Greener's Special Bore

Bonsoir,
Je vous présente mon petit dernier découvert au repos dans une armurerie à l'ancienne (pas de site internet...) en dépôt vente pour vraiment pas cher (c'était quoi qu'il en soit pour moi un coup de coeur immédiat).
Si vous avez quelques infos sur ce modèle je suis preneur (j'ai pas mal regardé les sujets déjà existants)
Voici les photos :

Il est dans son jus comme beaucoup doivent aimer ici!

Tu as donc un Greener Police Gun.
La caractéristique principale de cette arme étrange est sa cartouche vraiment très particulière.
D’abord, elle commence (sur une vingtaine de mm environ) en calibre 12 puis, elle se rétreint au calibre 14. Le calibre 14 (intermédiaire entre le 12 et le 16) a été classé obsolète en 1905…
Et puis, comme si cela ne suffisait pas, le culot de la munition a une gorge profonde (on est prié de ne pas rigoler à ce propos, surtout s’agissant d’une anglaise de l’entre deux guerres !) autour de l’amorce (j’ai dit de l’amorce  !).


Cette profonde cannelure périphérique permet de loger les deux dents de part et d’autre du percuteur qui peut alors percuter l’amorce. 
Ce dispositif assez torturé nécessite par conséquent une tête de culasse avec trois trous aligné : le central rond et les deux autres oblongs. 


De plus, le déplacement de la culasse se faisant en arc de cercle nécessite un profil en biseau des têtes de dents. La description ne pouvant être qu’absconse, voici deux photos du percuteur en question :





Le petit trou rond sous la couronne de percussion est, à mon avis, un détrompeur pour positionner la pièce correctement lors du montage (seconde photo).
   Comme une arme ne doit pas rester silencieuse, j’ai pu faire usiner par un de mes clients un jeu d’outil pour fabriquer cette douille si particulière avec son épaulement. Naturellement, il a fallu tourner également un percuteur conventionnel. J’ai un bon lot de munitions de calibre 12 à douille laiton qui me permettront de faire, enfin, ces cartouches et de les tirer. Vous avez peut-être vu la boîte du JO sur mon fameux mur vert (aussi déconstruit maintenant que le mari d’une certaine député de la même couleur  ). Ce JO n’est pas un RCBS et n’est pas à la vente.

Au tonnerre de ton arme sont frappés deux chiffres réellement arabes (un 3 à l’envers, qui signifie 4) qui donnent 44 (l’année ?). À leur droite se trouve une sorte d’hameçon double dont je ne connais pas la signification. L’empire britannique avait des antennes en pays utilisant l’écriture arabe…
Je joins des photos de mon Police Gun dont les marquages donnent plus d’indications :




 

Et une de l’arme entière montrant un avant très différent :

Les marquages indiquent un calibre de .719", ce qui est un 12 normal, il me semble ?
En fait, ce fusil a existé en trois calibres :

• 14 1/2 (!)
  
• 12/70 standard
  
• une cartouche spéciale à rétreint pour la Police anglaise en Egypte, destinée à interdire sa réutilisation en cas de vol
  

La gorge façon Lebel a été introduite comme sécurité supplémentaire (des petits malins avaient trouvé qu'on pouvait tirer du 16 entouré de paier...).

Joker ! 
C’est une arme anglaise 
Voici une photo de la chambre. On voit bien le rétreint.

C'est vrai qu'elle est étrange cette arme mais je la trouve charmante (la munition a gorge profonde n'y est pour rien!).
Il apparaît que le montage et surtout le remontage de l'arme n'est pas des plus simple...
Les marquages sur mon modèle sont très atténués, j'ai l'espoir qu'un nettoyage léger fasse ressortir un peu les choses.
En attendant, je vous lis avec plaisir, merci pour tout ces renseignements!

Salut

Il s'agit d'un fusil de la police egyptienne entre deux guerres. La douille à profil spécial et le système de percussion tarabiscoté avaient tous deux le même but: visiblement les policiers egyptiens étaient à l'époque très corrompus et il était courant pour les malfaiteurs de "louer" l'arme d'un policier pour commettre un méfait. Comme il était plus facile de contrôler les cartouches distribuées que l'utilisation des armes une fois la police sur le terrain, le stratagème avait pour but d'empêcher les malfrats d'utiliser trop facilement les armes de la police, puisque la munition était introuvable...

J'ai commencé le démontage et la crasse accumulée ne m'a pas rendu la tâche facile.

Surprise au moment de sortir l'ensemble culasse percuteur :

J'ai eu, pendant un court instant, la version Riot de cette arme.
https://www.tircollection.com/t56563-martini-greener-riot?highlight=greener+riot
Également avec ce calibre biscornu de 12/14 "Special Bore"

De ce que j'ai pu constater en démontant le mien :
- simple percuteur sans les 2 ergots pour empêcher le tir d'une cartouche classique
- intérieur du canon lisse sans rétreint

Le modèle que j'ai me semble adapté aux munitions plus "classiques".


Par contre comment faites-vous pour démonter le bois du garde main ?
Quelle est l'utilité de la dernière vis présente sur le boîtier (en bas à droite) ?

J'ai l'impression que cette dernière vis traverse un pion en métal inséré dans le bois du garde main.

Il serait intéressant de savoir quelle cartouche tire ce fusil. Je serais tenté de penser que c’est un précurseur du mien et qu’il serait en calibre 14. 
Facile à déterminer : si une cartouche de 16 flotte un peu et que son bourrelet accroche quand même l’extracteur, c’est du 14.

obaneck a écrit:Il serait intéressant de savoir quelle cartouche tire ce fusil. Je serais tenté de penser que c’est un précurseur du mien et qu’il serait en calibre 14. 
Facile à déterminer : si une cartouche de 16 flotte un peu et que son bourrelet accroche quand même l’extracteur, c’est du 14.

Je vais vérifier cela ce soir.
En attendant et avec un très léger nettoyage, j'ai des marquages sur le boîtier qui ressortent doucement sous ce mélange de rouille et de crasse... c'est comme si je découvrais un trésor!

C’est le propre de toute pépite : enlever la gangue pour découvrir le trésor  !

Une cartouche de 12 ne rentre pas et une de 16 nage légèrement. Elle est cependant accrochée par l'extracteur.

J'ai réussi à démonter le grade main qui était retenu par la dernière vis du boîtier.
Il ne reste que la crosse qui me résiste, je n'arrive pas à accéder à sa longue tige filetée accessible depuis la plaque de couche...
Cette dernière est bien étrange également, pas de vis ou alors tellement usées qu'elles sont devenus lisses de chez lisses.




Je ne connais pas le nom de ce petit couvercle qui donne accès à la longue vis de crosse mais je n'arrive pas à l'ouvrir, il est comme scellée par le poids des années!

Comme il est probable que la bouche du canon ne soit pas chokée (rétreint de l’âme pour resserrer la gerbe de plombs, utile à la chasse, inutile en usage police), il serait bon d’en mesurer le diamètre intérieur pour déterminer vraiment le calibre, même si la probabilité du 14 prédomine.
Le cas échéant, j’ai des cartouches en calibre 14.

Le "petit couvercle" ressemble à un portillon pour ranger une baguette...

J’y range mon percuteur d’origine, à fourche.

Je viens d’examiner et de démonter la plaque de couche de mon Greener. C’est vraiment du massif conçu pour jouer au petit dentiste mais genre je vais tout casser, chef ! Ce n’est pas un Police gun pour rire 
On dépose la crosse en ôtant la grosse vis (en alu pour mon arme) qui constitue le fond du logement fermé par la trappe de plaque de couche.

Si c'est du 14, on peut aisément et efficacement tirer du 16 (peut-être quand même rechargé PN) :
Sur un mandrin de diamètre adéquat, enrouler une feuille de tôle d'épaisseur adéquate, à bords jointifs (ou presque, 1 mm de jeu c'est trop mais 0.1 à 0.2 mm d'espace c'est acceptable). Puis marteler un petit "collet battu" qui viendra se caler au fond du logement de bourrelet ; entailler ce collet sur la largeur de l'extracteur, afin qu'il puisse fonctionner sans gêne (pour ces opérations, il vaut mieux serrer le tube en tôle roulée sur le mandrin, à l'aide de quelques serflex).
Ensuite il faut couper à la longueur cylindrique de la chambre.

Le tube étant élastique, une fois libéré la fente s'ouvre et le diamètre est plus gros ; cette élasticité suffisant normalement à maintenir le tube dans la chambre. Mieux vaut éviter de le coller, car à l'extrémité de la chambre il va laisser un petit élargissement ; et pour bien nettoyer après le tir PN il vaut mieux enlever le tube (à l'aide d'un petit crochet qui l'attrape par le bout).

Ça fonctionnait très bien sur mon juxtaposé calibre 14 à bascule Lefaucheux, et au ball-trap de village je cassais autant d'assiettes que les copains...
Mais sur un système Martini, les mesures et essais sont plus difficiles à exécuter !

je me proposais d'en acheter un ...c'est classé comment en C ou en D ?

l'armurier me dit C  pour un truc qui est obsolete ... et  ça vaud quoi ?

merci de vos retours

Si c'est un Mk III, il date d'après 1930, donc C...

Je n’ai pas cherché à demander la correction au SCAE car je n’ai guère trouvé que #BY780 correspondant à : 
-W.W. Greener (William Wellington).  Police Gun MarkIII  calibre 12/70.  Catégorie C1c (c’est inexact, mais avant qu’il y ait une expertise là-dessus, il risque de se passer du temps  ).

Il est certain que classer un fusil pareil, avec sa munition à la con, et organisé pour le rendre virtuellement intirable n’a pas de sens. Seuls quelques enragés de mon espèce vont s’obstiner à tirer trois fois avec au cours de leur vie  . J’avais pensé à le recanonner en 12 normal mais ça reste un rude boulot et ça lui retire tout son côté british-historique pour le transformer en un banal 12 à un coup qui n’intéresse pas grand monde.

Quant au prix…. Vois avec ton armurier mais si c’est un mec normal, il n’a pas mis le moindre kopeck dans ce truc invendable ! Soit son ancien propriétaire l’a abandonné sur le comptoir, soit l’armurier a pris l’arme en dépôt-vente. Dans les deux cas, tout se négocie, surtout si tu es en bons termes avec ton armurier. 
    À titre indicatif, j’ai pris le mien (qui n’a probablement jamais servi) à €300.- parce que j’adore les moutons à 5 pattes   et que j’ai le client depuis toujours.