Navy.

Beau reportage et belle arme, félicitation :) . Pour ma part, je chérie mon trapdoor 1873 de 1887 que je recharge en 45-40 c'est suffisant pour mon épaule jusqu'à 200 m :)

oxi81 a écrit:

@Gilles : oui, oui, j'ai tout pour recharger le .50-70
Je tirai cette munition dans mon ex-RB Navy.

Alors, je garde précieusement mon stock d'étuis

Belle acquisition !

Bien belle acquisition !
Autant on trouve assez facilement les modèles suivants à prix raisonnable, autant le 1866 est plus rare.
C'est le "Lucrèce Borgia" de Buffalo Bill.

Lone Rider a écrit:Bien belle acquisition !
Autant on trouve assez facilement les modèles suivants à prix raisonnable, autant le 1866 est plus rare.
C'est le "Lucrèce Borgia" de Buffalo Bill.

Effectivement Buffalo Bill avait un 1866, le voilà :

Quelques vues supplémentaires


L'insert en calibre .50 dans le canon d'origine en .58 reforé.
Le M1866 est le seul dans ce cas là. A partir du M1868, les canons seront usinés neufs en cal .50


La trace du cartouche ESA dans on ovale, malheureusement quasiment illisible.


Détail du marquage 1864 (on peut trouver aussi le millésime 1863). 


L'âme du canon à 3 rayures, au pas de 1:42
Désolé, j'arrive pas à faire mieux avec mon mauvais tel APN.
Mais le canon est vraiment pas mal pour son âge et son passé surement mouvementé.


Et les fameux clous... 

bonjour françois
ils ne sont pas mal tes photos
des fois je fait pire 
il a peut étre appartenu a william cody (humour bien sur)
phil

J'ADORE !!!!!

(sinon il y a beaucoup d'indien par chez toi ?)
(je trouve que tes thèmes se rapproche beaucoup du old west)

WICHITA a écrit:

(sinon il y a beaucoup d'indien par chez toi ?)

IL Y AVAIT beaucoup d'indiens 

phil bullock a écrit:bonjour françois
ils ne sont pas mal tes photos
des fois je fait pire 
il a peut étre appartenu a william cody (humour bien sur)
phil

Non, tu fais tout le temps pire 

Sinon, ça peut pas être celui de Buffalo Bill. Il n'avait pas les clous, lui 

Tres beau, perso idem à ce qui a été dit plus haut, les clous y sont, ils y restent

pour les photos c est vrai
mais j ai un canon et je pense quelle seront mieux
( canon)

Lucrèce BORGIA.....(non, elle n'avait pas de boutons sur les joues.... )

Ce qu'il reste de Lucrèce Borgia :
https://centerofthewest.org/2014/05/20/junk_guns-museum_quality/1-69-366-lucretia-borgia-copy/#

Tudieu, un 66 ! 

Merci du partage 
Quant aux clous, on ne peux à la fois rester dedans et les enlever !

oxi81 a écrit:

Pour en revenir à l'exemplaire que j'ai acquis, le voilà :

Les clous sont peut être un vestige d'un passage chez les indiens? Pour l'instant, j'y touche pas, ils ont l'air anciens.
Peut être n'est-il pas passé par la Défense Nationale celui-là.
En tous cas, les pièces bronzées le sont toujours, contrairement à la majorité des armes US passées en France et qui ont été débronzées.

Bonjour ,
  tu as trouvé une belle piece qui en plus à premiere vue pas très chère et en bon état , tu
as les mêmes gouts que moi , s'il te plait pense bien à moi quand tu fera ton testament .

Alors pour les clous , ce sont pour moi que des verrues qu'un ancien propriétaire a voulu mettre
pour faire indien d'Amérique , d'ailleurs regarde  d'anciennes photos et tu verra qu'il est très rare
que cette "embellissement " ne comporte que quelques clous et surtout que d'un coté.
Moi perso et cela n'engage que moi je les enlèverai.


                                                       

eric38 a écrit:


Alors pour les clous , ce sont pour moi que des verrues qu'un ancien propriétaire a voulu mettre
pour faire indien d'Amérique , d'ailleurs regarde  d'anciennes photos et tu verra qu'il est très rare
que cette "embellissement " ne comporte que quelques clous et surtout que d'un coté.
Moi perso et cela n'engage que moi je les enlèverai.
                                        

C'est aussi ce que je me suis dit. Mais bon, le doute subsiste (et restera certainement sans réponse à jamais). 
En plus, y'a rien qui presse. 
Et j'ai aussi un peu peur que les trous soient difficiles à rendre invisibles. Faudrait que j'en retire un pour voir.

Une dernière volée de photos du fusil


Le logement de la platine. 
On peut voir que la culasse n'a pas d'arche comme on en retrouvera sur les modèles postérieurs ("low arch" ou "high arch")
Ici, c'est "No arch". Le corps de culasse est parfaitement cylindrique.


Détail de l'aigle de l'arsenal de Springfield


L'intérieur de la platine. 


Le méplat où se trouve le N° de série sur les M1873 et M1884.
Ici, rien. 
Les "conversions Allin", soit les modèles M1865 et M1866, n'avaient pas de N° de série.

oxi81 a écrit:
un premier jet, dit "première conversion Allin", amènera au modèle 1865. Il s'agit juste de la pose d'une culasse à tabatière sur le canon en .58

Je dirais culasse à "clapet".
Me me tromperais-je ????
P.A.