gravures sur winchesters

L'avantage de ces burins pneumatiques est que la main droite qui tient le marteau est libérée. Le burin peut donc être tenu dans la main droite ...qui comme son nom l'indique est plus adroite que la gauche

Et cette main gauche peut alors être utilisée pour faire tourner l'étau au fur et à mesure que le trait du dessin tourne .

Le burin en fait n'avance pratiquement pas, il est quasi fixe juste avec des légères corrections de direction ...et c'est la main gauche qui pousse la pièce dans le burin pour couper le copeau .

Cela permet des coupes  sans "cassure" . Lorsqu'on coupe au marteau , on est obligé d'abandonner la coupe lorsqu'on ne peut plus tourner,  on fait alors pivoter   l'étau de 30 ou 40° puis il faut venir reprendre la coupe là où on était ...en s'alignant bien pour éviter les "cassures "

 

Ces ornements , les rinceaux ( ou scrolls en anglais ) sont la base de ces  gravures américaines du 19e et ils sont toujours commencés par la spirale principale puis on vient couper les feuillages et les petites spirales internes, les feuilles et spirales externes et  ensuite on fait les fonds avec le perloir. Et à la fin on vient terminer les ombrages sur les feuilles pour donner du relief .

( A suivre)

Salut Jean   

Je viens d'ouvrir le post. Voilà que subitement ma journée s'illumine..  Je ne te dis pas "vite, vite", , car vite et bien sont souvent incompatibles, mais tu as déjà suffisamment exercé ton talent pour moi, pour savoir combien je suis impatient, au moins de voir la suite de ce WIP
A demain j'espère, même lieu, même heure

jean santos a écrit:Merci El Pasota , ça fait au moins un qui suit

au moins deux
mais à mon avis, nous sommes, beaucoup plus.

Exactement et sans aucun doute! J'en bave déjà! Mon "66" crie!

bonjour 
je suis admiratif d un tel savoir faire
vivement la suite
(moi qui possède une uberti carbine 66 gravée c est beau mais ça n a rien 
a voir avec cette belle réalisation qui va voir le jour)
bon courage jean
cdt phil

Bonjour,
  encore un beau bébé qu'y va naitre .
Super les explications avec les photos pour bien comprendre .
Que du plaisir sur ce post , ON attends la suite avec impatience , hésite pas sur la quantité de photos.

                                                             

Merci Norman , Wichita; El Pasota, Phil et Eric , je vais continuer à poster le pas à pas , j'ai quelques photos d'avance car j'ai commencé le vendredi et j'ai gravé presque tout le WE  

Mais avant je voulais vous parler un peu des graveurs américains qui ont décoré ces armes au 19e S.  C'est un condensé de divers articles du  MET , et de ce document de R L Wilson :
https://americansocietyofarmscollectors.org/wp-content/uploads/2019/06/1973-B28-Firearms-Engraving-In-Nineteenth-Century.pdf

Et pour ceux qui voudraient approfondir le sujet il y a un très beau livre de R.L .Wilson :
https://www.amazon.com/L-d-Nimschke-Firearms-Engraver-Regular/dp/B0045U1BJA



L’âge d’or des graveurs sur armes américains à débuté vers la seconde moitié du 19^e siècle avec l’essor des grandes manufactures d’armes comme Colt, Smith&Wesson,Winchester, Remington , Marlin, etc
La demande d’amateurs fortunés était alors croissante pour orner et personnaliser une arme à laquelle ils trouvaient un aspect un peu trop « industriel »
Parmi les immigrants venus d’Europe se trouvait un groupe de graveurs allemands qui tous venaient de la province de Thuringe.
Leur formation avait été faite au même endroit , avec les mêmes professeurs de l’école de Zella : Ernst Morritz et Gustav Ernst
Leur style de gravure germanique s’est rapidement imposé, et plusieurs d’entre eux ont été Maîtres Graveurs d’usine , comme Gustave Young chez Colt , les frères Ulrich chez Winchester , Cuno Helfritch pour Colt après que  Young soit parti chez Smith&Wesson
Cette communauté de graveurs  d’origine allemande se connaissait et se retrouvait régulièrement lors de réunions, les Scheutzen fests
L’abondance de travail ne devait pas créer de conflits de concurrence , chacun ayant son os à ronger .  Leurs styles étaient proches , mêmes professeurs et parfois mêmes maîtres de stage pour ceux comme les Ulrich qui ont été  un temps ‘stagiaires ‘ dans l’atelier de Nimschke .
 
Louis David Nimschke n’était pas affilié directement à une manufacture , il a donc gravé  les armes provenant de toutes les manufactures américaines  .
 Cela a été vrai aussi ( dans une moindre mesure)pour les autres » graveurs d’usine » comme Young , les Ulrich, chacun étant libre de prendre des commandes en dehors pour les faire dans leur atelier , souvent installé dans une pièce de la maison familiale  .
Les graveurs d’usine , en plus de la décoration d’armes de prestige que leur firme exposait , avaient la charge des marquages « industriels » c’est eux qui gravaient les poinçons dont nous voyons aujourd’hui les fins marquages sur les canons et les boîtiers .
 
L.D. Nimschke a développé un style personnel basé sur des très larges scrolls ( c’est le New York Style) .  C’est le graveur américain le plus productif( on estime qu'il a gravé plusieurs milliers d'armes) et celui qui a eu la plus longue carrière   : Il a gravé durant 55 ans des milliers d’armes
Ses outils sont conservés pieusement au Met :  https://www.metmuseum.org/art/collection/search/788361
Et surtout son carnet de gravures  a été conservé . Ce carnet est très précieux. Je l’ai parcouru pendant des heures et des heures .  LDN  y conservait les tirages sur papier des gravures qu’il venait de faire . Ces tirages n’étaient pas un simple « souvenir » à une époque où les photos étaient encore rares, ils servaient également de base de données pour de futures gravures .
 
Une des gravures les plus connues de Nimschke est celle d’une Winchester 1866 que le roi du Perou José Balta  a fait fabriquer par Winchester en ARGENT massif  pour l’offrir à son homologue le roi de Bolivie Mariano Melgajero.

Voici le tirage du cahier de Nimschke montrant cette carabine :


et les dessus du boîtier + chien+plaque de couche:


Il est fort probable que ce soit le roi du Pérou qui ait fourni  l’argent des mines péruviennes pour couler le boîtier …et il a sans doute imposé le graveur ( c’étaient les frères Ulrich qui à l’époque graveurs d’usine Winchester auraient théoriquement dû faire cette gravure).
 
 LDN avait alors une certaine aura, il avait gravé des armes pour des hommes célèbres  dont Napoléon III et Théodore Roosvelt , le général Custer , Buffalo Bill , le roi Georges de Grèce et l’impératrice Maria Cristina d’Espagne  , on peut donc dire que notre ami Norman Morris est lui aussi un homme de goût puisqu’il a choisi le style préféré par les puissants de l’époque  


Je viens de voir que cette carabine vient d'être vendue dernièrement ...pour une somme rondelette    Bon elle est belle , mais ce n'est qu'un peu de ferraille , bois et boîtier en argent avec quelques griffures


https://www.gazette-drouot.com/adjuge/armes-militaria-souvenirs-historiques/120138


Si vous voulez en voir tous les détails regardez les photos de ce site et zoomez. Vous pouvez les comparer au tirage du carnet de Nimschke...c'est la même  
https://www.proxibid.com/L-D-Nimschke-Engraved-Silver-Winchester-Model-1866-Rifle/lotInformation/64732748

Après découpe de la spirale principale ,  je découpe les petites spirales extérieures avec le même burin :


Puis je fais le dessin des feuillages et petits pampres à l'intérieur de la spirale principale , j'utilise une pointe sèche car le trait de crayon serait trop large :

Je découpe tout l'intérieur en suivant avec le burin le tracé esquissé à la pointe sèche

Je fais ensuite les fonds "style Nimschke " avec le perloir de 0,5 . Une fois le fond perlé je découpe les ombrages auvec un burin en V très fin 110° d'angle  :



J'ai également ombré le contour du dessin pour le faire ressortir un peu plus .Pour cela j'ai utilisé le chemin de fer : un burin qui coupe d'un coup 8 lignes très fines sur 1mm de largeur.

Je viens de regarder ta pièce jointe....Gravure sur argent, c'est extraordinaire.. 
Mais dis moi, le laiton cela se plaque à l'argent non????
Non laisse tomber, il faudrait tout démonter le mécanisme.
Mais enfin, pourquoi pas???
Ou l'inverse?

MAGNIFIQUE travail déjà!  
Mon colt a été plaqué argent.   Cela fait encore plus ressortir les gravures .
Ma 66 crie à l'infidélité en voyant le style de gravure et la symbiose avec mon colt!

Norman Morris a écrit:Je viens de regarder ta pièce jointe.....Comme ça va. 
Mais dis moi, le laiton cela se plaque à l'argent non????
Non laisse tomber, il faudrait tout démonter le mécanisme.
Mais enfin, pourquoi pas???
Ou l'inverse?

Bonjour ,
  d'accord le travail de jean santos est magnifique  mais je trouve que Norman Morris pousse le
bouchon un peut loin.
                   Ne pas oublier Le 21 janvier 1793,Norman Morris va finir comme  Louis XVI




                                                                  




                                                      

eric38 a écrit:

Norman Morris a écrit:Je viens de regarder ta pièce jointe.....Comme ça va. 
Mais dis moi, le laiton cela se plaque à l'argent non????
Non laisse tomber, il faudrait tout démonter le mécanisme.
Mais enfin, pourquoi pas???
Ou l'inverse?

Bonjour ,
  d'accord le travail de jean santos est magnifique  mais je trouve que Norman Morris pousse le
bouchon un peut loin.
                   Ne pas oublier Le 21 janvier 1793,Norman Morris va finir comme  Louis XVI




                                                                  




                                                      

Mais, non, car je suis en attente de la même provenance d'une plaque d'honneur à fixer sur mon 1777 que mon ancêtre (dont la photo d'époque me sert d'avatar) à reçu des mains du 1° Consul en tant que fusil de récompense...Faudrait savoir

El Pasota a écrit:MAGNIFIQUE travail déjà!  
Mon colt a été plaqué argent.   Cela fait encore plus ressortir les gravures .
Ma 66 crie à l'infidélité en voyant le style de gravure et la symbiose avec mon colt!

Quand tout vient du même graveur, on n'a pas cette disparité  




Et il est indéniable qu'une gravure ressort mieux sur un placage à l'argent....Merci Jean

bonjour a tous
 je bave d une telle beauté et oui quand s est gravé 
c est autre chose 
bravo norman tu a de la chance
cdt phil

C'est vraiment de très bon augure les débuts de cette gravure.

Rares sont les artisans, qui comme Jean Santos, détaillent et partagent leur savoir faire.
Une telle maitrise doit représenter un grand nombres d'heures de pratique et de recherche, c'est vraiment impressionnant.

Les propriétaires de ces œuvres d'art, ont vraiment beaucoup de chance.

Je crois qu’une avalanche de superlatifs ne suffirait pas pour dire mon admiration. On voit le plaisir des vrais artistes qui est de créer l’émotion par le partage.
Respect, chapeau bas et salut à six pas.

Merci beaucoup messieurs mais n'abusez pas trop des superlatifs : En ce moment je grave dans mon garage non chauffé et je dois mettre des après skis et le bonnet . Je n'en ai qu'une paire et je ne pourrai plus les mettre avec la tête ou les chevilles qui vont enfler  

Je vais vous parler ce soir  de ces animaux fantastiques que gravait Louis David Nimschke  :



Voici quelques modèles glanés sur le web :



 
 Dans son cahier de tirages et de modèles conservé au MET  on trouve beaucoup ce genre de modèles : Des animaux à corps de lion et tète d’aigle, des loups garous ailés . Les frères Ulrich alors graveurs d’usine chez Winchester ont aussi utilisé des thèmes antiques d’inspiration gréco-latine ou on peut voir des griffons se battre. Ces thèmes néo antiques avaient l'air de plaire çà la clientèle américaine du 19e S
 
Les graveurs américains du 19^e découpaient dans les livres ou des journaux des gravures qui leur servaient de modèle .Ils se procuraient également les rares  livres d’architecture et d’ornement où ils pouvaient trouver des gravures imprimées représentant des animaux ou des détails architecturaux qu’ils pouvaient ensuite reproduire sur leurs gravures d’armes.

 
Un livre paru en 1866 du graveur français Jean-Baptiste  Lienard a certainement été utilisé par L.D.Nimschke , voici une gravure de Lienard très connue :


Vous l’avez sur ce site en grande taille :
https://www.rijksmuseum.nl/en/search/objects?set=RP-D-1996-1#/RP-D-1996-1-29,31
 
Regardez maintenant dans cette page du carnet de LDN , il a décalqué à l’échelle de sa gravure une partie du  Griffon de Lienard .


Lorsque il voulait graver un modèle il pouvait utiliser un tel dessin en posant sur la pièce à graver le dessin tracé sur calque  avec un crayon gras. Il fallait poser la face dessinée contre l’acier qui avait auparavant été enduit d’un mélange suif/cire qui allait « accrocher » le trait du dessin .
 
On pouvait aussi le transférer avec du papier carbone, mais c’était moins précis, avec le calque il était plus aisé de positionner le dessin au bon endroit.
 
Ils devaient également le dessiner directement de temps en temps, mais il est évident que LDN a beaucoup utilisé les modèles de son cahier pour faire des transferts qui permettaient de gagner du temps.
 
 
Ce qui me fait dire cela est ce tirage de la gravure qu’a choisie Norman : Je l’ai retrouvé  en feuilletant le carnet de LDN, mais en  comparant sur la même photo la gravure de la 1866 et le tirage on voit que ce tirage a été fait à partir d’une autre gravure vu qu’il comporte une fine bordure en zigzag.
 

Dans la même page LDN a un tirage similaire ou son griffon (car c’en est bien un) se bat contre un loup garou .  Les deux zones claires en demi-lune devant les animaux sont les flammes qu’ils crachent lors du combat. Cette gravure avait dû être faite sur une carabine Henry puisqu’il n’y avait pas la trappe de chargement. Lorsque LDN l’a transposée sur un boîtier de 1866 il n’avait plus la place de mettre le loup …mais il a conserve le nuage de feu qu’il crachait.
 
 


Un des plus magnifiques griffons qu'ait gravés Lois David Nimschke est celui qu'il a fait sur la célèbre carabine Evans qui se trouve au Met .
Voici le lien , n'ayez pas peur de zoomer, il y a des détails époustouflants  
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/852874

C’est ce style  de dessin que vais  essayer de reproduire pour Norman, mais je vais donner plus de détails au griffon et au nuage de feu qu’il crache que sur la 1866 modèle

Comme sur la gravure modèle de LDN,  j'ai essayé d’intégrer le griffon à tête d'aigle et langue de vipère dans la spirale du rinceau  :


Comme il crache le feu , j'ai symbolisé un coup de fusil, il y aura dons de la fumée et des flammes faites avec des enroulements de rinceaux qui représentent les ondes de choc qu'on voit parfois fugacement lors du tir  

En même temps les scrolls continuent vers l'arrière . Comme LDN j’utilise une des vis pour faire une fleur centrale de scroll


J'ai toujours trouvé que dès qu'il y avait un animal, cela rendait la gravure plus "vivante"   Le reste du décor est esquissé , maintenant il faut couper tout ça au burin ..demain ( c'est dimanche mais l'atelier ne connaît ni dimanches ni jours fériés )

Jean, en 10 ou 12 ans j'ai déjà eu plus d'une centaine (peut être même 2 centaines) de fois l'occasion de te dire mon émerveillement devant chacune de tes réalisations...et tous mes clients avec.
Mais là, je sens autre chose, je sens que tu veux te surpasser pour atteindre un stade encore supérieur dans ton art. Tu prends pour référence les plus grands en connaissant le risque de la confrontation. Tu t'es lancé un grand défi, pas le droit de décevoir, pas le droit de te décevoir toi-même. Mais je sais que tu vas en sortir encore grandi.
Je me souviens de la surprise admirative d'un professeur de l'école Mignon devant une de tes gravures que je lui présentais.."Qui c'est ce Monsieur ? Je ne le connais pas", et je crois bien que tu va encore en mettre plus d'un sur le c.l

Ta modestie va sûrement souffrir, car sans avoir d'autre information, je subodore ce que va être l'autre face.
Dommage que tu n’aies que 2 bras.

Difficile d'éviter les superlatifs : c'est un travail fabuleux. 

Le suivre pas à pas, et surtout mis en perspective sur les plans historiques et artistiques, c'est juste passionnant. 

Un grand merci !

Merci à toi Dirty larry ...et à tous les suiveurs  

Norman, je ne me souvenais pas que tu m'aies parlé de ta rencontre avec un professeur de l'école Boulle .



As-tu retenu son nom ? ce n’était pas M. Robert ?
J’ai eu la chance de visiter cette école pendant une journée entière invité par un ami graveur autodidacte comme moi. Il s’était joint à nous mon ami  Rolland Batiste qui est graveur sur armes à Liège. 
Ils ont 3 sections : -
-La gravure ornementale sur métaux tendres ( cuivre) et métaux précieux, or, argent 
-La gravure en modelé : principalement utilisée pour faire des matrices qui serviront à frapper les médailles et les pièces de monnaie : Lien ici:
-La ciselure qui se différencie de la gravure par le fait qu’il n’y a pas découpe du métal , mais repoussage par l’arrière du métal pour donner du relief au dessin puis ensuite ciselure par le devant du métal pour créer des détails .  Cette technique est beaucoup utilisée en orfèvrerie.
 
Il n’y a pas de section spécialisée dans la gravure d’armes : C’est une technique un peu particulière car on doit travailler avec des marteaux et burins alors que pour les matériaux tendres une échoppe ( sorte de burin poussé à la main) est suffisante. Ceux qui veulent graver des armes font souvent dans la foulée de Boulle, l’école d'armurerie Léon Mignon de Liège qui a une section spécialisée dans les ornements sur armes.
 
Je me souviens que lors de la visite j’avais demandé au professeur de gravure de médailles s’ils n’utilisaient pas les burins pneumatiques américains. Il m’avait alors montré une astuce pour augmenter la puissance de l’échoppe et pouvoir couper l’acier  : C’est basé sur le principe du levier d’Archimède . En rentrant je me suis fabriqué un anneau , je l’utilise parfois mais je dois avouer que je préfère le pneumatique . Je viens de faire une photo de mon anneau

 
Si cela vous intéresse de voir comme c’est utilisé , regardez cette vidéo du graveur de médailles MOF Nicolas Salagnac ; à 2’ minutes du début il découpe avec un burin plat et son anneau : Il est passé par l’école Boulle . Toute la vidéo est intéressante d'ailleurs  :

 
 
Je demandais à M. Robert , le professeur de gravure ornementale si leurs élèves trouvaient facilement un débouché et il m’avait dit que OUI, mais souvent ( pas loin de 50%) en s’expatriant. Il regrettait que l’éducation nationale investisse ainsi dans de longues formations de jeunes artisans qui partaient ensuite exercer leurs talents chez les horlogers suisses ou les bijoutiers new yorkais .  
Ça c’était il y a une 15^e d’années, je ne crois pas que depuis cela se soit vraiment arrangé.
 
 
C’est dommage car ce sont des métiers passionnants.   
 
Cette expatriation pour graver me faisait repenser à tous ces graveurs allemands du 19^e qui se sont formés à Zella en Thuringe et sont partis exercer leur art dans le Nouveau Monde .
Vous imaginez si L.D. Nimschke qui nous intéresse était resté en Thuringe ? Ses fusils germaniques gravés auraient-ils été aussi beaux que ses Winchesters ?
 Et au lieu d’avoir gravé des armes pour Napoleon III , s’il n’avait pas émigré vers les  USA  il se serait certainement retrouvé les armes à la main face à lui en 1870.
 
 
Revenons à notre Winchester de Norman , Le premier côté est gravé pour tous les contours de rinceaux ,  je commence alors le perlage des fonds qui est le travail le plus rébarbatif dans ce style Nimschke .
Le microscope aide à placer correctement le perloir, ce petit  pointeau ‘inversé’ Il faut éviter que les perles se chevauchent…ou soient trop espacées .Une fois placé je  donne une oscillation à l’outil ( comme pour enfoncer un bâton dans la terre) tout en burinant avec le pneumatique. J’ai compté , je mets 5 secondes par perle …et il y en a pas mal.
J'ai pris la photo avec mon téléphone à travers l’oculaire du microscope ...ça vous donne une idée de ce que je vois les perles font 0,5mm


Ce mouvement répétitif devient un peu douloureux à la longue, je change alors de technique en faisant les ombrages pour reposer le poignet.
Les coupes d’ombrage doivent être parfaitement coupées , si elles se touchent ou s’écartent trop ça donne un rendu un peu « fouillis » . Bien que la coupe soit hyper fine avec très peu de puissance il faut une concentration aussi grande pour chacun de ces traits …que pour un trait de contour .


Ces traits fins sont coupés avec un brin avec 110° d'angle , cela permet de démarrer très fin ( zones claires du dessin) et d'élargir la coupe au fur et à mesure qu'on arrive dans les zones sombres du dessin . Cela permet un dégradé de gris qui va donner 'vie' à la gravure .

Les fonds perlés et les ombrages m'auront pris toute la journée de dimanche . ça y est le premier côté est terminé . Je ne sais pas si la photo sera assez nette , normalement on doit voir la balle qui sort du coup de feu tiré par le griffon


Pour ceux qui voudraient voir plus de détails ( et aussi tous les petits ratés et autres dérapages accidentels du burin ) voici une paire de liens où j'ai mis des photos plus grandes qui ne passeraient pas sur le forum :
https://www.gravure-couteaux.info/gravure%20armes%20collection/WinMorris1.jpg

https://www.gravure-couteaux.info/gravure%20armes%20collection/WinMorris2.jpg

le carrelage la maison est propre tellement j'ai bavé! Par contre ou c'est moi ou il y a un problème avec tes liens , ils ne fonctionnent pas!
Çà y est c'est bon! Mais mon cœur à mal en voyant cette gravure! TROP BELLE!

Quand la maîtrise rejoint l’art et le magnifie...
 C’est beau comme du Vivaldi, ou Mozart ou Frederic Remington. Il doit y avoir une place pour les réalisations de Jean Santos dans le domaine des dieux (et je ne parle pas de celui d’Astérix !).

     

Les "grandes" photos permettent en effet de bien voir les détails, c'est vraiment impressionnant, chapeau !

Merci pour le partage.