gravures sur winchesters

J'ai agrandi la pièce jointe à 500% et je n'ai pas trouvé les défauts dont tu parles

Norman Morris a écrit:J'ai agrandi la pièce jointe à 500% et je n'ai pas trouvé les défauts dont tu parles

  Si quelqu'un y trouve un défaut, je cours chez mon oculiste!

bonjour norman et jean santos
quel beau travail j en reste baba
et quelle patience pour réaliser les perles
ps combien coute cette realisation ?
CDT PHIL

phil bullock a écrit:bonjour norman et jean santos
quel beau travail j en reste baba
et quelle patience pour réaliser les perles
ps combien coute cette realisation ?
CDT PHIL

Salut Phil, je vais te répondre honnêtement: "Je n'en sais rien et je m'en moque!"  On comptera les bouses à la fin du marché, selon l'expression consacrée.  J'ai demandé à Jean sur un coup de tête de faire pour moi ce travail dont j'avais envie depuis très longtemps....Et je suis arrivé à un âge où il est urgent de se passer ses envies, si on ne veut pas que cela soit trop tard.

Mais en fait, en me référant à tous les travaux que Jean à déjà fait pour moi, je m'attends quand même à un montant raisonnable.

oui norman
je fonctionne un peu comme toi au coup de coeur
il faut se faire plaisir et l àge avançant prefitons
du temps présent
comme en normandie (ou ailleurs peut ètre)
on a jamais vu un coffre fort suivre un cerceuil

Norman Morris a écrit:

phil bullock a écrit:bonjour norman et jean santos
quel beau travail j en reste baba
et quelle patience pour réaliser les perles
ps combien coute cette realisation ?
CDT PHIL

Salut Phil, je vais te répondre honnêtement: "Je n'en sais rien et je m'en moque!"  On comptera les bouses à la fin du marché, selon l'expression consacrée.  J'ai demandé à Jean sur un coup de tête de faire pour moi ce travail dont j'avais envie depuis très longtemps....Et je suis arrivé à un âge où il est urgent de se passer ses envies, si on ne veut pas que cela soit trop tard.

Mais en fait, en me référant à tous les travaux que Jean à déjà fait pour moi, je m'attends quand même à un montant raisonnable.

Bonjour,
  à la bonne blague !!!!!
                                      tu es encore un jeunot par rapport à Jeanne Calment  

                                                Tu as encore 49 ans pour faire comme elle

                                                              

Les défauts sont perçus par Jean Santos au cours de son travail. Cela ne veut pas dire qu’ils soient visibles par d’autres personnes. En effet, je pense que nous avons une vision synthétique de l’oeuvre et non une vision analytique. C’est un peu comme si, en regardant l’ensemble, notre cerveau faisait abstraction de ce qui, pour l’artiste, peut être un défaut. 
Dans tous les cas, les défauts sont la signature d’une œuvre humaine. Ils font qu’une œuvre d’art est belle. Un travail mécanisé, techniquement parfait, ne donnera jamais la même émotion : il sera desséché, déshumanisé.  On passera à côté presque sans le voir.

J’ai écrit défauts en italiques exprès.

Monsieur Santos, s’il vous plaît, continuez à nous transporter vers le beau, vers l’esthétique, continuez à nous créer ces chocs émotionnels que donne le merveilleux. Ils sont intemporels.
Merci.

Merci à tous un merci spécial à Obaneck pour ses envolées lyriques ...sans doute un peu exagérées, mais ça fait toujours plaisir  
Je suis ravi que ça vous plaise et surtout que ça plaise à mon client . Je sais qu'en vrai c'est toujours mieux qu'en photo, donc si ça convient à Norman comme ça il sera encore plus content quand il l'aura en main.
 
Les défauts que j’évoquais sont par exemple les ombrages des petits rouleaux qui font la flamme qui sort du griffon, ils ne suivent pas la courbure :Je les ai faits à la va-vite , certainement en fin de séance quand je commence à avoir la vue qui fatigue
 
Pour répondre à Phil, je fais à Norman un prix d'ami.   J'aurai passé 8 jours, je viens de finir ce soir .   S'il fallait compter toutes mes heures  et un taux "honnête " cela donnerait un prix prohibitif , doublant presque la prix d'un réplique  qui ne prendrait à la sortie que peu de plus value . Je ne peux donc le faire que pour des amis à qui je veux faire plaisir et qui connaissent le boulot que ça représente  
 
Je n'ai pas d'idée du prix qui serait pratiqué par un graveur professionnel , il mettrait au moins autant de temps que moi , ça serait donc au dessus du millier d'E .
Je viens de jeter un coup d’œil sur un site aux US il parle de 1200$ pour une Win complète- mais sans fonds perlés qui demandent beaucoup de temps : https://thegunengraver.com/larifles/
 
 
 J'ai cherché combien ça pouvait coûter du temps de Nimschke     J'ai lu sur un article de Larry Wilson qu'un   graveur d'usine chez colt ou WRA  pouvait gagner jusqu’à deux à 3 fois le salaire d'un ouvrier maçon de cette époque
Nimschke qui gravait en électron libre devait adapter le prix demandé ...au prix de l'arme qu'on lui demandait de graver   . Ce qui me fait dire ça c'est qu'il a collé des pages des catalogues d'armes de l'époque pour connaître le prix de l'arme et pouvoir moduler le prix de la gravure qu'il allait demander au client 

Sur plusieurs  pages on voit qu’il a fait des calculs par modèle de gravure pour divers décors de winchester qu’il a notés A,B,C etc . Pour une gravure complexe Je lis un 40 , si c’est 40$ de l’époque cela aurait représenté presque le prix d’un fusil de chasse qui coutait dans les 50$ , un colt navy coûtait 15$
 

Cela faisait donc une somme assez rondelette.
 
Je ne pense pas que cela ait été la gravure sur armes qui a été le plus rentable pour lui. Il devait graver des tombereaux de plaques de porte, de monogrammes sur des médailles ,de cartes de visite ect . Ces graveurs-là étaient très entraînés pour faire les lettrages et il pouvait en faire des dizaines par jour. Même avec une faible marge , il devait grâce à la quantité de ce genre de gravures, gonfler son chiffre d’affaire .
 Par hasard j'ai remarqué cette photo qui représente la 1856 du roi du Pérou...à côté est posée une carte de visite qui a été gravée par LDN lui-même . Les cartes étaient gravées en "taille douce" au burin sur une plaque de cuivre . Ensuite un imprimeur les encrait en faisait l’impression des cartes sur carton. Vous pourrez remarquer la netteté des écritures ( sauf en bas où il me semble lire fire arms neatly engraved)
 


 Par curiosité je viens de traverser l'Atlantique grâce à Google Maps pour voir si la maison de Nimschke existait toujours au N°I Essex Street NYC . je pense que c'est celle marquée Dutch boy paints : https://www.google.fr/maps/place/1+Essex+St,+New+York,+NY+10002,+%C3%89tats-Unis/@40.7146512,-73.9902287,3a,83.7y,357.79h,111.77t/data=!3m7!1e1!3m5!1suOW6ZVXGzX5iO937gInh4Q!2e0!6shttps:%2F%2Fstreetviewpixels-pa.googleapis.com%2Fv1%2Fthumbnail%3Fpanoid%3DuOW6ZVXGzX5iO937gInh4Q%26cb_client%3Dmaps_sv.tactile.gps%26w%3D203%26h%3D100%26yaw%3D305.35782%26pitch%3D0%26thumbfov%3D100!7i16384!8i8192!4m5!3m4!1s0x89c25a29a2a8334d:0xb5eb456cabe1318!8m2!3d40.7147246!4d-73.990353
 
 
On peut voir qu’il ne vivait pas dans un palace. J’ai toujours pensé que les graveurs faisaient ce métier plus par passion que par appât du gain
 
 
Revenons à notre Winchester .
 
Sur la deuxième  face il y aura une dédicace gravée , j’ai proposé à Norman plusieurs types d’écriture . Souvent les dédicaces étaient écrites en lettres anglaises ( penchées)  de temps à autre on trouvait aussi des lettres gothiques et des lettres ornées ( le genre Western)c'est plutôt ce genre qu'il voyait
 
J’ai donc écrit le texte sur photosohop , je l’ai transféré sur le boîtier et je lui ai envoyé une photo pour qu’il le valide
 
 
Le transfert est très facile grâce à une vieille imprimante laser que j’ai bricolée il y a des années de ça . J’étais électronicien avant la retraite , j’ai réussi à enlever le four et à faire croire au processeur que le four était présent et chaud…pour qu’elle lance l’impression.
 
Le toner non cuit se décolle tout seul de la feuille transparente et se met sur le laiton. Il faut alors le chauffer au décapeur thermique au moins à 80° pour qu’il adhère solidement . Sinon le simple fait de l’effleurer au cours de la gravure effacerait les lettres .
 
 
Ensuite on découpe chaque portion de lettre . La gravure des lettrages exige un maximum de concentration , il y a en moyenne 4 ou 5 coupes de burin par lettre et chacune de ces coupes doit être parfaite .

Je coupe ces lettres en premier car si je le faisais après les décors de scrolls et que je me loupe et doive poncer , j'effacerais aussi les décors autour . Une fois les lettrages faits je dessine et découpe les spirales. Elles seront dans le même style, à fonds perlés  

bonjour jean et norman et a tous les membres du forum
ton travail est magnifique et cela a été réalisé par un homme
qui est passionné de son travail ( pas une machine a qui on ne
pardonnerais pas les défauts ) le travail de l humain existait
bien avant les machines et robots et ça c est de l artisanat
haut de gamme et un petit défaut est minime
bonne journée
et au plaisir de voir la suite et fin
de se beau travail
cordialement
phil

Je tombe sur ce poste, et j'ai bien fait.
Le travail réalisé est juste sublime, j'aimerais tellement savoir en faire autant. 
Bonne continuation 

Voilà on arrive au bout de cette petite promenade à la fois dans mon atelier pour la Winchester de Norman Morris et dans l’atelier de LDN avec ses gravures qui inspirent encore un siècle après beaucoup de graveurs sur armes américaines.
 
Je remercie tous ceux qui ont suivi ce pas à  pas , j’espère que cela vous a plu, moi en tous cas j’ai aimé le faire .
 
Pour terminer je voulais vous parler des accessoires qu’utilisent les graveurs pour améliorer leur acuités visuelle .  LD Nimschke a gravé jusqu’à la fin de sa vie à 72 ans , mais j’ai été étonné de ne pas trouver dans sa panoplie d’outils conservée au MET ni une loupe à manche , ni la moindre loupe d’horloger ou de paire de loupes sur monture ( style lunettes) pour travailler les deux yeux ouverts et suivre sans fatigue oculaire la coupe du burin.
 
Voici les photos de deux amis graveurs sur armes qui travaillent comme LDN avec un marteau et un burin , débout en tournant autour de l’étau. D’abord aux USA JJ Roberts
 
Et ici Roland Batiste dans la région de Liège
 
Tous les deux utilisent une paire de loupes frontales, C’est assez léger mais cela devient assez fatigant pour la vue au bout de quelques heures . Les petits coups de marteau font bouger imperceptiblement la tête, les deux loupes focalisent le regard à environ une 20^e de cm, et sans  vraiment « loucher » les yeux ont un angle assez fermé, avec les mouvements de la tête ils accommodent et on attrape des maux de crâne au bout d’une séance de gravure .
 
Pour éviter ces désagréments la plupart des graveurs utilisent un microscope . Vous avez ici mon poste de travail. Comme j’avais 5° la semaine passée dans mon atelier pas isolé et non chauffé , j’ai un bonnet , l’anorak et les après skis . Il ne me manquait que les moufles ( j’ai essayé , mais on ne sent plus le graveur ensuite )

L’avantage est qu’on peut travailler assis, la tête repose sur un appuie tête réglable pour être à la bonne distance des oculaires du microscope . Cela ménage les cervicales, le dos est droit et avec le microscope l’image agrandie se trouve à l’infini : on ne louche plus, donc la fatigue visuelle est bien moindre .
L’inconvénient du microscope est que le champ de vision est très faible : 4 à 5cm de diamètre environ . Si on fait tourner l’étau , la partie en cours de gravure sort très vite du champ. Pour éviter ça on doit utiliser un plateau tournant dont l’axe de rotation est dans l’axe de vision du microscope.  C’est ce  plateau que l’on fait tourner et ainsi la zone en cours de gravure tourne à 360° sans sortir du champ du microscope .



Voici donc la suite et fin de la gravure :
Après le lettrage j’ai terminé les spirales des scrolls, les feuillage s internes, perlé les fonds et fait les ombrages . C’est exactement le processus décrit pour la face A. Là j’ai fait en plus les deux têtes de vis ( gravées et bleuies) du coup il a fallu démonter le mécanisme et j’en ai profité pour souffler et nettoyer le tout avant de remonter . Le volet de chargement et l’auget ne sont pas étanches et pas mal de micro copeaux de laiton étaient tombés à l’intérieur
Voici  la face B terminée
 

Et ici vous avez une photo en plus grande taille zoomable ... d'ailleurs en zoomant je viens de voir que j'ai oublié de finir le r de Presented   donc demain retour sur l'étau :

https://www.gravure-couteaux.info/gravure%20armes%20collection/WinMorris3.jpg

 
Il me restait à faire une petite frise sur la bride du boîtier , entre le chien et la vis de fixation



Le dessus du boîtier a eu droit à un petit quadrillage avec perlage assez discret ( Pour ne pas distraire le tireur lors de la prise de visée …et éviter les reflets du laiton)

 
Et enfin la touche finale a été le décor de l’auget élévateur . Je lui ai mis pour le fun un logo wraco  … je souriais tout seul en le gravant ça m’a fait penser à une  étoile  mercèdes qu’on avait montée sur le capot de la 4L d'un copain

A la fin , la signature et l’année.
 
 
Voilà, merci à tous les lecteurs, et à ceux qui ont posté …et merci à l’ami Norman de m’avoir confié son musket 1866 . J’ai bien aimé . maintenant pour compléter ma collection de gravures américaines  , je cherche un possesseur de Colt 1900( je ne peux faire que du D )  ou à la limite un bon vieux SAA ancien suffisamment défraîchi pour pouvoir le ciseler sans remords  

Je suis à cours de superlatifs originaux...et Dieu sait si cette réalisation en mérite.  C'est exactement ce que j'espérais, je suis comblé.   Mais tu as mis la barre tellement haut, que pour la prochaine fois, je vais m'attendre à un miracle, pour le moins  

Tu te doutes bien que je suis impatient de voir cette Win remontée.

Mais comme lors de notre dernière rencontre, je t'ai apporté un plein sac d'autres travaux à réaliser(et même que j'en ai oublié un), je pense que l'on se fixera rendez vous quand tu auras tout terminé.

Juste une question, veux tu bien expliquer à l'ignare que je suis, ce que ce sigle Wraco signifie 

bonjour norman
tu peux en étre fier et quand elle va sortir sur le stand
alors la il y en a qui vont t envier
bon week end et bon tir
cordialement phil

Merci Jean pour ces explications historiques et ce formidable travail d'orfèvre....

Bonjour
Winchester repeatings arms Company

SANS VOIX!

Magnifique travail et magnifique reportage !  

Un tout grand merci !

Bonjour a tous. Qu'un seul mot :MAGNIFIQUE

Merci à tous pour vos messages. Et un merci spécial à Richelieu qui a initié ce post ce qui a permis à Norman de parler de sa 1866. Le hasard fait bien les choses.


J'ai la 1866 sous les yeux pendant que j'écris , je la regarde de loin car de près je ne remarque que les défauts   et je suis déjà en train de cogiter au futur gros projet dans un mois pour un fusil de chasse dans le thème Gaulois avec des bardes et des druides .


J'espère que vous regarderez avec un œil et un intérêt nouveau les armes américaines gravées  . Ce style initié par ces graveurs américains a perduré et certains l'appliquent avec beaucoup de goût dur des armes que Nimschke n'a pas connu...mais qu''il aurait certainement décoré de façon similaire .

Comme par exemple ce magnifique Colt 1911 décoré par l'américain Weldon Lister ou on retrouve les classiques Nimscke's scrolls et les fonds perlés :



Bonne semaine

Merci pour ce régal pour les yeux Jean, c'est magnifique 

Personnellement je trouve qu'il est un peu trop "chargé". Le mien est un peu "nu" ,juste poli et crosses ivoire.

J’aime beaucoup ce post parce que :
- quelqu’un qui maîtrise très bien le sujet nous ouvre une fenêtre culturelle extraordinairement bien documentée sur un pan de l’histoire des armes.
- en tant que gribouilleur, j’ai toujours fort admiré les graveurs qui sont capables d’exprimer des volumes, des ombres, à la seule force des hachures, sans brouiller le dessin général. C’est une des raisons qui font que j’apprécie le livre de Jhuk sur les armes, les illustrations des vieux Jules Vernes, les vieux catalogues ou certaines revues qui concentrent ce type d’illustrations. J’ai également un peu tâté de la calligraphie (en vain) et ado, j’enluminais les majuscules des débuts de chapitres de mes cahiers de rinceaux et de chimères médiévales. C’est dire si j’apprécie, outre la gravure qui m’est totalement étrangère, déjà le type de dessin, pour avoir pratiqué (et y avoir renoncé pour cause de nullité).

Une chose qui me crève maintenant les yeux avec ce sujet, c’est le lien entre ce type de gravure (rinceaux fouillés, chimères médiévales, lettres gothiques) et le néo-médiévisme à la mode à cette époque.

Pour illustrer le travail de Jean dans un domaine qui n'a rien à voir avec les armes..

Le modèle.


Le résultat:


Ce chien étant mort, tué par un sanglier, le propriétaire de la dague n'a pu s'empêcher de pleurer en la recevant. Bel hommage au travail de Jean, non???

bonjour norman
tout simplement magnifique
cdt phil

C'est magnifique, je ne verrai plus ces armes de la même manière.....