L'armement des troupes du Périgord en 1870-1871

En complément de l’histoire des fusils à tabatière made in Périgueux (voir ; (111) Histoire de fusils à tabatière en Périgord en 1871... (tircollection.com),  voici quelques éléments inédits sur l’armement des troupes de la Dordogne en 1870-1871.


La garde nationale mobile a perçu durant son instruction des fusils à percussion de « l’ancien modèle » - probablement des fusils 1842 Tbis. Au 3^e bataillon, selon de lieutenant Gay, la moitié de ces fusils ne pouvaient faire feu. Parti le premier aux armées, le 3e bataillon perçoit des chassepots à Tours le 27 septembre, avec 60 cartouches par arme. Le 29 septembre, le 1^er bataillon les perçoit à son tour, suivi le 1^er octobre par le 2^e bataillon. Le 4^e bataillon est également armé de chassepots, sans que l’on sache où et quand ils sont été perçus. A noter qu’au 3^e bataillon, des revolvers de type Lefaucheux de fabrication liégeoise en 9 mm ont également été distribué (j’en possède deux, régimentés)
 
La Garde nationale mobilisée (c’est différent de la mobile, grosso-modo ce sont tous les types entre 25 et 40 ans qui ont été appelés en décembre 1870 dans le cadre de la mobilisation générale) est armée comme suit :
 
Infanterie : fusil américain Springfield, dont 10000 exemplaires ont été attribués à la Dordogne le 1^er décembre 1870 (1)

Artillerie : hommes à pied : mousqueton (sic) Sharpp (2) et sabre poignard ( je suppose que c’est le glaive 1831), hommes montés : sabre de cavalerie de ligne et pistolet. Les sous-officiers étaient armés de « revolvers » (mais quel modèle ?) en remplacement de pistolet (probablement des 1822 Tbis). Le 13 février 1871, 400 carabines Remington sont livrées à la batterie mobilisée de la Dordogne, avec 40000 cartouches (3).

Cavalerie : mousqueton (sic) Remington et sabre de cavalerie légère. Il est à noter que les documents issus de la préfecture se contredisent : le compte-rendu initial évoque des « mousquetons Sharpp» et le compte-rendu récapitulatif des « mousquetons Remington ». Sont signalées aussi 100 carabines Spencer, débarquées le 25 novembre de l’Ontario et expédiées à Bordeaux le 16 décembre, ont été également attribuées aux éclaireurs de la Dordogne (4) (connu aussi sous l’appellation de 1^er régiment d’éclaireurs volontaires à cheval). On apprend aussi que 50 carabines Sharps ont été distribuées le 11 novembre 1870 au profit des éclaireurs à cheval de la Dordogne, assorties de 5000 cartouches le même jour et 5000 cartouches supplémentaires le 18 décembre (5). 
 
400 carabines Remington, débarquées au Havre du Pereire le 9 novembre 1870, ont attribuées le 13 janvier 1871 aux mobilisés de la Dordogne (6), sans que l’on sache si les destinataires étaient des artilleurs ou des cavaliers. Il n’est pas impossible que cette livraison et celle 13 février aux artilleurs évoquée plus haut soient en fait une seule et même livraison, avec une erreur de date. En effet, la date et la quantité sont identiques, seul le mois n'est pas le même... Il y avait 900 artilleurs au total, mais seul les artilleurs à pied étaient armés du mousqueton.
Artilleurs et cavaliers perçoivent des bretelles de fusil, ce qui laisse à penser que leurs mousquetons/carabines ont dotés d’anneaux-grenadière.

Les mobilisés n'ont pas eu le temps de combattre, arrivés trop tard à l'armée de la Loire.

Francs-tireurs. Les deux compagnies de francs-tireurs de la Dordogne ont été armée de chassepots fournis par l’Etat. 

Source : Archives départementales de la Dordogne, dossier 7 R 1 Enquête sur les actes du gouvernement du 4 septembre 1870.  

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(1) http://www.musee-infanterie.com/objet/1167-note-sur-l-armement-etranger-achete-par-la-france-en-1870 (lien mort)
(2) Une distribution de 50 carabines Sharps est opérée le 11 novembre 1870 au profit des éclaireurs à cheval de la Dordogne, assorti de 5000 cartouches le même jour et 5000 cartouches supplémentaires le 18 décembre. J. Puaud & C. Méry Les armes à feu de la défense nationale et leurs baïonnettes 1870-1871, Crépin-Leblond, 2007.
(3) J. Puaud & C. Méry Les armes à feu de la défense nationale et leurs baIonnettes 1870-1871, Crépin-Leblond, 2007.
(4) http://www.musee-infanterie.com/objet/1167-note-sur-l-armement-etranger-achete-par-la-france-en-1870
(5) J. Puaud & C. Méry Les armes à feu de la défense nationale et lerus baIonnettes 1870-1871, Crépin-Leblond, 2007
(6) http://www.musee-infanterie.com/objet/1167-note-sur-l-armement-etranger-achete-par-la-france-en-1870

<< seul les artilleurs à pied étaient armés du mousqueton. >>
Me semble que c'est encore le cas jusqu'en 1914 au moins, les artilleurs montés étant alors armés d'un revolver (avec une dotation de 12 cartouches).

Verchère a écrit:<< seul les artilleurs à pied étaient armés du mousqueton. >>
Me semble que c'est encore le cas jusqu'en 1914 au moins, les artilleurs montés étant alors armés d'un revolver (avec une dotation de 12 cartouches).

Tout à fait exact, et cela continue durant le conflit. Les artilleurs montés étaient généralement équipé du revolver 1873.

Asiate, merci d'avoir publié le résultat de tes recherches sur le sujet, c'est très intéressant de voir comment tout cela était dispatché. Notamment le fait qu'on ai visiblement préféré distribué les chassepots aux Franc-tireurs tandis que certains mobiles ont perçus des vieux fusils à percussion, alors que ces derniers voyaient le feu plus souvent.

En 1914, sur 16-17 hommes qui composaient une batterie d'artillerie hippomobile, il n'y avait que 6 servants qui n'étaient pas montés. Je n'ai pas trouvé hélas la composition d'une batterie d'artillerie de la garde nationale mobilisée en 1870-1871, ceci étant, sachant qu'il y a des hommes montés, 800 carabines Remington pour 900 artilleurs, ça paraît beaucoup. Il y a donc dû y avoir une erreur de transcription quelque-part. 

Il y a dû avoir un mic-mac dans les comptes-rendus de la préfecture. L'escadron d'éclaireurs n'étant composé que de 130 cavaliers, je ne vois pas ce qu'ils auraient fait de 400 carabine Remington. Inversement, 50 carabines Sharps reçues le 11 novembre 1870, puis 100 carabines Spencer perçues dans la seconde quinzaine de décembre 1870, ça paraît plus cohérent. 

Si on part de ce principe : les Remington aux artilleurs et les Spencer/Sharps au cavaliers...  et une seule et même livraison de 400 Remington aux artilleurs, le 13 janvier ou le 13 février 1871.

Quelques éléments de plus sur le sujet qui nous intéresse : 
- J'ai bien confirmation à la date du 11 novembre 1870 de la livraison aux éclaireurs de la Dordogne de 50 carabines Sharps et 5000 cartouches, expédiés par le parc d'artillerie de la place de Tours. 
- Chose plus curieuse, dans un courrier du 4 octobre 1870, le Comité de défense de Bordeaux informe celui de Périgueux que 500 carabines Remington à "bayonnettes" au prix de 116 francs leur seront livrées "aussitôt que l'importance des arrivages d'armes permettra d'en distraire de l'arsenal de Bordeaux". 
Que penser de ces carabines à baïonnettes ? Y aurait-il une confusion en carabines et fusils, ce dont je doute ? Si tel n'est pas le cas, soit les tenons sont ajoutés sur les carabines  dès leur prises en charge par les arsenaux français - et n'ont donc pas été posés après l'armistice - , soit ces tenons et les baïonnettes on été posés directement par Remington. Et dans ce cas, quel est le modèle de la baïonnettes ? 
J. Puaud et C. Méry, s'ils nous lisent, ont-il une idée ? Idem pour PH. Mouret...

Bonsoir, dans le livre sur les Remington de Philippe Mouret, il est présentée une carabine Remington avec un tenon de baïonnette ajouté. Au moins deux exemplaires ont été répertorié. Je doute cependant qu'il y ait eu autant que cité (400) je parle de transformations durant la guerre, pas après ! 
A Vincennes, on peut trouver dans les archives toutes les distributions d'armes aux FT durant la guerre ainsi que leurs restitutions qui donnent parfois de drôle de surprises ! J'en possède une copie que j'ai exploité et présenté dans notre livre que j'ai réalisé avec Jack Puaud.
Chaque archives départementales possède les archives sur ce thème lorsqu'il y a eu formation de Mobile et FT, c'est dans la série R qu'il faut chercher de mémoire !!


informations sur les Corps Francs 

A noter que les "corps francs" n'étaient pas une nouveauté : vers Belfort (et sans doute ailleurs), les grandes entreprises en avaient levé à leurs frais en 1815 ; mais le gouverneur militaire de Belfort ne savait pas trop quoi en faire.
C'est tout de même le "corps franc Migeon" (~ 70 hommes) qui tout près de chez moi a arrêté un bataillon autrichien tentant de gagner le Ballon d'Alsace, le 4 juillet.

* Migeon, je n'ai pas cherché ce qu'ils fabriquaient à l'époque mais plus tard c'était une grosse tuilerie.